vendredi 4 janvier 2013

52 Agression sexuelle simiesque


J'ai énoncé dans mes écrits ma conception de la double identité de l'être humain : à la base c'est un singe. Il est ainsi à sa naissance. Puis on en fait un humain en lui déversant contradictoirement une masse d'éléments : éducation, morale, interdits, dogmes religieux, habitudes, rappel du respect des lois, etc. Il devient alors un singe contrarié qui jongle plus ou moins consciemment avec ses deux identités

Loin de moi l'idée de dénoncer globalement la seconde identité au profit exclusif de la première, au nom d'une hypothétique et idéale « nature ». Il existe des éléments de celle-ci que je rejette absolument. Il en est ainsi du viol. Je suis totalement hostile au viol et reste persuadé également qu'il n'y a rien de plus singe que le viol. Le respect sacré du désir de l'autre et la condamnation catégorique du viol relèvent selon moi de la civilisation humaine. Le singe ignore ces normes. Quand il a envie de sexe avec un ou une partenaire, il n'hésitera pas à lui imposer son désir et ne se préoccupera pas s'il dérange, même très gravement.

De même le vol de nourriture, par exemple, est certainement une chose naturelle entre singes. La morale, les lois, les règles de bonne conduite qui condamnent le vol sont aussi l'expression de la civilisation humaine contradictoirement à l'identité singe.

Des faits ayant trait à une histoire de viol sont parvenus à moi qui illustrent bien le problème de la double identité singe-homme.

Une mère de famille m'a fait part de ses interrogations et son embarras. Elle a une fille de huit ans. Dans l'école que celle-ci fréquente, il y a une autre fillette déjà beaucoup plus grande et mûre physiquement que ses camarades. Cela arrive.

Et voilà qu'un jour une petite fille va se plaindre. Elle accuse la fillette plus mûre de l'avoir forcée dans les toilettes à lui « faire du lèche-minou » !

Grand branle-bas de combat à l'école ! L'accusatrice et l'accusée, avec leurs parents respectifs, sont convoqués par le directeur. Celui-ci commence à sermonner l'accusée, lui faire de la morale. Elle nie tout en bloc.

Souhaitant éviter que se reproduisent des incidents dans les toilettes, l'encadrement scolaire décide de les fermer à clé le matin, au moment de l'arrivée des élèves ! Défense de pisser pour tous !

C'est seulement quand un adulte est disponible pour surveiller les toilettes qu'elles ouvrent enfin. Il veille à ce qu'aucun élève n'entre dans un cabinet de toilettes avec un autre élève.

Cependant, la rumeur se met à courir que la fillette accusée d'avoir agressé sa camarade a une relation sexuelle régulière avec son frère aînée âgée de seize ans. Il lui lèche régulièrement le minou et elle aime ça et s'en vante. Bien sûr, la véracité de son propos est rigoureusement invérifiable. Mais la rumeur panique les parents.

L'encadrement scolaire, pour les rassurer, leur annonce qu'il est prévu un cours avec vidéo pour mettre en garde les enfants. Ce cours est au programme pour... dans deux ans !

La mère qui me rapporte toute cette histoire s'affole : « mais, en deux ans, il peut se passer un tas de choses ! »

En attendant, pour protéger sa fille, elle lui a dit de faire très attention et de ne pas aller seule aux toilettes. Que sa meilleure copine l'escorte afin d'éviter des incidents.

Cette mère s'inquiète de ce qu'elle peut faire pour protéger sa fille. On la comprend.

Elle trouve que l'encadrement scolaire n'est pas à la hauteur et paraît débordé par la situation.

Je pense que c'est vrai. Notre éducation nous habitue à l'idée que les agressions sexuelles sont commises par des agresseurs de sexe masculin. Ici, l'agresseur supposé est de sexe féminin. On pense aussi que si un enfant est agressé, il l'est par un adulte. Ici, l'agresseur est un enfant. Enfin, on imagine l'inceste comme un viol. Ici, la « victime » précoce se déclare consentante. Autant de tabous transgressés qui dépassent les normes habituelles établies du comportement humain.

En revanche, vu avec un regard singe, tous ces faits choquants pour des humains s'insèrent très bien dans un cadre « singe », ce qui ne signifie pas, bien évidemment, qu'il faille les approuver.

Une femelle singe très jeune en agresse une autre et vit une relation de couple avec un mâle singe qui fait le double de son âge et qui est par ailleurs son frère. Sommes toute, une histoire simiesque sans grande originalité. La sexualité des singes, totalement amorale et jouissive, ignore parfaitement nos règles, lois, interdits humains.

Mais que répondre aux inquiétudes de la mère qui m'a rapporté ces événements survenus dans l'école fréquentée par sa fille ? Que faire pour protéger celle-ci d'ennuis éventuels ?

J'y ai réfléchi. A mon sens, trois choses sont possible :

Protéger, bien sûr. Mais on ne peut pas toujours être présent.

Mettre en garde : le problème est que les mises en garde peuvent susciter la frayeur.

Interdire. Là il y a trois problèmes. Le premier est d'augmenter la frayeur avec des interdits. Le second est qu'on risque de faire naître une culpabilité. C'est interdit. Donc c'est mal. Donc c'est immoral et inavouable. Résultat : si la fillette est agressée sexuellement, elle peut avoir honte de se plaindre pour peu qu'elle se sente en partie responsable de ce qui est arrivé. Enfin, tout le monde sait qu'un interdit attire. En interdisant, on peut susciter un effet inverse à celui souhaité.

A mon avis, indépendamment des protections, mises en garde et interdits possible, il faut expliquer à la fillette la chose suivante :

Dans le domaine du sexe, tu ne dois jamais faire ce que tu n'as pas envie de faire. Si on cherche à te l'imposer, tu as le droit de dire non et ton refus doit être respecté. Si malgré tout on t'impose quoi que ce soit, tu ne dois en aucun cas te sentir coupable de ce qui est arrivé. Et pour ton bien, tu dois le raconter à au moins une personne de confiance. C'est très important. Et si tu as peur qu'un ennui se reproduise, on pourra s'occuper spécialement de te protéger.

Bien sûr, on ajoutera que s'il est légitime de pouvoir dire non, il l'est aussi de respecter le refus des autres. Ainsi, on introduira le concept fondamental dans la sexualité et toutes les relations humaines en général, du respect de soi et de l'autre.

Et, par la suite, on pourra ajouter les règles que l'on pense bonnes, telle que le mariage, etc. Mais on aura déjà jeté les bases d'une éducation sexuelle juste et une protection sérieuse pour l'enfant.

Basile, philosophe naïf, Paris le 4 janvier 2013

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