samedi 27 septembre 2014

281 Barbarie vestimentaire

La personne avec laquelle je partageais à l'époque ma vie, et moi, il y a quelques années avons passé nos vacances dans un camping naturiste. Il faisait très beau. Et, au bout de ces quinze ou vingt jours de vie en tenue naturelle, nous revoilà à la gare. Tout le monde, nous y compris, habillés sous une chaleur accablante, suant à grosses gouttes. Et notre impression étant instantanément : « ce monde est totalement fou. A quoi servent tous ces vêtements qu'on nous oblige à porter ? »

Fruit d'une longue réflexion, je décide cet été d'être sans vêtements le plus souvent possible. Phénomène étrange et nouveau : alors que je me sentais comme il faut habillé, mon sentiment s'inverse. Voilà que je suis à l'aise sans vêtements et ennuyé avec.

De plus, j'ai le sentiment d'être enfermé ! Habitant Paris, il m'est interdit de sortir. Je ne peux le faire qu'à condition de m'embarrasser avec ces inutiles déguisements que sont les « vêtements d'été », aussi inutiles, aberrants, énervants, stupides et imposés que le sont les « vêtements de bains ».

Et, avec ça, interdit d'ouvrir sa fenêtre, d'aller à celle-ci sans un minimum de rideau, de sortir sur le palier ou dans l'escalier. Et, le soir, quand la nuit n'est pas encore complètement tombée, impossible de ne laisser que les rideaux de tulle tout en allumant la lumière électrique. Je ne peux pas profiter des dernières lueurs du jour. Il me faut tirer les rideaux opaques avant d'allumer la lumière.

En résumé, j'ai le sentiment de me retrouver dans la clandestinité.

Les semaines passent. Je m'accoutume à ce confinement. A présent mon regard sur les vêtements usuels change.

Nous trouvons les triple jupons, les crinolines d'antan malcommodes et ridicules... Mais nos vêtements actuels le sont aussi. Simplement, nous ne le réalisons généralement pas du tout.

Il fait chaud, et dans la rue à Paris évoluent des gens portant plusieurs épaisseurs de vêtements. Et des chaussures bien fermées renfermant des pieds qui puent.

Et tout ça au nom de quoi ? De la décence et des bonnes manières ! Quelle « décence », quelles « bonnes manières » ? La folie oui, et collective, s'il vous plaît. Qui n'empêche nullement, bien au contraire, les mauvaises manières et les agressions.

Certains crétins disent qu'un vêtement très léger est un « appel au viol ». Quel appel ? Si je vois une fille, y compris nue, je ne l'agresse pas. Ma sensibilité et mon éducation s'opposent à un tel comportement. Ce ne sont pas les vêtements légers qui incitent à l'agression, mais la bêtise et la brutalité des agresseurs éventuels. Incriminer les vêtements de la victime. Et donc sa manière de s'habiller, revient à lui nier sa liberté et exempter de leur culpabilité les agresseurs.

C'est la énième version du boniment machiste : « si une femme se fait violer c'est qu'elle le veut bien ». Comment peut-on « vouloir être violé », Ce propos est absurde. Et conservateur, car il prétend subordonner les femmes aux idées tordues de certains hommes. Quand bien-même une femme me paraîtrait la plus séduisante du monde, je n'y mettrais jamais les mains sans son autorisation. Je sais que tous les hommes ne pensent pas ainsi. Il y a quelques semaines dans un pique-nique j'en observais qui se gênaient si peu, qu'ils ont fait fuir les deux jeunes femmes auxquelles ils parlaient. Tout le monde devrait avoir le droit de s'habiller comme il l'entend ou de rester tout nu en public et partout. On est très loin de cette situation.

Basile, philosophe naïf, Paris le 27 septembre 2014

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire