mardi 9 juillet 2013

129 Vive la hausse !

Comment faire passer une hausse de 10 % de l'électricité ?
Réponse : annoncer 30 % et puis 10 %. Comme ça, ce n'est plus une hausse, mais une baisse par rapport à la hausse initialement annoncée.
Le CONsommateur est cocu... mais content.
De toutes façons, cette hausse est INDISPENSABLE et INÉVITABLE.
Comme le blocage des salaires ?


Grand prix national de la langue de bois à Philippe Martin, ministre français de l’Énergie, annonçant la hausse de 10 % des tarifs EDF pour les consommateurs particuliers :
« Le gouvernement a décidé de lisser, sur plusieurs années, les hausses de tarifs nécessaires à la couverture des coûts d'EDF, prévue par la loi, afin de protéger autant que possible le pouvoir d'achat des ménages »
Tout y est : c'est très gentil, c'est inévitable, c'est la loi, c'est dans votre intérêt...

On vous disait bien que : « les chasseurs protègent la Nature » !!!

Basile, philosophe naïf, Paris le 9 juillet 2013

128 Qu'est-ce que la « chrématistique » ?

De nos jours, certains croient qu'avec beaucoup d'argent on peut tout obtenir. Ce qui justifierait le fait de pouvoir faire n'importe quoi pour en posséder un maximum. Or, avec l'argent, en fait tout n'est pas possible. Essayez donc avec de l'argent de déplacer Noël en avril ! 

 

Il s'ensuit également que certains croient que l'argent est une substance magique qu'il est souhaitable d'accumuler sans fin. Or, l'argent qui ne circule pas, n'a en fait pas de valeur. S'agissant de la volonté d'accumuler l'argent absurdement et sans fin, il y a plus de 2300 ans, le célèbre savant grec Aristote a parlé de « chrématistique ». Phénomène auquel j'ai pensé en parlant du « hamstérisme ».

Aristote défini d'abord ainsi la « chrématistique naturelle » ou « nécessaire » :

Elle est liée à la nécessité de l'approvisionnement de l'oïkos, c'est-à-dire de la famille élargie au sens de communauté. On ne peut pas la dénigrer, car elle est nécessaire à la survie. On distingue dans cette chrématistique naturelle l'art naturel au sens propre — celui relié à la prise de possession directe ou à l'utilisation du travail des esclaves pour s'autosuffire — de l'art naturel par l'échange nécessaire. Ce dernier est indispensable puisque l'autosuffisance reste difficile à maintenir. Aristote admet le troc et l'échange pratiqué par la monnaie comme important, mais insiste sur le fait que cette dernière ne doit pas être accumulée, qu'elle ne doit être utilisée que pour réaliser l'échange.

Différente de la « chrématistique naturelle » ou « nécessaire » est la « chrématistique » proprement dite ou « commerciale », l'accumulation absurde de l'argent pour l'argent.

 

La seconde forme de chrématistique est radicalement différente de la première et est liée au fait de « placer la richesse dans la possession de monnaie en abondance ». C'est l'accumulation de la monnaie pour la monnaie (la chrématistique dite « commerciale ») qui, selon Aristote, est une activité « contre nature » et qui déshumanise ceux qui s'y livrent : en effet, toujours selon Aristote, l'homme est par nature un « zoon politikon », animal politique (politikos, citoyen, homme public). Et dans de nombreux textes, Aristote précise bien qu'il est « fait pour vivre ensemble » ou encore « en état de communauté ». C'est de ce point de vue qu'Aristote se place lorsqu'il déclare que la politique consiste avant tout à « organiser et maintenir l'état d'amitié entre les citoyens ». Ainsi, suivant l’exemple de Platon, il condamne le goût du profit et l'accumulation de richesses. En effet, la chrématistique commerciale substitue l’argent aux biens ; l’usure crée de l’argent à partir de l’argent ; le marchand ne produit rien : en l'absence de règles strictes visant leurs activités et d'un contrôle de la communauté dans son ensemble, tous sont condamnables d'un point de vue politique, éthique et philosophique.

Bien qu'Aristote traite la chrématistique comme un ensemble de ruses et de stratégies d’acquisition des richesses pour permettre un accroissement du pouvoir politique, il la condamne toujours en tant que telle et donne une place beaucoup plus importante à l’économie.

J.M. Keynes de son côté écrit : « L'amour de l'argent comme objet de possession — distinct de l'amour de l'argent comme moyen de goûter aux plaisirs et aux réalités de la vie — sera reconnu pour ce qu'il est, une passion morbide plutôt répugnante, une de ces inclinations à moitié criminelles, à moitié pathologiques, dont on confie le soin en frissonnant aux spécialistes des maladies mentales. » (J. M. Keynes, Perspectives économiques pour nos petits enfants in Essais de Persuasion, 1930, Les Classiques des Sciences Sociales)

De nos jours, le monde est malade d'être dominé par ces criminels malades dont parle Keynes.

Basile, philosophe naïf (aidé de l'article « chrématistique » de Wikipédia), Paris le 9 juillet 2013.

mercredi 3 juillet 2013

127 A propos d'espionnage

Avez-vous déjà lu, à son insu, le journal intime de votre fille ? Avez-vous ouvert et lu intentionnellement une lettre destiné à quelqu'un de votre entourage ? Avez-vous consulté le dossier médical confidentiel de quelqu'un dans ses affaires, sans en avoir le droit ? Avez-vous fouillé le répertoire du téléphone portable ou le sac de votre femme ou de votre mari ?

Dans ces conditions, vous avez fait de l'espionnage. Quand ce sont de grandes puissances, elles font exactement la même chose. Mais à grande échelle avec des milliers d'employés professionnels payés pour.

J'ai un scoop : la France a réussi à s'emparer du plan de défense des Pays-Bas. C'est vrai, ce scoop est un peu ancien :

En 1968, un officier d'État-major français, cadre de réserve, B*** de K*** nous a raconté, à ma mère et moi, qu'en 1938 ou 1939, les militaires français avaient réussi à s'emparer dudit plan.

A l'époque, les Pays-Bas étaient alliés de la France. Mais, on ne sait jamais. On espionne aussi nos alliés. Car ils pourraient très bien devenir un jour nos ennemis.

Après tout, la Russie en 1896 était alliée de la France et devint son adversaire en 1917.

Donc, on prévoit tout.

C'est dire que l'affaire des écoutes des officiels Européens dévoilées par Snowden est très banale. On espionne ses alliés, c'est tout à fait courant. C'est même le B A-BA du renseignement.

Les alliés des États-Unis ont été espionnés par les États-Unis. En fait ça ne choque personne au niveau militaire et gouvernemental en Europe. L'indignation publique de, par exemple, le président français, fait partie du paraître électoral. S'indigner d'une chose qui n'indigne pas celui qui s'indigne.

Ah, ces écoutes ! Des millions de personnes écoutées... qu'en dire ?

C'est le mirage de la technologie. On écoute des millions de gens. Des ordinateurs sélectionnent certains mots. La France a vendu à la Libye du temps de Khadafi du matériel spécialisé pour surveiller les opposants éventuels libyens. Si la France a vendu un tel matériel, il est plus que probable que ses services de renseignements en aient acquis eux aussi. Et l'utilisent, bien sûr. Croire qu'en recoupant des millions d'appels, mails et textos on arrive à tout contrôler est illusoire et relève du commerce des ordinateurs. Prenez une feuille de calque. Écrivez dessus à la main un message. Scannez-là à l'envers. Envoyez-là en pièce jointe à un courriel. A l'arrivée, le destinataire l'imprime sur une feuille de calque pour la lire par transparence. Ou l'imprime sur une feuille de papier ordinaire et la lit dans un miroir. Tous les ordinateurs espions les plus puissants du monde qui espionnent Internet y casseront les dents de leurs logiciels les plus sophistiqués. Votre message ne sera lu par aucun service d'espionnage d'Internet à grande échelle. Leur efficacité n'est pas si grande que ça. Sauf pour faire vivre une nuée d'employés. Pour lutter contre le Communisme, les États-Unis ont dépensé, de 1917 à 1989 onze mille milliards de dollars. A certains moments, les organes de sécurité américains exagéraient la menace communiste. Pour obtenir tout simplement plus de crédits. Ce qui est sûr, en tous cas, c'est que cette affaire Snowden permet de relancer les vieux thèmes anti-américains plus ou moins justifiés. Et faire beaucoup de bruit. Pour ma part, je pense qu'il y a un certain nombre de cimetières militaires américains en Normandie qui m'empêchent d'être totalement anti-américain. Même si c'est aujourd'hui très à la mode chez certains en France.

Basile, philosophe naïf, Paris le 3 juillet 2013

126 « Payer sa dette à la société »

Je lisais récemment le compte-rendu d'un procès. Un homme âgé avait, il y a bien des années, commis tout une série de crimes. Puis s'était rangé. Ne faisait rien. Ni n'encourageait qui que ce soit à continuer ses méfaits. On fini par l'arrêter. Le juger. Le condamner à passer douze longues années derrière les barreaux. Il sera probablement mort avant la fin de sa peine. Je me suis posé la question : « à quoi ça sert ? » A faire plaisir à ses victimes ? Il s'agit alors d'une jouissance sadique : « tu m'as fait mal, je te fais souffrir à mon tour. » Avons-nous là affaire à une morale de voyous drapée dans la toge du prétoire ? Les juges dans la Mafia agiraient de la même façon. Devons-nous faire comme eux ? Est-ce bien ainsi ?

Bien sûr, à priori, savoir puni un criminel nous paraît juste et positif. Mais si, au lieu de théorie, nous imaginions être concerné. Telle personne qui nous a fait effectivement du tort, est jugée et emprisonnée. Ça sert à quoi ? Ça répare quoi ? Rien !

Le propos classique entendu est : le criminel qui a commis un crime et va expier derrière les barreaux « paye sa dette à la société ».

Quelle dette et payée à qui ? Et qui c'est « la société » ?

Il y a peu d'années, j'ai connu un homme qui m'a dit avoir tué quelqu'un quand il était ivre. Condamné pour meurtre, il avait passé dix ans en prison.

La société, c'est nous, l'ensemble des individus. Alors, cet homme, qui fait également partie de la société s'est payé une dette à lui-même ? C'est absurde !

Et moi, qui fait partie aussi de la société, cet homme m'a payé une dette ? Je n'ai absolument pas ressenti cette impression.

Il y a plus de vingt ans, j'ai connu un homme qui s'est vanté devant moi d'avoir jadis fait partie d'un gang de voleurs de voitures. Il n'avait jamais été pris. J'ignore s'il disait vrai ou non.

Il m'a dit : « bien sûr, si tu te fais prendre, ça te fait tout drôle. »

S'il disait la vérité et si je suit la logique de « la dette à la société », cet homme me doit une dette qu'il a réussi à ne pas payer.

Je n'ai pas, non plus, à son contact, ressenti cette impression.

Et si, accusé, vous avez un bon avocat, vous risquez une peine plus légère que sans. Alors, la dette est variable en fonction de votre possibilité de disposer d'un bon avocat pour vous défendre ?

Tout ceci me parait bien absurde.

Et je n'ai pas l'impression, si je longe les hauts murs de la prison parisienne de la Santé qu'elle soit remplie par mes débiteurs.

Ni que les actuels 60 000 détenus des prisons françaises - et les centaines de milliers d'autres de par le monde, - soient actuellement en train de me régler la dette qu'ils me devraient à moi et à environ six milliards et demi d'autres êtres humains composant « la société ».

Basile, philosophe naïf, Paris le 3 juillet 2013

125 L'aveu

Un criminel est arrêté. La police l'interroge. Il fini par avouer son crime. Après, il a l'air d'aller mieux. C'est « parce qu'il a soulagé sa conscience ».

C'est d'autant plus vrai que, chaque année, interrogés par la police, des innocents avouent des crimes qu'ils n'ont pas commis et finissent en prison.

Pourquoi avouent-ils ? Pour échapper à la pression de l'interrogatoire interminable réalisé par des enquêteurs frais et dispos se relayant et connaissant toutes les ficelles des pressions psychologiques pour vous faire dire ce qu'ils ont envie d'entendre.

Une enquête « réussie », c'est quand à l'issue, le suspect avoue.

Mais d'où vient ce fameux « interrogatoire » ?

La réponse, je l'ai lu un jour en feuilletant un ouvrage écrit par le grand avocat français et parisien Maître Maurice Garçon.

Jadis, la règle, dans les enquêtes, c'était la torture.

La question ordinaire pour faire avouer son crime.

Et, après la condamnation et avant l'exécution, la question extraordinaire pour faire dénoncer ses complices.

Un jour, la torture judiciaire fut officiellement abolie.

Les enquêteurs en furent tout désemparés. On les comprend.

Ils surent se rattraper. Ils réussirent à conserver la torture psychologique : l'interrogatoire poussé, inlassable, persécuteur.

L'interrogatoire, c'est ce qui reste de la torture d'antan.

Si un jour, par malheur, on vous arrête et interroge pour un délit que vous n'avez pas commis, pensez-y. Ça vous aidera peut-être à ne pas céder aux désirs des enquêteurs. Quand vous serez dans leur confortable bureau bien éclairé, imaginez qu'il y a environ deux siècles, vous auriez été dans de sombres caves soumis à la torture physique et légale ! Votre sort n'est pas si terrible.

Et rappelez-vous le célèbre propos de cet homme montant jadis à l'échafaud : « n'avouez jamais ».

Basile, philosophe naïf, Paris le 3 juillet 2013

124 Et si vous acceptiez d'être ce que vous êtes ?

Discussion avec une jeune femme.

Ses arguments :

Mon copain ne veut pas s'engager. Il ne veut pas se décider à vivre avec moi.

Moi, je ne sais pas si je veux vivre avec lui.

Mais, il faut bien qu'on vive ensemble.

Ma question : pourquoi ?

Parce que ça se fait.

Ah bon ! Il faut vivre ensemble parce que ça se fait.

On fait l'amour, mais on n'en a pas vraiment envie.

Ce qu'on aime surtout, c'est se prendre dans les bras.

On se prend beaucoup dans les bras.

Après, on fait l'amour. Parce qu'il faut bien faire l'amour.

Ah bon ! Il faut faire l'amour parce qu'il faut bien.

L'important, avec mon copain, c'est que je suis bien avec lui.

Bien sûr, quand tu le vois, tes endorphines marchent à fond. Tu te shoote avec. Mais, après, tu te poses plein de questions. Alors, es-tu si bien que ça avec lui ?

Quand tu es droguée, tu te sens bien.

Après, quand tu redescends sur terre, ça va moins bien.

C'est classique quand on se saoule.

Bien sûr, être saoul, c'est très agréable.

Mais, le but dans la vie, est-ce que c'est se saouler ?

Cette discussion j'aurais pu l'avoir avec plein de gens, qui m'auraient dit les mêmes choses.

Mais si, au lieu de faire ce qui n'est pas nous, nous acceptions simplement d'être nous-mêmes ?

Pas envie de vivre avec quelqu'un ? Ne vivons pas avec lui. Pas envie de faire l'amour ? Ne faisons pas l'amour. Dessaoulerie difficile après saoulerie aux endorphines ? Évitons de nous saouler. Soyons nous-mêmes et cessons de partager la stupidité et la souffrance communes chez les autres !

Basile, philosophe naïf, Paris le 3 juillet 2013