mercredi 14 août 2013

135 A propos de la culpabilité ressentie par les victimes d'agressions sexuelles

Les victimes d'agression sexuelle souvent éprouvent paradoxalement un sentiment de culpabilité.

D'où cette étrange réaction peut provenir ?

On a avancé diverses hypothèses : dans certains cas les victimes auraient éprouvées du plaisir au cours de l'agression. D'autres ont incriminé l'influence de traditions religieuses qui condamnent les activités charnelles.

Une hypothèse me paraît intéressante :

L'agression sexuelle entraîne un « choc nostalgique », que j'ai décrit par ailleurs. Celui-ci inclus confusément le souvenir oublié, refoulé du sevrage tactile.

Or, ce sevrage a bien souvent été opéré avec la complicité passive, voire active, de la personne sevrée.

On connait tous la fameuse expression : « je ne suis plus un bébé » qu'utilise plus d'un enfant.

L'avidité d'être apprécié positivement par les adultes amène souvent les enfants à les suivre, y compris dans des comportements privatifs de plaisirs, voire franchement désagréables pour eux. Au nombre de ceux-ci se trouve le sevrage tactile.

S'agissant de victimes d'agressions sexuelles, le choc nostalgique leur amènera tout à la fois la nostalgie des câlins perdus au cours des années et le souvenir cuisant de l'acceptation du début de ce désert tactile lors du sevrage tactile.

Cette acceptation vue rétrospectivement plus ou moins clairement comme ayant favorisé un immense gâchis générera un sentiment de culpabilité aiguë.

En l'absence d'analyse claire du processus y conduisant, l'origine de ce sentiment apparaîtra incompréhensible.

Le manque généralisé de câlins entre les humains fonctionne comme une sorte de système de prisons individuelles invisibles. La victime d'agression sexuelle va se heurter violemment aux barreaux de sa prison individuelle. Se fera mal et ne comprendra pas ce qui arrive. Son sentiment de culpabilité témoigne de l'incapacité de la société à se regarder en face et se remettre en question.

En quelque sorte la société évite de se culpabiliser en renvoyant la culpabilité aux victimes. Ce qui lui permet par la même occasion d'éviter le débat sur l'agresseur ou les agresseurs.

Ceux-ci sont eux-mêmes très largement protégé dans notre société.

Avez-vous remarqué qu'il est courant d'évoquer en France de nos jours le nombre immense des victimes d'agressions sexuelles et jamais le nombre d'agresseurs forcément correspondant ?

On nous dit : « tant de pour cent de femmes, hommes et enfants sont victimes. » Mais pas : « tant d'hommes, femmes et enfants que vous pouvez également cotoyer tous les jours sont des agresseurs. » Ceci est révélateur de la laide réalité de notre société, qui les protège bien souvent.

Basile, philosophe naïf, Paris le 14 août 2013

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