mercredi 24 décembre 2014

322 Parler dix, douze, quinze, vingt langues...

Apprendre une langue étrangère apparaît généralement comme un travail long, difficile, ardu, laborieux. Pourtant, on voit les petits enfants apprendre avec facilités plusieurs langues à la fois. Et on rencontre à l'occasion des personnes qui apprennent des langues très vite et en parle dix ou douze. Et ce ne sont pas forcément des personnes cultivées. Comment font-elles, comment expliquer ce mystère ?

Il s'agit de la facilité d'accès à la pensée non verbalisée. Prenons un exemple simple : « chat » se dit en français : chat, en allemand : katze, en anglais : cat, en japonais : neko, en roumain : pissic, etc.

Mais ce que ces mots en diverses langues désignent existe indépendamment d'eux. Si le chat existe, il n'a pas besoin de s'appeler chat. Nous pouvons connaître le chat, l'espèce chat, l'idée chat, sans avoir pour autant besoin et connaissance de l'existence du mot chat...

Un enfant découvre un jour et pour la première fois de sa vie un chat. Il le voit. Il acquiert l'idée chat. Sur le coup, par la suite, ou parfois avant, on lui apprend le mot chat.

Il associe alors le chat, l'idée chat avec le mot chat.

Mais, admettons que sa maman soit par exemple Anglaise ou Australienne et son papa Français, Québécois ou Wallon. Que les deux parlent anglais et français et souhaitent que leur enfant soit bilingue. Quand il verra un chat pour la première fois, ses parents lui diront : « cet animal s'appelle chat en français et cat en anglais ».

Et l'enfant apprendra facilement les deux mots, parce que sa conscience sera vierge, pas habitué à penser en français ou en anglais. L'idée chat sera vivante et précédera le mot chat ou cat.

Quand les années passent, nous nous habituons à l'association de l'objet, l'idée de l'objet et le mot lui correspondant dans une langue donnée. Ainsi, ayant appris un jour que l'objet chat, l'idée chat correspondent au mot chat, nous aurons du mal un jour à apprendre et retenir que le chat s'appelle aussi, par exemple, neko. Si nous sommes adulte et Français et étudions le japonais, entre l'objet chat, l'idée chat et le mot neko, va s'interposer le mot chat en français. Il faudra faire un effort... A moins que nous ayons une disposition d'esprit, une fraicheur qui fait que nous considérions le chat sans l'associer d'emblée au mot chat. Que nous le regardons avec des yeux d'enfant. Et alors, nous apprendrons les langues aussi facilement et rapidement que quand nous étions enfant.

La langue est un outil, mais aussi une limite de la pensée, une entrave.

Pour apprendre dix, douze, quinze, vingt langues, il faut complétement repenser notre mode d'apprentissage. Il faut, si c'est possible, par des exercices, parvenir à retrouver notre fraicheur de pensée et perception enfantine.

Et alors, nous apprendrons dix, douze, quinze, vingt langues sans difficultés. Comme le font certaines personnes qui, spontanément, ont conservé leur fraicheur enfantine pour aborder l'étude des langues. Cette recherche de la fraicheur de la pensée pourrait également donner lieu à améliorer les méthodes d'apprentissage dans d'autres domaines que les langues. Et aussi à aider à retrouver la créativité enfantine stérilisée bien souvent par la suite. Tous les enfants sont des artistes, des peintres et des poètes. Il faut aider l'albatros enfantin a retrouver adulte ses ailes ankylosées, son enthousiasme et sa joie oubliés.

Basile, philosophe naïf, Paris le 24 décembre 2014

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