mercredi 21 mai 2014

248 Les origines économiques de la fréquente violence de la jalousie en amour

Quelle est la source de la fréquente violence de la jalousie en amour ? Un phénomène extrêmement dérangeant, irrespectueux des individus, source d'intolérance et de violence y compris physique. Qui vient troubler l'amour au point de le rendre désagréable, voire carrément impossible. Ce phénomène étrange touchant un nombre invraisemblable de personnes, y compris réputées douces et pacifiques.

Les explications simples abondent. Il s'agirait de la Nature. Ou encore être violemment jaloux en amour serait logique, irait de soi.

Mais, alors, s'il s'agirait de phénomènes logiques et naturels, pourquoi l'expression de la jalousie varie considérablement en fonction de la situation économique de la société ? Pourquoi est-elle en général beaucoup plus violente et source de sévices et coups dans une société où la vie est dure économiquement ? Et  devient beaucoup plus douce quand le niveau de vie s'élève ?

Parce que la violence de la jalousie, loin d'être logique et naturelle en amour, est l'expression visible d'un phénomène économique nié : la condition servile des femmes.

Dans notre monde soi-disant évolué et doux, la femme est tenue par quantité de pressions à assumer le rôle de ménagère et mère non rémunérée. Si elle ne tient pas correctement la maison et ne s'occupe pas comme il faut de ses enfants elle est menacée de subir toutes sortes d'ennuis. L'obligation de travailler sans être payé porte un nom : l'esclavage.

Cet esclavage est si bien intégré au fonctionnement habituel de la société où nous vivons qu'il est nié, ignoré. Mais il est pourtant omniprésent.

Ce qui signifie que la relation dite "de couple", "d'amour", est une relation de maître à esclave.

Que signifie la condition servile ? Que le maître subvient aux besoins économiques de l'esclave tout en le forçant par la violence - pressions morales voire sévices physiques, - à travailler gratuitement. Un "maître" qui possède une esclave et en acquiert une seconde, risque de négliger la première, voire l'abandonner dans la misère. Une esclave qui va lorgner un autre maître que le sien risque de s'échapper.

Tels sont les mécanismes inconscients de la pensée qui génère la fréquente violence de la jalousie en amour.

Ces mécanismes mentaux niés, ignorés, on voit un enfumage chercher à nier la réalité des comportements. On invoque l'amour, la raison, le sexe, là où il n'y a que des raisons économiques. Qui, traditionnellement prétendent faire de la femme la propriété de l'homme. L'acte sexuel signant ladite propriété. D'ailleurs, ne dit-on pas : "prendre" ou "posséder" pour dire qu'on s'accouple avec elle ? Ne lui donne-t-on pas son nom en l'épousant, preuve qu'on en fait sa propriété. Propriété qui perdure même après la mort de l'époux ? Louise X épouse André Y. Après la mort d'André Y, reste Madame Veuve André Y. Si l'épouse décède en premier, on ne dira jamais : Monsieur Louise X !

Quand, durant la Grande Guerre fut évoqué le viol de femmes françaises par des soldats allemands, des commentateurs français expliquaient qu'elles étaient définitivement abimées car "imprégnés" par le sperme ennemi ! Et que, dorénavant, leur progéniture à venir, même avec des Français, serait germanique et dégénérée !

Pour les maîtres, les esclaves prises ainsi par des mâles ennemis étaient déshonorées. La honte pouvant se laver par... le suicide des victimes ! C'est faire bien peu de cas de celles-ci. Depuis quand être une victime rendrait ainsi coupable et condamné à mort ?

Il est vrai qu'en France existait alors, et encore des décennies plus tard, une fable prétendant que si une femme veut "vraiment" échapper au viol, elle peut toujours y arriver. Assommée, droguée ou un pistolet sur la tempe n'était pas des hypothèses envisagées. Il résultait de cette fable qu'une femme violée était en fait en définitive consentante. Propos absurdes à conclusion absurde qu'on entendait couramment à Paris dans les années 1920-1930 et que mon père, avec indignation, m'a rapporté.

A la Libération en 1944-1945, on tondit et humilia de très nombreuses femmes de pays occupés, qui étaient "coupables" d'avoir couché avec des Allemands. On appelait ça en France "la collaboration horizontale". On ne vit jamais des hommes des pays occupés tondus et humiliés pour avoir couché avec des Allemandes. Chose qui était réprimé par les Nazis et qualifié de délit de "pollution de la race". A travers toute l'Histoire se lit en filigrane le statut des maîtres hommes et des esclaves femmes, y compris dans la jalousie. Il est temps que cette situation change si on veut libérer l'amour et l'Humanité.

Libérer l'amour, ce qui ne signifie pas, comme certains maîtres ou esclaves imbéciles le pensent, transformer la masse des femmes en troupeau consentant destiné à être soi-disant "honoré" par eux !

Basile, philosophe naïf, Paris le 21 mai 2014

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