jeudi 4 septembre 2014

276 Naissance d'une nouvelle sexualité

Dans les années 1960 l'émancipation des femmes accomplit de grands progrès dans un certain nombre de pays. Jusque dans les années 1970, les femmes en France vivent dans la peur permanente de la grossesse non désirée, conclue éventuellement par un dangereux avortement bricolé au fond de la cuisine avec un cintre ou une aiguille à tricoter.

La légalisation de la pilule, celle de l'avortement, arrachée par les organisations comme le MLAC, transforment radicalement la condition féminine dans le domaine sexuel. Ce sont de grands progrès. Mais quel chemin comportemental vont alors choisir de prendre les femmes ?

Elles vont suivre ou tenter de suivre le modèle masculin. La drague au masculin va dorénavant tendre à se conjuguer au féminin.

On assiste ici au même phénomène négatif que dans le domaine du tabac ou de l'alcool.

Jusque dans les années 1960 qu'une femme fume était mal vu, considéré comme vulgaire. On stigmatisait également la femme qui boit. « Il n'y a rien de plus laid qu'une femme saoul » disait-on.

La femme qui s'émancipe va malheureusement imiter l'homme y compris de manière négative et néfaste pour elle. Cigarette, alcool vont se banaliser chez les femmes.

Résultat, elles vont voir augmenter massivement le nombre de leurs maladies cardio-vasculaires.

Dans le registre vestimentaire, le pantalon va concurrencer la jupe et la robe.

Et, dans le domaine sexuel, croyant ainsi mener à bien leur émancipation, les femmes vont prendre modèle sur les mauvaises habitudes des hommes.

Cette orientation sera permise et encouragée par le développement de la contraception et l'autorisation légale de l'avortement rebaptisée IVG pour l'occasion.

Le problème est que la sexualité féminine est très différente de celle courante masculine, qu'on a prétendu abusivement être par excellence la sexualité « modèle » pour tous et toutes...

Les éléments illustrant cette prétention abondent. Sans craindre le plus parfait ridicule on a fréquemment déclaré la plus totale stupidité comme quoi le clitoris, dont l'existence a été y compris niée dans des atlas anatomiques, serait « un petit pénis ». Et pourquoi donc ?????? On pourrait tout aussi bien déclarer que le pénis est un trop gros clitoris hypertrophié... Cette pénissisation du clitoris est une stupidité maximum.

Un célèbre crétin a écrit que le clitoris est comme un peu de bois sec qui sert à allumer le brasier de bois vert du vagin. C'est là que ça se passe. Car c'est là que les messieurs interviennent avec leur machin dont ils doivent sans doute être si fiers. Pas question d'accorder une autonomie au clitoris. D'ailleurs, ajoute ce célèbre crétin, si la fillette se titille trop le clito elle va devenir perverse et plus tard se prostituer....

La femme peut atteindre l'orgasme de trois manières : vaginale, clitoridienne et mammaire. Correctement caressés, sucés, léchés les seins peuvent susciter l'orgasme féminin. Il semble qu'à l'inverse des gros, les petits seins sont plus sensibles et aptes à parvenir à ce résultat. C'est une observation de terrain. L'orgasme mammaire est probablement moins connu que les deux autres, car nombre d'hommes négligent les seins et vont « droit au but », c'est à dire au bas-ventre de la dame.

Le sexe féminin en tant qu'organe a été longtemps nié de la manière la plus aberrante. Durant des siècles, en Occident, sur les sculptures et peintures le bas-ventre des femmes, s'il est dénudé, apparaît parfaitement lisse... Alors qu'à l'inverse, le zizi des messieurs est fréquemment représenté. Observez celui du Génie de la Bastille au sommet de la Colonne de Juillet place de la Bastille à Paris. Il est sans voile et doré.

Et ensuite allez voir la statue en bronze de Diane par Houdon exposée au musée du Louvre. Son bas-ventre est lisse. Observez de plus près, plus attentivement. Vous constaterez que la statue a été vandalisée et sa fente pubienne soigneusement bouchée par des voyous de la morale.

Les délirants partisans machistes d'une sexualité ejaculocentrique ont même attribué à la femme une « éjaculation ».

Pourquoi insister ainsi tant sur l'éjaculation ? Parce que pour ces crétins la sexualité a un but : satisfaire monsieur qui fait son petit pipi sexuel dans la dame. Et surtout pas admettre que la dame peut y compris jouir sans lui.

Elle n'a y compris simplement pas le droit d'exister sans lui. Quand j'étais petit, dans les années 1950, à Paris dans une boulangerie, j'ai assisté un jour à la scène suivante : une jeune étudiante demandait à la boulangère d'accepter une annonce pour des leçons de maths. Mais sur cette annonce ne figurerait pas le téléphone de la jeune fille. Ce serait à la boulangère de faire l'intermédiaire. Parce que sinon un téléphone affiché associé à un prénom féminin allait provoquer une avalanche d'appels de pervers obsédés sexuels... La boulangère approuvait. Ainsi était Paris et la France des années 1950...

Dans certains pays encore aujourd'hui la femme qui vit seule ou seule avec ses enfants, par choix, abandon ou parce qu'elle est veuve, est très mal vue. Elle peut y compris se faire violer voire assassiner. La police fermera les yeux.

Mon père me disait que jusque dans les années 1920 ou 1930, les hommes qui tuaient « par amour » étaient acquittés en France.

On dit aujourd'hui : « la femme est l'égal de l'homme ». Pourquoi ne dit-on jamais l'inverse ? Parce que dire : « l'homme est l'égal de la femme » signifie pour l'homme déroger... Il est la référence. Pas la femme.

Et pourquoi un ministère ou un secrétariat d'état aux droits des femmes et pas à l'égalité homme-femme ?

Dans le cours de la lutte pour son émancipation la femme a pris modèle sur l'homme dérangé, dans le domaine sexuel. Ce qui ne lui correspond pas. Physiologiquement elle est différente de l'homme dérangé qui nie depuis toujours la femme.

La société dominée par le machisme nie la sexualité féminine et la femme en général. Un grand tableau de Courbet rescapé d'une trilogie figurant l'amour entre femmes est exposé à présent au musée du Petit Palais à Paris sous le titre fallacieux « le sommeil » alors que son titre original est « après ». Il y avait un « avant » et un « pendant », détruits durant la dernière guerre par la douane suisse.

La « morale » dominante exige de « faire l'amour ». S'il y a intimité, l'accouplement est sensé être o-bli-ga-toi-re. Cet impératif idéologique conduit à quantité d'aberrations de comportements.

Dans les années 1990 je rencontre à Paris une Anglaise. Invité chez elle, nous commençons à nous embrasser et caresser. Elle me déclare : « impossible de faire l'amour, parce qu'il y a le SIDA ». Je lui réponds que ça n'est pas le problème, on n'est nullement obligé de « faire l'amour ». On peut faire quantité d'autres choses. Résultat, elle recouvre soigneusement son lit avec un grand drap. Et nus, nous passons deux heures avec grand plaisir à nous embrasser et nous caresser. A l'issue, nous prenons le thé et l'Anglaise s'esclaffe : « qu'est-ce qu'on a fait ? On n'a rien fait ! »

Car pour elle « faire quelque chose », c'était « faire l'amour ». Quelle aberration ! Par la suite, l'Anglaise évitera qu'on se revoit, car pour elle cela signifiait obligatoirement une « liaison » et j'étais pauvre et elle un peu riche.

Au nom du « plus » ou évite le réel.

Penser que l'amour c'est obligatoirement l'accouplement conduit à d'autres aberrations. Quand je vantais les caresses à une amie, sans y inclure comme conséquence obligée l'accouplement, elle me répondait : « oui, mais à un moment il faut passer à des choses plus sérieuses ».

Une autre amie, confondant la physiologie et la vie relationnelle invoquait l'érection comme obstacle aux câlins sans coït. Ainsi, il faudrait obéir aux corps caverneux du pénis. C'est eux qui décident de la marche à suivre ! C'est totalement risible mais ô combien hélas courant.

Allant dans ce sens un jeune homme expliquait que s'il entrait en érection sans « faire l'amour » ensuite il ressentirait des douleurs terribles ! Ce discours affabulateur lui a permis de faire « passer à la casserole » une jeune amie qui me l'a raconté par la suite.

La croyance dans la nécessité de l'accouplement amène des comportements absurdes. Une amie m'expliquait un jour qu'elle et une de ses copines draguaient et couchaient avec des garçons « sans plaisir ». Mais, alors, la questionnais-je, pourquoi couchez-vous ainsi ? Elle est restée silencieuse. A été incapable de me répondre.

Vouloir suivre la morale absurde machiste dominante conduit à des comportements contradictoires, des valses hésitations. Comme je l'ai déjà écrit dans ce blog, on rencontre des « tartines ». Sur le même principe de la tartine avec le beurre « mis et enlevé ». La fille s'avance vers le garçon, paraît « faire une ouverture », vouloir de l'amour, des câlins... puis, réalisant qu'elle se met « en danger », que la situation « exigera » de « faire l'amour », elle prend la fuite. Le beurre a été mis... et enlevé. Je connais ainsi une « tartine ». Quand je lui téléphone elle fond littéralement, on va se voir, on est très proche, on a plein de choses à se dire, elle va me téléphoner pour fixer notre rendez-vous... et puis, silence, pas d'appel. Si j'appelle, elle ne décroche pas. Et, quelques mois plus tard, quand enfin après un long arrêt de nos relations je l'appelle, elle décroche, et rebelote, même cinéma. Le beurre relationnel est « mis et enlevé ». Cette jeune femme est une « tartine ».

J'ai connu une autre jeune femme fort jolie que j'avais associé à l'image d'un « frigidaire à éclipses ». Quand la voyais, une fois sur deux elle était très câline. Et, alternativement, froide comme un frigidaire. Pourquoi ? Parce qu'elle avait besoin de câlins et, en même temps, peur des conséquences soi-disant obligatoires de ceux-ci : devoir « faire l'amour ».

Sortir de ce genre d'imbroglios n'est guère possible. D'autant plus que certains dragueurs incluent dans leurs manœuvres le discours comme quoi ils ne recherchent que des câlins sans coït. Et en fait mentent allégrement. Dire sincèrement la même chose qu'eux fait penser à tort à leurs ruses.

Pour échapper à la pression des dragueurs, dans les années 1920-1930, ma mère alors jeune fille s'était inventé un fiancé imaginaire. Est-ce que ça a changé tant que ça ? Combien de jeunes femmes font encore aujourd'hui pareil pour se débarrasser des importuns ?

Croire que tout individu est soit « en couple » soit drague a encore d'autres conséquences. Au début des années 1990 une très jolie jeune fille sans fiancé ou petit copain m'expliquait que ses copines « en couple » la rejetaient. Car elles se disaient qu'elle était forcément « une briseuse de couple ».

Même genre d'ostracisme : dans les années 1980, une amie m'expliquait que, suite à son divorce, quantité de ses copines mariées ne voulaient plus la fréquenter. Motif : elles se disaient qu'une jolie femme divorcée était forcément « une briseuse de couples ».

Tous ces délires dans le domaine du comportement sexuel conduit à une intolérance et une peur généralisée dans le domaine des mœurs. Il n'est pas difficile d'observer, par exemple, des filles qui ont peur dans le métro. Peur d'être importunées, abordées, embêtées. Une jolie amie me racontait comment elle était régulièrement harcelée dans les transports en commun parisiens.

Lire seule un livre sans se faire systématiquement importuner est impossible aujourd'hui pour une jolie fille dans des lieux parisiens comme le jardin du Luxembourg ou le parc des Buttes-Chaumont.

Si une jolie fille se trouve seule elle est considérée comme une proie.

A Paris, il y a cinquante ans, quand très jeune homme je regardais une jeune femme droit dans les yeux en la croisant dans la rue, elle baissait systématiquement son regard. Seule une dans le nombre a soutenu mon regard. Ça a changé depuis. Mais c'est très loin d'être parfait. Dans le métro ou l'autobus les jeunes femmes évitent le plus souvent de regarder directement un homme. Elles usent de toute une panoplie de regards indirects. C'est aberrant. Dans quel monde vivons-nous ? Il est très bizarre, aberrant et insatisfaisant. Et c'est le nôtre.

Les hommes ont souvent peur des femmes et réciproquement. Alors qu'ils devraient se sentir au contraire proches. Mais leur domaine relationnel est pollué par une masse de préjugés.

Bizarrement, à force de voir la situation bloquée, on assiste parfois à des réactions extrêmes : des jeunes filles draguent furieusement. Le résultat n'est pas toujours satisfaisant pour elles. Les filles qui draguent visiblement et ouvertement ne sont pas respectées.

Il faudrait remettre en question la situation générale des relations « amoureuses ». Ce qui paraît nouveau, c'est que ça commence à être fait.

Dernièrement j'étais surpris de lire sur Internet un débat où des jeunes hommes rejetaient vigoureusement le rôle que la société traditionnellement leur assigne. En substance ils disaient : « on n'est pas obligé de chercher systématiquement à baiser ».

Et une femme il y a quelques jours expliquait devant moi qu'il existe des hommes « lesbiens ». C'est-à-dire qui ne cherchent pas systématiquement la pénétration sexuelle avec les femmes, mais préfèrent les câlins.

Ces faibles éléments m'inclinent à penser que commencerait à présent un mouvement de rejet du crétinisme sexuel machiste établi avec son imitation complémentaire féminine. Arriverait ainsi l'émergence d'une nouvelle sexualité respectueuse des hommes, des femmes et de l'amour.

Ce texte participant modestement à ce mouvement.

Basile, philosophe naïf, Paris le 4 septembre 2014

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