lundi 4 février 2013

87 Quelques aspects de la morale sexuelle réelle (suite)


Dans les années 1960, je me suis livré à une petite expérience dans le quatorzième arrondissement de Paris. J'étais alors un très jeune homme. Ça devait se passer vers 1964-1966, quand j'avais entre treize et quinze ans. Chaque fois que je croisais une jeune fille, je la regardais droit dans les yeux. Toutes aussitôt baissaient les yeux. Exceptée une que j'ai croisé entre les deux squares devant la mairie de l'arrondissement. Plus tard, dans le Paris des années 1980, je me suis intéressé aux divers artifices utilisés alors par les jeunes filles pour regarder les jeunes hommes.

Un classique était de les regarder dans le reflet intérieur des fenêtres des voitures du métro. Un autre, porter des lunettes de soleil. Un exercice amusant consistant à fixer les lunettes et voir la jeune fille baisser la tête ! Puis aussi, le regard balayant un segment du champ visuel où se trouve un jeune homme. Le regard du coin de l'œil ou le coup d'œil très bref : je suivais ainsi du regard une jeune fille arrivant de loin rue d'Alésia à Paris. Tout le long de son chemin elle fait mine de ne pas me voir, s'engouffre dans une bouche de métro, descend l'escalier et, à l'instant où elle va disparaître, relève la tête une minuscule fraction de seconde pour me regarder.

Le plus curieux était le regard direct de jeunes filles qui tenaient leur cher et tendre dans leurs bras et ne se privaient pas a son insu de me regarder, comme les autres hommes très certainement.

En 1973, pour la première fois j'ai eu l'occasion de me promener dans Paris au bras d'une petite amie. J'ai alors pu observer le phénomène inverse. J'ai été stupéfait par la quantité de jeunes filles au Quartier latin qui ne se cachaient plus pour me regarder. J'étais en quelque sorte « neutralisé ». Avec ma copine au bras, je ne risquais pas de les suivre ou aborder.

Tout ce jeu de regards cachés a disparu aujourd'hui à Paris. Les femmes regardent les hommes. Et c'est très bien ainsi.

Un autre phénomène très ancien a disparu aussi sans faire de bruit. Ma mère était étudiante à Paris au début des années 1930. Je lui ai demandé ce qu'elle avait trouvé de plus antipathique dans les mœurs des étudiants de l'époque. A quoi elle m'a répondu : « ce qui était le plus antipathique, c'était la pratique habituelle chez les étudiants en médecine d'avoir une petite amie d'origine pauvre le temps de leurs études. Dont ils se débarrassaient à la fin de celles-ci, pour épouser une jeune fille riche. »

On trouve des traces anciennes de cette pratique étudiante dans les gravures de Gavarni consacrées aux étudiants parisiens au XIXème siècle. Ceux-ci sont inévitablement flanqués d'une petite jeune fille d'origine populaire. En 1894, dans un article de « L'Illustration » consacré à la Mi-Carême étudiante à Paris est donné à ces jeunes filles un sobriquet : « les bachelettes ». En 1913, André Warnod, parlant de la Mi-Carême souligne le succès remporté à cette occasion auprès des jeunes parisiennes par les étudiants... pas toujours étudiants, d'ailleurs. Mais se faisant passer pour tels.

Au début des années 1960, mon frère aîné fréquentait deux frères : Alain et Didier. Alain était étudiant en médecine. Il avait une petite amie très mignonne, coiffeuse, Joëlle. Quand il terminait ses études, Alain subitement s'est séparé de sa petite amie et a épousé une riche jeune femme d'origine chilienne. C'était là l'expression du très ancien phénomène de ces sortes « d'épouses de confort » durant le temps des études, laissant place finalement à un « beau mariage » avec une autre. Cette pratique a très largement disparu aujourd'hui, du fait de la féminisation des facultés. De jeunes filles modestes, aisées ou riches elles sont pleines. Il n'y a plus besoin de chercher ailleurs des bachelettes pour satisfaire ses besoins naturels dans le domaine sexuel durant le temps des études.

Basile, philosophe naïf, Paris le 4 février 2013

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