mercredi 16 avril 2014

241 Pourquoi est-il presque impossible de rencontrer l'amour ?

Cri du cœur de quantité de personnes : "je n'ai jamais rencontré l'amour", ou encore : "je cherche l'amour et ne le trouve pas". Comment s'explique cette bizarre difficulté ? Si tant de gens déclarent le chercher, logiquement, vu leur nombre, ils devraient bien finir par le trouver. Rien qu'en considérant la probabilité. Alors, où se trouve l'obstacle ? Il se trouve dans les gens eux-mêmes.

Et d'abord qu'est-ce qu'on entend par "l'amour" ? En général on entend par là une personne unique qui doit vous apporter une multitude de choses : compagnie, réconfort, soutien, plaisir, distraction, conseils, sécurité, sexe, câlins, etc. On a l'impression, quand on observe une personne qui cherche l'amour, de la voir face à une très grande colline fleurie. Et qui déclare : "je ne vois aucune fleur. Je cherche une fleur aux pétales jaunes, bleues, roses, lilas, de très exactement 0,976 millimètres de long sur 4,56 millimètres de larges et parfaitement égales et symétriquement identiques. Sinon, ce ne sont pas des fleurs !"

"Et cette fleur est unique et m'est destinée. Elle fera mon bonheur et je ferais le sien !"

Cette prétention terriblement absurde est des plus répandue. Il y aurait quelque part dans le monde la bonne personne que vous attendez. Mais d'où vient son portrait, à cette créature rêvée ?

Il est issu de trois sources :

La première est en quelque sorte mythologique. Elle est sensée devoir ressembler à une créature merveilleuse, imaginaire ou mythifiée. Par exemple : ressembler à telle vedette de cinéma ou de la chanson, ou aux personnes qui apparaissent dans les films pornographiques.

La seconde, ce sont les expériences amoureuses vécues. Plus le temps passe, plus les indications issue de cette source s’alourdissent et se compliquent. Plus les exigences augmentent.

Enfin, la troisième est celle de l'amour vécu enfant, ou dont on a rêvé enfant.

En sommes, un mélange de mythes, de gamelles vécues et de papa ou maman.

A cette chimère on va donner une dévolution :

Elle devra remplir le jour venu trois fonctions : partager notre vie quotidienne, chose qui n'est pas facile, être présentée à l'entourage et satisfaire de supposés besoins sexuels.

Ce ramassis de pseudo-raisonnements bancals a peu de chances de déboucher sur une réalité tangible et satisfaisante. On place une barre imaginaire très haut. On imagine une créature qui n'a aucune chance d'exister nulle part.

Quelquefois, par extraordinaire, ce ramassis de schémas n'empêche pas une belle rencontre. Mais le plus souvent les schémas vont revenir à la charge. Polluer la relation. La détruire.

Ou alors elles empêcheront la rencontre. Fait à relever, les schémas peuvent indirectement favoriser l'amour. Mais pas celui recherché.

Quelle est l'origine de cette situation générale de l'amour, le plus souvent ressentie comme absurde, incompréhensible, injuste et insupportable ?

Elle se trouve dans le conditionnement masculin. L'homme du fait de celui-ci veut tout le temps l'acte sexuel. Il est conforté dans ce délire par l'ignorance de sa propre physiologie. Elle l'amène à interpréter toutes ses érections comme l'expression du désir de s'accoupler. Alors que l'érection survient en quantité d'autres situations. Le seul plaisir peut par exemple la provoquer, sans qu'il y ait pour autant désir. Ce désordre dans sa tête conduit l'homme à la confusion, la frustration, la jalousie morbide, la possessivité délirante, la violence physique et morale. Face à ce comportement, la femme peut se résigner, accepter de jouer le rôle que l'homme prétend lui assigner. Voire même chercher à imiter l'homme dans son incohérence. Cela lui est généralement insupportable. Alors, elle va chercher à négocier, conditionner l'homme pour le rendre moins insupportable. Et puis, elle va rêver à un homme idéal et imaginaire. A force de rêver, elle fera rêver l'homme à une femme idéale. Plutôt que s'enfermer dans ces rêves, il faut refuser le conditionnement. Et aller à la rencontre de la vraie vie. C'est possible, difficile mais infiniment plus riche que fantasmer en prenant râteaux et gamelles. Et faisant souffrir soi-même et les autres.

Basile, philosophe naïf, Paris le 16 avril 2014

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire