vendredi 7 décembre 2012

30 Une faiblesse chez Freud et Marx

Siegmund Freud a cherché à nous expliquer le fonctionnement de l'être humain. Karl Marx de nous dire comment fonctionnait la société et l'histoire des humains.

Leurs idées sont intéressantes. Mais, la base de leurs raisonnements est viciée par une faiblesse.

L'histoire humaine compte des millions d'années. Nous en connaissons des descriptions et précisions nourries ne concernant guère au plus que les 10 000 dernières années.

C'est uniquement en se basant sur celles-ci que Marx établit ses théories sur l'histoire humaine et son devenir. 10 000 ans sur des millions d'années, autant dire la dernière dizaine de secondes d'une journée entière. Et tout cela pour définir l'homme. Mais que connaît Marx et nous de l'humour, l'organisation sociale, la sexualité, les distractions, les rêves des hommes d'il y a cent mille, cinq cent milles ans ? Marx voit l'homme lutter pour la vie... mais, initialement, le grand singe humain vivait parfaitement bien sans avoir besoin d'aucune industrie. Après, cela a changé. Notre mode de vie a changé. Prétendre expliquer tout et ce qui arrive aujourd'hui en analysant des éléments appartenant juste aux tout derniers milliers d'années me paraît susceptible d'amener des erreurs.

Je crois pour ma part que l'animal en l'homme, ses craintes, ses désirs, explique beaucoup de choses. Et qu'avant de « lutter pour la vie », l'homme a d'abord créé ses industries dont il n'avait pas vraiment besoin, pour se distraire et s'amuser. La lutte des classes relèvent plus de problèmes psychologiques que de conflits d'intérêts réels.

Si aujourd'hui les très riches cherchent à ruiner les plus pauvres pour devenir plus riches encore, avec de l'argent qui, pour l'essentiel, ne leur servira à rien, c'est moins par intérêt que pour une autre raison : ils sont malades de la peur de leur mort et cela leur fait faire des bêtises.

Rire, s'amuser et échanger des caresses et bisous est aussi vital que bien d'autres choses. La société humaine future, si elle arrive, sera plus une société de caresses, fêtes et bisous que de fusées envoyées dans l'espace.

Freud souffre de la même faiblesse que Marx. Il énonce des conclusions définitives sur l'homme en partant de l'analyse de la vie familiale de son temps. Que sait-il de la vie affective et familiale des hommes d'il y a par exemple 786 000 ans ? Il n'en sait rien et nous n'en savons rien.

Par contre, à mon avis, l'animal vit toujours en l'homme. C'est en l'étudiant autant qu'il est possible que nous trouverons la réponse à quantité de troubles dont il peut souffrir.

Freud a raisonné sur les rapports entre parents et enfants tels qu'il les connaissait à son époque. Et il a tiré des conclusions sur l'homme en général, qu'en fait il connait très peu et très mal, comme nous. Il est extrêmement difficile de s'étudier soi-même. C'est presque une gageure. Pour trouver quelque chose, il faut des dizaines d'années et l'on ne saura jamais tout, car nous sommes juges et parties. On peut, on doit néanmoins essayer de se comprendre. Comme Marx et Freud ont cherché à le faire avant nous.

Marx et Freud étaient certainement des intellectuels d'exception. Mais les respecter consiste aussi à reconnaître leurs faiblesses. Avant d'être un animal pensant, l'homme est d'abord un animal sensible. Les questions matérielles et les règles établies qui en découlent ne peuvent pas tout expliquer.

Basile, philosophe naïf, Paris le 7 décembre 2012

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