mardi 25 février 2014

232 La chambre des bons sentiments

Quand deux personnes se rencontrent et que nait progressivement une inclination entre elles, c'est comme si elles ouvraient une pièce annexe à leur relation. Et leur échange amène cette pièce à recevoir un stock de bons sentiments réciproques augmentant petit à petit. Si l'échange s'interrompt, la pièce commence à se vider par manque d'enrichissement, de renouvellement. Et finalement arrive à se vider complétement. La relation alors s'arrête. Et laisse place au désarroi, à la peur, la tristesse, l'incompréhension et même l'hostilité. 
 
C'est ce que j'ai connu avec une amie. Appelons-là ici Louisa. Au départ, rencontre, puis rapprochement, nous avons des points communs, des sujets d'intérêts communs, des vécus communs. On se raconte nos vies.

Puis, au bout d'un certain nombre de mois, le rapprochement conduit à la tendresse physique. Or là, à notre insu se passe quelque chose.

Nous croyons réciproquement avoir enfin, contre pratiquement toutes attentes, rencontré notre « moitié d'orange ». L'entourage applaudit.

Tout se passe bien durant deux ans. Puis tout se dégrade et fini par se casser la figure en un peu plus de deux autres années. Que s'est-il donc passé ? J'ai mis un peu plus d'une année à finir par le comprendre.

Au départ, il y avait un échange entre elle et moi. Et nous remplissions notre chambre de bons sentiments. Quand nous avons décidés que nous avions rencontré chacun notre « moitié d'orange », nous en avons déduit un certain nombre de décisions pratiques :

Si nous étions « ensemble », vivre ensemble, être le plus souvent possible ensemble, l'annoncer à l'entourage, faire l'amour... seulement voilà, il s'agissait en fait ici de se plier à la pensée unique régnante. Au lieu de continuer à suivre simplement nos envies, nos sentiments, ce qui aurait pu conduire à ça comme à autre chose, nous avons suivi la réglementation générale. Avec la meilleure volonté du monde nous ne suivions plus la réalité unique de nos sentiments, mais ce dans quoi la société cherche à les enfermer.

Et, à notre insu, l'échange s'est arrêté. Nous avons commencé à vider la chambre aux bons sentiments. Car celle-ci ne connaissait plus de renouvellement, d'enrichissement du stock. Et, finalement, elle s'est retrouvée vide au bout d'environ deux ans. Louisa l'a réalisé et a dit que notre séparation était visiblement à l'ordre du jour. J'en ai été attristé, choqué, ne réalisait absolument pas quelle était exactement la situation et ai insisté dans le sens contraire à la séparation.

A partir de là, tout s'est vivement dégradé. Et est devenu pénible. Parce qu'en fait, le jour où nous avons cru nous mettre « ensemble » nous avons, avec la meilleure volonté du monde, stoppé la relation réelle, pour un faux, un semblant artificiel de relation.

Ce processus de dégradation de la relation avec une personne proche est probablement très répandu. Il existe certainement la possibilité de l'éviter, à partir du moment où on a conscience de la menace possible qu'il représente.

Basile, philosophe naïf, Paris le 25 février 2014

lundi 24 février 2014

231 Pourquoi les femmes violées ressentent-elles fréquemment de la culpabilité ?

En temps normal, la boulimie sexuelle d'origine culturelle régnant chez la plupart des hommes, les amène à exercer en permanence une terrible pression sur les femmes. Résistants à celle-ci, mais habituées à la subir, les femmes finissent par trouver cette pression normale, inévitable. Même si elle est souvent irritante et insupportable. 

Si cette pression laisse place à la violence directe, au viol, la victime femme a l'impression qu'avec cette pression normale, allant de soi, elle n'a pas su composer. Éviter la violence qu'elle aurait du savoir éviter. C'est un raisonnement totalement faux, absurde et culpabilisateur. Mais il est très courant. Le sentiment de culpabilité fréquent chez les femmes victimes de viol en découle très largement.

Pour y échapper, il faut remonter à la source. Non, la boulimie sexuelle masculine n'est ni normale, ni inévitable, ni justifiée. Aucune fatalité ne condamne les hommes à être absolument grossiers et stupides avec les femmes. Je sais de quoi je parle. J'ai été moi aussi rendu grossier et stupide durant longtemps par mon éducation. J'ai mis du temps mais j'ai su en rejeter de grands morceaux. Ça va beaucoup mieux maintenant. J'y ai gagné en calme et sérénité.

Le problème aussi est que les hommes exercent un terrible chantage aux câlins. Voilà une femme qui veut sentir la tendresse d'un homme. Elle en a besoin. Il exige d'elle « en échange » qu'elle passe au préalable ou ensuite « à la casserole ». Cette situation est odieuse et très courante.

Mais, comment en sortir ? Comment cesser d'appartenir à cette triste époque et cette triste société ? Déjà en refusant, si on est un homme, de s'inscrire dans le tragique chantage aux câlins. Il faut résolument quitter l'immense troupeau des imbéciles. En reconnaissant que les câlins sont une grande chose indépendante de la petite chose que représente le coït.

En dénonçant l'ignoble préjugé qui ravale les câlins au rang de soi-disant « préliminaires » ou « post-lude » à l'acte sexuel.

Puis, en cherchant à rétablir le contact avec le sexe opposé. Contact qui a été rompu il y a plusieurs milliers, voire dizaines ou centaines de milliers d'années. Il y a du travail à faire, mais la chose est possible. Et c'est la seule voie pour arriver à nous en sortir.

Il ne s'agit pas de rejeter l'acte sexuel, mais le remettre à sa juste place. Et rendre aux câlins toute leur place.
Il faut faire des efforts en ce sens. C'est le prix du bonheur, de la santé et de la liberté.

Il sera bon d'avoir l'occasion d'en parler. Ouvrir le débat à ce propos, entre hommes et femmes de bonne volonté désirant avancer. Et ne plus continuer à piétiner sur place avec la grande masse des autres.

Basile, philosophe naïf, Paris le 24 février 2014

dimanche 23 février 2014

230 Le mythe et le piège de la subvention

Si vous avez un beau projet artistique, culturel, social et des moyens insuffisants pour le mettre en œuvre, on vous fera rêver à l'idée de recevoir une subvention.

En théorie c'est simple : votre idée est bonne. Vous allez voir des organismes officiels ou privés. Vous leur expliquez votre projet. On vous alloue la subvention. Et vous pouvez ainsi réaliser votre projet. Comme c'est beau et simple !

La réalité est toute autre.

Vous avez un projet. Vous cherchez une subvention. On vous demande alors de réaliser un dossier de demande de subvention. La réalisation de ce dossier représente un travail long, très ingrat, pénible, ennuyeux, humiliant. Vous aurez aussi le juste sentiment de renoncer à votre indépendance, votre liberté, eut égard à toutes les précisions demandées.

Si tout se passe au mieux, vous recevrez quelque chose par la suite, ce qui n'arrivera pas toujours, loin de là. Ce sera très inférieur à ce que vous avez demandé.

L'organisme privé ou public qui vous financera ne considérera pas qu'il vous aide. Mais qu'il vous achète.

Il vous traitera en obligé. Et puis, un jour, la subvention maigrira ou disparaîtra suite à un changement quelconque. Nouveau maire, changement d'orientation, réduction du budget, etc. et votre projet crèvera.

En résumé, la subvention est un mythe qui se transforme éventuellement en piège pour vos projets.

Il faut imaginer des projets sans subventions. Dont la réalisation ne repose pas sur le versement de celles-ci. Contrairement à ce qu'on veut nous faire croire beaucoup de choses sont possible sans avoir besoin de se prosterner devant ceux qui disposent de nos impôts. Et ne tiennent pas du tout à nous en faire profiter. Pourquoi voudraient-ils nous rendre ce qu'ils nous ont pris ? Et dans quelle intention ? Pour faire notre bonheur ? Mais le leur les intéresse infiniment plus. Comme disait Victor Hugo en 1849 dans son discours contre la misère : "C'est de l'enfer des pauvres qu'est fait le paradis des riches". Depuis cette année-là, rien n'a changé. Le bonheur des pauvres est juste un argument électoral pour faire voter les pauvres afin qu'ils choisissent quels riches se serviront dans leurs poches. Aujourd'hui, le nombre des riches est de plus en plus réduit. Celui des pauvres est de plus en plus grand. Où allons-nous ? Je n'en sais rien. Mais j'ai bien l'impression que tout ça risque de finir mal, et à quel prix ? J'espère vivement qu'il sera très petit.

Basile, philosophe naïf, Paris le 23 février 2014

229 Café, chocolat, religieuse, mille-feuilles et moka.

Paris a une faiblesse que n'ont pas les villes et villages d'Italie : le café parisien est le plus souvent détestable. Il s'agit bien sûr du breuvage couleur café qu'on trouve dans les débits de boissons parisiens. Son goût est rarement bon. Or, ce n'est pas une fatalité. Pourquoi à Turin, par exemple, partout où on sert le café est-il excellent ? Parce qu'on y fait attention. Les machines sont régulièrement entretenues, les produits utilisés de bonne qualité.

Autre faiblesse à Paris : si vous commandez un chocolat chaud, on vous sert généralement une sorte d'infâme lavasse couleur chocolat.

Il m'est arrivé très récemment deux aventures inverses. J'en profiterais pour nommer les lieux concernés. Ce seront des publicités gratuites pour des cafetiers méritants.

Le hasard m'a mené avec des amis au Tabac des musées, 7 avenue Pierre 1er de Serbie, dans le 16ème arrondissement de Paris, tout près de la place d'Iéna. Là, nous devions attendre et avons tous les trois commandé chacun un café. Surprise ! le café, pourtant parisien, était absolument délicieux. Un vrai café !

Pas trop longtemps après, avec les mêmes amis, nous voilà au café La Laverie, 1 rue Sorbier, dans le 20ème arrondissement de Paris. Mes amis commandent chacun leur consommation. Ayant bu déjà peu auparavant dans la journée un café, je m'avise de commander un chocolat chaud. Et là, nouvelle surprise ! Le chocolat est un vrai chocolat absolument délicieux, un régal que je fais gouter à une des personnes amies qui m'accompagnent et confirme mon impression.

Ceci m'a donné une idée : et si un jury anonyme au jugement reconnu parcourait Paris, goutant café et chocolat chaud. Et décernant un panonceau valorisant aux encore très rares établissements qui servent un excellent produit ?

Ça leur attirerait une clientèle méritée. Et inciterait les autres à faire des efforts pour s'améliorer. Tout le monde finalement y gagnerait. Je lance l'idée.

J'ajoute à celle-ci une autre proposition. Dans les années 1970, j'ai mangé la seule et unique religieuse délicieuse de ma vie. Sinon, elles sont ecœurantes, étouffantes, nulles. Cette religieuse délicieuse avait été achetée à Paris par une amie près de l'arrêt Patay-Tolbiac de l'autobus 62. La boulangerie ou la pâtisserie où elle est allée a sans doute changé depuis des années de propriétaire.

Pourquoi ne créerait-on pas aussi un panonceau signalant les bonnes religieuses ? Une amie me suggère qu'on fasse la même chose pour les mille-feuilles. Elle a connu en 1955 une boulangerie-pâtisserie alsacienne, disparue à présent depuis longtemps. Elle se situait rue de Belleville, dans le 20ème arrondissement de Paris. On pouvait y déguster un mille-feuilles praliné extraordinaire, recouvert d'éclats de noisettes, chaque feuille étant craquante. Elle n'en a jamais dégusté d'aussi savoureux depuis.

Et pourquoi ne pas créer un panonceau daté pour chaque type de gâteau ? Une boulangerie d'Asnières il y a trois ans environ a momentanément vendu des mokas sublimes, que j'ai pu apprécier. Puis leur qualité s'est dégradée.

Ces panonceaux, ce sont là de petites choses. Mais elles amélioreraient la vie quotidienne. Et serait une reconnaissance méritée des efforts des commerces qui s'attachent à servir café, chocolat chaud, religieuse, mille-feuilles ou moka de qualité.

Basile, philosophe naïf et gourmand, Paris le 23 février 2014


228 Crise de l'amour et moyens possible pour y remédier

On cherche l'amour. On essaye de l'apprivoiser. On croit le saisir. Il se dérobe. Que faire alors ? En dépit de l'immensité des efforts, on voit par millions des gens souffrirent du manque d'amour, de la solitude. Et des dizaines de milliers tentés par le suicide ou passant à l'acte suite à la souffrance amoureuse.

Pour comprendre la raison de cette crise de l'amour, il faut considérer les défauts correctibles de la pratique amoureuse.

Et refuser de suivre les rassurantes et vieilles ornières qui ne conduisent nulle part excepté dans le mur.

Arrêtons de chercher la solution dans l'excès : « tu es tout pour moi », « je ne peux pas vivre sans toi » et autres balivernes dangereuses. Est-ce si intelligent que ça de vouloir se résumer à être une dépendance de quelqu'un d'autre ? Il est temps de proclamer haut et fort à la face du monde que la passion est un piège mortel, une chose mauvaise et à fuir. Et finir comme Roméo et Juliette, deux beaux enfants réduits à l'état de charogne puante, nous fait gerber.

Donc, cherchons autre chose que ça en qualité d'amour. Il existe un sentiment agréable, rassurant, qu'on approche ou trouve dans quantité de circonstances. Ce sentiment on l'éprouve quand on ressent de l'accord avec un ou une autre dans certains cas. Ils est baptisé de diverses façons : fraternité d'armes, ou de malheur, sentiment d'appartenance à une famille, un groupe, une fraternité religieuse, une école artistique, un parti politique, un syndicat, une conspiration, un commando, un groupe de forçats évadés, une association festive, esprit d'équipe, amour « paisible », fraternité de Carnaval, ou dans le cadre en général d'une fête vivante, sentiment de proximité entre enfants, d'un enfant envers des adultes, d'adultes pour un enfant, etc. 

C'est cet amour qui est intéressant et pas un autre, le passionnel, destructeur, meurtrier comme celui de Roméo et Juliette. Qu'il faut résolument condamner et rejeter.

Concomitant à l'amour façon Roméo et Juliette, « tu es tout pour moi », etc. on trouve la jalousie. Elle est à exclure. L'autre n'est pas à résumer à une « bouée de sauvetage sentimentale » à laquelle on va s'accrocher avec l'énergie du désespoir.

On prétend qu'aimer signifie choisir de « vivre à deux ». Pourquoi devrait-on forcément vivre à deux, se replier dans une relation binaire et appauvrissante ? Le monde est rempli de plus d'une autre personne en dehors de vous.

Le piège sophistiqué du sexe arbitraire et artificiel est à éviter. Ceux qui croient que l'acte sexuel à répétition constitue un idéal sont de pauvres imbéciles. Et ils sont nombreux, très nombreux, plus de sexe masculin que féminin. Mais il en existe également de sexe féminin. On ne doit faire l'amour qu'à condition d'en éprouver réciproquement vraiment le désir, et en aucun cas simplement parce que c'est techniquement possible.

On doit refuser d'accumuler à deux les interdictions réciproques baptisées « concessions ». Et au contraire décréter que, dans le respect réciproque, rigoureusement tout est possible et demandable.

Enfin, plutôt que proclamer son amour à la face du monde, il faut témoigner d'une relative discrétion à l'égard de l'entourage et la société en général. En quoi cela concerne des tiers si untel aime unetelle ? Cela concerne untel et unetelle. Et c'est tout.

Ces idées expérimentales sont à étudier. Afin de trouver enfin un jour les voies et moyens pour remédier à la crise de l'amour et ses conséquences sociales dévastatrices. La première cause de mort chez les jeunes n'est pas un problème à traiter à la légère ou à ignorer.

Chacun est libre de chercher à agir comme il l'entend. Mais rien ne lui interdit de se poser les vraies questions. Et chercher leurs réponses.

Basile, philosophe naïf, Paris le 23 février 2014







samedi 22 février 2014

227 Le drame de l'amour au XXIème siècle

Je suis né en 1951. Quand j'étais enfant, l'amour était une chose dramatique. Une femme ou une jeune fille digne aux yeux de la pensée unique de l'époque ne devait pas témoigner d'intérêt pour le sexe. A moins d'être une créature méprisable et sulfureuse.

Il n'était guère possible qu'elle « passe à l'acte » sur la seule base de son désir « coupable ». La réprobation sociale la guettait. Le rejet de sa famille la menaçait aussi. Comme disait un père à sa fille, que j'ai connu : « si tu reviens à la maison avec un Polichinelle dans le tiroir, je te mets sur le palier ! » Les jeunes filles étaient particulièrement surveillées. Il était courant d'entendre dire à Paris, par les parents d'une jeune fille : « le soir, elle doit être de retour à 18 heures ! » Les jeunes hommes étaient beaucoup plus libres. Ils pouvaient, par exemple, sans problèmes aller seuls au café. Les femmes le pouvaient également, mais c'était très mal vu par beaucoup de gens. A la plage ou à la piscine elles pouvaient se mettre en maillot de bain. En revanche, montrer à des étrangers à la famille leur photo en cette tenue était considéré comme vulgaire et indécent.

J'ai lu, mais n'ai pas vu, que les très jeunes filles enceintes se retrouvaient dans des sortes de foyers à l'écart des autres. Où on les initiait aux taches domestiques, telle que le repassage de chemises d'homme.

Et, surtout, la terreur de tomber enceinte servait de barrière à l'expression libre du désir et de l'amour en général. La contraception était inexistante. Et l'avortement interdit risquait de conduire la jeune fille ou la femme enceinte dans les mains d'une « faiseuse d'anges ». Les accidents causés par des avortements bricolés étaient nombreux et pouvaient être mortels.

Quand la pilule est arrivée, un nombre considérable de femmes a saisi là l'occasion de vivre sa vie, se réaliser dans quantité de domaines en mettant entre parenthèses la maternité. Ce projet se retrouvant remis à plus tard un certain nombre de fois. Ce qui a entraîné finalement de facto la renonciation à avoir des enfants. Cette situation n'a pas toujours été bien vécue. Il y a aujourd'hui des dizaines de milliers de femmes âgées d'au moins une soixantaine d'années qui regrettent d'être passée à côté de cet aspect de la vie. J'en ai rencontré plusieurs. De ce phénomène je n'ai jamais vu parler dans les livres ou journaux que j'ai pu consulter. La pilule a été une libération. Ces femmes en ont également été victimes d'une certaine façon.

Aujourd'hui un autre problème nouveau est apparu, conséquence de la contraception. Croyant bien faire, bien des femmes ont voulu prendre pour modèle d'émancipation la conduite masculine. C'était accorder aux hommes une supériorité qu'ils n'ont pas. Pourquoi seraient-ils les modèles à suivre pour toute l'Humanité, femmes comprises ? C'était aussi les imiter dans leurs erreurs et stupidité quand il s'est agit de l'alcool, du tabac et du sexe.

Jusque dans les années soixante du siècle dernier la majorité des femmes buvaient moins d'alcool que les hommes et fumaient très peu. Une femme saoule ou qui fume était très mal vue, de même qu'une femme qui témoigne d'un intérêt visible pour le plaisir sexuel. Une fois mariée, à moins d'être une princesse ou une vedette de cinéma, les femmes étaient également priées de mettre leur séduction en berne.

En imitant les hommes ces dernières décennies, les femmes les ont rattrapé dans le domaine des maladies mortelles causées par le tabagisme. Elles ont aussi cherché à suivre l'exemple masculin dans le domaine sexuel. Et à imaginer leur propre comportement de femme libérée de la menace permanente de la grossesse indésirée.

Les hommes, de leur côté, dans leur grande masse, n'ont hélas guère évolué. Hier, ils cherchaient à baiser des femmes qui très souvent se dérobaient par crainte du qu'en dira-t-on, de la grossesse malvenue, de l'avortement bricolé et dangereux ou encore des maladies vénériennes. A présent que la pilule est arrivée, ils se croient très souvent arrivés dans une sorte d'immense bordel gratuit. Où ils peuvent passer de femme en femme sans respect et sans problème.

Qu'il est dur aujourd'hui dans notre société d'être une femme jolie, séduisante et intelligente ! Le comportement masculin fréquent a de quoi la désespérer. On dirait le plus souvent qu'elle n'a pas affaire à des humains mâles, mais à des sortes de petits gamins profiteurs, égoïstes et irrespectueux ! J'en ai vu à l’œuvre, de ces jeunes hommes qui se croient malins. Et traitent les femmes à l'égal des mouchoirs jetables. Mais, un jour, la boîte de mouchoirs jetables sera vide pour eux. Ils seront vieux et réaliseront, trop tard, que quand ils sont malades, personne n'est là pour leur faire une tisane. Ils auront méprisé l'amour. Et l'amour se sera vengé d'eux.

Si nombre d'hommes stupides considèrent les femmes comme des prostituées gratuites, d'autres les traitent avec condescendance comme de petits animaux fragiles, à protéger. Et qui ont besoin de l'aile protectrice de leur seigneur et maître pour vivre et survivre. Cette attitude a de quoi énerver et irriter.

Je connais des hommes apparemment sympathiques à l'endroit des femmes qui témoignent de cette stupide conception de la femme. J'en ai moi-même fait partie. Ayant eu une amie malade je l'ai absolument étouffé en croyant bien faire pour la soutenir et protéger. J'avais des circonstances atténuantes, car la situation était très difficile. Et je n'étais pas le seul des deux à ne pas comprendre bien notre relation.

Une femme ne réclame pas autre chose qu'être traitée en être humain. C'est malheureusement rarement le cas aujourd'hui de la part des hommes. Surtout si elle est jeune et jolie.

On a tendance à entendre dire que la femme actuelle est émancipée, a acquit la plupart des droits qui établissent son égalité avec l'homme. Ce n'est pas vrai.

D'abord, il ne faut pas confondre le sort de la femme en France et à Paris avec celui de l'ensemble des femmes de la planète. Ensuite, même à Paris, la situation est très loin d'être aussi bonne que ça.

Phénomène toujours présent mais dont on entend peu parler, existe toujours la peur permanente du viol. Ensuite, à Paris et ailleurs, subsistent des îlots d'extrême barbarie. Et les femmes en sont parfois les actrices. Ainsi, rappelons-nous que, là où l'excision existe, ce sont souvent des femmes qui la pratiquent sur les fillettes.

Et, même sous nos latitudes, la barbarie, quand elle a reculé, n'a pas renoncé. Un projet de loi récent prévoit en Espagne d'interdire l'avortement. Ce qui entraînera non pas la disparition de celui-ci, mais la reparition du drame des avortements bricolés, dangereux et clandestins.

La manière de considérer la femme et son rôle de mère anime un débat étrange en France, celui de la procréation médicalement assistée, dite PMA.

On voit s'affronter partisans et adversaires de la procréation artificielle chez les femmes seules ou vivants en couples homosexuels. Doit-on ou non autoriser pour elles la PMA ? Vaste débat, mais la question est mal posée.

La procréation artificielle ne nécessite pas forcément l'aide de la médecine. Certes, si la fécondité du sperme concerné est réduite, la centrifugation de celui-ci est un acte médical. Mais la fécondation artificielle artisanale n'est soumis à aucune loi et ne nécessite aucun diplôme médical. Éjaculer dans un entonnoir relié à une éprouvette, recueillir le sperme avec une seringue ordinaire en plastique, dépourvue de son aiguille, pénétrer avec un vagin et appuyer sur le piston ne requiert aucun diplôme. C'est ainsi que cela se fait pour certains animaux d'élevage. Et que fait par exemple un citoyen hollandais qui se targue d'avoir aujourd'hui 200 enfants ! Il a pris l'habitude de donner ainsi de sa personne pour des lesbiennes souhaitant enfanter. J'ai lu son histoire dans un journal français, il y a une ou deux années de cela.

Sachant ces informations, faciles à trouver, on ne comprend pas le fond du débat sur la PMA. Ses partisans comme ses adversaires font comme s'il fallait avoir fait dix ans d'études médicales pour manier un entonnoir, une éprouvette et une seringue sans aiguille.

La manière de considérer les femmes reste surprenante dans notre société paraît-il évoluée. Lors de l'affaire du Sofitel de New York, un éminent journaliste évoquant le possible viol d'une femme de menage s'est exclamé : « il ne s'agit que d'un troussage de domestique ! » Et un ancien ministre a dit : « il n'y a pas mort d'homme ». Sous-entendu, quoiqu'il ai pu se passer effectivement, viol ou pas, ça n'est pas bien grave.

Pour ma part j'ai eu des fois l'occasion d'entendre des hommes dirent par exemple : « la femme est faite pour l'amour » ou bien encore : « quand une femme se fait violer, c'est qu'elle le veut bien ».

Ceux qui tenaient ces propos n'étaient pas visiblement des grosses brutes, mais avaient l'apparence de gens aimables et civilisés.

Rencontrant une masse d'individus de ce genre, il devient très difficile pour une femme de se situer. Les regards qu'elle rencontre lui renvoient une image déformée de ce qu'elle est effectivement. Le mensonge fréquent, l'hypocrisie rencontrée déstabilise, égare, rend difficile de se faire des convictions, trouver de l'assurance, génère de l'agressivité.

Le manque de miroir objectif est un problème pour les femmes, tant est grand le nombre d'hommes stupides qui n'arrivent pas à considérer la femme comme un être humain. Il existe, de-ci, de-là, quelques hommes qui ne partagent pas cette stupidité répandue. Peut-être, pour remédier à cette carence de miroir, devrait-on imaginer la formation de cercles de taille réduite, moins de vingt personnes, composés de femmes clairvoyantes et de quelques-uns de ces très rares hommes ? La question mérite débat.

Basile, philosophe naïf, Paris le 22 février 2014

vendredi 21 février 2014

226 Le "Grand Amour" ou le triomphe de la misère

Qu'est-ce que le « Grand Amour », tant vanté, recherché et cause de tant de déceptions, dépressions, suicides ? Suicides qui témoignent d'un phénomène social qui touche des dizaines de milliers de personnes, et classé à tort comme individuel, personnel ?

Il dérive d'une situation générale marquée par une dramatique carence affective, un manque d'amour cuisant qui conduit souvent à chercher la réponse dans une relation binaire. On cherchera dans une femme unique, un homme unique, la compensation d'un manque général. D'où viendra une dérive, un excès : « tu es tout pour moi », « je ne peux pas vivre sans toi ». Qu'est-ce à dire ? Devrait-on être dépendant d'un autre à ce point ? Le moins qu'on puisse dire est que ça ne relève pas d'une relation équilibrée. Et le "Grand Amour" produit d'une situation négative et triste ne risque pas d'abonder en positivité.

Cet excès dans le besoin de l'autre, conduisant à des drames nombreux, des souffrances nombreuses, quand il se matérialise en une relation vécue représente le triomphe de la misère. On manque d'amour. On va chercher à trouver celui-ci dans une compagne, un compagnon. La tension causée par une telle exigence fera tôt ou tard chavirer la relation.

Faire de l'autre, d'un autre, une autre, sa « bouée de sauvetage » sentimentale fera qu'on s'y attachera avec d'autant plus de fureur qu'on n'apercevra pas d'autres « bouées de sauvetage » à l'horizon. D'où jalousie, possessivité par crainte de « perdre » l'autre.

Si on fait de l'autre une composante « vitale » de son existence, on en conclura qu'il faut partager le maximum de son temps avec. Pour cela, très souvent sans tenir compte des réalités, on décidera d'emblée qu'il faut vivre ensemble. Partager le même logement, quand bien-même cette idée paraîtrait peu attrayante pour diverses raisons. On est « ensemble », il faut donc vivre ensemble. Ce choix pourra augmenter la tension centrifuge au sein de la relation.

Un élément particulièrement vénéneux qui viendra très fréquemment empoisonner la relation est ce qu'on baptisera « sexualité », « accord sexuel ». L'acte sexuel par lui-même n'est qu'un aspect de la vie parmi d'autre. Pour être bienvenu, il ne doit être fait qu'en cas de désir réel et réciproque. On en fera une institution. Si on est « ensemble » il faut en passer par là. Et renouveler régulièrement, à la façon d'une sorte de loyer de l'amour. Cette manière d'agir est stupide et dévastatrice. Faire l'amour sans en avoir vraiment envie, quand bien-même la chose serait « techniquement » possible est une des pires choses qui soit. Elle détruit à terme la relation.

On ajoutera à ces diverses erreurs un paquet d'interdits divers et variés, baptisés souvent « concessions ». Ce mot faisant moins peur qu'« interdits ».

Enfin, ce qui n'arrangera rien, on proclamera la relation à la face du monde. En introduisant ainsi toutes sortes de pressions extérieures sensées avaliser et donner des forces à ce qu'on aura baptisé du nom de « couple » ou « amour ».

Basile, philosophe naïf, Paris le 21 février 2014

mardi 18 février 2014

225 Les artisans indélicats de la politique et de l'économie

Très nombreux hélas sont ceux qui ont un jour eu affaire à des plombiers, garagistes ou serruriers indélicats. Quand un robinet goutte, on change la salle de bains. Quand on remplace une serrure on fait payer juste pour ça 5000 euros. Quand on s'occupe d'une voiture, que la réparation soit bien faite, mal faite ou pas faite du tout, c'est le même prix... Ce sont là des propos qui reflètent les abus fréquents rencontrés.

Eh bien, en politique et en économie c'est pareil. Les « grands » politiques, les « grands » financiers nous font de splendides discours. Et nous facturent leurs services comme le serrurier indélicat qui prend 5000 euros pour remplacer juste une serrure. Et, à l'image du garagiste indélicat, le « travail » qu'il a promis de fournir est bien fait, c'est rare, mal fait, c'est fréquent, ou pas fait du tout, ça arrive. Et en tous les cas c'est le même prix.

Songez-y, quand ces messieurs-dames vous expliqueront, par exemple, pourquoi il faut vous serrer la ceinture pour payer leur fameuse dette. Qu'ils ont contracté en votre nom et qui les a bien engraissé, eux et leurs amis. Rappelez-vous du plombier qui change la salle de bains alors qu'il s'agit seulement d'arrêter un robinet qui goutte.

Les politiciens et financiers régnants sont les artisans indélicats de la politique et de l'économie. Vous êtes leurs clients grugés. Réveillez-vous ! Arrêtez d'entretenir à très gros frais ces incapables qui aiment trop l'argent. On peut d'ailleurs se demander s'ils aiment autre chose que l'argent. Quand on voit qu'ils sacrifient tout à son culte, y compris, par exemple, le services d'urgences de l'hôpital Hôtel Dieu de Paris.

Cherchez les bons artisans. Mais ayez toujours un œil sur eux. Et, au premier soupçon, licenciez-les. Être toujours volé n'est pas une fatalité. 

Aussi étonnant que ça puisse paraître, de même qu'il existe des plombiers, serruriers ou garagistes honnêtes et compétents, il existe aussi des politiciens et des économistes honnêtes et compétents. A vous de les trouver.

Basile, philosophe naïf, Paris le 18 février 2014

dimanche 16 février 2014

224 L'addiction des ultra-riches

Quel est l'état d'esprit, quelles sont les motivations des ultra-riches qui gouvernent la planète et décident du sort des peuples ?

La recherche de l'argent à tous prix et en quantités les plus grandes possible, au détriment de tout, parait leur unique obsession.

Il n'est guère possible pour le commun des gens, dont je fais partie, d'approcher les ultra-riches. Cependant, il est très facile de comprendre le fonctionnement de leurs motivations. Et ceci au travers de l'observation d'un genre de troubles apparenté et assez répandu : l'addiction aux jeux d'argent.

Celui qui joue néglige tout, oublie tout, détruit tout pour satisfaire son obsession de gagner de l'argent. Il dépense tout son argent, s'endette, ruine sa vie pour pouvoir jouer.

Les ultra-riches ont ce point en commun avec les joueurs : ils ne pensent plus qu'à l'argent. En avoir le plus possible. Quitte à ce que cet argent, qu'ils ne dépenseront pas, n'ait aucune utilité, autre que la satisfaction de leur vanité.

Les ultra-riches qui ruinent la planète et les joueurs qui se ruinent au jeu relèvent pareillement de l'irrationnel et de la psychiatrie.

Sauf que les joueurs nuisent essentiellement à eux-mêmes et leur entourage. Les ultra-riches nuisent au monde entier.

Basile, philosophe naïf, Paris le 16 février 2014


223 La clé du Paradis et les quatre fléaux

Au début de sa vie, l'être humain vit en symbiose, fusion, osmose avec son environnement maternel. Sa mère, il vit dedans elle, dans la chaleur de celle-ci, à l'écoute de son cœur, sa respiration, ses bruits internes, la circulation de son sang. Entend sa voix. Ressent ses émotions. Soudain, un jour, un bouleversement survient. Il est terriblement comprimé. Des secousses lui font parcourir une sorte de couloir de chair. Et il sort par un orifice dans un environnement nouveau. A l'odeur, il sent quelque chose d'intéressant qui l'attire irrésistiblement. Sur une surface chaude et familière il rampe très vite vers deux masses élastiques. Colle sa bouche sur le bout dur d'une de celles-ci, suce et reçoit dans la bouche un liquide tiède et délicieux. Et puis, très vite, on commence à détacher le nouveau venu de son environnement. Où sont également présents les autres humains qu'il découvre. On le lave. Et au lieu de sentir son odeur corporel, il commence à puer le savon. Odeur qu'on lui fera aimer comme synonyme de propreté. On l'habille. Et on va lui apprendre que certaines parties de lui et des autres sont prohibées, interdites à la vue et au toucher. Même au toucher sur soi-même. Il en est de même pour ses familiers excréments et sa familière urine avec lesquels on lui interdit le contact, voire jouer avec ou y gouter. Les interdits, règles, habitudes, traditions, lois pas toujours compréhensibles ni justifiées vont s'abattre en avalanche sur lui. Il subira un sevrage tactile plus ou moins violent.

Ce faisant, à travers son histoire, il perdra progressivement confiance en lui et ses frères et sœurs, les autres humains. Il se sentira solitaire, insatisfait, malheureux. Sans forcément penser qu'il est malheureux. Et cherchera à retrouver ce qu'il a perdu.

Dans sa recherche il va rencontrer tôt ou tard quatre pièges, quatre fléaux : l'argent et la « propriété », le sexe arbitraire et artificiel, la violence et le mensonge.

Pour des raisons psychologiques intéressantes à étudier, l'acquisition de l'argent et la « propriété » en général, vaudront pour lui apparence de satisfaction de sa carence « confiancière ». Posséder plein d'argent deviendra même pour certains une véritable obsession, une maladie que Aristote a nommé il y a 2300 ans la « chrématistique ». Les malades atteints de cette maladie dominent aujourd'hui le monde. On peut la rencontrer aussi à des niveaux de responsabilités moindre. 

Le second fléau : le sexe arbitraire et artificiel est un fléau insidieux, une sorte de poison subtil et difficile à identifier. Il vient perturber la vie de quantité de gens, y compris pleins de bonne volonté. Il consiste en la recherche de la compensation du manque tactile par une relation dont le but est le coït. Une relation en quelque sorte codifiée, ritualisée. Alors qu'on ne désire pas le coït, on va considérer qu'il faut, qu'il est bien, nécessaire, inévitable d'y arriver dans certaines circonstances. Par exemple, si on est « officiellement » amants et au lit. Or, il n'y a rien de plus efficace à terme pour détruire une relation entre humains que faire l'amour sans en avoir effectivement envie. Cette envie, quand elle est authentique, peut être qualifiée comme s'exprimant à travers un désir particulier correspondant. Et non une habitude issue de la pratique d'une idée intellectuelle acquise. Idée consistant à se dire : « bon, là, on y va, c'est le moment ». « Ça ne peut pas faire de mal. » « Ce serait dommage de ne pas saisir l'occasion. » « De toutes façons, l'autre en a envie. » « C'est mon rôle d'agir ainsi. » Techniquement ça peut marcher, du moins durant un certain nombre d'années. Mais le reste ne suit pas. Il s'agit d'une sorte de boulimie particulière. Pour l'identifier et la rejeter - non pas rejeter l'acte sexuel bienvenu mais son imitation artificielle d'origine culturelle, - il m'a fallu quatre décennies. Non sans mal j'y suis arrivé. Quand on cesse de suivre ici la tranchée de la pensée unique, on trouve la clé du Paradis. La porte n'est pas d'emblée là, mais on abandonne un impasse qui ne mène qu'à des désillusions.

Étrangement, dans ce domaine en agissant ainsi on sort du lot commun de la multitude. On commence à voir alors le monde différemment. On cesse de partager la manière générale de penser de la masse affamée alentour. On n'a plus d'intentions à l'égard de jolies personnes rencontrées. On vit simplement l'instant présent. On rend au coït sa petite place dans la vie. Et on quitte l'importance hypertrophiée qu'il a dans la culture régnante dans notre Civilisation. C'est assez bizarre comme sensation de quitter un ensemble d'illusions qu'on a poursuivi durant de nombreuses années. Et partagé avec son entourage, sans l'avoir vraiment jamais choisi. Perdre des illusions, c'est parfois un peu douloureux. Mais c'est surtout s'enrichir. Se libérer. Et s'ouvrir au monde et ses opportunités.

Le troisième fléau mentionné est la violence. Quand on souffre et ne comprend pas ce qui nous arrive, la violence est une tentation facile. « C'est la faute aux autres ! » « Toutes des salopes ! » « Mais, que veulent donc les femmes ? » « L'amour, quel fléau ! » Sont autant de cris du cœur, qui témoignent de la détresse et l'incompréhension des causes de notre souffrance. La violence peut aussi être « physique » : suicide, meurtre, etc. En amour, les humains font souvent de grands efforts pour faire leur malheur. Et ces efforts sont récompensés. La violence ne mène à rien.

Le quatrième fléau est le mensonge. On croit qu'on va arranger les choses de l'amour en mentant. On n'insistera jamais assez sur les conséquences déplorables et dévastatrices de la pratique du mensonge. Combien d'humains croyant bien faire et se rendre plus efficaces dans leur quête de l'amour n'arrêtent pas de mentir ? Ce n'est pas ainsi qu'ils trouveront ce dont ils ont besoin.

J'ai eu la chance de rejeter très tôt le mensonge de ma vie. J'ai toujours eu horreur de la violence. J'ai, par chance, fruit de la culture aristocratique de mes aïeux, été toujours assez indifférent à l'envie de posséder de l'argent et de la « propriété ». En revanche, j'ai mis beaucoup de temps à me débarrasser du quatrième fléau : le sexe arbitraire et artificiel. Je serai heureux si ce texte peut aider quelques-uns de mes lecteurs à parvenir plus rapidement à se libérer de ce fléau. Et trouver ainsi la clé du Paradis.

Basile, philosophe naïf, Paris le 16 février 2014
 

samedi 15 février 2014

222 L'amour et son interprétation

« Tu n'as pas été à l'école, mais alors, comment as-tu fais pour apprendre à lire ? » m'interrogeait récemment un enfant. Car, pour s'acculturer aujourd'hui, on nous fait croire que seule l'école existe. C'est là une des affirmations de la pensée unique dominante.

Aller à l'école ou être ignorant. Si on n'arrive pas à apprendre à l'école, on dit que l'élève est « en échec scolaire ». Il n'est jamais question d'échec de l'école.

L'acculturation passerait forcément par un système qui lève aux aurores les petits, et les garde enfermés une bonne partie de la journée. Mais si l'acculturation est une bonne chose, pourquoi se ferait-elle uniquement à travers un système que nous connaissons. Et auquel j'ai échappé ?

Certes, mon parcours est particulier. Je n'ai connu une salle de cours qu'à partir de l'âge de 19 ans. J'ai appris quantité de choses, dont la lecture, à la maison, dans ma famille. Suis-je plus ignorant pour autant que ceux qui sont passés par l'école ? Dans nombre de domaines je ne pense pas.

On peut donc apprendre autrement qu'à l'école. Mais on a l'habitude de voir proposer le choix obligatoire : « l'école ou l'ignorance ». C'est une interprétation fallacieuse des choses. Certaines situations hors de l'école correspondent effectivement à l'ignorance, d'autres non.

En France, on entend parler de l'école de Jules Ferry. Qui parle de l'école mutuelle qui existait avant ? Elle a formé un tas de gens.

La musique et le chant s'apprenait jadis et durant des siècles en France dans les maîtrises et manécanteries, puis dans les orphéons. Ces institutions culturelles qui ont prospéré, on n'en entend autant dire jamais parler.

L'interprétation erronée des choses empêchent de percevoir la réalité. Ainsi, par exemple, il existe des petits enfants qui veulent absolument qu'on les porte. Ils hurlent quand on veut les déposer par terre et s'accrochent aux grandes personnes qui les portent. On pourrait croire que ces enfants veulent éviter de marcher. C'est effectivement parfois le cas. Mais, à la base, il existe une toute autre raison.

Ces enfants cherchent le contact. Dans les bras, ils l'ont. Et comme on commence de diverses façons à les sevrer tactilement, ils se révoltent.

L'interprétation des choses peut avoir des conséquences graves, voire dramatiques.

Une femme et un homme se rencontrent. Se plaisent. Se rapprochent. Souhaitent rester ensemble le plus souvent possible. On dit qu'ils sont « amoureux ». En fait, il n'y a pas là un mais deux phénomènes.

Les deux humains en question peuvent effectivement se plaire et se convenir. Mais il y a autre chose de sous-jacent, qui va entraîner des problèmes.

Quand le sevrage tactile intervient quand il est très jeune, l'être humain commence à développer une résistance, une sorte d'insensibilité pour survivre à la carence tactile. Il se dote d'une sorte de « cuir », carapace invisible, qui le protège du manque de câlins auquel il est contraint de s'habituer.

Il est un peu comme un pompier évoluant dans les flammes avec une tenue ignifugée. Il ne sent rien de l'ardent besoin de caresses qui a été tarit de force par l'éducation.

Certains enfants ont du mal à accéder à ce stade. Une mère disait, parlant d'une de ses filles très jeunes et la critiquant, énervée : « c'est une liane ».

Le soir, elle faisait une sorte de crise nerveuse quand on l'abandonnait seule dans son lit. Elle lançait ses membres convulsivement, s'agitait, était mal. Loin de la prendre avec elle pour dormir ensemble, la mère cherchait à calmer sa fille sans s'interroger sur la situation.

Avec le temps, la fille a développé sa cuirasse. Elle est grande, aujourd'hui. Elle a acquit l'indifférence et la spécialisation courante que suivent les humains sevrés : absence d'intérêt pour les câlins et organisation d'un domaine artificiel baptisé « sexualité ». Où les « câlins » ont vocation d'accompagner les accouplements avec un partenaire attitré.

Quand naissent les « sentiments » dit « d'amour », on constate souvent des comportements passionnels et perturbés. Quelle en est l'origine ?

Quand l'humain sevré tactilement plus ou moins bien depuis des années s'ouvre à un autre ou une autre, par force, il doit déchirer un peu sa cuirasse. Or, aux alentours règne la pression phénoménal du manque général d'amour entre les humains. On peut la comparer d'une certaine façon à la pression atmosphérique. Elle est colossale et invisible, car répartie également presque partout. Le « presque » désignant les cas où elle apparaît. Par exemple quand on pompe l'air dans un récipient, celui-ci est aussitôt écrasé par la pression atmosphérique invisible habituellement.

La déchirure de la cuirasse peut s'accompagner d'autres estafilades qui vont laisser pénétrer la pression extérieure du manque général d'amour. Et causer une sensation d'urgence, de détresse qui peut être extrême. C'est ainsi qu'un petit béguin est ressenti comme une grande passion... un besoin vital. Et quand le petit béguin dit non, c'est l'effondrement moral, le désespoir. Qui peut conduire à la fuite dans l'alcoolisme, la drogue, la clochardisation, les conduites à risque, la violence, voire même le suicide ou le crime passionnel.

C'est dire l'importance de l'interprétation. Il ne suffit pas d'aimer. Encore faut-il comprendre ce que cela signifie.

Basile, philosophe naïf, Paris le 15 février 2014

mardi 11 février 2014

221 Une nouvelle religion dominante et menaçante

Un sage Africain que j'ai croisé récemment m'a fait remarquer que : « L'homme a créé l'argent. On dit qu'il doit lui obéir. Mais comment peut-on prétendre qu'il doit obéir à une chose qu'il a créé ? »

C'est pourtant ce qui arrive aujourd'hui. Partout la logique financière triomphe. On dirait que la seule philosophie dominante soit devenue la comptabilité. Au nom du remboursement d'une dette odieuse et absurde qu'ils ont créé sans qu'elle serve aux humains, nos chefs politiques veulent réduire tous les budgets. Notamment celui de la santé. On ferme, regroupe les hôpitaux et maternités. On réduit les remboursements médicaux. On dissuade les gens de se soigner. On saccage tout. Et cela uniquement pour dégager du cash.

Ce cash va se déverser dans les coffres de gens qui n'en ont rigoureusement aucun besoin. Selon l'association Oxfam France citée par L'Expansion en janvier 2014 : 1 % de la population mondiale possède presque la moitié des richesses de l'Humanité ! Les 85 plus riches du monde possède autant que la moitié la plus pauvre de l'Humanité, soit 3 milliards 500 millions d'humains ! A quoi cela sert-il de gagner tant d'argent qu'on ne saura pas dépenser ? Ça ne sert à strictement rien. Si ce n'est flatter la vanité. Et empêcher la masse des autres de vivre. C'est une stupidité, un crime, une addiction, une maladie psychiatrique ! Qui fut jadis déjà dénoncée par Aristote qui l'avait baptisé : « la chrématistique ». 

Quand on observe nos politiciens au pouvoir, ils sont prosternés devant les autels de cette nouvelle religion dominante. Et ne font rien qui puisse déranger ce culte dont les officiants ne pensent qu'à augmenter le profit d'actionnaires déjà trop riches. Sur les autels du profit financier maximum, tout est sacrifié : l'Art, la Culture, la Santé publique, la protection de l'enfance, l'environnement, la qualité de vie du plus grand nombre, la paix, l'amour et l'harmonie, etc.

Le but recherché est de remplir de liquidités les coffres de certains super-privilégiés. Qui ne parviendront jamais à dépenser cet argent. Mais qui distribuent des miettes à ceux qui les servent. On nage dans l'irrationnel.  

Profitant de ces miettes, la masse des politiques du monde tend la main et obéit aux ultra-riches, grands prélats du profit à tout prix. 

Juste en dessous de la masse des chefs politiques, on trouve toutes sortes de gens formellement en opposition. Mais en fait complices, qui prétendent combattre le profit, mais sont corrompus par lui. Et qui arrivent quelquefois au pouvoir et trahissent ensuite leurs électeurs. N'est-ce pas, Monsieur Hollande ?

Le monde est aujourd'hui à la croisée des chemins. Ou il surmonte la maladie chrématistique. Ou il disparaît. Et l'homme ira rejoindre la galerie des espèces disparues, au côté du dodo de l'île Maurice, du diplodocus et de l’archéoptéryx.

Si nous voulons comprendre le monde actuel, n'oublions jamais que le profit se conjugue comme une religion. Appelons-là la chrématistique ou le profitisme. Cette religion menace aujourd'hui l'existence-même et la survie de l'Humanité.

Basile, philosophe naïf, Paris le 11 février 2014

jeudi 6 février 2014

220 À propos de certains raisonnements

La Terre existait avant l'homme et n'a pas besoin de l'homme pour exister. Au cas où l'homme disparaîtrait, la Terre continuera à exister. Nous appartenons à la Terre et non l'inverse.

L'homme a créé l'argent. Comment peut-il aujourd'hui prétendre devoir lui obéir ? Obéir à une chose qu'il a créé. Et qui n'existe pas dans la Nature ?

C'est ce que m'a dit ce matin un Africain, qui a ajouté que jusqu'à l'arrivée de la sécheresse en 1978 là où il vivait au Sénégal, il ignorait l'existence de l'argent.

On dit : « il faut obéir à la Loi ». Mais, la Loi a été créée par l'homme. Comment l'homme peut-il prétendre devoir « obéir » à une chose qu'il a créé ?

La même chose est vraie pour la Morale, le respect de la propriété, la nationalité ou la frontière.

Quand un homme fait une promesse, il crée la promesse. Et après il prétend « devoir » la tenir... Encore une fois il prétend devoir « obéir » a une chose qu'il a créé.

Il arrive que l'homme dise devoir « obéir à Dieu » ou « à la Nature ». Encore faut-il être sûr qu'il s'agit bien de Dieu ou de la Nature. Et non d'un homme qui prétend s'y substituer. Et nous dire ce que veut une de ces entités.

Ce qui est étrange, c'est le caractère passionnel des réactions qu'on peut rencontrer quand on pose certaines questions. S'interroger sur l'existence de l'argent ou de la propriété, par exemple, provoque la panique de bien des interlocuteurs apparemment calmes d'ordinaire. On dirait qu'on touche là à des sortes de fétiches sacrés. Pourtant, l'argent ou la propriété n'ont pas toujours existé. Se dire qu'ils pourraient un jour être remplacé par autre chose ne devrait pas inquiéter. Au contraire, y penser maintenant devrait permettre de faire les bons choix. Si à l'avenir des changements doivent intervenir pour le bien commun.

Basile, philosophe naïf, Paris le 6 février 2014

219 Le poids des rêves et la réalité

Depuis cinquante ans je cherche à comprendre quels obstacles dans la société s'opposent à l'amour et l'épanouissement des humains. Pour y arriver, je suis amené à remettre en question des carcans idéologiques très anciens. Si anciens qu'on a fini souvent par les croire appartenant organiquement à l'homme lui-même.

Les aberrations créées par ces carcans sont multiples et innombrables. Une amie effleurait celles-ci en s'exclamant hier devant moi : « Comme certains hommes sont énervants avec leur obsession de la performance sexuelle ! Ils se croient aux Olympiades du sexe ! »

Une chose omniprésente dont on parle très peu est la peur du viol. A Sevran, un soir, il y a bien des années, je m'approchais avec une amie de la berge déserte du canal de l'Ourcq. Elle a regardé le chemin de halage rigoureusement vide de toutes présences humaines. Et a pris une expression bizarre. Je l'ai interrogé. Elle m'a avoué subitement qu'en contemplant ce paysage la pensée lui était venue que si elle s'y aventurait seule, elle risquait d'être violée.

Il n'y a pas que la peur. Il y aussi la faim dévorante. Les humains vivent dans une famine d'amour permanente. Et se retrouvent fréquemment prêt à tout faire pour garder l'amour. Y compris les choses les plus horribles, comme abandonner un enfant dont la présence dérange le couple.

Pour échapper à la famine d'amour, les humains sont prêts à accepter tout, ne rien voir qui va à l'encontre de leur rêve. Faire le choses les plus absurdes, insensées, contradictoires à leurs valeurs, leurs habitudes. Je collectionnais des livres de chansons russes à faible tirage, autant dire introuvables. Un jour je rencontre une chanteuse russophone qui me tape dans l'œil. Et lui offre tous mes livres, qu'elle accepte. Et dont elle n'avait aucun besoin. Mon geste stupide l'a flatté. Alors elle m'a dépouillé de mes livres. Ce genre d'histoires est classique : tel homme vend sa collection de motos anciennes pour faire plaisir à sa belle, etc.

Comme on ne veut pas s'arracher à son rêve, on refuse de voir ce qui s'y oppose. Il est courant que le seul à ne pas voir que sa situation conjugale est abominable, est celui qui, concerné directement, ne veut pas abandonner son fantasme pour réintégrer la réalité.

Il y a des années de cela, une femme m'a dragué. Comme elle vivait en couple, elle m'a d'emblée menti en m'annonçant sa séparation imminente. Puis, un jour, je l'ai accompagné elle et son compagnon dans leur appartement. Et j'ai vu cette femme se mettre à arranger la décoration de celui-ci avec enthousiasme et application ! Je me suis dit alors « ça n'est pas possible qu'elle le quitte, si elle arrange ainsi son appartement conjugal ! » Et, l'instant d'après, j'ai fait fi de cette pensée, de la conscience de cette évidence. Car je voulais que le discours que cette femme m'avait tenu sur sa prétendue séparation imminente soit vrai. Je refusais de voir la réalité. Car, telle une araignée, cette femme avait tissé la toile où le moucheron que j'étais s'était pris.

Continuer à chercher à vivre dans son rêve quand il s'évapore se voit aussi. Si une rupture intervient, on voit le conjoint terriblement jaloux être subitement prêt à accepter toutes les humiliations pour ne pas se retrouver seul.

Les comportements pré-programmés abondent. On peut ne pas les suivre. On étonnera ainsi l'entourage.

J'ai lu que certains vantent « les années 1970 » parce qu'ils ont pu à cette époque baiser à tout va. Je pense en particulier aux écrits d'un chanteur qui est aussi un grand alcoolique. Ces années que j'ai connu n'étaient pas si merveilleuses que ça.

Je me rappelle de deux histoires qui me sont arrivées.

J'étais dans une réunion syndicale étudiante. Rencontrant une étudiante de la faculté de Nanterre, je sympathise avec elle. Elle paraît sympathiser. Moi, je ne cherchais que l'amitié et suis enchanté de voir le courant amical passer si aisément avec cette jeune fille inconnue. Elle me propose de venir boire le thé chez elle. Cette habitude russe m'est familière du fait des origines russes émigrées de mes parents. De mieux en mieux, me dis-je, voilà une Française qui affectionne une habitude russe. Je pars avec elle. Je ne me rappelle plus où elle habitait exactement, mais le trajet a été assez long. Arrivé chez elle, j'ai la surprise de trouver là une autre jeune fille. C'est sa colocataire. Je suis un peu étonné qu'elle ne m'ait pas soufflé mot de la présence de celle-ci. Bon, je m'en réjouis. Je fais ce soir la connaissance de deux jeunes et jolies filles sympathiques. Peut-être ai-je rencontré ce soir deux nouvelles amies ?

Quelques temps se passent. On boit le thé. Il est tard. Je salue les deux filles et les quitte pour prendre le métro. Aussitôt la porte fermée, j'entends à travers elle les deux filles pousser de vrais hurlements de rire ! Et, entendant les peu discrètes demoiselles commenter ma venue, je comprend alors tout ! La première jeune fille a cherché à piéger un dragueur ! Elle m'a considéré comme un dragueur. M'a proposé de venir chez elle. A pensé me faire croire que j'allais coucher avec elle. Et, à l'arrivée, la chose était impossible du fait de la présence de la colocataire dont elle s'était abstenue de parler. C'était donc un piège. Mais, moi, je croyais à l'amitié rencontrée. L'attitude de ces deux filles m'a fortement choqué. Je n'ai jamais cherché à les revoir. Quand il m'est arrivé à l'occasion de croiser quelquefois la première, je l'ai ignoré. Et elle aussi m'a ignoré.

Une autre histoire met en scène les mêmes conceptions, mais différemment :

A une réunion étudiante, je croise à Paris une fille du midi, que je connais. Les étudiants venus de province doivent être hébergés par des étudiants parisiens. Je propose à ladite demoiselle de l'héberger. Peu après, je croise avec plaisir une copine à elle, que je connais aussi. Et l'invite à son tour à dormir chez moi. La première paraît surprise de cette deuxième invitation.

Dans le petit logis où je les héberge, les toilettes sont sur le palier. A un moment-donné je m'y rend. A travers la porte, j'entends les deux filles parler de moi : « lui, il n'est pas comme les autres », dit l'une d'elles. Je comprends en entendant ce propos que la première fille a cru que je lui proposais de coucher avec elle. Et qu'elle avait accepté. C'est pourquoi la deuxième invitation l'avait surprise. Car elle neutralisait le caractère sexuelle de la nuit à venir.

Elles ont dormi à deux dans mon lit et moi par terre. Le matin, la deuxième jeune fille a un moment-donné m'a regardé en souriant. Chose étrange, elle avait un sein nu sorti de sous la couverture. Je n'y ai rien compris. J'ai pensé qu'elle montrait ainsi involontairement un morceau de sa nudité. Quarante ans plus tard, en rédigeant ce récit, je pense qu'en fait elle faisait une sorte d'expérience, pour tester l'animal étrange que j'étais. Elle avait voulu voir comment je réagissais à ce geste sexuel et incongru de sa part. Ou alors elle me proposait de faire une partie à trois ? Moi, tout ce que je voulais et appréciais était tout simplement l'amitié et la présence de ces deux jeunes filles amies. J'étais à mille lieues de toutes idées orgiaques quelconques. Il ne s'est donc rien passé de particulier.

Ainsi allaient les bizarres années 1970, entre non dits et obligations imaginaires. Je les ai traversé sans trop de dégâts. Ce qui n'a pas été le cas d'autres, souvent aujourd'hui tristes, désabusés, alcooliques, seuls ou qui, en tous cas, n'ont rien compris, ni analysé.

Mais les scénarios pré-programmés n'ont pas disparus pour autant. Je me souviens, en 2005, avoir hébergé une jolie fille qui, au moment de prendre l'avion pour quitter la France, s'était fait dérober son titre de séjour aux États-Unis et son argent. Forcée de dormir deux nuits de suite chez moi, avant de régler sa situation et prendre son avion de retour chez elle. J'ai bien vu comment au début de son bref séjour chez moi elle avait peur que je lui saute dessus. Il ne lui est rien arrivé de tel. Mais comme j'ai été surpris et choqué quand j'ai vu des hommes ne pas croire au récit de cette aventure que je leur ai fait après ! Pour eux il était évident que j'avais forcément couché avec elle ! Quels imbéciles !

Ce qui explique ce scepticisme, cette confusion, cette incompréhension des choses les plus simples et évidentes de la vie, c'est la terrible et omniprésente famine d'amour régnante.

On croit fréquemment que celle-ci débute à l'âge « adulte ». En fait, elle commence dès l'enfance, mais on n'en a souvent pas conscience.

La manière habituelle de traiter les enfants recèlent des choses très étranges. Il y a quelques semaines, j'étais assis, dans une rame du métro parisien. Elle était bondée.

J'avise un petit groupe de trois fillettes. Deux d'entre elles trouvent à s'asseoir. La troisième, désemparée, reste debout. Elle a environ neuf ans.

Je me suis fait alors la réflexion suivante : « si je propose à cette fillette de s'asseoir sur mes genoux, tout le monde va me regarder avec suspicion ». Car tous les hommes sont considérés comme des agresseurs sexuels potentiels. Surtout dans un cas comme celui-là.

Inversement, si j'avais été une dame de soixante-deux ans et pas un monsieur du même âge, proposer mes genoux à la fillette aurait été compris et approuvé par l'ensemble des voyageurs alentour.

Parce qu'une dame, c'est une maman ou une mamie potentielle ou réelle, et une amie des enfants.

Cette façon de voir la chose est doublement fausse. Parce que tous les hommes ne sont pas des violeurs. Et parce qu'il arrive aussi que des femmes agressent sexuellement des enfants.

La femme journaliste qui a écrit un ouvrage sur ce sujet a eu beaucoup de mal à le faire éditer. Tant ce phénomène est contraire aux idées dominantes sur la femme naturellement gentille et mère. Le livre porte un nom significatif : « Le dernier tabou ». A mon avis, il en existe encore au moins un dont on évite généralement de parler : celui du viol d'enfants commis par d'autres enfants.

Le rationnement organisé, la famine d'amour débute dès l'enfance.

Ces choses deviennent ardentes et insupportables avec l'âge.

Il y a environ un an, j'ai donné quelques cours de soutien scolaire bénévole à des enfants dans un centre d'animation culturelle près de Paris. J'ai observé une scène qui m'a frappé :

On lit à une fillette de quatre ans d'âge apparent, sans doute un peu plus âgée, une histoire :

Un vieux monsieur à barbe blanche apparaît. C'est le Père Noël. Il se penche sur le lit d'une petite fille. Sa barbe effleure son visage...

A ce moment, la fillette à qui on faisait la lecture s'est extasié à voix basse : « il va lui faire un câlin ! »

Mais quel contraste avec le traitement des enfants par les adultes faisant le soutien scolaire ! Aucun câlin, ni bisou, même pas de poignée de main ! Les enfants étaient comme séparés des adultes par la paroi d'un aquarium invisible ! Et moi, bien sûr, j'ai fait comme tout le monde. Je n'étais pas là pour chercher à perturber les règles régnantes dans ce cadre. Mais, à les observer, on réalise qu'elles participent d'un rationnement de l'amour, qui va continuer. Et s'aggraver avec l'âge. Au point que personne ne touche nombre de personnes âgées.

Qui dit famine d'amour dit fantasmes. Là aussi, on commence très tôt à délirer. Il y a une trentaine d'années j'assistais à un spectacle au Théâtre de la Ville. Assise sur le siège voisin se trouvait une jeune fille d'environ quatorze ans, en surpoids et laide.

A un moment-donné sur scène on assiste au mariage du prince charmant. Et je vois ma voisine littéralement en extase devant le tableau ! On sentait qu'elle avait l'impression de voir en vrai ce dont elle rêve pour elle !

Quand j'avais sept ans, j'ai commencé à fantasmer. Nous empruntions, ma sœur, mes deux frères, mes parents et moi des livres à la bibliothèque municipale installée alors dans l'annexe de la mairie du quatorzième arrondissement de Paris. Au nombre de ceux-ci, il y avait les volumes de la collection illustrée des contes et légendes édités chez Fernand Nathan.

Un jour nous avons emprunté le volume des contes et légendes « du Moyen-Âge ». Dedans, il y avait deux récits d'amour qui m'ont absolument charmé : Aucassin et Nicolette, Floire et Blancheflor.

Je restais littéralement fasciné par une image montrant Aucassin et Nicolette. Des décennies plus tard, j'ai revu ce livre. Et cherché à comprendre ce qui avait ainsi pu me fasciner. A présent, j'ai compris pourquoi.

Dans ma famille on ignorait câlins et bisous. Or, dans le récit d'Aucassin et Nicolette il était dit qu'ils se faisaient des caresses. Et, sur l'image, Nicolette apparaissait blottie dans les bras d'Aucassin ! Rien que ces deux éléments m'avaient fait m'extasier sur cette histoire !

C'est dire à quel point sans le réaliser j'étais déjà victime d'une famine d'amour organisée !

Et plus on avance en âge, plus les expériences douloureuses aidant, on construit ses fantasmes et la peur et la méfiance de l'autre augmentent ! On fini par préférer le rêve à la réalité. Pis que ça, on cherche à faire coïncider la réalité avec le rêve, tâche impossible.

La peur et la méfiance entre humains deviennent fantastiques. Une ou deux amies m'ont dit un jour : « on n'a rien à craindre avec toi ». Elles entendaient par là qu'elles n'appréhendaient aucune crainte d'agression sexuelle de ma part. Mais, si avec moi, il n'y a rien à craindre, qu'est-ce que ça signifie par rapport aux autres ?

La contradiction terrible et gigantesque qui se vit au quotidien est celle entre famine d'amour confinant aux fantasmes et peur et méfiance de l'autre. Cette contradiction fondamentale entre méfiance/peur et faim d'amour est le traumatisme fondamental et fondateur de ce que nous avons pris l'habitude de baptiser « la Civilisation ».

C'est ce tiraillement qui est à l'origine des conflits, violences, guerres et révolutions depuis l'aube de l'Humanité « civilisée ».

Un homme comblé d'amour ne fait pas appel à la violence, il discute, négocie. Quand il est mauvais, agressif, hargneux, haineux, vindicatif, violent avec les autres, c'est qu'il manque d'amour.

Ce manque d'amour est variable y compris pour des masses de gens. Les Tchèques et les Slovaques se sont séparés sans se faire la guerre. Ce qui n'a pas été le cas lors de l'éclatement de la Yougoslavie. Il y avait plus d'amour en Tchécoslovaquie qu'en Yougoslavie. Les motifs de guerre existaient dans chacun de ces pays mais les habitants ont réagit différemment.

La violence exprimant le manque, la soif d'amour, explique ce paradoxe apparent : le très grand sentimentalisme qu'on peut rencontrer chez des militaires de carrière. Ils font un métier très dur, extrêmement violent. Et il leur arrive en même temps d'être très sentimentaux, rêver d'amour et de poésie. Je me souviens d'un ancien parachutiste qui avait été dans les commandos au Tchad durant la guerre. Il parlait avec ma mère et s'exclamait avec beaucoup de tristesse : « que voulez-vous Madame, les hommes sont méchants ! » Les militaires de carrière, notamment les gendarmes, sont très attachés à la famille et aux enfants. J'ai connu le cas d'un parachutiste qui faisait des choses très dures dans ses missions et le supportait. Il était marié et avait une petite fille. Le jour où sa femme l'a quitté il s'est effondré moralement. Et a du être hospitalisé.

La violence dissimule le manque d'amour. Elle est également le moteur de l'Histoire humaine. Le manque d'amour est aussi à l'origine de toutes les addictions, les toxicomanies.

Ça n'est pas facile de comprendre tout cela, cette contradiction fondamentale et immémoriale du monde où nous vivons. Il faut comme une sorte de déclic pour atteindre cette compréhension. Ce déclic peut être provoqué par une mésaventure, une aventure, une rencontre, un événement bizarre, incongru, qui fait qu'on réalise subitement le lien existant entre un tas de choses apparemment sans liens. Qui dessine comme un filigrane du monde et son histoire.

Notre vie s'inscrit dans ce monde et son histoire. L'histoire qui n'est souvent qu'une agitation stérile et affligeante, qui dure depuis plusieurs centaines de milliers, voir millions d'années.

Quelqu'un a dit un jour que sans la Civilisation nous serions encore « à vivre dans les arbres ». Quand nous y vivions, nous y étions heureux.

Il nous faut à présent apprendre comment y remonter au sens figuré.

La Civilisation, elle, est devenue officiellement folle. Ainsi, aujourd'hui, il y a 85 multi-milliardaires qui possèdent ensemble autant que la moitié la plus pauvre de l'Humanité, soit trois milliards cinq cents millions d'humains !

Notre gouvernement est en train de procéder à la fermeture de l'Hôtel Dieu à Paris, seul hôpital du centre de cette ville. Pour qu'à terme un ou plusieurs de ces 85 s'enrichissent un peu plus en le transformant en palace de luxe, comme cela vient d'être fait avec les Hôtels Dieu de Lyon et Marseille !

Le monde est fou. Le capitalisme a fait son temps. Il nous faut parvenir à redresser et sauver le monde avec la parole, le geste et le cœur du singe qui est en nous.

Car lui il sait. Les capitalistes sont des ignorants, qui ont troqué le bonheur contre la possession de l'argent.

Pour avancer, nous sauver, il nous faut parvenir à aborder le septième continent, le Continent de l'Amour.

Basile, singe et philosophe naïf, Paris le 5 février 2014

mardi 4 février 2014

218 Le septième continent

Il existe cinq continents. Auxquels s'est ajouté récemment le Grande plaque de déchets du Pacifique (Great Pacific Garbage Patch), que certains ont baptisé le sixième continent. Il s'agit d'une accumulation de déchets de plastiques. Certains ont aussi parlé d'un sixième continent disparu qu'ils ont baptisé Mauritius.

Ma réflexion poétique a ajouté à ces six continents un septième : le continent de l'Amour. Continent auquel nombre d'humains n'arrivent pas ou guère à aborder. C'est de très loin le plus important et le plus difficile d'accès de tous les continents. Tout le monde en rêve, pourtant. Quelle cause explique son caractère si souvent très largement inaccessible ?

Elle se trouve en nous et dans l'histoire humaine. Il s'agit d'un dérèglement très ancien. Si ancien qu'on ne sait plus l'identifier, ou mal.

Il y a de cela des milliers, dizaines ou centaines de milliers d'années, un dérèglement d'origine culturel est intervenu dans le comportement humain. Transmis par l'éducation, de générations en générations, il s'est perpétué depuis. Et trouble notre vie et notre conscience adulte.

Initialement, seul l'instinct nous guidait. Il existe toujours en nous. Mais viennent le troubler l'éducation, la morale, les interdits, les stéréotypes comportementaux, les lois... Or, dans celles-ci, il y a très longtemps s'est trouvé le phénomène suivant : on a « forcé » la sexualité. C'est à dire qu'on a inculqué aux hommes le projet permanent, le « challenge » de chercher sans arrêts l'accouplement avec les femmes. Au lieu que cet acte s'inscrive dans le cycle naturel, il est devenu une sorte de revendication pressante, incessante et perturbante.

En retour, les femmes ont cherché à y échapper. Ou alors échanger, négocier l'acte en échange d'avantages divers, réels ou supposés, en particulier la « fidélité ». Qui signifie ici une large prise de contrôle du conjoint par la conjointe.

Ce type de rapports, loin d'être affectueux, amical, amoureux, a pris la forme de la violence, morale ou – et – physique. L'acte sexuel est devenu y compris un objet d'achat et vente.

Alors qu'il suffirait de s'écouter et écouter l'autre, l'homme s'est perdu dans la recherche frénétique de l'accouplement. La femme s'est résignée à le croire par nature obsédé sexuel. L'acte étant lui-même éventuellement reproducteur, les projets d'enfants sont venus compliquer le tableau relationnel homme-femme.

Des comportements stéréotypés sont issus du trouble régnant. L'homme cherchant sans arrêts à forcer la femme à l'accouplement. Celle-ci passant le temps à esquiver. Et « céder » parfois. Le terme « céder » est éloquent.

Une femme me confiait au début des années 1980 : « à partir du moment où j'ai eu treize ans, tous les hommes qui m'approchaient paraissaient avoir une idée derrière la tête, qui m'empêchait d'établir des relations avec eux. » Un journal que j'ai lu rapportait ce propos d'une très jeune fille : « à partir de douze ans, les garçons ne pensent qu'à ça », ce qui les rend infréquentables.

On rétorquera : « c'est ainsi, c'est la Nature ». Je répondrais : « c'est faux, archi-faux ».

Le cliché de l'homme « actif » et la femme « passive » a la vie dure. En fait il s'agit de comportements inculqués. Ils confinent à la paralysie sentimentale et gestuelle de certaines femmes. Ainsi, il arrive qu'elles reçoivent des caresses et paraissent incapables du moindre geste tendre. Que, durant l'accouplement, la femme soit comme paralysée et immobile. Qu'elle accepte l'accouplement sans plaisir ni savoir même pourquoi. Ce sont des phénomènes que j'ai pu observer.

Une chose qui a brouillé les pistes a été l'évolution des femmes ces dernières années en Occident. L'émancipation féminine très relative de cette période a amené les femmes à imiter l'homme. Dans trois domaines au moins ça les a conduit à suivre les mêmes erreurs que les hommes.

Il s'agit de l'alcool, du tabac et de la sexualité. Dans ces domaines, un très grand nombre de femmes ont cru s'émanciper en imitant l'imbécilité répandue chez les hommes.

Il y a cinquante ans il était très mal vu qu'une femme soit saoul. Fumer était considéré comme très vulgaire si c'était une femme qui fumait. A présent, les femmes tendent à picoler autant que les hommes et à fumer aussi. Résultat avec le tabac, elles rattrapent les hommes dans le domaine du cancer du poumon ou des intestins. L'égalité ici dans le risque de tomber gravement malade et en mourir n'est pas une émancipation.

S'agissant de la sexualité, l'erreur aussi est intervenue. Le consumérisme sexuel imbécile des hommes a fait florès chez les femmes. Les premières générations de femmes qui se sont lancées dans l'imitation des hommes il y a quelques décennies ont payé souvent très cher cette manière d'agir. Aujourd'hui, quantité d'entre elles se retrouvent âgées, seules et sans enfants. Et sont passées à côté de leur vie. Comme me disait l'une d'entre elles : « j'ai l'impression d'être passée à côté de quelque chose », mais quoi ? Elle était incapable de le dire.

Victimes collatérale du conflit homme-femme, il y a les enfants. Ne pas suivre son instinct dans le domaine amoureux favorise la violence en général. Si on renonce au chemin du septième continent, il devient facile de brutaliser les enfants.

Par exemple, on les mettra très jeunes à dormir seuls et dans l'obscurité au lieu de les garder près de soi. On les trainera à l'école ou à la crèche sans réagir à leurs hurlements de désespoir quand ils en poussent. Ce ne sont que des enfants ! Ils doivent suivre le dressage commun, baptisé « éducation ».

Une mère me disait avoir systématiquement choisi d'attendre l'heure du réveil de sa fille pour l'emmener à l'école. L'amenant en retard tous les jours, elle était sujette aux remontrances de l'école et s'en fichait. Elle avait bien raison.

Une auxiliaire en puériculture m'a fait part de son écœurement à la vue de bébés levés très tôt, amenés en crèche. Et laissés là malgré leur souffrance visible de devoir être abandonnés ainsi pour la journée par leurs parents.

Mais, il est de bon ton dans « la pensée unique » d'affirmer que c'est là l'éducation... Tout ce qui rappelle l'instinct est battu en brèche. On fabrique des adultes sans se poser de questions. Du moment qu'on suit partout et toujours les « modèles » régnants.

Et quand ces modèles nous rendent le septième continent inaccessible, on maudit l'autre, le sexe opposé, la faute à « pas de chance ». Et on va voir le psychologue. On prend des médicaments. Et on ne s'en sort pas. Car remettre en question définitivement de très vieux comportements erronés et imbéciles n'est pas une chose simple et facile. Combien plus confortable à certains paraît le fait d'être malheureux « comme les autres ». Et dire qu'il est normal que l'amour fasse souffrir. Il est donc normal que le sucré soit salé. Eh bien non, je ne suis pas d'accord. Le sucré est sucré. L'Amour est l'Amour. Et le septième continent est accessible. A condition d'en trouver le chemin.

Basile, philosophe naïf, Paris le 4 février 2014

dimanche 2 février 2014

217 Souvenirs de rêves

Il est 8 h 02, ce 1er février 2014. Je me suis réveillé vers 7 h 54, quand j’ai regardé l’heure sur mon téléphone.
On rêve toujours. D’ordinaire je ne me rappelle pas mes rêves. Là, je me suis réveillé après plein de rêves bizarres dont je me souvenais. Riches et beaux, je les ai noté sommairement manuscritement, et me mets à l’ordinateur pour les noter de manière plus détaillé.
Voici ce dont je me souviens, par ordre de rêves :
Cavanna est mort : on parle de cette nouvelle. Certains disent : il a retrouvé Choron et puis aussi Reiser. Je fais remarquer qu’il a enfin retrouvé Maria, le grand amour de sa jeunesse. Car elle est morte aussi et ainsi il a pu la retrouver.
Confusion, personnages imprécis et :
Je suis allongé sur un lit, une espèce de lit. Un jeune homme musulman remarque que je suis sous une couverture, des draps, mais un mollet nu découvert. Il le recouvre en disant à voix basse que c’est par respect pour les anciens qu’il recouvre ma nudité, en conformité avec sa religion.
Je le remercie. Puis éprouve le besoin d’ajouter que ça n’est pas par volonté de me conformer avec sa religion que je le remercie, mais que je le remercie seulement pour les bonnes intentions envers moi dont témoigne son geste.
Puis je lui explique ma manière de considérer la nudité, manière très importante pour moi.
Etre entièrement nu n’est absolument pas sexuel. Ni avoir une érection. Emettre des liquides considérés comme témoignant d’une chose qu’on qualifie d’excitation sexuelle, désir de copuler. Non, on peut avoir de telles réactions, sans avoir envie de faire l’amour.
C’est très important, dis-je.
Changement de décors : nous sommes en vacances. Nous qui ? Imprécis, moi et d’autres, copine ? amis ? famille ?
On se promène dans la montagne, c’est très fatigant.
Mais on est aussi à la mer ! Au bord de la mer dans le sud de la France. Il fait un temps magnifique et très ensoleillé. Je me dis, on se dit : « on a encore quelques jours de vacances à passer. Plutôt que retourner nous épuiser dans la montagne, on va les passer ici, au bord de la mer. »
Je parle avec un grand et beau gaillard très sportif. Une autre personne est plus ou moins là et appartient à ma famille, c’est peut-être mon père comme il était dans le début des années 1940, 50 ou 60.
Le grand gaillard explique qu’il y a beaucoup de parachutistes en vacances ici. D’ailleurs, c’est vrai : il y a beaucoup d’hommes jeunes, musclés, sportifs, cheveux courts.
Le grand gaillard explique qu’il y a peu il a joué longuement au tennis avec un autre sur un court de tennis au bord de la mer. Il l’a bien regretté. C’est à cause du soleil.
Le court de tennis est en effet en plein soleil, pas loin de la mer. Aucun arbre ne l’ombrage.
Je fais remarquer à quelqu’un, plus ou moins ma sœur, beaucoup plus jeune qu’aujourd’hui, que ça n’est pas normal que ce court de tennis ne dispose d’aucun ombrage d’arbres.
J’invente une tenue pour jouer au tennis à l’abri du soleil. Un habit blanc qui couvre tout le corps. Pantalon et veste blanches, gants blancs avec des trous à l’intérieur pour permettre le contact direct avec le manche de la raquette, chapeau avec large bavette pour protéger la nuque et visière transparente jaune.
Problème : la visière gêne pour voir arriver les balles adverses.
Je vais faire les courses. C’est jour de marché. J’achète des fruits et légumes pas très chers, même pas chers du tout.
A un marchand, un autre, des fruits, et j’entends chez ce dernier le père parler en italien à son grand fils. Enchanté, ravi, je parle en italien. « Je peux vous parler en italien ? » « Bien sûr ! » me répond le père. « D’où êtes-vous en Italie ? » Je pose cette question au fils, qui, gêné, ne me répond pas.
Je continue en italien : « parce que je suis amoureux de l’Italie ! (perché sono innamorato dell’Italia !) »
Parler en italien est très agréable.
Je demande au fils de m’ajouter des carottes. Elles ne sont pas chères. Elles coûtent 1 euro le kilo.
Il me sert les carottes et disparaît.
J’avise une publication posée derrière l’étalage. C’est une sorte d’évangile, d’ouvrage religieux illustré et adressé aux Roms. Je comprends alors que le vendeur n’a pas osé me répondre d’où il était en Italie, pour ne pas m’avouer qu’il était Rom ;
Je n’ai pas payé. Je fais tomber ma pièce d’un euro sous l’étalage. Et cherche avec difficultés à la récupérer. Remarque qu’une des carottes qui m’a été servie est pourrie. Le dit au père qui me donne des carottes terreuses et pas terribles. Je veux le payer.
Flou. Comparaison culture Rom et sédentaires : mais c’est génial de pouvoir ainsi voyager ! Au lieu d’être rivé à Paris, par exemple, moi, Parisien, je pourrais décider de partir demain habiter durant plusieurs semaines à Strasbourg ! Ou encore ailleurs.
Léger flou. Un projet : on organise des vacances chez les Roms pour des sédentaires !
Ainsi on règle les deux problèmes des Roms : les Roms gagnent de l’argent pour vivre avec un métier honnête et leur culture est valorisée.
Mais ainsi on règle aussi le conflit immémorial entre Roms et sédentaires ! Les sédentaires comprennent et voient enfin les Roms comme des gens bien et leur culture aussi !
Quelle émotion d’avoir trouvé cette idée ! Je suis dans mon lit et sanglote d’émotion !
Changement de décors : je vais traverser l’avenue du Maine, à Paris, et vois de loin deux jeunes filles pas très habillées qui parlent avec leur père. Elles sont en fait sur des vélos. L’une a environ quatorze ans, l’autre dix-sept ou dix-huit ou dix-neuf. La plus jeune a une sorte de long tablier blanc.
Elles s’éloignent sur leurs vélos par la rue des Plantes. Mais, si elles paraissent habillées de face, de dos, on aperçoit leur cul nu !
Un jeune homme asiatique à lunettes âgé d’environ une vingtaine d’années remarque cela et rigole !
Je me réveille. Et, à mes yeux, constate que j’ai un peu pleuré. Comme dans le rêve, mais où je pleurais beaucoup.
Je prends des notes manuscrites, puis me mets à l’ordinateur. Il est 8 h 40 ce 1er février 2014.
Basile, philosophe naïf, Paris le 1er février 2014