lundi 30 juin 2014

267 L'invention du « corps » et l'abus d'habits

Le vêtement obligatoire est la source d'un conditionnement extrêmement fort chez les humains. Il entraîne d'un côté qu'on ne voit pas les autres; De l'autre : qu'on n'est pas vu par eux

Qui a vu nu le pape ou le président de la République française ? A leur âge adulte, très peu de monde. La plupart des catholiques n'ont pas vu le pape nu. La plupart des Français n'ont pas vu le président de la République française nu. Pourtant, dans leurs vêtements, ils sont nus. Leur image nue existe en théorie.

Au delà de cette cachoterie des apparences, intervient un autre phénomène :

La plupart des parties de notre personne sont redoublées. Nous avons deux bras, deux yeux, deux narines, deux jambes, deux oreilles, deux testicules ou deux ovaires, deux poumons, deux mains, deux hémisphères du cerveau, etc.

Or, les vêtements vont nous dissocier. Ils vont nous empêcher de nous sentir uni, équilibré. Ainsi, nos bras, la plupart du temps, ne toucheront pas directement nos flancs. Nos cuisses, nos jambes, ne se toucheront pas directement l'une l'autre. Nos pieds ne se toucheront pas directement. Si nous mettons une main entre nos cuisses, nous ne sentiront directement ni nos deux cuisses avec notre main. Ni, réciproquement, nos cuisses ne sentiront directement notre main. Notre sexe emprisonné et comprimé dans des sous-vêtements ne touchera pas nos cuisses. S'il en est libéré, ce sera en des moments ponctuels : aller aux toilettes, consulter chez un médecin, faire l'amour. Mais nous ne le sentirons pas simplement parce qu'il est là et sans plus d'autres raisons.

Le sexe est isolé, compressé, caché et nié par nos sous-vêtements. Il en est de même avec les seins féminins, emprisonnés dans une malsaine cage de tissu très hypocritement baptisée : « soutien-gorge ». Et dont le but est de dérober les seins à la vue, pas de les soutenir.

Emprisonnés les uns, les autres, dans nos vêtements, nous éviterons de nous toucher les uns les autres.

Conditionnés de la sorte, nous en viendrons plus facilement à écouter et suivre d'aberrantes théories qui prétendent distinguer chair et esprit. Et vouent le « corps » ainsi isolé, inventé, au sexe, à la honte et à la reproduction.

Le vêtement, qui prétend nous protéger, est bien souvent l'ennemi de notre santé et de notre équilibre mental.

Être nu le plus longtemps et le plus souvent possible est un exercice très sain. Il nous aide à éliminer les fallacieuses interprétations du « corps » inventé, mystifié, légendifié.

Le vêtement nous divise intérieurement nous-mêmes et extérieurement d'avec les autres. Nus, nous sommes un intérieurement et proches des autres.

Ce que la Culture régnante, la « pensée unique » dominante choisit d'interdire. Elle trouve par contre bien souvent tout à fait juste d'encourager, entretenir, admirer et glorifier la division, l'irrespect, l'intolérance et la guerre. Aux heures de grande écoute, à la télévision, on verra facilement des soldats morts, des villes bombardées... mais surtout pas des naturistes jouant à la pétanque dans leur tenue préférée !

Basile, philosophe naïf, Paris le 30 juin 2014

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