jeudi 3 janvier 2013

49 Les dessous d'une passion


Quand l'avortement était interdit en France, on évaluait à 200 000 par an le nombre des avortements illégaux. Ils étaient souvent bricolés par les femmes concernées, avec des conséquences qui pouvaient être dramatiques, parfois même la mort. Quand les avortements se passaient mal, les femmes arrivaient à l'hôpital, souvent la nuit. Elles se faisaient alors copieusement insulter par les internes et médecins (pas tous, mais un bon nombre). Pour les punir, on les curait à vif, sans anesthésie. Elles étaient donc humiliées et torturées.

Il existait aussi des femmes baptisées « faiseuses d'anges » dont on se repassait les adresses. Elles étaient sensées vous assurer un avortement sans incident.

Enfin, il y avait les médecins dits « marrons » qui pratiquaient des avortements sans aucune complications ni douleurs. Certains médecins disposant carrément d'une clinique pour agir. De tous temps, il était connu que les riches n'avaient aucun souci à se faire pour accéder à de tels services.

Ceux-ci avaient la particularité d'être facturés très cher.

Pour donner une idée des tarifs. Un avortement, sans hospitalisation avec, coutait l'équivalent de plusieurs mois de salaire minimum. En 1972, j'ai parlé avec un certain Gilbert, qui m'a dit avoir payé 4 000 francs pour l'avortement de sa copine effectué par un médecin dans de très bonnes conditions. A l'époque, le salaire minimum en France était de 6 francs de l'heure.

En 1978, on m'a dit que pour un avortement en clinique, alors que c'était déjà légal, un docteur exigeait 1 000 francs en liquide, de la main à la main. Ce n'était sans doute pas un cas isolé.

Quand il a commencé à être question de légaliser l'avortement, chose faite en 1974 par la loi Veil, des voix se sont élevées avec passion contre cette légalisation. Notamment émanant du corps médical.

A ma connaissance une remarque n'a jamais été faite à ce propos.

Si 200 000 avortements illégaux étaient réalisés chaque année en France, plusieurs dizaines de milliers d'entre eux l'étaient au prix fort. Des médecins pratiquant seulement quelques dizaines d'avortements par mois parvenaient ainsi à augmenter très considérablement leurs revenus de sommes non déclarées aux impôts.

Alors, ces médecins, n'auraient-ils pas bataillés eux aussi, contre la légalisation de l'avortement et cela uniquement pour protéger leurs bénéfices ?

Et quand celles qui bricolaient leur avortement et arrivaient à l'hôpital se faisaient insulter et curer à vif sans anesthésie, était-ce par hostilité à l'avortement ? Ou plus simplement pour défendre l'industrie lucrative de l'avortement rassurant et médicalisé ?

La légalisation de l'avortement en France a fait gravement chuter les revenus de médecins qui les pratiquaient à des fins parfaitement lucratives et gagnaient énormément d'argent avec.

Ils ont dut être parmi les opposants les plus acharnés à la loi Veil. Ils ont perdu. Mais n'ont jamais révélé les dessous lucratifs de leur passion pour la cause de l'interdiction de la légalisation de l'avortement. Je me fais un plaisir de leur faire ici la publicité qu'ils méritent.

Basile, philosophe naïf, Paris le 3 janvier 2013

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