samedi 26 janvier 2013

81 La base des « couples qui marchent »


De nos jours, le divorce est une pandémie. Et les couples non déclarés en mairie qui se séparent sont innombrables. Avant, les enfants de parents divorcés détonnaient au milieu d'une classe. Aujourd'hui on serait presque tenté d'affirmer le contraire. On remarquerait plus les enfants de couples toujours mariés. Une dame née en 1913 me répétait souvent il y a une dizaine d'années : « je ne comprends pas pourquoi les gens se séparent tant ». En fait, s'il est vrai que l'indépendance morale et matérielle des femmes plus fréquente aujourd'hui qu'hier y est pour quelque chose, il existe une autre raison. Ceux qui, en apparence, se « séparent » ainsi n'ont en fait jamais été vraiment ensemble. Et les vieux couples qui durent ou les nouveaux appelés à durer n'ont pas vraiment souvent compris exactement la nature de leur relation, au point de savoir l'expliquer à d'autres.

Dans les années 1980, une dame née vers 1930 me disait : « je ne comprends pas les jeunes qui se séparent pour un oui ou pour un non. Nous, avec mon mari, on avait des objectifs communs. Par exemple : acheter une salle à manger. »

Ce propos m'avait intérieurement fait rire. Je me disais que cette vision de la relation de couple était vénale, matérielle, sordide et pas sentimentale. Moi, je mettais l'amour en avant. Je l'ai tant et si bien mis en avant qu'un jour de 1992 j'ai dû réviser ma façon de faire et penser. Sinon, jouet de dames qui s'amusaient de ma personne à la façon du gentil chat avec la malheureuse souris, j'étais arrivé au bout de mes peines. Seule me restait la souffrance avec la perspective du suicide. J'ai préféré mettre dans le vin du sentiment l'eau du raisonnement et rester en vie. La dame à la salle à manger n'avait pas forcément tort. En ce sens que son mari et elle n'étaient probablement pas liés simplement par des objectifs matériels. Mais comment aurait-elle pu m'expliquer une chose qu'aucun livre n'explique jusqu'à présent ?

La base de la société humaine, la relation fondamentale, c'est le binôme. Le plus connu est le binôme mère-enfant. Il existe aussi entre les adultes.

Quand on cherche à expliquer à un malheureux solitaire comment rencontrer l'amour, on est amené à lui dire de prendre son temps. Cesser de chercher. Connaître l'autre... en fait, laisser le temps que s'établisse éventuellement une relation binomale. Relation souvent dissimulée à la vue par nos idées toutes faites sur « le couple », « l'amour », « le sexe », « la fidélité », « le mariage ».

Une amie très jolie vit seule avec sa fille. Très tôt, s'établit un binôme très solide entre elles deux. Par exemple, quand la mère un jour pleure, sa fille, qui n'a alors que trois ans, lui dit : « t'en fais pas, maman, ça va s'arranger. » La mère cherche l'amour. Et croit que c'est en couchant qu'elle va identifier la perle rare. Autour d'elle tournent des parasites masculins qui voient une jolie femme pauvre qui cherche un mari. Alors, ils lui chantent des chansons. Lui promettent du travail. Et la traitent comme une pute gratuite. Elle vit un binôme très réussi avec sa fille. De ce fait, elle ne peut pas confondre ceux qui profitent d'elle avec ce qu'elle cherche : un binôme avec un homme. Alors elle souffre sans comprendre. Et continue dans l'impasse en rêvant au prince charmant.

Un homme vit mal sa vie de famille. Il a deux enfants. Le second est de lui. Le premier non, il a épousé une femme enceinte de quelqu'un d'autre. Et il a cru bien faire de cacher son origine au premier enfant. Il fait comme s'il était le père. C'est une grave erreur. Car il sait la vérité. Elle l'empêche d'établir un binôme avec l'enfant qui n'est pas de lui. Et celui-ci sent que quelque chose cloche. Résultat : le père et son fils adoptif sont tous les deux malheureux.

Le binôme est omniprésent dans notre société. Comme présence, ou absence et besoin.

Basile, philosophe naïf, Paris le 26 janvier 2013

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