lundi 6 mai 2013

107 L'amour à la romaine

Certains Romains de l'Antiquité poussèrent au paroxysme l'amour de la bonne chère. Ils se faisaient vomir quand ils avaient la panse pleine. Et buvaient du vinaigre pour retrouver ensuite l'appétit. Ainsi ils pouvaient manger sans fins des mets gastronomiques sans être concernés, ennuyés, limités par les phénomènes de satiété et digestion.

Prendre ainsi à la légère le rôle de la nourriture, devenue ici un pur plaisir gustatif, a de quoi nous dégouter.

Il est pourtant un domaine où nous sommes habitués de voir ainsi traiter un autre aspect de la vie humaine. Il s'agit du sexe.

On le voit souvent réduit à une pure activité distractive. N'a-t-on pas faim ? Qu'à cela ne tienne ! Excitons-nous ! N'osons-nous pas faire quelque chose ? Buvons de l'alcool pour nous désinhiber et allons-y ! Le corps se rebiffe ? A nous, Cialis et Viagra !

Certes, le sort réservé jadis au sexe, dans des temps passés pas si lointains, était terrifiant et caricatural. On avait fait du sexe une chose sacrée ou maudite. Une chose qui devait être réservée à la reproduction ou à la prostitution et la pornographie.

Aujourd'hui, on voit le sexe réduit souvent juste à un léger amusement, un exercice hygiénique.

Faire de l'acte sexuel un acte anodin est une des grandes erreurs de notre culture actuelle.

On fait l'amour à la romaine, comme jadis les Romains se faisaient rendre et vinaigrer pour manger sans fin.

Tout ceci au détriment des câlins réduits prétendument au rôle de garniture de « l'essentiel » qui serait : le sexe.

Les câlins eux, ne devant soi-disant lui servir que d'en-cadrant, d'introduction. Seraient des annexes : « préliminaires », « préludes », « postludes ». Ou encore « prélis » pour parler « jeune ».

Quelle stupidité !

Et aussi, quel parfait moyen pour se perdre et rater sa vie.

Imaginez une personne qui, invité à dîner, ne penserait tout le temps de la soirée qu'au dessert. Il raterait l'essentiel. Et, à force d'y attacher trop d'importance, finirait également par ne pas savoir apprécier le dessert. Et s'il n'y en a pas serait affreusement déçue même après une bonne soirée.

Chaque chose en son temps et à sa place et tout ira bien.

Et osons penser hors des clous de la pensée unique dominante. Pensée qui conduit chaque année des milliers de ses adeptes trompés par elle au suicide pour « chagrin d'amour ».

Et tant pis si on ne nous comprend pas. Nous n'avons pas besoin d'autorisation pour penser et exister. Surtout que ceux qui suivent la mode ne paraissent pas particulièrement heureux, en dépit de leurs sourires hypocrites et leurs propos lénifiants.

Basile, philosophe naïf, Paris le 6 mai 2013

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire