jeudi 30 mai 2013

114 Les faux grands séducteurs

La légende est tenace qui témoignent de la persistance au cours des siècles de séducteurs irrésistibles et « couverts de femmes ». La vérité à l'origine de ces propos est toute autre.

Ce que les femmes cherchent surtout et le plus souvent avec les hommes, c'est l'amour et les câlins. En règle général, ils exigent comme péage d'accès à leurs câlins que les femmes « passent à la casserole ». C'est-à-dire soient baisées au sens usuel de ce terme. Les troubles qui résultent de cette conduite triviale font que beaucoup de femmes hésitent à approcher les hommes ou les laisser approcher. Ceux-ci, généralement, ne comprennent rien ou pas grand chose. « Qu'est-ce qu'elles veulent ? » s'exclament-ils. Ils ne cherchent pas à comprendre la source du problème, qui se trouve en eux, dans leur obsession imbécile de l'acte sexuel à tous prix. Auquel s'ajoute une fréquente et décevante médiocrité tactile de leur part.

Quand une femme accepte de « passer à la casserole » pour avoir droit ensuite ou avant, pendant, à des caresses, elle est la plupart du temps très déçue. Un très grand nombre d'hommes sont des nullités au lit.

Quelquefois des hommes comprennent de quoi sont faits les câlins, leur rôle, place, importance. Ils sont très rares. Ils attirent alors à eux quantité de femmes auxquelles ils font des caresses, câlins, bisous et pas du tout forcément l'acte sexuel. Qui peut quelquefois également arriver, mais guère souvent.

Chercher à expliquer ce qui se passe aux innombrables hommes imbéciles qui les entourent est vain et n'a guère d'utilité.

Les faux « grands séducteurs » sont en fait de vrais grands câlineurs. Et les seuls hommes qui aiment vraiment les femmes. Acceptant leur fallacieuse réputation, ils rient sous cape, bien sûr.

Cela dure depuis des siècles, des millénaires, des centaines de milliers d'années.

Avec la complicité amusée des femmes proches des dits « grands séducteurs ».

L'amour existe. Mais il est aussi fréquent que les vrais hommes.

Qui sont si rares, que Diogène Laërce, qui l'avait compris, se promenait en plein jour avec une lanterne allumée, disant à ceux qu'il croisait : « je cherche un homme ».

Il est plus facile de chercher le pouvoir, l'argent, la célébrité, la violence, la vitesse, que l'amour. Car pour poursuivre de tels buts absurdes il n'est pas nécessaire de se remettre en question. Ainsi que les apparences menteuses qui nous entourent de tous côtés.

L'amour est rare parce que les vrais hommes sont rares. Et non seulement l'amour manque à beaucoup. Mais ils ne savent même pas en quoi consiste ce qui leur manque. Ils meurent souvent sans le savoir. Comment voulez-vous alors qu'ils puissent l'apprendre à leurs enfants ?

Chercher l'amour consiste d'abord à chercher à quoi correspond ce qu'on cherche. Le comprendre peut demander des années. Il est parfaitement possible à nous d'y arriver. Et alors de laisser venir l'amour à nous. Et non d'aller le chercher. Démarche antinomique à la récolte du fruit mûr amoureux qui se détache de lui-même. Et tombe quand il faut de la branche de l'arbre fruitier du ciel.

Basile, philosophe naïf, Paris le 30 mai 2013

mardi 28 mai 2013

113 Qu'est-ce que « la sexualité » ? (essai)

La sexualité telle qu'on l'entend en parlant des humains n'est pas une donnée scientifique mais une donnée culturelle. Elle combine l'horreur de la nudité, l'horreur du plaisir dit « physique » en général (câlins, caresses, bisous...) et l'horreur du sexe. On peut aussi la définir comme combinant la gymnophobie, horreur de la nudité, l'érectophobie, horreur de la vision du pénis en érection, la vaginophobie, horreur de la vision du sexe féminin, la câlinophobie, horreur des câlins et la sexophobie, horreur du sexe.

L'érectophobie et la vaginophobie sont omniprésentes dans les arts figuratifs. Combien de milliers de pénis masculins apparaissent dénudés dans la statuaire et la peinture, tous ou pratiquement tous flaccides ! Concernant la vaginophobie, c'est encore plus flagrant : d'innombrables statues et peintures montrent des femmes à l'anatomie imaginaire. Une sorte de bouclier de chair lisse finissant le ventre vers le bas. Le cas le plus caricatural est celui de la Diane de Houdon, statue en bronze exposée au musée du Louvre, dont la fente pubienne initialement présente a été ensuite carrément bouchée !

Un phénomène révélateur du trouble « sexuel » chez les humains a été baptisé par Freud : « période de latence ». La sexualité serait présente chez les tout petits. Puis s'assoupirait jusqu'à l'adolescence. En fait, l'analyse n'est pas objective. Le phénomène « de latence » est provoqué. Il n'est pas naturel.

Au début, les tout petits n'étant pas encore marqués par la culture de la société où ils sont né ont des gestes et comportements en conséquence : ils urinent et défèquent dès qu'ils en ont envie. Arrachent leurs vêtements et se promènent nus. Se touchent sans se préoccuper du regard des présents.

On leur apprend avec la propreté la honte de leurs excréments. On leur inculque la honte de la nudité, la leur et la vision de celle des autres. On leur interdit de se toucher et on les sèvre de câlins.

Tout ce dont ils sont ainsi privé se retrouve incorporé à un impressionnant chapitre aux contours vagues et flous : la « sexualité ». On y rattache la reproduction et on croit avoir ainsi défini une notion scientifique. Bien malin celui qui saurait définir où commence exactement ladite sexualité ! A moins, bien entendu, de qualifier de « sexuel » tout et n'importe quoi.

Mais pourquoi un tel acharnement à condamner et pourchasser la nudité et le plaisir dit « physique » ?

Pour une très simple raison : ils sont antinomiques au travail.

Et si cette chasse commence dès l'enfance, c'est que tout simplement, jadis et durant des dizaines de milliers d'années les petits enfants travaillaient ! Ce qui est encore le cas dans de nombreux pays pauvres. Dans les pays plus riches, le travail a été remplacé par l'école, tout autant opposée à la nudité et aux câlins. C'est une question d'ordre social.

La répression de la sexualité est inhérente à l'organisation du travail. La seule sexualité reconnue comme compatible avec le travail étant le travail sexuel, c'est-à-dire la prostitution.

Le travail précède les discours tendant à justifier ses conséquences dans le domaine de la nudité et des câlins. L'évolution-même des règles sexuelles est liée à l'évolution de l'organisation du travail en général. Et d'une manière même très paradoxale : ainsi la polygamie a été autorisée, encouragée par l'Église en Allemagne à la fin de la Guerre de Trente Ans car on manquait d'hommes !

Basile, philosophe naïf, Paris le 28 mai 2013

dimanche 12 mai 2013

112 Histoire de la littérature française : mémoire déficiente ou sabotée ?

Quand le cinéma est né en 1895, c'était un art forain. Il servait de curiosité, attraction et divertissement. On ne le considérait pas comme un art. Durant des décennies, réduit à un produit de consommation à durée limitée, les films connaissaient une carrière éphémère. Après une année, on ne le revoyait plus. Quand bien-même ils avaient couté très cher à réaliser et s'étaient assuré le concours de vedettes célèbres. Les films finissaient à la poubelle. Plus précisément, les bobines étaient traitées avec une machine à casser les films. Une sorte de croix métallique qui les réduisait en morceaux. Les morceaux servaient à fabriquer, par exemple, des peignes.

Puis vinrent des initiatives pour sauvegarder et respecter les films. Les considérer comme expressions d'un art à part entière. Ce fut la naissance des cinémathèques. Mais, longtemps encore, les films anciens n'eurent la possibilité d'être vus que dans des salles spécialisées. Aujourd'hui, à la télévision on voit des films anciens. Et leurs fans ne se comptent plus par centaines, mais par nombreux milliers.

La situation du cinéma à ses débuts est toujours celle que connaissent chez nous les chansons. Passée leur heure de gloire, la plupart disparaissent de circulation.

On va justifier cette situation en déclarant que : « le goût a évolué ». Quel goût ? La plupart des gens ne connaissent simplement pas ce qui se chantait dans le passé. Comment peut-on ainsi affirmer que ces chansons ne plaisent pas. Ne correspondent pas aux sensibilités actuelles ?

Un propos classique qu'on entend tenir s'agissant de l'art est que ce qui est bon reste dans la mémoire. Le reste est oublié. Ce propos justificateur est totalement fantaisiste ou presque. Certes, des œuvres sans envergure sont oubliées. Mais des chefs-d'œuvre le sont également. Et des auteurs et courants artistiques très importants sont minimisés ou effacés dans les livres d'histoire officielle.

Quelques exemples : Houdart de La Motte, illustre dramaturge, Évariste Parny, poète, dont Pouchkine disait : « c'est mon maître »...

Un phénomène peu connu est le suivant : en France, la centralisation administrative du pays qui a conduit à la destruction volontaire des langues régionales, n'a pas touché que la littérature dite « patoisante ». L'élitisme parisien a voué à l'oubli de grands écrivains de langue française dont le crime est d'être resté provinciaux sans chercher à se naturaliser parisien.

Je connais au moins deux exemples. Il en existe certainement beaucoup d'autres. Ernest Chebroux, poète, bien que devenu parisien, restait de cœur un Poitevin. Il éditait des poèmes à Limoges ! Dans ces conditions son magnifique poème Les rives du Clain sera absent des manuels scolaires.

Autre exemple : Gabriel Monavon, qui vécut au XIXème siècle, est un des plus grands poètes français. Avantage de son écriture, non seulement elle est très belle, mais se lit facilement. C'est du français facile à comprendre. Alors, pourquoi Gabriel Monavon est-il aujourd'hui pour la plupart un parfait inconnu ?

Réponse : parce qu'il était avocat et juge de paix à Grenoble. Qu'il n'a pas cherché à se parisianiser. En tous cas, il était très satisfait de recevoir pour son poème La Chanson de la brise une distinction décernée par l'Académie Jasmin d'Agen. Pour les snobs officiels de Paris, quelle vergogne, quel ridicule ! Alors, Gabriel Monavon, on l'oublie.

Basile, philosophe naïf, Paris le 12 mai 2013

mercredi 8 mai 2013

111 La vérité sur la pornographie

J'ai étudié sur Internet de nombreux clips ou photos pornographiques. Il est une chose beaucoup plus instructive que s'arrêter sur les comportements stéréotypés et répétitifs des personnes et sur les cadrages gynécologiques des photos. Considérer les visages et regards des « acteurs » porno et décrypter à quoi ils pensent en pleine action.

Ils s'emmerdent ! Ils sont là et s'adonnent à une gestuelle mécanique de commande. Ils font ça avec autant d'enthousiasme que n'importe quel travail ennuyeux et alimentaire.

C'est particulièrement évident avec la plupart des filles. Elles mettent autant de passion et bonne volonté à sucer un pénis ou un sexe féminin qu'à suçoter un bâton de réglisse ! Et encore, ce dernier, elle le sucerait certainement avec beaucoup plus de sincérité, plaisir et enthousiasme.

Quand il y a pénétration sexuelle, elles s'appliquent consciencieusement à prendre les positions les plus acrobatiques afin de favoriser la bonne prise de vue. Et attendent que ça se passe.

Quand il y a sodomie, les hommes ou femmes qui la subissent font souvent des grimaces de douleur...

Quand on suit une série de clichés pris lors d'une séance entière de photos, il n'est pas rare qu'à la fin la fille sourit et paraisse se détendre... ouf ! Le boulot est fini ! On va pouvoir se laver, se rhabiller et s'occuper de choses plus intéressantes : toucher son chèque et aller bouffer !

Les câlins sont réduits à pas grand chose le plus souvent. Des filles splendides sont à peine effleurées. On a mieux à faire !

Les « acteurs » ont des manches gros comme ça. En revanche, il leur faut trois heures pour parvenir à éjaculer et ils n'y arrivent qu'en se masturbant. Ce qui signifie qu'ils ne ressentent rien quand les filles les sucent ou se font pénétrer par eux. Pour faire illusion, ces garçons vont ponctuer la séance porno où ils sont en fait frigides d'exclamations style : « oh ! C'est bon ! C'est très bon ! » proférées généralement en anglais avec un accent américain. Cette laborieuse sexualité est trop nulle !

Quand je regarde de la pornographie sur Internet, j'en étudie les tenants et aboutissants. Résultat : la plupart du temps, quel que soit les actes et gestes vus, ça ne m'excite pas. Des fois ça m'écœure même, tant il apparaît évident que les « acteurs » sont là uniquement pour l'argent.

Bien sûr, certains mettent de la bonne volonté. Certaines filles sourient au photographe. D'autres simulent l'orgasme. Quelquefois en ont vraiment un.

Mais c'est si souvent affreusement ennuyeux.

J'ai vu un jour sur un site Internet américain le tarif. La base de départ était « photos de nu », vingt dollars de l'heure. Le mieux payé était : « pornographie », cent dollars de l'heure.

Vous regardez une vidéo pornographique. On y voit une jolie fille faire mille acrobaties et absorptions par divers orifices. N'oubliez pas qu'elle est en train de penser quelque chose comme : « ça y est, je vais pouvoir changer ma cuvette de WC cassée et régler mon tiers provisionnel ».

Pour s'astiquer chez soi il n'y a rien de plus érotique, sensuel et excitant... n'est-ce pas ?

Basile, philosophe naïf, Paris le 7 mai 2013

110 A propos des jeunes et de l'envahissement par la pornographie

Quand j'étais bien jeune, dans les années 1960, à partir de l'âge de treize ou quatorze ans environ, je cherchais avec avidité la moindre trace de représentations de femmes nues. Dans l'habitation familiale il n'y en avait guère. Je me souviens d'un livre de peintures où on en voyait quelques-unes.

Que dire de l'époque actuelle ? Le moindre ordinateur relié à Internet permet l'accès à des milliers de sites pornographiques. Ils sont juste « fermés » par la question : « avez-vous plus ou moins de 18 ans ? ». On peut cliquer sur « oui » ou « non ». Il suffit de cliquer sur « oui » pour entrer.

On connait la curiosité des très jeunes. Et d'autant plus grande que c'est « interdit » et « réservé aux adultes ». Il est bien évident que les enfants et les très jeunes gens sont très nombreux aujourd'hui à aller voir la pornographie sur Internet.

D'après certains, 30% des jeunes en France, âgés de treize ou quatorze ans, ont déjà vu ainsi un film pornographique. Je serais tenté de penser qu'ils sont plus nombreux encore. Je dirais au moins 45%. Et aussi des enfants ont été voir ce genre de films.

Comme « éducation sexuelle » on fait mieux ! Mais quelle réaction préconise-t-on face à cet envahissement ?

Le 14 février 2012, Jeannette Bougrab, secrétaire d'État à la Jeunesse et à la Vie associative du gouvernement français recevait un rapport officiel commandé à ce sujet. Qui insistait sur la nécessité de développer « l'information précoce des jeunes sur cette addiction, sur les dangers de cette addiction ». Il préconisait aussi de taxer davantage les sites pornographiques ainsi que leurs fournisseurs. Et surtout il proposait de rendre payant l'accès Internet à toute image pornographique.

Ces propositions brillent par leur inefficacité, leur caractère erroné et leur inapplicabilité. Que vient faire ici le mot « addiction » ? L'alcool, le tabac, le jeu, peuvent être des addictions. En quoi la pornographie est-elle une addiction ? Et on ajoute à cette caractéristique addictive que posséderait la pornographie qu'elle est dangereuse ! Pour lutter contre la pornographie : taxons ! Et voilà l'affaire réglée ! Prétendre taxer systématiquement l'accès Internet à la pornographie est absurde et irréaliste. La plupart des sites concernés sont basés à l'étranger.

Quelle réponse alors peut-on donner ? Sur le site du Figaro santé il est question d'éducation sexuelle. En quoi doit-elle consister ?

L’éducation sexuelle doit fournir aux jeunes des connaissances fiables sur la sexualité, renforcer leur capacité à prendre des décisions responsables, leur permettre d’explorer et définir leurs propres valeurs, et leur fournir un modèle sain de comportement sexuel.

Qui défini précisément le « modèle sain de comportement sexuel » ?

La police, le curé, les copains, le papa et la maman ? Et où et quand fait-on confiance aux jeunes ?

En fait la réponse numéro un à la pornographie est celle-ci : « sur les sites pornographiques, qu'on peut regarder pour son plaisir, les comportements sont totalement artificiels. Les motivations sont exclusivement pécuniaires. Et ce qu'on y voit faire est motivé par le lucre et pas par le désir, la Nature ou les sentiments. » Voilà ce qu'il faut dire pour protéger et mettre en garde les jeunes.

Basile, philosophe naïf, Paris le 7 mai 2013

lundi 6 mai 2013

109 « Impuissance » et « surpuissance »

Il est admis qu'on peut avoir envie de faire l'amour et ne pas y arriver. Le problème est alors pour l'homme de ne pas parvenir à l'érection, ou ne pas parvenir à la conserver, ou éjaculer trop vite ou pas du tout. Ou encore ne pas ressentir grand chose, voire rien ou avoir mal. La femme, elle, peut aussi ne pas être disposée physiquement à l'acte, ou ne rien ressentir, ressentir peu, avoir mal.

Dans ce cas on verra faire appel à toute une batterie de béquilles techniques ou psychologiques ou chimiques pour remédier à ces « troubles ».

Certes, il est fort possible que ces troubles aient des fois, mais pas toujours, à être soignés.

Inversement, on n'évoque jamais un autre aspect de la sexualité.

Si des fois on a envie de faire l'amour et on n'y parvient pas, il peut inversement également arriver qu'on atteigne un état où l'acte sexuel est possible (érection, etc.) et où en fait il n'est ni désiré ni bienvenu. On pourrait baptiser cet état particulier la « surpuissance ».

Ce fait sera admis s'il s'agit de petits bébés qui, par exemple, ont une érection.

Il sera beaucoup moins facilement admis s'agissant d'adultes.

Pourtant il arrive très fréquemment.

Un exemple illustratif est celui de l'érection au réveil que connaissent bien des hommes. On en verra alors se jeter sur leur compagne en la réveillant, la dérangeant dans son sommeil. Motif : ces hommes sont obsédés par l'idée de baiser. Le soir, ils n'y arrivent pas. Car l'acte sexuel recherché l'est par convenance : « je peux, donc je dois ». Le lendemain matin, l'érection non intromissive les précipite dans une sorte d'examen de rattrapage. Auquel ils échouent le plus souvent.

Le sexe ne se décrète pas. Ce n'est pas non plus un point d'honneur à respecter. Ou un bon truc dont il faut profiter le plus souvent possible. Le sexe vient, s'il vient, quand il veut venir. Pour le reste, il existe le continent de la gentillesse et des câlins, le plus souvent négligé et méprisé et réduit au concept imbécile de trucs ou « préliminaires » à l'acte sexuel.

Les humains font tant et si bien mal les choses, que la plupart finissent leur vie sans sexe, sans trop de gentillesses et sans câlins. Ce que, sans le savoir, ils ont bien cherché.

Alors, au lieu de s'introspecter, réfléchir, s'auto-critiquer, modifier leur comportement stupide, ils se contentent la plupart du temps de regretter leur jeunesse et leurs belles amours passées.

En s'imaginant que juste est la phrase : « si jeunesse savait, si vieillesse pouvait ».

On peut être bien, faire le bien et échanger des gentillesses et caresses à tout âges. A condition de renoncer à faire l'imbécile qui marche dans les clous. Suit la pensée unique dominante et s'étonne que ses efforts ne soient pas récompensés. La plupart de nos soucis et souffrances ont pour origine nous-mêmes et non « les autres ». Les humains font de très grands et persévérants efforts pour se rendre malheureux et rendre malheureux les autres. Et ces efforts sont récompensés.

Commencer à chercher à changer est le début du bonheur.

Basile, philosophe naïf, Paris le 6 mai 2013

108 Exemples de certains troubles sexuels

Un homme et une femme ont décidé de « vivre en couple ». Ils dorment nus. Le soir, l'homme caresse un peu la femme. Il commence à bander et se jette sur la femme pour « faire l'amour ». Son érection retombe assez vite et l'opération est un fiasco. La femme se plaint : « tu as voulu aller trop vite ». L'homme répond : « Oui, mais si j'attends, je débande et n'arrive plus à entrer ».

L'incident se répète. La situation est d'autant plus préoccupante que le couple souhaite un enfant. Et parvenir à le concevoir par les moyens de la Nature sans l'aide de la Faculté.

Le couple fait appel à son médecin. Celui-ci prescrit à l'homme du Cialis.

Résultat, l'homme atteint plus vite et maintient son érection. Mais durant l'acte n'éprouve pas de plaisir et ne parvient pas à l'éjaculation.

La femme ne ressent pas grand chose, mais n'en parle pas, à la différence de l'homme.

Ce dernier fait part du problème au médecin. Celui-ci ne répond rien.

On dira qu'il y a mésentente sexuelle dans le couple, dysfonctionnement sexuel, etc.

En fait, il n'en est rien.

Si le médecin avait été consciencieux, il aurait questionné séparément l'homme et la femme en posant à chacun la même question toute simple : « avez-vous vraiment envie de faire l'amour ? »

La réponse aurait été plus ou moins clairement « non ». Mais comment le reconnaître et l'assumer si on veut être un « vrai couple », c'est-à-dire qui baise ? Quant à l'érection, il s'agit d'une érection non intromissive. Chose dont aucun livre à la mode ne parle. Quand un homme ou une femme éprouve du plaisir ou simplement de l'excitation, cela entraine parfois des réactions génitales similaires aux préparatifs de l'acte sexuel : modification morphologiques, secrétions de liquides.

C'est ainsi qu'on peut avoir en apparence envie d'un rapport physique. Y compris quand on ressent exactement le sentiment inverse.

A une jeune fille dont le sexe paraissait s'apprêter pour l'acte, son père disait juste avant de la violer : « tu vois que tu en as envie ».

Ce qui n'était pas du tout vrai.

Une très jeune fille s'inquiète : elle est vierge, a un copain qui lui fait des câlins. Mais quand il la doigte, elle a mal. Elle n'ose pas lui en parler et s'interroge : « comment cela va-t-il se passer le jour de la défloration, qu'elle envisage dans les mois à venir. Aura-t-elle à nouveau mal ? »

Réponse stupide à son inquiétude : « apprends à te détendre. Ça sera plus chouette ».

En fait il faudrait qu'elle en parle à son copain. C'est peut-être un grand maladroit. Et aussi, si elle a mal quand il la doigte, c'est peut-être tout simplement qu'elle n'en a pas envie. Mais allez expliquer ça sous le règne de la pensée unique du « sexe à tous prix et au dessus de tout » !

Basile, philosophe naïf, Paris le 6 mai 2013

107 L'amour à la romaine

Certains Romains de l'Antiquité poussèrent au paroxysme l'amour de la bonne chère. Ils se faisaient vomir quand ils avaient la panse pleine. Et buvaient du vinaigre pour retrouver ensuite l'appétit. Ainsi ils pouvaient manger sans fins des mets gastronomiques sans être concernés, ennuyés, limités par les phénomènes de satiété et digestion.

Prendre ainsi à la légère le rôle de la nourriture, devenue ici un pur plaisir gustatif, a de quoi nous dégouter.

Il est pourtant un domaine où nous sommes habitués de voir ainsi traiter un autre aspect de la vie humaine. Il s'agit du sexe.

On le voit souvent réduit à une pure activité distractive. N'a-t-on pas faim ? Qu'à cela ne tienne ! Excitons-nous ! N'osons-nous pas faire quelque chose ? Buvons de l'alcool pour nous désinhiber et allons-y ! Le corps se rebiffe ? A nous, Cialis et Viagra !

Certes, le sort réservé jadis au sexe, dans des temps passés pas si lointains, était terrifiant et caricatural. On avait fait du sexe une chose sacrée ou maudite. Une chose qui devait être réservée à la reproduction ou à la prostitution et la pornographie.

Aujourd'hui, on voit le sexe réduit souvent juste à un léger amusement, un exercice hygiénique.

Faire de l'acte sexuel un acte anodin est une des grandes erreurs de notre culture actuelle.

On fait l'amour à la romaine, comme jadis les Romains se faisaient rendre et vinaigrer pour manger sans fin.

Tout ceci au détriment des câlins réduits prétendument au rôle de garniture de « l'essentiel » qui serait : le sexe.

Les câlins eux, ne devant soi-disant lui servir que d'en-cadrant, d'introduction. Seraient des annexes : « préliminaires », « préludes », « postludes ». Ou encore « prélis » pour parler « jeune ».

Quelle stupidité !

Et aussi, quel parfait moyen pour se perdre et rater sa vie.

Imaginez une personne qui, invité à dîner, ne penserait tout le temps de la soirée qu'au dessert. Il raterait l'essentiel. Et, à force d'y attacher trop d'importance, finirait également par ne pas savoir apprécier le dessert. Et s'il n'y en a pas serait affreusement déçue même après une bonne soirée.

Chaque chose en son temps et à sa place et tout ira bien.

Et osons penser hors des clous de la pensée unique dominante. Pensée qui conduit chaque année des milliers de ses adeptes trompés par elle au suicide pour « chagrin d'amour ».

Et tant pis si on ne nous comprend pas. Nous n'avons pas besoin d'autorisation pour penser et exister. Surtout que ceux qui suivent la mode ne paraissent pas particulièrement heureux, en dépit de leurs sourires hypocrites et leurs propos lénifiants.

Basile, philosophe naïf, Paris le 6 mai 2013

vendredi 3 mai 2013

106 L'origine du fréquent désaccord sexuel entre l'homme et la femme

« Mais qu'est-ce que veulent les femmes ? » S'écrient quantité d'hommes. « Mais qu'est-ce que veulent les hommes ? » S'écrient quantité de femmes.

Certains malins ont décrété : « les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus. » D'où résulterait leur inévitable incompréhension réciproque.

La réalité est plus prosaïque. Le désaccord sexuel entre l'homme et la femme résulte de ceci :

L'homme jouit en éjaculant. Cette jouissance est variable. Peut être très faible. Et même il peut avoir mal. Mais ce fonctionnement conduit les hommes à se masturber très fréquemment et dès un âge très juvénile. Ça devient même une manie : la masturbomanie. L'éjaculation est considérée comme un acte formidable et extraordinaire. On va l'idolâtrer. Ce sera l'éjaculâtrie. Enfin, la bêtise interviendra. Il faut bander plusieurs fois, avoir une grande queue, beaucoup d'aventures, etc.

La jouissance féminine est différente. Elle peut y compris se passer de la présence masculine. Le clitoris y pourvoit très bien et dérange certains hommes par son existence-même.

Certaines sociétés on même inventé la clitoridectomie : l'ablation rituelle du clitoris dès l'enfance.

Un médecin a mis au point récemment une technique chirurgicale réparatrice. C'est excellent.

La femme connait trois facteurs qui expliquent beaucoup de problèmes qu'elle peut avoir avec l'homme.

Premièrement, elle sait que pour enfanter, elle a besoin en principe d'un homme. Ou, au minimum d'une éprouvette de son sperme.

Deuxièmement, la tradition de la société est de ne pas reconnaître le travail domestique. La femme s'occupe de la maison, des enfants, mais n'est pas payée pour. Un travail qui n'est pas payé, cela porte un nom : l'esclavage.

Troisièmement : alors que les enfants représentent l'avenir général de toute la société, leur sort matériel est totalement dépendant des parents.

La femme, dans l'intérêt de ses enfants, est conséquemment invitée à céder aux exigences sexuelles aberrantes de l'homme. A pratiquer de facto ce qui revient à de la prostitution conjugale.

Quantité de femmes mariées, une fois les enfants souhaités nés, se refusent sexuellement à leur mari.

En fait, elles n'ont jamais souhaité vivre la sexualité qui leur était proposée. Elles voulaient juste des enfants. Et après, basta !

Un certain nombre de divorces trouvent ici leur explication.

Ils sont d'autant plus favorisés, que les enfants donnent à leur mère des câlins non assortis d'exigences sexuelles écœurantes à la longue. Baiser quand on n'a pas envie de baiser, c'est comme manger quand on n'a pas du tout faim. C'est horrible.

Basile, philosophe naïf, Paris le 3 mai 2013

105 Les hug friends

Je vais parler ici d'une chose qui existe déjà sans avoir d'existence officielle : les amis en câlins, autrement dit en anglais : hug friends.

On connait tous les fuck friends. Il s'agit littéralement de compagnon ou compagne de baise. Une pratique existant dans certains milieux. Quand on s'ennuie, on n'a rien de spécial de prévu, on contacte un ou une fuck friend. On se voit juste pour baiser. Puis on se lave, si on est propre, et on s'en va. En quelque sorte il s'agit de prostitution réciproque et bénévole. L'acte sexuel est ici totalement banalisé. Une bonne bière, un coït, un chewing-gum, une pipe, une séance de cinéma : on est ici dans une dimension purement ludique et consumériste.

Le hug friend lui ne pense qu'aux câlins. L'acte sexuel est tout à fait facultatif. S'il arrive, c'est secondaire. Et le plus souvent il n'arrive pas et n'a pas à arriver.

Certes, des dragueurs ou dragueuses pourront croire à un moyen pratique de drague. En fait il s'agit d'une chose tout à fait différente. Démasqués, ils sont gentiment proscrits. Leur insistance à vouloir se retrouver en tête-à-tête, leurs propos un peu bizarres permet de les identifier.

Les hug friends existent déjà. Combien de femmes avouent n'accepter l'acte sexuel voulu par leur compagnon que pour connaître la chaleur de leur bras. Cet acte est une sorte de péage auquel elles consentent pour accéder aux câlins.

Quantité de femmes cherchent à dresser leur compagnon obnubilé par l'acte sexuel. En quelque sorte, elles le castrent psychologiquement. Cela peut être extrêmement pénible à vivre pour l'homme ainsi castré.

Cette castration est amenée progressivement. On connait le célèbre : « pas ce soir, chéri, j'ai mal à la tête ! » Il est en fait inspiré par la réalité.

Les hug friends paisibles et réciproquement consentants vivent une sorte de clandestinité. Que répondre aux amis qui s'esclaffent et vous charrient à votre arrivée ensemble le matin après avoir dormi et échangé des câlins ? On ne va pas commencer à tonitruer : « nous, ça va bien, on ne baise pas, on se fait juste des câlins ! » Alors on laisse dire. On sourit. On se tait. Et tout l'entourage se dit, voyant votre mine épanouie : « ils ont bien baisé cette nuit ! »

La pensée unique dominante actuelle est prête à entendre les plus grandes bizarreries sexuelles. Vous pouvez pratiquer mille choses curieuses. Mais pas l'abstinence avec des câlins. Tout simplement déjà parce qu'officiellement elle n'existe pas. « Coucher avec quelqu'un » signifie baiser. Il n'existe pas d'expressions pour dire coucher avec quelqu'un en se faisant juste des caresses.

La difficulté sémantique amène à ce que certains disent : « on fait l'amour en se faisant juste des caresses ».

Mais dire qu'on se fait juste des câlins est considéré comme la marque d'une déficience, une faiblesse du « couple ». Baiser est en quelque sorte l'attestation de la réalité d'une relation sérieuse. Et cette attestation doit être renouvelée régulièrement. Sinon, le couple est considéré en crise.

Le monde est fou. Laissons-le à sa folie. Et occupons-nous de nous-mêmes. A ceux qui comprennent, comme à ceux qui ne comprennent pas, il est inutile d'expliquer la vérité de la vie.

Basile, philosophe naïf, Paris le 3 mai 2013

jeudi 2 mai 2013

104 La sixième catégorie

J'écoutais dernièrement une dame, mère de quatre enfants, se plaindre d'avoir un mari feignant. Il ne veut pas travailler. Et rêve et ne fait rien à la maison. Elle ne veut pas le chasser, car dans ce cas il va se retrouver à la misère et dans la rue.

Cette situation soulève un aspect de la protection sociale.

Il est prévu que cinq catégories de gens peuvent avoir de quoi vivre sans travailler :

Ce sont : les enfants, les vieillards, les infirmes, les chômeurs et les riches.

Je propose d'y ajouter une sixième catégorie : les feignants.

Ainsi, cette brave dame pourra sans remords ni regrets mettre son compagnon dehors de la maison.

Et il ne mourra pas de faim.

Pourquoi les feignants devraient crever de faim ? Ce sont des êtres humains comme tout le monde. Et il y a présentement très largement de quoi donner à manger à l'ensemble des habitants de la planète et même plus.

Ce n'est pas moi ou un parti révolutionnaire qui le dit. Mais la FAO, organisme de l'ONU chargé de l'alimentation qui le répète depuis des années.

Quant à la morale, je trouve inhumain de laisser quelqu'un mourir de faim. Fut-il le roi des feignants.

Pourquoi si un riche ne travaille pas, c'est normal. Et si un pauvre l'imite ce serait « un parasite » ?

On entend dire que les riches, c'est leur argent qui « travaille » à leur place.

Pour ce qui me concerne, j'ai souvent pris le métro à Paris. Et n'ai jamais croisé un billet de banque ou une pièce de monnaie allant travailler.

Ce qui fait que j'ai des doutes à ce sujet.

Basile, philosophe naïf, Paris le 2 mai 2013

103 Pas d'accord avec l'article 25

L'article 25 de la « Déclaration universelle des droits de l'homme adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies, le 10 décembre 1948 » débute ainsi : « Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; »

C'est apparemment généreux et va de soi. Mais je ne suis pas d'accord, et m'explique :

Je prends un exemple que je connais bien : le mien. Mes parents étaient de braves gens. Mais d'anciens riches, ruinés. Ils ne savaient pas se débrouiller dans la vie. Étaient panier percé. En 1965, mon père a commencé à gagner très bien sa vie : 5000 francs par mois. On a continué à connaître des temps difficiles. Qu'on ai peu ou beaucoup d'argent, le 5 du mois, au plus tard le 10, tout était dépensé. Et on n'en avait que bien peu profité.

Résultat : j'ai crevé la dalle toute mon enfance et au delà.

Certains diront : « si les parents sont indignes, on retire les enfants ».

Mes parents n'étaient pas indignes, mais seulement maladroits et imprévoyants.

Pourquoi dans ce cas les enfants devraient en faire les frais ?

Que les parents assurent l'éducation de leurs enfants. Leurs transmettent leur culture, leurs valeurs et traditions, soit. Mais que les bonnes conditions de vie des enfants soient garanties par l'État, c'est-à-dire la collectivité.

La question a été soulevée récemment en France quand des enfants se sont vus exclus de leur cantine scolaire parce que les parents n'avaient pas payés pour eux. Cette information a fait scandale. On n'a pas le droit d'affamer des enfants, quand bien-même leurs parents ne payent pas.

Il est pour moi évident que les enfants ont droit à manger, s'habiller, être logés, chauffés, soignés s'ils sont malades, quelles que soient les ressources de leurs parents et leur talent pour gérer leur budget.

Ils sont l'avenir de la société.

Ils n'ont pas à voir dépendre leurs bonnes conditions d'existence des ressources de ceux qui les élèvent et de ce qu'ils en font.

On devrait récrire ainsi le début de l'article 25 de la Déclaration : « Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; en cas de problème la collectivité assure de bonnes conditions de vie aux enfants tout en les laissant éduquer et élever par leurs parents ; »

Basile, philosophe naïf, Paris le 2 mai 2013

102 Vous dites « asexuel » ?

J'ai passé quarante années de ma vie à vouloir faire « comme tout le monde » dans le domaine du sexe. C'est-à-dire, avoir une petite amie. Devoir « faire l'amour » régulièrement avec elle. Partager ma vie avec elle. Si possible – ce qui n'est pas arrivé – avoir des enfants et les élever avec elle.

J'ai mis quarante années à réaliser que la prétention à réduire le « sexe » – en fait la relation chaleureuse et tactile avec l'autre – à un exercice de coïts réguliers était une de plus abominables imbécilités que notre civilisation ait inventé.

En effet, les humains, contrairement à la pensée unique régnante ne sont pas « la seule espèce animale qui a tout le temps envie de faire l'amour ». Il s'agit d'un auto-conditionnement, un dressage culturel.

Mais « la pensée unique » possède d'incalculables ressources pour continuer à se justifier quand elle est contestée.

Je disais dernièrement à une amie que j'avais décidé de cesser d'écouter la pensée unique et allais m'écouter moi-même. Si je n'ai pas envie de faire l'amour en permanence, eh bien, je ne le ferai pas. Ne le chercherai pas. Et tant pis si ça ne correspond à aucun genre de conduite reconnue comme catégorisable dans notre société française et parisienne.

Mon amie a opiné. Et quinze jours plus tard, voilà qu'elle me déclare « asexuel ». J'appartiendrais à une « minorité sexuelle » qui cherche à se faire reconnaître de nos jours.

Une autre amie, qui est aussi mon ex compagne, m'ayant écouté, me sort tout de go : « il faut que tu rencontre une femme qui n'aime pas faire l'amour. Que vous viviez ensemble. Tu la rendras heureuse. »

Mais je ne suis ni asexuel. Ni n'aspire à rencontrer une femme qui n'aime pas faire l'amour pour vivre avec elle et la rendre heureuse ! Je souhaite simplement être authentique et m'écouter. Et tant pis si les autres ne le comprennent pas !

Un ami m'a déclaré que ce que je lui expliquais à mon propos l'étonnait. Il n'avait jusqu'à présent jamais rencontré quelqu'un qui lui tienne un pareil discours. Et, quant à lui, il avait toujours envie de « faire l'amour ». Il m'a même posé une autre question : « ne serais-tu pas homosexuel ? »

Et voilà, la boucle est bouclée. On n'a pas le droit d'être soi-même. Si on ne suit pas les rails de la pensée unique. Ou on désire les filles tout le temps. Ou on est « asexuel » ou « homosexuel » !!

Si une jeune et jolie fille accepte d'être nue en compagnie d'un homme. Accepte d'être serrée dans ses bras, embrassée, caressée, léchée, sucée, doigtée... mais refuse l'acte sexuel, on dira qu'elle est « coincée ». Qu'elle a « un problème ».

Et si c'était justement l'inverse ? Celui ou celle qui ne cesse de chercher l'acte sexuel serait justement « coincé », aurait « un problème » ? Qu'on me démontre le contraire ! Je crois surtout que mon propos dérange les machos et leurs émules féminins, les « machos » de sexe féminin.

Je ne plaide pas contre le sexe, l'acte sexuel. Je ne suis pas non plus asexuel. Mais j'ai le droit d'être moi. Et refuser d'être un zombi obsédé obéissant à la pensée unique régnante.

Basile, philosophe naïf, Paris le 2 mai 2013

mercredi 1 mai 2013

101 Le couple contre l'amour

Quand on s'aime, proclame la pensée unique de notre société, il faut vivre l'un pour l'autre, l'un par l'autre, l'un avec l'autre... bref, « former un couple ».

Vouloir former un couple, hier on disait « se marier », peut être la manière la plus efficace de tuer l'amour.

Quand on choisit de « vivre l'un pour l'autre » cela peut conduire à ce que l'autre devienne vital pour vous. Sans lui ou elle, plus rien n'a de sens. Il ou elle est la branche sur laquelle vous vous posez, vous vivez. D'où crainte de le voir ou la voir vous quitter. Et cette crainte peut se traduire par une jalousie de plus en plus pesante. Il est des couples qui deviennent caricaturalement jaloux. Et l'on voit des êtres inoffensifs devenir y compris violents devant la perspective de perdre l'autre réduit à une bouée de sauvetage sur l'océan inquiétant de la vie. « Avec tout ce que tu es pour moi, tout ce que je suis pour nous, tu veux me quitter ?! » Et allons-y que je te cogne, moi, le gentil garçon doux et bien intentionné qui tremble de peur à l'idée de perdre le siège sur lequel il est assis.

« Au début, c'est toujours bien » disent certains. Mais pourquoi cela se dégrade-t-il si souvent ensuite ? Une raison subtile de cette fréquente dégradation est que la relation, pour exister, cherche à s'adapter à la compatibilité entre les deux partenaires. Or, celle-ci, pour s'établir au quotidien, va chercher les domaines où elle est le plus facilement possible. Dormir ensemble, manger ensemble, faire la lessive de l'autre et l'accrocher deviennent des activités vitales et fondamentales du « couple ». On croit trouver le bonheur dans des domaines hyper-simples. En fait, la relation de départ s'appauvrit complètement. Se réduit à pas grand chose sans qu'on s'en aperçoive. L'autre, cet être unique comme chacun de nous, a droit à un traitement de faveur qui pourrait s'appliquer à des millions d'autres. Et qui n'est de faveur que parce que c'est à lui ou à elle qu'on a choisi de l'appliquer. La relation s'étiole. Et on la croit solide. D'animée elle devient végétative. Et va chuter à la première tourmente venue. Au premier souffle de vent l'amour qu'on croyait « grand », qui l'était au début, tombera en poussière.

Enfermer une relation à deux dans un vase clos conduit à la fragiliser en se rendant réciproquement dépendant l'un de l'autre. Si un gros problème arrive à l'autre, il devient invivable. Car on le vit comme s'il était nôtre. Or, pour aider l'autre, il faut, au contraire, savoir prendre du recul. Tous les infirmiers du monde le savent : trop d'empathie empêche d'assurer une présence médicale adaptée au malade. Sans s'en rendre compte, avec l'autre, on va devenir trop présent. Oppressant à force de vouloir faire bien les choses. Hyper-protecteur on affaiblit l'autre. On s'angoisse. Et on l'angoisse. La personne qu'au départ on aime devient angoissante. Et cela ronge et détruit, nous et l'amour.

A force de vouloir vivre en symbiose, le couple peut se rompre au contact d'éléments secondaires qui finissent par devenir énormes, insupportables, incompatibles. On croit qu'on ne les supporte plus ou pas. En fait, on les a rendu insupportables. Exiger de mettre « en couple » une relation, peut l'empêcher par incompatibilité culturelle (ou appartient à des milieux sociaux différents), géographique (on vit trop loin l'un de l'autre), sexuelle (on a des goûts différents). Alors qu'il suffirait d'accepter une relation originale qui ne se prête pas à ce cadre pour qu'elle vive.

J'observais dernièrement une belle et sympathique personne. Et me disait : « oui, mais nous n'avons rien à faire ensemble ». En fait, je m'abusais moi-même. Oui, nous n'avions visiblement rien à faire « en couple ». Mais autrement, une autre relation était possible. Ou du moins je pouvais la tenter. Et me suis retrouvé empêché de commencer quelque chose par l'idée idéale du « couple ». Comme ces personnes qui n'osent pas vous aborder car elles pensent : « je n'ai rien à lui dire ».

Basile, philosophe naïf, Paris le 1er mai 2013