lundi 30 juin 2014

267 L'invention du « corps » et l'abus d'habits

Le vêtement obligatoire est la source d'un conditionnement extrêmement fort chez les humains. Il entraîne d'un côté qu'on ne voit pas les autres; De l'autre : qu'on n'est pas vu par eux

Qui a vu nu le pape ou le président de la République française ? A leur âge adulte, très peu de monde. La plupart des catholiques n'ont pas vu le pape nu. La plupart des Français n'ont pas vu le président de la République française nu. Pourtant, dans leurs vêtements, ils sont nus. Leur image nue existe en théorie.

Au delà de cette cachoterie des apparences, intervient un autre phénomène :

La plupart des parties de notre personne sont redoublées. Nous avons deux bras, deux yeux, deux narines, deux jambes, deux oreilles, deux testicules ou deux ovaires, deux poumons, deux mains, deux hémisphères du cerveau, etc.

Or, les vêtements vont nous dissocier. Ils vont nous empêcher de nous sentir uni, équilibré. Ainsi, nos bras, la plupart du temps, ne toucheront pas directement nos flancs. Nos cuisses, nos jambes, ne se toucheront pas directement l'une l'autre. Nos pieds ne se toucheront pas directement. Si nous mettons une main entre nos cuisses, nous ne sentiront directement ni nos deux cuisses avec notre main. Ni, réciproquement, nos cuisses ne sentiront directement notre main. Notre sexe emprisonné et comprimé dans des sous-vêtements ne touchera pas nos cuisses. S'il en est libéré, ce sera en des moments ponctuels : aller aux toilettes, consulter chez un médecin, faire l'amour. Mais nous ne le sentirons pas simplement parce qu'il est là et sans plus d'autres raisons.

Le sexe est isolé, compressé, caché et nié par nos sous-vêtements. Il en est de même avec les seins féminins, emprisonnés dans une malsaine cage de tissu très hypocritement baptisée : « soutien-gorge ». Et dont le but est de dérober les seins à la vue, pas de les soutenir.

Emprisonnés les uns, les autres, dans nos vêtements, nous éviterons de nous toucher les uns les autres.

Conditionnés de la sorte, nous en viendrons plus facilement à écouter et suivre d'aberrantes théories qui prétendent distinguer chair et esprit. Et vouent le « corps » ainsi isolé, inventé, au sexe, à la honte et à la reproduction.

Le vêtement, qui prétend nous protéger, est bien souvent l'ennemi de notre santé et de notre équilibre mental.

Être nu le plus longtemps et le plus souvent possible est un exercice très sain. Il nous aide à éliminer les fallacieuses interprétations du « corps » inventé, mystifié, légendifié.

Le vêtement nous divise intérieurement nous-mêmes et extérieurement d'avec les autres. Nus, nous sommes un intérieurement et proches des autres.

Ce que la Culture régnante, la « pensée unique » dominante choisit d'interdire. Elle trouve par contre bien souvent tout à fait juste d'encourager, entretenir, admirer et glorifier la division, l'irrespect, l'intolérance et la guerre. Aux heures de grande écoute, à la télévision, on verra facilement des soldats morts, des villes bombardées... mais surtout pas des naturistes jouant à la pétanque dans leur tenue préférée !

Basile, philosophe naïf, Paris le 30 juin 2014

dimanche 29 juin 2014

266 L'amour n'est pas mystérieux

L'amour n'est pas mystérieux

L'amour n'est pas mystérieux.
Qu'est-ce que l'amour ?
C'est la possibilité
D'être parfaitement sincère
Avec quelqu'un.
Nous avons envie de nous serrer dans les bras
L'un, l'autre,
Nous nous serrons dans les bras
L'un, l'autre.
Nous avons envie de nous embrasser
L'un, l'autre,
Nous nous embrassons l'un, l'autre.
Nous avons envie de faire l'amour
L'un avec l'autre,
Nous faisons l'amour
L'un avec l'autre.
Mais aussi,
L'un de nous deux
A envie de serrer l'autre dans ses bras,
L'autre ne veut pas.
Il refuse.
Et ça ne pose
Aucun problème.
L'un de nous deux
A envie d'embrasser l'autre.
L'autre ne veut pas.
Il refuse.
Et ça ne pose
Aucun problème.
L'un de nous deux
A envie
De faire l'amour
Avec l'autre.
L'autre ne veut pas.
Il refuse.
Et ça ne pose
Aucun problème.
L'amour est si rare
Et si difficile à trouver
Aujourd'hui,
Parce que ce qui domine
Dans notre société
Ce n'est pas l'amour.
C'est l'hypocrisie.

Basile
Paris, le 29 juin 2014.


L'amore non è misteriosa

L'amore non è misteriosa.
Che cos'è l'amore?
C'è la possibilità
Di essere perfettamente sincero
Con qualcuno.
Noi vogliamo stringere noi nelle braccia
Uno, l'altro,
Ci stringiamo tra le braccia
Uno, l'altro.
Noi vogliamo baciare noi
Uno, l'altro,
Ci baciamo uno e l'altro.
Noi vogliamo fare l'amore
L'uno con l'altro,
Noi faciamo l'amore
L'uno con l'altro.
Ma anche,
Uno di noi
Il desiderio di stringere l'altra tra le sue braccia,
L'altro no.
Si rifiuta.
E posa
Nessun problema.
Uno di noi
Il desiderio di baciarsi.
L'altro no.
Si rifiuta.
E posa
Nessun problema.
Uno di noi
Un desiderio
Fare l'amore
Con l'altro.
L'altro no.
Si rifiuta.
E posa
Nessun problema.
L'amore è così raro
E così difficile da trovare
Oggi,
Perché domina
Nella nostra società
Questo non è amore.
Questa è ipocrisia. 

Basile
Parigi, 29 giugno 2014.

lundi 23 juin 2014

265 Petit dialogue philosophique entre deux Parisiens

Je n'aime pas Paris.

Pourquoi donc ?

Parce que je n'ai à pas à Paris le droit de sortir dehors. Aller à ma fenêtre ou à ma porte. Ou recevoir des gens !

Pas possible ! Mais, si tu le fais, que vas-t-il t'arriver ?

On va m'attraper pour outrage public à la pudeur.

Mais, pour quelle raison ?

On va me reprocher d'être nu.

Mais, pourquoi tu veux aller dehors ou recevoir les autres nu ?

Je ne veux pas aller dehors ou recevoir les autres « nu » comme tu dis. C'est, simplement, mon état naturel.

Tu n'as qu'à t'habiller.

Et pourquoi donc ? Dois-je avoir honte d'être comme je suis ? Et où est ma liberté ?

Si tu ne t'habille pas, c'est une provocation sexuelle.

Quelle drôle d'idée ! Je n'ai aucune intention sexuelle, je veux seulement aller dehors, me promener, faire les courses, vaquer à mes occupations.

Oui, mais, pour les autres, il s'agit d'une provocation sexuelle.

Rien que me voir, c'est déjà pour eux une provocation sexuelle ? Ce sont des obsédés !

Et puis, que tu le veuilles ou non, ça provoquera des désordres.

On n'a qu'à appeler la police pour arrêter les désordres !

Elle va venir pour t'appréhender.

Alors, là, la police se joint aux fauteurs de troubles et pourchasse les honnêtes citoyens innocents. C'est le monde à l'envers !

Oui, mais, réfléchis. Tu es un homme. Si tu vois passer une très jolie fille, tu risque de bander.

Et alors, c'est naturel, où est le problème ?

Si tu es nu, ça se verra.

Bon, et alors ? On peut aussi dans ce cas interdire aux gens d'éternuer en public. Ça dérange. Et ça propage les maladies contagieuses !

Mais, bander, c'est sexuel... On parlait justement de provocation sexuelle.

D'abord, ça peut plaire à certaines femmes de me voir bander. Ensuite, je sais me tenir. Ce n'est pas parce que je vais bander que je sauterais sur tout ce qui bouge ! Et je ne vais pas non plus me masturber devant tout le monde !

Soit, mais, de toutes façons, la société a ses règles.

Et alors ?

Il faut les suivre.

Même si elles sont injustes et stupides ?

Elles aident la société à fonctionner.

Eh bien, bonjour ! La misère, l'hypocrisie généralisée, l'injustice, la corruption, l'intolérance, les guerres, la violence, le chômage de masse... il est plutôt chouette, le résultat de l'application de tes « règles » !

Tu critiques tout !

Et toi, tu t'inclines. Tu ne critiques rien. Tu es un mouton !

Je préfère être un mouton tranquille qu'un révolté tourmenté comme toi.

Je pose de vraies questions.

Ça ne me dérange pas d'être habillé quand je sors dehors ou quand je reçois des gens !

Béééééh ! Béééééh !

C'est ça, moques-toi, persifles. C'est moi qui ai raison.

On n'a jamais raison de ne pas poser les vraies questions.

Basile, philosophe naïf, Paris le 23 juin 2014



mercredi 18 juin 2014

264 Aimez-vous la pornographie ?

Certainement comme beaucoup, à mes débuts sur Internet j'étais timide concernant les sites contenant de la pornographie. J'osais à peine les effleurer. D'autant plus que j'avais reçu de terribles mises en garde. « Ces sites sont remplis de virus. Si tu vas dessus tu vas pourrir ton ordinateur ! » Autant dire : le rendre inutilisable. « Fais attention ! Ces sites sont conçus de telle sorte que si tu les visites tu vas payer des sommes formidables ! » Autant dire, aller voir du cul allait ruiner mon ordinateur et vider mon maigre compte en banque, voire le mettre dans le rouge !

Et puis, progressivement, j'y suis venu. J'ai finalement surfé sur un tas de sites pornographiques. En évitant les choses bizarres. Le pire que j'ai vu étaient deux sites japonais. Sur l'un était présenté une jeune fille nue et vivante recouverte de poissons morts. Dans l'autre on voyait un groupe d'hommes se masturber dans un saladier. Puis, une femme nue boire le saladier bien rempli au moins à la moitié. Ils ont du tricher en ajoutant du blanc d'œuf, car une éjaculation fait au plus 2 à 5 millilitres. Rien de très appétissant en tous cas. Pour le reste j'ai vu, revu, rerevu... toujours le même genre de scènes répétées à l'infini. Bien évidemment au début c'était excitant. J'en profitais pour m'adonner à cette occupation que les Antillais ont malicieusement baptisé : « seul Dieu te voit ». Ce plaisir qu'on dit solitaire, mais qu'on ne trouve qu'en pensant à quelqu'un d'autre.

Et puis, et puis, progressivement et avec les années, c'est devenu de moins en moins excitant. Et même souvent pas excitant du tout. Un peu comme si, à force, la répétition devenait lassante. Mais, la répétition de quoi, au juste ? J'ai commencé, habitude du chercheur, à regarder d'un autre œil ces chairs offertes. A les prendre comme un sujet d'étude. Troquant les jouissances manuelles contre les jouissances intellectuelles.

Qu'est-ce qui ne collait pas ? C'est à force de voir et revoir la même vidéo, des fois en coupant le son, que j'ai fini par comprendre. En fait, les partenaires sexuels de ces films sont d'une indigence sensuelle abyssale. Une scène type c'est l'homme qui baise ou se fait faire une fellation... les bras sagement allongés le long du corps. Il a devant lui une superbe femme nue et disponible, il la touche infiniment moins que si c'était son chat, son caniche ou une peluche quand on est enfant !

Dans les vidéos homosexuelles que j'ai pu voir, c'est pareil. On dirait que la surface de peau et muqueuses des gens impliqués se résume à peu de centimètres carrés. Alors que la peau et les muqueuses d'un humain font bien en tout deux mètres carrés de surface !

Quand on commence à visiter les sites pornographiques, on ne réalise pas cette misère. Mais, à la longue si, en tous cas pour ce qui me concerne. Et alors ça devient peu excitant, même pas du tout.

En regardant récemment et d'un œil désabusé et critique des produits pornographiques, j'ai réalisé une chose pour la première fois. C'est qu'il y a quarante et un an, quand j'avais vingt-deux ans, avec ma première copine, nous suivions presque exactement les recettes de l'indigente pornographie.

Essentiellement : entrer le truc dans le machin, secouer. Faire son petit pipi sexuel. Sortir le truc du machin. Et, si c'est le soir, dormir. Si c'est le jour, se rhabiller.

Je sais qu'on ne dit pas « faire son petit pipi sexuel », on doit dire : « éjaculer ». Mais, ici, c'est si sensuel que ça me fait penser plus à la miction qu'à l'amour.

Pourtant, on y prend goût. Et, quand, au bout de six mois, notre histoire est tombée à l'eau, la chose me manquait. Comment en était-je venu là ? A avoir une copine et ignorer même l'existence du clitoris ?

On m'avait poussé. On m'avait fait comprendre clairement qu'à vingt-deux ans il était temps que j'en passe par là. Alors, j'étais parti en camping avec ma copine en me disant : « il faut que j'en passe par là. » Et la contraception ? J'en ignorais autant dire tout. Et m'imaginais naïvement que, puisqu'il fallait en passer par là, eh bien je trouverais du travail pour nourrir le bébé immanquablement à venir. Il me resterait neuf mois pour entrer à la Poste et commencer à toucher un salaire.

Et l'amour dans tout ça ? J'avais ma théorie. Elle était simple. Il suffisait de côtoyer un certain temps une jeune fille. Et on tombait amoureux, point. C'était ça l'amour. Et comme ça m'inquiétait un peu que je ne connaisse guère au fond ma douce, j'évitais de la connaître « trop ». Dès qu'elle abordait un sujet trop sérieux, où nous risquions de ne pas être d'accord, je l'interrompais. Et, avec des mots, la faisais taire. Mais revenons-en à nos noces dans les alpages. Car il s'agissait d'alpages, en Autriche, dans le Salzkammergut précisément, à Zell am Moos pas loin de Mondsee.

Heureusement que ma copine, elle, faisait partie des rares jeunes filles qui prenaient déjà la pilule en France. Au moment où j'allais, pour la première fois, mettre mon truc dans son machin, elle m'a interrompu. Disant qu'il valait mieux attendre qu'elle reprenne la pilule. Et m'apprenant par la même occasion qu'elle l'avait déjà prise. Car elle avait déjà eu un amant, jeune arabe prénommé Mohamed. Et que son père à elle lui avait à cette occasion procuré la pilule. A entendre ce récit, j'ai réagit en faisant à ma copine la plus banale, sotte et sordide scène de jalousie rétroactive. Disant que « je ne pourrais plus jamais te faire confiance ! » Quel âne j'étais ! Elle ne m'a rien répondu et, quelques jours plus tard, quand elle fut pilulé, j'essayais de mettre le truc dans le machin. N'y parvenant pas, j'ai dormi, elle aussi. Et, le lendemain, ce fut elle qui pris l'initiative de le faire non comme le conseillait les missionnaires, mais comme le font les Trobriandais. Elle s'est placé au dessus. A l'issue de cette entreprise, je n'ai pas senti quelque chose de plus que si je m'étais adonné à une médiocre branlette. Et quand je lui ai demandé ce qu'elle avait pensé de notre geste sexuel, elle m'a répondu : « autant faire l'amour avec un bout de bois ». J'ai retenu la date, car ce jour-là c'était le cinquième anniversaire de l'entrée des troupes du Pacte de Varsovie en Tchécoslovaquie. Nous étions le matin du 21 août 1973.

Notre sensualité au lit était médiocre et axée essentiellement sur le truc dans le machin. Comme la pornographie, elle n'avait rien de bien enthousiasmante.

Quand on se tourne vers la sensualité, deux phénomènes sont des plus déstabilisateurs. Ils consistent à chaque fois à attribuer un caractère « sexuel », lié au coït, à deux choses qui en sont largement indépendantes, quoiqu'on puisse en dire et en penser.

A la base, nous sommes des singes. La conscience singe vit en nous. En cas de panique, pour se sauver, on voit les humains se mordre furieusement pour s'ouvrir un passage. C'est arrivé plus d'une fois. Et notamment dans la panique qui s'est emparé de la clientèle du self service du ferry Herald of Free Enterprise qui a chaviré dans le port de Zeebruges en 1987.

Au nombre de nos bases simiesques se trouve la toilette effectuée avec la langue. Les humains retrouvent le plaisir de lécher leurs congénères et être léché par eux, quand ça ? Uniquement quand ils décident de s'adonner au « sexe ».

Les humains sont la seule espèce vivante chez laquelle lécher son prochain est un acte suspect. Comme caresser en général. Essayez de passer doucement votre main dans la chevelure d'une femme inconnue dans le métro, vous verrez le résultat ! Même les gestes tendres les plus anodins et innocents sont tenus en suspicion; Car ils sont abusivement systématiquement rattachés au « sexe ». Mais pas n'importe quel « sexe » : le sexe agressif et dominateur. Qui nous emprisonne. Qui est au vrai sexe ce que la prison est à un immeuble normal d'habitation. Le vrai sexe qu'il ne faut pas confondre avec une autre prison : celle du libertinage et du sexe obligatoire et « frénétrique ».

Il existe une époque de la vie où des fois la pratique de la toilette linguale subsiste, au moins un peu : la très petite enfance. Il n'est pas rare d'entendre de jeunes mères dirent qu'elles « mangent » leur enfant. Qui n'a pas entendu des petits bébés littéralement hurler de joie quand leur maman leur « mange le ventre » ? Comment s'étonner si les humains adultes ont souvent une telle nostalgie de l'enfance et un tel amour de leur mère qu'il confine à d'incompréhensibles et caricaturaux extrêmes ?

Quand, adultes, ils chercheront une compagne, quantité d'hommes chercheront l'impossible clone combiné de « la maman » et « la putain », triste fantasme qui n'existe pas dans la réalité.

Je connais deux hommes qui ont déjà un certain âge et sont convaincu qu'intelligents, avertis et expérimentés comme ils sont, ça y est, ils vont la trouver, cette « maman-putain ». Ils ne la trouvent pas. Et, à force de la chercher et en parler ensemble, ils finissent par trouver l'amour entre eux deux. Va-t-il jusqu'au coït ? C'est du reste secondaire, bien que fort possible. A les voir et écouter, tous leurs amis, y compris homosexuels, voient bien quels sont leurs sentiments réciproques !

On parle beaucoup des phéromones. Mais je n'ai jamais entendu parler de l'alimentation des sentiments d'amour par l'ingestion de substances superficielles dégagées par l'épiderme de l'être aimé et ingérées par le biais de la toilette.

Toilette linguale originelle ô combien caricaturée par la triste pornographie ! J'étudiais l'autre jour une vidéo pornographique où une jeune dame s'acharnait littéralement à sucer le zizi d'un monsieur en essayant visiblement en insistant d'en extraire l'albumine. Qui est le principal constituant du sperme. Rien n'y faisait. En dépit de sa conscience professionnelle, la jeune dame n'y parvenait pas. C'est ABSOLUMENT normal. Pourquoi voulez-vous que la toilette soit un excitant sexuel ?

Mais, probablement une des pires choses que notre Culture ai commise, c'est d'avoir condamné la « nudité » assimilée elle aussi au « sexe ».

Savez-vous qu'il est interdit aux humains de recevoir d'autres humains chez eux, de regarder par la fenêtre ou depuis leur pas de porte et de sortir de chez eux ? Comment ça ? Mais si, essayez à Paris, nu, de recevoir des visites, aller à la fenêtre ou sur le pas de votre porte, ou sortir dans la rue ! Vous ne pouvez pas. Vous ne pourrez pas. On vous arrêtera, enfermera, internera, condamnera, dénoncera, pourchassera. Or, être nu est l'état normal de l'être humain. Au point que ça ne devrait pas plus être précisé que dire : « il est sorti de chez lui avec ses cheveux sur la tête » ou « sans cheveux, puisqu'il était chauve ».

On ne mesure pas l'immensité du traumatisme général, de la déformation de leur conscience, causés aux humains par la gymnophobie régnante. La société où nous vivons prône l'horreur de la « nudité ». Au point que nous sommes effectivement horrifiés bien souvent par elle ! Et que cette horreur fabriquée artificiellement sert à justifier le maintien du statu quo !

Les adeptes du vivre nu en sont réduits à s'organiser des structures fermées, dites « camp naturiste », « club naturiste ». Et, dans leur presse, abondent les discours cherchant à justifier le « vivre nu ». Mais, c'est le monde à l'envers ! S'il fallait des camps et des clubs fermés, ça devrait être pour ceux qui exigent de se couvrir ! Et c'est à eux de justifier leur délire ! Le résultat de la gymnophobie, c'est de « spécialiser » la nudité comme un annexe du « sexe ». Un délire alimente l'autre. Non pas que « faire l'amour » soit un délire. Mais la façon dont les humains abordent globalement l'amour est le plus souvent très délirante. Au point que les gens équilibrés doivent rester discrets s'ils ne veulent pas être ostracisés.

Si vous déclarez, par exemple, ne pas être passionné par la recherche systématique et obsessionnelle de l'acte sexuel avec une personne du sexe opposé, vous vous attirez aussitôt la remarque : « tu es peut-être un homosexuel qui s'ignore ». Et, pourquoi donc ? Parce que la recherche permanente et obligatoire de la baisouille ferait soi-disant partie du paquetage obligatoire de l'humain « normal » !

Un jour, quand j'étais en vacances, et bien heureux d'être à la campagne chez un couple d'amis, ils m'ont littéralement « cuisiné ». Pourquoi ? Parce que me sachant célibataire ils étaient choqués par mon comportement. Au lieu de passer mon temps à me lamenter sur ma « solitude » j'étais heureux de vivre, tout simplement. Ça n'était pas normal pour eux ! J'aurais dû geindre à longueur de journée. Et ça les aurait rassuré ! Comme est pesant le poids des conformismes. Ces amis me voulaient du bien et s'inquiétaient... de ce que visiblement je ne souffrais pas à longueur de journée !!

Un phénomène qui enferme et coupe des autres est d'imaginer par avance l'amour. Il devient alors comme un projet, qui se complique avec le temps et les expériences vécues. Or, il ne faut pas imaginer, c'est à dire inventer l'amour. Il faut, tout simplement, accepter de le découvrir. Et laisser l'autre éventuel, qui pourra vous aimer, le découvrir aussi. On fait généralement le contraire. On invente tout. Et puis on se demande si l'autre correspond au produit de votre belle imagination. La vie est toujours plus belle, riche et surprenante que nos anticipations. Il faut vivre l'instant présent et l'apprécier. Pas goûter l'instant futur fantasmé et s'inquiéter de sa différence avec l'instant présent. Mais, allez expliquer ça à un humain égaré et affamé d'amour ! C'est plutôt difficile. Pourtant, il faut laisser le temps amener à nous le bonheur. Tout en nous défiant des faux semblants et des apparences trompeuses. A commencer par la beauté de ceux ou celles qui ne nous respectent pas.

Quantité d'individus n'arrivent jamais à l'âge adulte et restent à gâtiser toute leur vie dans leur tête. Que penser de ce brillant politique riche et ambitieux qui se paie un jour les services de plusieurs très jeunes prostituées de quinze ans ? Il ne comprend rien à la vie. Est égoïste. Veut s'occuper des autres et diriger le monde. Et ne sait même pas ce qu'est l'amour ! Agissant ainsi, ne le saura jamais. Sera malheureux tout en rendant malheureux les autres. C'est de tels hommes de pouvoir qui dirigent le navire de notre société ! Comment s'étonner alors s'il finit régulièrement par s'éventrer sur des récifs et n'arrive jamais à bon port ?

La notion d'âge adulte est tellement partie prenante de notre culture qu'elle s'inscrit dans nos lois : majorité sexuelle, majorité légale. Mais il y a un tas de gens qui ne deviennent jamais adultes ! Et se conduisent en petits enfants dégénérés, malhonnêtes. Avez-vous vu agir un dragueur professionnel ? Quand il se prend un râteau, regardez-le bien : c'est un gamin a qui on a retiré son jouet ! Peu importe s'il en a dragué quinze : c'est la dernière qu'il voulait et qui lui a échappé ! Il est « le plus malheureux du monde » !

La seule chose qui compte, c'est le respect de l'autre. Il ne sait pas ce que c'est. Quant à l'amour, inutile de lui en parler. Il vous traitera de rêveur, d'imbécile. Ou, se doutant de ce que vous savez quelque chose de précieux qu'il refuse et ignore, il vous détestera.

Vivez et laissez-le ne pas vivre en tâchant d'éviter qu'il vienne vous empoisonner la vie. La rose de la vie est belle. Essayez autant que possible d'éviter de vous piquer avec les épines de la sottise. Pour vous diriger, vous avez la boussole de l'amour et le sextant de l'intelligence. Servez-vous de l'un et de l'autre. La route juste ne vous est pas connue. Mais n'est pas impossible à trouver. La carte est en vous. Lisez-là. Sans hésitation, allez vers les terres inconnues. Et sachez oublier les soucis. Ne pas vous sentir attristé par les échecs. Et sortir de l'ombre à la lumière.

L'amour est indéfectible.

Basile, philosophe naïf, Paris le 18 juin 2014

dimanche 15 juin 2014

263 Les mots piégés

Être libre c'est être libre de faire ou ne pas faire, faire autrement, différemment. Mais, s'agissant du « sexe », dès qu'on parle de « liberté sexuelle » ça signifierait qu'on est obligé de faire, et pourquoi donc ?  « Parce que l'homme a toujours envie ». C'est faux. « Parce qu'il bande ». Et alors ? Si on est à même de manger, ça ne signifie pas pour autant qu'on a faim.

Il existe des mots usuels qui sont piégés. Si je dis : ma femme, mon mari, mon fiancé, ma fiancée, mon amant, ma maîtresse, mon copain, ma copine, mon petit ami, ma petite amie... Ce sont des mots qui impliquent que je dois faire l'amour avec. Et pourquoi donc et en quoi ça concerne des tiers ?

« Mais, diront certains, le sexe c'est toujours bien si on s'aime ». Non, ça peut être très bien ou très mauvais.

De plus ces termes impliquent que l'amour est nécessairement sexuel. Tout comme l'expression « faire l'amour ». L'amour se « ferait »... Quelle imbécilité ! L'amour se vit, s'entretient, s'apprécie... il ne se « fait pas ».

Cette manière stupide et arbitraire de considérer l'amour va impliquer que l'amour ne peut pas exister avec des enfants, ce serait coupable et criminel, car forcément sexuel. Il ne peut pas non plus exister avec des célibataires, ce serait être volage, infidèle, encouragerait l'infidélité et l'immoralité. Il ne peut pas non plus exister avec des anciens (des vieux) qui n'ont plus qu'à vieillir et mourir. Le temps de l'amour est terminé pour eux.

Bien sûr, on va bricoler le langage en inventant des types d'amours, des sortes d'amour clean, propre, « sur mesure » : amour ceci, cela, filial, fraternel, sororal, paternel, christique, etc. Toute une quincaillerie sémantique destiné à sauvegarder l'aberration consistant à faire de « l'amour » un domaine spécial où il impliquerait la saillie entre humains. Non, l'amour avec saillie obligatoire n'existe pas. C'est une vue de l'esprit.

Mais, imaginer que cette vue de l'esprit correspond à la réalité conduit à quantité d'aberrations. Je voyais ainsi un jour ce que ça impliquait pour un brave père de famille. Sa fille de treize ans, déjà jeune fille, s'asseyait sur ses genoux, voulait lui faire un câlin. Lui, paraissait paralysé. Visiblement, il croyait que répondre à l'attente de sa fille confinait immédiatement à l'inceste. Parce que l'amour, pour lui, c'était forcément « sexuel » !

Une amie me racontait que quand elle a eu quatorze ans, elle a surpris une conversation entre son père et sa mère. Sa mère engueulait son père en lui disant qu'à présent il devait cesser d'accepter sa fille sur ses genoux, parce que c'était à présent une jeune fille ! Même raisonnement : l'amour c'est forcément sexuel ! Quelle ânerie !

Il y a quelques semaines j'étais assis dans le métro parisien à une heure de pointe. Devant moi trois fillettes, dont deux s'asseyent. La troisième, âgée d'environ huit ans, reste debout faute de place assise disponible et paraît désemparée. Si j'avais été une dame, j'aurais pu lui proposer mes genoux pour s'asseoir. Étant un homme, je ne l'ai pas fait, car je sais que ça aurait été jugé suspect. Un homme qui prend une fillette inconnue sur ses genoux n'est pas bien vu par quantité de gens. Parce que ces gens sont obsédés par le sexe. Ignorent ce qu'est l'amour. Et croient que tout le monde est aliéné pareillement qu'eux. Aliéné est bien le mot. Dès qu'ils pensent au sexe, c'est comme si une partie de leur intelligence et de leur capacité de perception de la réalité tombe en panne. La pensée s'arrête et la langue déraille.

Ne dit-on pas même : « l'amour » pour parler du sexe. « Après l'amour » signifiant : « après avoir baisé » ?

Quantité de parents confronté à la croissance de leurs enfants se disent lâchement : vivement que mon enfant se case, ait un copain, quelqu'un de sûr, stable, « sérieux »... Ça m'évitera d'avoir à me poser des questions ou être ennuyé par ses câlins. Il aura ce qu'il faudra pour s'occuper les mains et le reste !

Et ainsi, on continuera à vivre dans la confusion. Avec, à la clé, quelques millions de morts par an causés par des suicides et conduites à risque de personnes n'ayant pas supporté l'hypocrisie et l'incompétence affective régnantes.

Basile, philosophe naif, Paris le 15 juin 2014


vendredi 13 juin 2014

262 Bilan amoureux

J'ai souffert énormément en amour et pourtant je reste résolument optimiste. Certes, la constante dans mes amours était mon implication. Donc j'ai ma part de responsabilité dans mes malheurs. Mais dans une relation à deux, les responsabilités ne sont pas que d'un seul côté.

J'ai commis deux erreurs essentielles : l'une, je l'ai identifié très récemment. Ayant de l'amour à donner, j'ai cru possible d'aimer les humains en général. Parmi ces humains se sont trouvées des femmes qui ont été mes amours. Or, je n'avais pas réalisé qu'il existe un très grand nombre de femmes et jeunes filles qui méprisent les hommes. Je croyais, quand je rencontrais des femmes qui avaient un discours très critique à propos des hommes, que c'était des féministes. C'était en fait des racistes anti-hommes. Je me suis fait du mal en les croyant proches de moi et sympathiques. Et j'ai eu le tort immense de chercher l'amour avec elles. A présent, je me tiendrais à distance de ces personnes qui me méprisent parce que je suis un homme. Elles ne sauraient que causer mon malheur si je commets l'erreur de les approcher et croire pouvoir les aimer. L'amour n'est pas possible quand le respect est absent.

L'autre erreur essentielle que j'ai faite a été de croire que l'amour entre un homme et une femme est forcément sexuel. Implique tôt ou tard de faire l'amour et recommencer à faire l'amour. En vérité, l'amour comme sentiment est une chose. Le faire l'amour est autre chose. Ces deux choses ne s'opposent pas forcément, mais ne sont en aucun cas impérativement associées. Et on ne doit faire l'amour qu'à la condition impérative qu'il y ait désir authentique, réciproque et véritable. La plupart du temps, ça n'est pas le cas quand des humains font l'amour. Ils croient bien faire et ruinent leur relation par manque d'authenticité.

Si on ne fait pas l'amour, il reste les câlins, les caresses, les bisous, qui ne sont pas obligatoirement sexuels. C'est-à-dire qui ne conduisent pas forcément à faire l'amour. Simplement, nous sommes des chats. Aimons caresser et être caressés. Dormir enlacés avec l'autre. Ce qui pour beaucoup n'arrive pas souvent. Et quantité de femmes et d'hommes manquent cruellement de caresses et de la chaleur du contact physique de l'autre.

Pourquoi ? Parce que les humains raisonnent trop, mettent des conditions qu'ils croient justes à l'expression de leur tendresse, l'acceptation de la tendresse de l'autre. Croient aussi que certaines réactions physiologiques au niveau génital sont forcément la preuve qu'il existe un désir sexuel à impérativement satisfaire. C'est complètement faux. Le plaisir, par exemple des caresses, provoque éventuellement de telles réactions. Mais elles ne signifient pas forcément qu'il y ait un désir authentique de faire l'amour. Ce désir est un sentiment très particulier. Je ne l'ai éprouvé que deux fois dans ma vie. Ces deux fois il ne s'est rien passé. Et pourtant j'ai fait l'amour quelques dizaines de fois dans ma vie. Ça m'est arrivé avec huit femmes en tout, au cours des années. Je dis à présent que c'était une erreur. Je me suis trompé. Et celles avec lesquelles j'ai fait l'amour se sont aussi trompé. On ne doit faire l'amour que s'il y a un vrai désir de le faire. Et non parce qu'on pense intellectuellement que c'est bien de le faire. Quand on fait l'amour sans vrai désir et parce qu'on pense que c'est bien, on se ruine la vie et on détruit la relation.

Oui, on détruit la relation avec ce genre de confusion. Résultat, la tendresse bafouille. L'amour n'arrive pas à s'affirmer. Un peu comme une ampoule électrique allumée qui souffre d'un faux contact. Elle clignote inexplicablement, s'éteint, vous plonge dans une triste obscurité non désirée.

Basile, philosophe naïf, Paris le 13 juin 2014

jeudi 12 juin 2014

261 Une réflexion sur l'amour

Qu'est-ce que l'amour ? C'est certainement la chose la plus importante, mais de quoi s'agit-il précisément ? D'un aspect général de l'univers, s'exprimant en nous et par nous. Une expression d'un phénomène plus général : l'attirance, l'attraction universelle entre les êtres et les choses.

Nous sommes quelque chose. Nous avons besoin du reste de l'univers pour exister. Et le reste de l'univers a besoin de nous pour exister. Nous sommes deux parties indissociables et éternels de l'univers.

De même qu'une partie d'un atome est attiré par une autre partie du même atome, de même que plusieurs atomes s'attirent, ou plusieurs étoiles ou galaxies s'attirent, un homme, une femme, un enfant, peut être attiré par un autre être humain. Et cette attirance prend alors le joli nom d'amour.

Mais, pour que deux étoiles, planètes, atomes puissent s'attirer harmonieusement, il leur faut éviter de se nier, fusionner. Les planètes d'un même système planétaire s'influencent, bougent, mais ne se heurtent pas. Et, entre des humains, cet aspect des choses prend le joli nom de respect.

L'amour que nous éprouvons pour une bonne soupe, un paysage, un chat, un ami ou une amie, c'est la même énergie positive, l'expression de la même attraction universelle.

Le chat nous aime à sa façon. Et chaque chat est différent. Et chaque amour est différent. Le chien nous aime aussi. Son amour est différent de celui du chat. On peut préférer le chat au chien.

L'amour est malheureusement bien souvent ô combien mal interprétée, dénaturé par les humains.

Souvent ils aiment mal. C'est vrai à tous âges si on ne cherche pas à comprendre. Moi-même j'ai mis beaucoup de temps pour oublier des idées fausses et apprendre à mieux aimer.

Tant de temps passé pour apprendre ! Plus de six décennies passées à chercher et chercher encore. Alors qu'aimer devrait être la chose la plus simple qui soit. Comme sentir une fleur, manger une pomme, ou esquisser un pas de danse.

Bien des humains mettent ensemble de façon impérative des choses qui existent indépendamment. Et finissent par déformer leur vision de l'amour au point de le nier dans leur vie. 

J'essaye de comprendre l'amour. Et m'intéresse y compris à analyser les erreurs, les discours erronés sur l'amour. Et il en existe ô combien, notamment sur Internet, et pas seulement. Étudier les erreurs permet de mieux comprendre la vérité.

Étudier les erreurs ne m'a jamais fait oublier la nécessité du respect. Ces erreurs partent souvent de généralisations abusives. Par exemple, on parle de rencontrer « une fille » ou rencontrer « un garçon ». Alors que chaque individu est unique et différent.

Il n'y a qu'un seul toi dans l'univers, il n'y a qu'un seul moi dans l'univers. Et il n'existe pas deux brins d'herbe, deux cheveux identiques dans l'univers.

Aimer, c'est d'abord regarder l'autre, s'intéresser à l'autre, le connaître et l'apprécier.

Basile, philosophe naïf, Paris le 12 juin 2014

dimanche 8 juin 2014

260 Les dix traumatismes originels

J'ai longtemps pensé que l'homme à la base était un singe. Mais il a fallu que la vie et la réflexion m'apprennent pour que je comprenne vraiment jusqu'au bout les tenants et aboutissants de cette idée. Qui est on ne peut plus juste.

A la base, au commencement de la vie, quand nous naissons, nous sommes des singes. Et ces singes vont subir une série de traumatismes originels très violents qui vont nous marquer. Marquent la société et expliquent bien des choses dans notre conscience et notre comportement ultérieurs.

Pour identifier ces traumatismes, nous avons quatre outils de raisonnement :

Le premier est nous imaginer singe. Et, en comparaison avec une vie simiesque de chimpanzé ou d'une autre espèce restée authentique et non dénaturée, chercher à voir ce qui  a été dénaturé en nous.

Le second, ce sont nos souvenirs de la petite enfance.

Le troisième, c'est l'observation des jeunes enfants. Leurs réactions sont parfois la trace de la Nature originelle en eux et intacte à leur naissance.

Le quatrième c'est quand nous vient des pensées, des réactions, des attitudes bizarres pour nous, incompréhensibles d'emblée et qu'il nous importe d'analyser.

S'agissant des traumatismes originels, j'en avance une liste, non exhaustive, de dix. Il y en a quantité d'autres. Ceux-ci m'apparaissent les plus anciens dans notre vie et les plus traumatisants pour la vie ultérieure.

Le premier traumatisme c'est le traumatisme lingual : à la naissance, le petit singe est léché par sa mère. Y compris bien sûr, par la suite, après qu'il a uriné ou déféqué, elle lui lèche le sexe et le trou du cul. Cette pratique est ignorée par les humains civilisés.

Le deuxième traumatisme est le traumatisme textile. Les singes sont nus. Or, les humains civilisés sont systématiquement habillés. Ainsi, dans une famille classique, il pourra arriver qu'un humain ignore parfaitement la configuration anatomique des humains du sexe opposé. De plus, de cet habillage systématique ressortira un malaise général à l'égard d'une chose qu'on appelle globalement "la sexualité".

Le troisième traumatisme est le traumatisme sexuel : chez les singes, on baise en public sans se cacher. Chez les humains civilisés, cette activité ainsi que pratiquement tout ce qui y est associé, se fait en cachette et à l'abri du regard des tiers. Pour un petit singe bien élevé comme je l'ai été, c'est bien simple : cette activité n'existait pas. Jusqu'au jour où il a bien fallu que j'admette qu'elle existait. Qu'elle avait été pratiqué par mon père et ma mère. Et qu'étant au courant, il m'avait caché ce qu'ils savaient. Quand je les questionnais sur des sujets que j'ignorais être liés à la sexualité.

Le quatrième traumatisme est le traumatisme BVPCRP. BVPCRP sont les initiales de presque tout ce qui concerne l'excrétion : baver, vomir, pisser, chier, roter, péter. Très tôt on nous apprend qu'il faut éviter ces évacuations naturelles, ou tout au moins, les faire hors de la vue des tiers. Et se retenir même, au moins momentanément de les faire. Il ne faut ni toucher, ni jouer avec les excrétions concernées. A cette liste s'ajoute la morve, et, bien après notre naissance, les menstrues, la cyprine, le sperme et le liquide des glandes de Cowper, qui vont également être assimilée à la saleté et la honte.

Le cinquième traumatisme originel est le second traumatisme textile : il faudra impérativement s'habiller, ne pas être nu, vu nu. On devra s'habiller même s'il fait très chaud, même si les vêtements sont ridicules car visiblement ne servent à rien de pratique et utile, comme les culottes de bain.

Je me souviens d'un petit garçon âgé d'environ deux ans. Je l'ai aperçu sur la plage de Palavas-les-Flots au début des années 1980. Il marchait, les pieds dans l'eau, sa petite culotte de bain complètement trempée d'eau de mer. Voilà qu'il s'arrête un instant. L'enlève. La jette au loin avec dégoût. Et poursuit son chemin.

J'ai vu en vacances en Corse en 1993 d'autres petits enfants témoigner de l'insupportabilité de l'obligation de porter des vêtements quand il fait très chaud. Et que cette contrainte leur apparaissait pour ce qu'elle est : totalement absurde. Mais à laquelle adultes nous sommes habitués au point d'être souvent gênés par la nudité.

Le sixième traumatisme originel est le second traumatisme sexuel : les adultes insisteront sur la nécessité de cacher en particulier les zones génitales et anale, et même mammaire chez les très petites filles dont les seins n'ont pas encore poussés. Et interdiront de se toucher. Ces interdits catégoriques et mystérieux concerneront une activité que le petit singe commencera à envisager comme coupable et honteuse. Il n'a pas idée de l'acte sexuel, qu'on le met déjà en garde contre l'organe qu'on y emploie. Cette partie de lui-même est déclarée honteuse. Susceptible de suspicion. Bref, elle n'est pas « une partie du corps comme les autres ». La médecine d'antan allant dans ce sens a baptisé le nerf de l'appareil génital « nerf honteux ». Ce nom est resté. Et l'appareil génital portait aussi jadis entre autres le nom de « parties honteuses ».

Reflet de cette culture toujours bien présente à notre époque, cette petite scène vue par moi, en passant à Asnières-sur-Seine près de Paris, il y a un an environ. Trois petits garçons marchent dans la rue. Ils ont environ huit ou neuf ans. L'un d'eux avise dans le caniveau un tampax neuf. Le ramasse et le montre à ses deux petits camarades. « Les filles se mettent ça dans le cul. C'est dégueulasse ! » s'exclame-t-il en jetant l'objet avec dégoût par terre. Pourquoi dégueulasse ? Toute une éducation à refaire. Les filles, le cul, c'est dégueulasse... pauvre gamin, tu as et tu auras des problèmes.

Le septième traumatisme originel est le troisième traumatisme sexuel. La principale activité sexuelle chez les humains civilisés, c'est la masturbation. En témoigne aujourd'hui le chiffre d'affaires colossal de la pornographie, qui n'existe essentiellement que comme un aliment visuel favorisant la masturbation. La masturbation développée à ce point est le résultat de la Civilisation qui condamne la nudité, la caresse et aussi l'acte sexuel, qualifié de « pêché de chair » par l’Église. Or, même la masturbation de masse, ce pis aller et ce résultat de la Civilisation sera condamné à être cachée. Les adultes cacheront aux enfants qu'ils se branlent très souvent, le feront hors de leur vue.

Quand j'étais petit, je suis un jour tombé sur le mot « masturbation » dans un ouvrage médical qui prétendait en faire un maux devant être traité. Intrigué, j'ai questionné mes parents sur le sens du mot. Mon père, devant ma mère silencieuse m'a répondu que ça consistait pour quelqu'un à se frotter le zizi. Et pourquoi donc ? ai-je demandé. « Parce qu'il est fou », m'a-t-il dit. Or, cinquante ans plus tard, je lui demandais si, au stalag, où il a été prisonnier de guerre de 1940 à 1943, l'absence de femmes n'était pas trop dur pour les prisonniers. Et il m'a répondu alors : « il y avait la masturbation ». M'avouant ainsi son mensonge commis un demi-siècle auparavant. Il savait bien que les masturbateurs ne sont pas fous. Et il en avait fait et faisait très probablement encore partie.

Rares sont les auteurs qui parlent de la masturbation dans leur biographie, ou leurs œuvres en général. Le chanteur Antoine, dans ses mémoires, ne cache pas sa pratique de la chose. Et un autre chanteur français, moins connu et très talentueux, Manu Lods, y a consacré une très jolie chanson.

Le huitième traumatisme originel est le quatrième traumatisme sexuel : quand les enfants découvriront la masturbation comme activité propre et commenceront à la pratiquer régulièrement. Ils reproduiront le modèle donné par les adultes, en se cachant pour se branler. La honte sera l'accompagnement classique de cette activité. A laquelle est associée la pornographie.

Cette absurde honte inculquée fera des dégâts psychologiques. Une jeune fille m'expliquait à la fin des années 1970 qu'elle avait découvert la masturbation quand elle vivait dans le logis familial. Pour ne pas être entendu s'y adonnant la nuit dans son lit, elle se crispait de tout son corps, afin d'éviter de gémir de manière révélatrice de son activité. Résultat, depuis, bien des années après, quand elle se branlait, même toute seule chez elle, elle éprouvait le besoin de se crisper pareil, sinon elle n'arrivait pas à se faire plaisir. On ne réalise pas tous les dégâts psychologiques que causent de telles situations. Ayant découvert seul la masturbation, probablement vers l'âge de treize ans, je l'ai très longtemps pratiqué ensuite avec honte. Je me disais à une époque : « je fais ça pour voir, étudier ». Et cette honte allait de pair avec une peur absurde. Celle d'un jour me mettre à me masturber et ne plus pouvoir m'arrêter de le faire, des heures et des jours durant ! « Ça n'est pas une activité » me disais-je. Bien sûr, ça n'est jamais arrivé. Et c'est seulement arrivé à plus de trente ans que j'ai pu être débarrassé de ma honte. C'est arrivé de façon inattendue. J'ai fais toutes sortes de câlins à la petite amie que j'avais alors. Puis, elle, à son tour, s'est mise à m'en faire. Et, comme elle ne voulait pas s'accoupler, elle m'a pris la main et l'a déposé où il fallait pour me faire comprendre et m'encourager à me satisfaire tout seul. Ce qui s'est passé, tandis qu'elle regardait. Et incompréhensiblement, cette histoire, cette façon de faire m'a guéri de ma honte. Qui subsiste encore certainement un peu. Mais pratiquement plus du tout en regard de ce qu'elle a été.

Le neuvième traumatisme originel est le traumatisme verbal, écrit ou dessiné : il sera interdit de parler ou représenter certaines choses, sans explications logiques à ces interdits. Les petits enfants relèveront cette bizarrerie et seront fascinés par les gros mots. Ce qui est gravissime est qu'aux « gros mots » et grossièretés est associé le sexe. Ce qui signifie que l'activité sexuelle est assimilée à une déchéance, une dégradation et non au respect de soi et l'autre ou les autres. Certains adultes éprouvent le besoin d'insulter leur partenaire sexuel, le faire s'habiller en prostituée. N'envisager le sexe que comme une activité vulgaire. Au lieu de se dire : « je vais peut-être faire de très doux et délicieux câlins avec cette charmante amie tant aimée » on voit des personnes pourtant plutôt bien élevés éprouver le besoin de se dire, par exemple : « je vais me faire cette salope ! » C'est ahurissant et inquiétant. Heureusement qu'un grand nombre d'hommes, un grand nombre de femmes, arrive malgré tout à ne pas être des monstres. Mais la société en produit assez pour marquer gravement le paysage des amours.

Le dixième traumatisme originel dont j'ai déjà parlé dans ce blog est le traumatisme causé par le sevrage tactile. A un moment-donné, les adultes entourant un enfant, arrêtent de le caresser, parce qu'il est à présent « grand ». Ça arrive très souvent. Et les caresses ne reparaissent que bien plus tard, assorties d'impératifs sexuels qui leur sont abusivement systématiquement associés.

Tous les dérangements profonds entraînés par ces dix traumatismes originels, amènent quantité de comportements compensatoires : sexe, alcool, drogue, chrématistique, recherche du pouvoir, etc. Quelle réponse donner à ces troubles ?

Il faut faire appel à la conscience. Il ne s'agit pas pour une nouvelle maman, par exemple, de se mettre à lécher son nouveau né. Et lui lécher le cul et le sexe plein de pisse et de merde. Et pour tous se balader à poil en permanence. Baiser au vu et su de tout le monde. Baver, vomir, pisser, chier, roter et péter sans retenue, etc. Non, il ne s'agit pas bien sûr de cela. Mais nous avons une conscience. Avoir conscience de nos traumatismes est important. Et peut nous aider à vivre.

Certaines pratiques rejoignent nos origines. Ainsi celle consistant à la maternité, à la naissance, à déposer le nouveau né sur le ventre nu de sa mère.

La conscience du singe vit toujours en chacun de nous. Et nous souffrons de ne pas la reconnaître et comprendre. Ainsi, si nous avons envie de voir nu un homme ou une femme, d'être nu devant cet homme ou cette femme, de prendre cet homme ou cette femme dans nos bras, de dormir avec, de l'embrasser y compris sur la bouche, le lécher, nous allons en déduire que nous voulons "faire l'amour" avec lui ou elle. Alors qu'en fait nous avons juste envie de ces diverses choses et c'est tout. Elles correspondent à la nudité simiesque, aux câlins, à la promiscuité, au toilettage singes qui vivent toujours en nous. Et ne conduisent pas du tout nécessairement au désir authentique de coït.

Je me souviens avoir entendu à la faculté au début des années 1970 trois jeunes hommes parlant d'une jeune femme et évoquant le fait qu'elle n'était pas là parce qu'occupée sans doute à baiser. Un de ces jeunes hommes, approuvé par les deux autres disaient : "de toutes façons, ça ne fait jamais de mal". Sans me l'expliquer pourquoi, je ne ressentais pas les choses pareillement. C'est seulement dernièrement que j'ai compris l'origine singe et le contenu de mon désaccord. En fait, le jeune homme qui parlait ainsi avait complétement tort. Baiser quand on n'en a pas vraiment authentiquement envie fait beaucoup de tort, égare et détruit les relations. Le ou la partenaire avec qui on baise à la suite d'un raisonnement et pas d'un authentique désir, fini par apparaitre incompréhensiblement insupportable. C'est là aussi  pourquoi on dit que l'amour, au début c'est toujours bien et souvent plus après. On le gâche sans le savoir en ne suivant pas sa conscience de singe et en faisant l'homme. Qui croit que baiser tout le temps et avec le plus de partenaires est le sommet de la vie. Alors que ce n'en est qu'une pauvre et misérable caricature. Un délire d'ignorant et d'imbécile qui suit stupidement le discours de la pensée unique et de la morale débile dominante.

Morale dont une origine possible est ici la volonté des chefs d'avoir les populations les plus grandes possible sous leurs ordres pour mieux conquérir, se préserver. Bref, faire la guerre.

Entretenant la dévastation générale du domaine amoureux, de nombreux ignorants des deux sexes sortiront des phrases du genre : « l'appétit vient en mangeant » pour justifier l'idée erronée de baiser sans vrai désir. A quoi s'ajouteront d'autres lieux communs du genre : « il faut profiter de sa jeunesse », « de la vie », etc.

Quand on voit ce que ces ignorants deviennent avec l'âge, aigris et haineux de la jeunesse dont ils ne font plus partie, on  peut se demander en quoi ils ont « profité de la vie ». Ou alors, si c'est ça, profiter de la vie. Et ce à quoi ça abouti, c'est bien triste. Heureusement la vérité est ailleurs. Et elle est magnifique. Et bien plus abordable et proche que la bêtise séduisante régnante. Il est tellement plus simple de s'écouter quand c'est possible. Et c'est très souvent possible. A condition d'en avoir la volonté et la conscience. Et fuir la fréquentation de ceux ou celles qui ne vous respectent pas.

Mais l'ignorance de notre nature singe, le refus de la voir, l'écouter, conduit tous les jours à des désastres. Ainsi, je regardais l'autre jour la photo d'une très jolie très jeune fille. Elle est avide de tendresse et d'amour. Et se fait très belle et attirante. Et songeais que quantité d'hommes qui vont l'approcher auront l'idée fixe de la baiser, la « posséder »... Alors que le respect de soi et l'autre commanderait d'écouter le cœur de cette très jeune fille qui demande des caresses, des bisous, câlins, tendresse. Et aussi du sexe, mais si et seulement si désir véritable, authentique et réciproque il y a. Mais croyez vous que c'est ainsi que raisonneront les jeunes hommes éduqués par la pornographie ? Non, ils feront les imbéciles, feront souffrir cette jeune fille et, à terme, souffriront eux aussi. Quel gâchis !

On dit d'une brute : « c'est une bête », « il se conduit comme un animal ». Non, il se conduit comme un humain. Le singe, lui, suit son authenticité. Il n'a pas besoin de séances chez le psychologue et de tranquillisants, anxiolytiques, anti-dépresseurs, somnifères et drogues diverses légales ou non. Il n'a pas besoin d'accumuler des milliards d'euros en affamant des peuples entiers et entretenant des guerres pour se sentir le « chef ». Il vit sa vie. Et le peu de violence entre congénères qu'il peut connaître dans la jungle ou la savane est à cent mille lieux des violences humaines du débarquement en Normandie.

Comprendre nos traumatismes, leur nature, rend plus tolérant pour certaines choses. Ainsi, d'un ancien qui ne contrôle plus ses fonctions naturels et fait sur lui, on pourra cesser de le qualifier de « pas autonome », « gâteux », « n'ayant plus sa tête ». Non, on parlera de retour au naturel. Il en sera ainsi aussi de l'énurésie chez certains adultes. Elle ne sera plus considérée comme honteuse. Le monde y gagnera dans le domaine du respect de tous et de chacun.

Basile, philosophe naïf, Paris le 8 juin 2014

 






vendredi 6 juin 2014

259 L'art de bien mentir

Et si, au lieu de répéter bêtement aux enfants : « c'est pas beau de mentir », « il ne faut pas mentir ». Et si, au lieu de donner au mot « menteur » un sens honteux, nous choisissions plutôt d'enseigner aux enfants l'art de bien mentir ?

Ne mentir qu'en cas de nécessité.

Quand on est décidé à mentir, le faire franchement, avec conviction, sans insister sauf si cela paraît crédible.

Préférer le mensonge par omission au mensonge direct.

Essayer de mentir le moins souvent possible, sinon on perd sa crédibilité. Et sans crédibilité, les mensonges importants éventuels risquent moins d'être crus.

Ne pas hésiter à mentir à ceux qui ne vous respectent pas. Ils ne méritent pas qu'on fasse des efforts pour leur dire la vérité.

Mentir est un art utile. Pratiqué intelligemment, il permet de se défendre, éviter des ennuis, brouilles, énervements.

Seuls les idiots ne mentent jamais.

L'art de bien mentir consiste aussi et pour beaucoup en l'art de se taire.

Un idiot, une idiote vous agresse verbalement. Des fois il faut répondre. Des fois, dans sa tête il est préférable de se dire : « qu'est-ce que cette personne est stupide ! » Se taire et la laisser aboyer. Sans riposte en face, souvent elle se fatiguera. Voire croira avoir gagné une sorte de match où elle a en fait seulement démontré sa stupidité.

Dire à un enfant qu'il ne faut pas qu'il mente est un aveu de faiblesse. On a peur qu'il réussisse à vous tromper. Non, il faut lui dire : « Mens seulement en cas de nécessité. Mais, à moi, tu n'as pas de raison valable de mentir, car je suis avec toi. » Et aussi dédramatiser les petits drames : « tu as chipé le pot de confiture ? Ce n'est pas bien. » et non pas : « tu as volé le pot de confiture ? Tu es un voleur ! »

Ainsi, on n'encouragera pas les mensonges de l'enfant. Et on lui enseignera un des points importants de l'art de bien mentir : ne pas mentir pour un rien.

Basile, philosophe naïf, Paris le 6 juin 2014

mardi 3 juin 2014

258 Aimer sans limites et culture pornographique

Aimer sans limites est un rêve qui hante la conscience générale. Même des brutes immondes rêvent à y parvenir tout en faisant le contraire. Une multitude de comportements préfabriqués, codes, non dits, malentendus, sous-entendus, mythes et intolérances vont se glisser dans nos vies et faire échouer le plus souvent cette grande espérance.

Au nombre des obstacles rencontrés on trouve la culture pornographique :

On rencontre au moins trois aberrations dans la pornographie. L'une est la prétention qu'il existerait un domaine : le « sexe » qui serait exclusivement « physique ». Il apparaît pourtant évident que caresser quelqu'un qu'on aime ou quelqu'un qu'on ne connait pas n'est pas ressenti pareillement.

Une autre aberration de la pornographie est qu'elle résume la vie aux câlins et les câlins à extrêmement peu de choses : bisous avec la langue, masturbation, fellation, cunnilingus, anulingus, doigtage, sodomie et accouplement. L'être humain, sa surface épidermique ou muqueuse concernée, est ici des plus réduites. Qu'il importe de « consommer » en suivant un « mode d'emploi » sommaire et déterminé. C'est aussi intelligent et raffiné que prétendre résumer la vie au plaisir, le plaisir au fait de manger, le fait de manger aux desserts, les desserts aux gâteaux et les gâteaux au sucre semoule. Après quoi, on conclut en disant : « le but de la vie ? Manger du sucre ! »

Une troisième aberration, très dévastatrice, est de confondre la relation réelle avec la prostitution iconographique que représente la pornographie. Cela au nom d'une prétendue jouissance extrême et colossale qui serait assimilée à « l'orgasme ». La plupart des gens, la plupart du temps, y compris les « acteurs » et « actrices » pornos ne ressentent rien ou pas grand chose en s'adonnant à ces encombrantes gymnastiques.

Un magazine français rapportait dernièrement le résultat d'un sondage. Qui indiquait que deux femmes sur trois, à choisir entre une partie de sexe ou un bon repas, préféraient le bon repas. Ça n'est m'a pas étonné.

Il arrive parfois qu'abusé par la propagande pornographique, une femme croit juste et épanouissant de faire la pute gratuite. Ce genre de comportements expose à être rejeté par les uns et méprisé et utilisé par les autres.

Une femme que j'ai connu agissait ainsi. Elle avait un copain attitré, croyait pouvoir être ouverte à d'autres éventualités, des aventures. Or, les hommes qui l'approchaient et paraissaient intéressés lui jouaient toujours la même partition : « on veut te voir sans ton copain, débarrasses-toi de lui, que fais-tu avec ? » Alors qu'elle n'avait aucune envie de s'en débarrasser. Ces hommes s'accordaient pour vouloir s'amuser avec elle mais aussi jouer au coq dominateur. Résultat, cette femme restait le plus souvent fidèle malgré elle. Et avouait à son copain que s'il avait été jaloux, cela aurait été plus simple pour elle. Elle l'aurait trompé par attirance pour l'interdit.

La cage dont il est impossible de s'évader est la cage dont la porte reste ouverte.

Finalement, cette femme n'a plus supporté cette situation. Elle a quitté son copain. Et commence alors pour elle un grand moment de désillusion. Vue sa réputation et le fait qu'on la sait vivre à présent seule, elle se fait harceler. Tout un tas de crétins hommes la harcèle croyant qu'elle est un magasin de confiseries sexuelles gratuites. Comme ça se passe en ville, en plein jour et qu'il y a un public, le harcèlement ne va pas jusqu'à l'agression physique et le viol. Elle se choisit un amant attitré. Mais l'homme qu'elle choisit se révèle violent. Un gamin attardé respecte-t-il un magasin de confiseries sexuelles gratuites ?

Cette femme finit par quitter cet amant. Et déménager. Et changer de région. Là, elle croit qu'elle va retrouver l'amour avec des amants sélectionnés. Qu'un d'entre eux finira par lui déclarer sa flamme. Vouloir vivre avec elle. Fonder une famille. Las ! Pour ces brutes elle est juste... une pute gratuite.

Aimer sans limites reste le rêve. Mais le problème, ce sont les limites créées par les aberrations fumeuses sur la « sexualité ».

Celles-ci barrent la route à l'amour avec beaucoup d'efficacité. Car elles enseignent que l'amour, si c'est le vrai, le grand, bref l'amour « sans limites », c'est forcément, nécessairement « sexuel ». C'est là une des plus éclatantes stupidités que notre Civilisation ait inventé. L'amour n'est jamais nécessairement « sexuel ». Il est l'amour, sans limites, ni obligations, ni pré-programme défini. Un amour épanoui pourra très bien ne jamais être « sexuel », comme il pourra le devenir, cesser de l'être, le redevenir ou pas. Et on peut aimer d'amour plusieurs personnes sans pour autant devenir un libertin.

L'amour est un processus simple et complexe à la fois. Et il ne suit pas les salmigondis idéologiques de notre société. Salmigondis qui proclament que l'amour entre deux êtres du même sexe est forcément homosexuel. Et entre deux êtres de sexe opposé est forcément hétérosexuel.

Et que l'amour impliquerait d'être « consommé ». L'amour serait-il une denrée au même titre qu'une soupe d'asperges ou un bouillon de poulet ?

Aimer sans limites est très largement possible à tous.

L'autre jour je cherchais mes lunettes. Elles étaient sur mon nez. Les humains avec l'amour font souvent la même chose. L'amour est là, à portée de main, ils ne le voient pas.

Les enfants aiment sans limites. C'est un bon modèle à retrouver. Et ils ne s'embarrasse pas avec des "plans" sexuels.

Vous êtes adulte. Le sexe ? Oubliez-le ! L'amour est-il sexuel ou non sexuel ? La question est mal posée. C'est comme demander si tous les repas impliquent de manger des lasagnes à la Bolognaise. Non, ça ne l'implique pas nécessairement. Si je réponds ça, il y aura des imbéciles pour me rétorquer : « alors, vous êtes contre les lasagnes à la Bolognaise ? »

Il en est de même pour l'amour et le sexe : l'amour n'est ni sexuel, ni pas sexuel. Il n'est pas nécessairement sexuel. Le même amour peut l'être par moments et pas à d'autres moments.

L'aberration de sexualiser à toutes forces l'amour conduit à des absurdités. Une amie me disait un jour qu'elle avait bien dû quitter son copain, et pourquoi ? « On ne faisait même plus l'amour ! » L'amour réduit à un mouvement de va-et-vient d'un morceau de chair dans un autre. On nage en plein délire. Et pourtant, quand on pense ainsi, on paraît raisonnable aux yeux de nombre de gens. Aimer se manifesterait par l'autorisation permanente et l'obligation de baiser avec quelqu'un. Quelle ânerie ! Ajoutez-y la jalousie et vous aurez la recette idéale pour ne pas aimer.

Une jeune femme m'expliquait chercher l'homme de sa vie. Elle y mettait tant d'énergie et d'attente visible que tous les hommes qui lui plaisaient la fuyaient. Elle était comme un chasseur de papillons qu'elle mettait en fuite avec son filet. Résultat : elle restait seule dans sa vie, à se morfondre sans amour. Mais, cherchait-elle l'amour ? Ou a faire coïncider sa vie avec des fantasmes ?

Le vocabulaire-même est piégé. Si on considère l'expression « faire l'amour ». Il signifie que l'amour « se fait ». Qu'est-ce à dire ? C'est réduire l'amour à peu de choses : le frottement de deux organes.

Et si on va en plus ajouter les règles établies : il faut un partenaire exclusif, unique, fidèle, etc. On va s'accrocher à quelqu'un qui nous paraîtra un peu plus proche que les autres. Et on finira par nier l'évidence. Que ce quelqu'un n'est souvent qu'une idiote ou un idiot vaniteux qui se satisfait de vous voir souffrir en lui courant après victime de vos rêves. 

Un bon moyen de résister à cette obnubilation possible est la P5 pour se déconditionner. P5 signifie : « perspective 5 ». On décide que dorénavant on aimera d'amour cinq personnes à la fois. Ce qui ne signifie en aucune façon que cet amour sera forcément « sexuel ». Mais ce sera de l'amour. Résultat, on ne s'accroche plus à quelqu'un, on s'en éloigne éventuellement sans souffrances excessives. On sort du piège du conditionnement amoureux. Pour vivre enfin. Et retrouver la fraîcheur des amours enfantines. Qui vit toujours à l'intérieur de nous.

Pourquoi cinq amours et pas un chiffre plus important ? Pour pouvoir le gérer facilement. Et aussi j'ai eu l'occasion de voir déjà mentionner ce chiffre. Dans un livre sur le Brésil, il était dit que les machos dragueurs brésiliens estimaient qu'à partir du moment où il y avait dans une soirée cinq femmes présentes pour un homme, il n'y avait pas de jalousie entre les hommes. Une amie m'a décrit un jour une sorte de phalanstère de ses rêves où elle voyait le même rapport de proportions de cinq femmes pour un homme. J'ai repris cette façon de voir en enlevant l'hypothèque sexuelle. Celui ou celle qui inscrit sa démarche amoureuse dans la P5 aime indifféremment des hommes ou des femmes. Il peut aussi préférer n'aimer que des femmes ou que des hommes. Et cet amour n'est absolument pas nécessairement lié à une quelconque obligation sexuelle.

Il importe de se défaire du pesant conditionnement qui nous emprisonne. Comme nous le partageons avec notre entourage, nous ne remarquons pas clairement son existence et son rôle. Et il nous envoie souvent droit dans le mur. Où nous rend simplement la vie terne, grise et décevante.

J'observais une amie de longue date. Celle-ci, plus jeune, n'avait pas particulièrement de pudeur corporelle. Sortir de la douche devant des tiers, nue, pour aller ensuite s'habiller plus loin, là où elle avait laissé ses vêtements, ne la dérangeait pas. Ça l'amusait même de voir la tête des hommes frappés par sa beauté physique nue et la regardant fascinés comme le chat regarde le poisson. Voilà que, à présent, elle est devenue terriblement pudique, pour quelle raison ? Parce qu'elle est amoureuse à crever d'un homme. Comme cet homme lui ne l'est pas d'elle, en affichant cette pudeur extrême, elle a le sentiment de lui être « fidèle ». Et donc, indépendamment de lui, faire « vivre », exister son amour. On nage dans le fantasme. L'amour ainsi vécu c'est de la masturbation sentimentale. On se passe en boucle un film. On bave de joie. On souffre aussi. Mais, pour rien au monde on arrêterait la séance de film. Et on sortirait de la salle de cinéma où on est seul, pour aller vers les autres. On préfère rester en dehors de la réalité. Les promesses fallacieuses du conditionnement agissent comme une drogue. Et cette toxicomanie empêche d'aimer et être aimé.

Quitter le conditionnement n'empêche pas d'aimer et être aimé, mais nous libère de chaînes intérieures.

Oui, il est facile et aisé d'aimer sans limites. A condition de cesser de mettre des chaînes à l'amour à l'intérieur de nous. Ce sont des chaînes amovibles. Virez-les et quittez l'ornière des mauvais chemins. Pour aller en direction de la vie réelle, la vie vraie, l'amour réalisé qui vit toujours et vivra pour toujours en nous.

Basile, philosophe naïf, Paris le 3 juin 2014

dimanche 1 juin 2014

257 Amour, sexe, confiture

Qu'est-ce que l'amour ? C'est un sentiment d'accord entre deux êtres. On peut aimer d'amour un homme, une femme, un chat... L'amour est-il « sexuel » ou pas ? Réponse : la question est très mal posée. L'amour n'est pas nécessairement sexuel. Il peut l'être, des fois oui, des fois non, l'être à un moment, cesser de l'être, le redevenir. Et quand la « sexualité » apparaît, il est très difficile de définir où commence et où finit ladite « sexualité ». Et l'amour peut aussi ne pas être sexuel du tout. On peut aimer son chien ou son enfant. C'est de l'amour. Et ça n'est pas du tout sexuel.

A force de croire la sexualité centrale, essentielle, fondamentale, on a souvent oublié tout le reste. Ainsi, j'ai lu, il y a quelques années, que des zoologistes, croyant décrire le comportement d'espèces animales, s'étaient contenté de préciser la période du rut et la durée de gestation des femelles. Et, un jour, des critiques ont fusé : « mais en fait, vous n'avez rien décrit de leur comportement ! »

Les humains, avec cette hyper-sexualisation du regard, ont introduit conséquemment un trouble fondamental dans leur comportement à eux. L'anticipation de la sexualité, la prétention à sexualiser l'amour, qui conduit à sa négation. Par avance ils veulent imaginer un amour qui serait sexuel. Impliquerait l'acte sexuel. Le résultat est qu'ils troublent leur perception. Et bouleversent leurs relations.

Les règles, lois, interdits qu'ils ajoutent n'arrangent pas les choses.

Sexualisant ainsi l'amour, les humains le rendent impossible. Et, quand ils l'effleurent, ils le détruisent. Le vrai amour est rare.

Alors plusieurs comportements surgissent :

Certains croient qu'il existe une chance extraordinaire, un destin qui devrait nous faire rencontrer la bonne personne unique et merveilleuse. La princesse ou le prince charmant, mythes que la littérature et le cinéma nous illustrent à foison. Les chansons à la mode abondent aussi en gémissements implorants la venue de ladite personne tant désirée et en fait imaginaire.

D'autres la recherchent avec des méthodes violentes. On va l'acheter, la créature rêvée ! Ou alors, pire, on va la prendre de force, la violer. Ça pourra se faire par abus de confiance, mensonges, manipulations. Auquel cas la Justice n'y pourra rien. Ou alors on use de la menace et la violence directe. Il y a crime reconnu comme tel par la Justice. La plupart de ces crimes resteront impunis. Les victimes elles-mêmes s'estimant même, bien sûr à tort, coupables.

Certains, qui ne comprendront pas pourquoi ils ne rencontrent pas l'amour rêvé, vont chercher des modes d'agir ésotériques. Ils vont littéralement imaginer des danses de l'amour, équivalentes à des danses de la pluie. Par exemple, ils croiront qu'en comblant de cadeaux une personne qui les fait rêver, celle-ci va subitement commencer à les aimer. Ou bien encore, ils lui écriront des poèmes. Ces méthodes ont toutes en commun de ne pas aboutir au résultat recherché.

La société est remplie de gens qui cherchent cet amour imaginaire qui contredit l'amour vrai. Ils cherchent un amour qui serait nécessairement sexuel. Alors qu'il ne l'est pas nécessairement. Et cette différence est essentielle, fondamentale.

Ceux et celles qui désespéreront de l'amour finiront dans nombre de cas par en vouloir à l'autre. Qui ne répond pas à leur attente stupide et aveugle. Ils deviendront hautains, supérieurs, méprisants, racistes en un mot.

Une femme cherche l'amour pense-t-elle. Et ne rencontre que des hommes qui lui paraissent ne vouloir que son cul. Elle fini par développer la haine des hommes en général. Tout en s'accordant parfois le bénéfice d'aventures sommaires et insatisfaisantes.

Un homme cherche l'amour, croit-il. Et ne rencontre que des femmes qui paraissent incompréhensiblement pour lui, le lui refuser. Car elles voient bien qu'il cherche finalement essentiellement le cul, même s'il croit être plus raffiné que ça. L'homme déçu va développer la haine des femmes en général. Tout en s'accordant parfois le bénéfice d'aventures sommaires et insatisfaisantes.

Ces deux personnes, cette femme et cet homme, sont deux cas précis que j'ai croisé. Ils ont fini par avoir en commun une violence intérieure dirigée contre les humains en général. Souffrant de la solitude, ils finissent par haïr ceux et celles qui leur paraissent indifférents à leur souffrance intérieure.

Pour un oui ou pour un non, hurlements, menaces, insultes, coups pourront subitement jaillir de ces deux êtres frustrés et malades. Ne les dérangez pas. Tel doit être la règle des sages.

Ne les dérangez pas. Ni pour leur faire du bien. Ni pour leur faire du mal. Soyez polis et distants. Ils ne méritent pas votre attention.

Il existe deux principes essentiels en amour : savoir qu'il s'agit d'un accord entre deux êtres; Et qu'il n'est pas nécessairement sexuel. Auquel s'ajoute un troisième principe : ne donnez pas de la confiture aux cochons.

Si vous pouvez, y compris sans grands efforts, rendre un cochon heureux, ne le faites pas. Faire le bien à quelqu'un vous lie à lui. Ne vous liez pas aux cochons. Soyez libre.

L'amour ne mérite pas d'être gaspillé à aimer ceux qui ne le méritent pas, car ils ne font pas d'efforts pour rester humains. N'aimez que ceux qui le méritent. Ils vous reconnaitront. Vous le rendront bien. Et vous serez heureux.

Aimez votre prochain. N'aimez pas votre lointain. N'imaginez pas proches ceux qui sont loin de vous.

Basile, philosophe naïf, Paris le 1er juin 2014