jeudi 30 avril 2015

374 La simple nudité prolongée jamais ?

Quand sommes-nous nus ? Autant dire jamais, et quand ça arrive ce n'est pas pour bien longtemps. Ce qui fait que les humains de sexe masculin sont en permanence branlé plus ou moins par des vêtements qui frottent et compriment leur pénis, comme durant l'acte sexuel. Ce qui n'est en rien anodin et les dérange mentalement.

Et les naturistes ? Les naturistes ne sont jamais vraiment pleinement nus. De sexe masculin, dès leur douzième ou treizième année environ, ils vivent dans la terreur permanente de l'érection publique. Quant aux naturistes de sexe féminin, dès le plus jeune âge on leur inculque le commandement d'éviter de trop écarter les jambes en public. De plus, les naturistes restent fréquemment chaussés. Et, le soir, quand vient la fraicheur, ils s'habillent. C'est dire que seuls semble-t-il de bien rares peuples, comme les aborigènes d'Australie sont nus en permanence. Mais leur conscience doit être sans doute encombrée comme la nôtre par des concepts compliquant l'état naturel pour en faire autre chose dans la conscience des individus concernés.

J'ai cherché à expérimenter le fait d'être nu le plus souvent et longtemps possible chez moi, loin du regard des autres. C'est ainsi que j'ai pu constater dernièrement un phénomène survenu sans qu'il soit prémédité.

En général rester nu le plus souvent possible était un état qui s'interrompait au moins une fois dans la journée car il me fallait m'habiller pour sortir de chez moi. Or, dernièrement, il est arrivé qu'une journée entière je suis resté nu chez moi sans sortir et le lendemain aussi. Ce qui a généré un état particulier qui dure encore depuis plusieurs jours : un désintérêt très marqué pour le « sexe » commercial, stupide et consumériste qui prospère dans notre société. Et, après coup, j'ai réalisé une chose :

Je suis resté deux jours de suite nu... pour la première fois de ma vie ! Et cela a généré une modification de ma conscience. Elle s'est éloigné des schémas sexolâtres qui mettent du sexe partout et surtout là où il n'a rien à faire. Le port de vêtements en permanence, leur compression et frottements sur le sexe dérangent de manière mécanique la pensée masculine. Me dénuder durant quarante-huit heures a eu des répercussions directes sur ma manière de voir, réagir et penser.

On me dira que c'est un point de vue personnel. Je ne crois pas être si exceptionnel que ça. Mes réactions sont probablement celles que pourront avoir quantité d'autres personnes. La nudité effective prolongée guérirait la conscience des vieilles obsessions sexuelles qui dérangent la société et les relations entre les humains.

Certes, il faudrait étudier la question sur un échantillonnage plus grand d'êtres humains. Mais c'est déjà une piste de recherches. L'harmonie entre l'homme et la femme pourrait peut-être surgir suite à des mesures simples. Mais qui ne font pas partie de la culture « habillée » que nous connaissons.

S'agissant de la nudité, je remarque que traditionnellement on voit des personnes condamner l'homosexualité comme étant « contre-nature ». Ce qui signifie que ceux qui prononcent cette condamnation défendent « la nature ». Il n'y a rien de plus artificiel et contre-nature que le port de vêtements. Nous sommes à notre naissance et naturellement nus. J'attends que ceux qui condamnent l'homosexualité comme « contre-nature » se mettent en accord avec leurs propos. C'est-à-dire ôtent leurs vêtements et se montrent à nous nus. Ou bien qu'ils cessent d'invoquer la Nature comme une loi supérieure qui s'impose. Ou alors qu'ils nous amènent voir l'arbre sur lequel poussent les slips.

Basile, philosophe naïf, Paris le 30 avril 2015

373 A propos de la recherche de la Vérité

La Vérité est une, mais les chemins qui y conduisent et l'angle de vue pour la voir varient selon les gens. Si un moineau dit que l'arbre est grand et l'éléphant dit du même arbre qu'il est de taille moyenne, ils ont tous les deux raisons. La Vérité n'est pas directement transmissible par la parole ou l'écrit. Car elle est à la fois extraordinairement simple et complexe.

On peut comparer la Vérité à la mer. Si vous habitez Paris et n'avez jamais vu la mer, je peux vous expliquer quantité de choses et vous donner quantité de précisions sur elle. Je peux aussi vous expliquer quel chemin vous pouvez prendre pour aller la voir. Mais ce ne sont pas mes mots qui vous permettront de vous faire une idée juste et exacte de ce à quoi sa vue ressemble.

La Vérité ne peut pas non plus être définie. Pouvez-vous définir le goût du sucre ? Non, bien que ce goût peut être ressenti. Les mots eux-mêmes sont traîtres et biaisés. Si je dis, par exemple, que la Vérité consiste entre autres à aimer son prochain, ces mots signifieront quantité de choses diverses et différentes suivant les oreilles qui m'entendront.

La Vérité est à la fois très simple : la mer est une étendue d'eau jusqu'à l'horizon. Et complexe, car elle, sa vue, va soulever en nous quantité d'échos qui sont inexprimables indéfinissables... avant notre naissance, n'avons-nous pas vécu plusieurs mois dans un milieu aquatique, par exemple ? Toutes sortes de choses vont s'éveiller en nous au contact, à la vue de la mer. Inutile et vain serait de tenter de tout analyser, synthétiser, résumer... c'est impossible.

La Vérité est telle qu'il arrive aussi qu'à trop la chercher on s'en éloigne, on s'égare. Le monde est rempli de chercheurs que leur excès de recherches, d'empressement à vouloir trouver a conduit dans des délires, des impasses. Et aussi parfois à être égaré par des imposteurs. Je pense, par exemple, ici, aux charlatans qu'on peut rencontrer dans les sectes ou dans le milieu de la politique.

On ne saurait dire : « j'ai trouvé la Vérité », mais « il me semble que j'ai compris quelque chose que je ne comprenais pas jusqu'à aujourd'hui ». Et demain ? Je poursuivrais ma route et découvrirais encore un peu plus ce que j'ignore. Et cherche sans en connaître par avance le contenu.

Le chat qui dort connait la Vérité, mais il ne sait pas qu'il la connait. Il la vit, tout simplement. Ce qu'il faut, c'est vivre la Vérité. Ce qui nous arrive par moments. La méconnaissance de la Vérité consiste très souvent à se poser de faux problèmes et chercher les réponses à des fausses questions.

A-t-on besoin de connaître le nombre précis de cheveux qu'on a sur sa tête ?

Certaines questions dissimulent un malaise ou une autre question ? Ainsi la question : « quel est le sens de la vie ? » dissimule en fait la question : « pourquoi meurt-on ? » Car « le sens de la vie » c'est vivre. Mais en disant ça on ne dit pas ce que c'est que « vivre ». Et si on dit : « vivre c'est aimer », on ne définit pas non plus ce que signifie « aimer ». Et ainsi de suite, on peut continuer, comme s'il s'agissait d'une multitude de poupées gigognes. Il faut non pas dire ou penser mais sentir et vivre la Vérité. Exactement comme le chat qui dort. La plus grande sagesse c'est peut-être de ne pas se poser de questions. Mais, pour arriver à cet état, il faut déjà avoir beaucoup cherché et trituré mille et une questions en tous sens pour finir par se dire : « finalement, il n'existe pas de réponses et c'est tant mieux. Car en fait aucune questions ne se pose. Et la seule réponse à toutes les questions qui sont en fait toutes absentes, est peut-être : pourquoi se poser des questions ? Le chat qui dort ne se pose pas de questions. Il faut parvenir à atteindre cette sagesse qui consiste à ne pas ou plus en avoir. Comme le chat qui dort, exactement. »

Basile, philosophe naïf, Paris le 30 avril 2015

372 A propos de la divergence sexuelle homme-femme

Les hommes sont réputés plus portés sur « la chose » que les femmes... Est-ce vrai et si oui, comment et pourquoi ?

Un élément paraît indiquer déjà une piste. Contrairement à la femme, qui dispose de quatre membres, l'homme en a cinq. Le cinquième, traditionnellement et très souvent il en fait tout un monde. Ce serait sa fierté, sa force, son courage, son identité. Sous-entendu, entre autres, que la femme, par définition, serait faible et peureuse et l'homme fort et courageux. Car : « il a des couilles », ou plus simplement dit et sous-entendu : « il en a ».

Cette prétention est risible. Situer sa force et son courage dans ces deux petites boules flasques et fragiles... magnifiées, semble-t-il, uniquement parce que les hommes en ont et les femmes pas.

A l'origine, dans les temps les plus anciens de l'Humanité, les humains vivaient nus en permanence. Aujourd'hui, à Paris, par exemple, l'homme est en permanence habillé. Même quand il fait très chaud et que le port de vêtements est inutile, malsain et désagréable.

Cet état habillé en permanence n'est pas sans conséquences pour sa conscience. Le fait de dérober à sa vue sa nudité et celle des autres crée un besoin artificiel de voir ce qui était fait pour être vu et est à présent caché. Le plaisir ou le dégoût éventuel ressenti à cette vue est qualifié de « sexuel », ce qui est une extension culturelle boursouflée et abusive du concept du « sexuel » déjà largement indéfini.

De plus, le vêtement qui enserre son cinquième membre, non seulement l'isole de la vue, mais le comprime et frotte en permanence, chose qui arrive singulièrement au moment de l'acte sexuel. L'isolement du membre par les vêtements conduit également à priver celui-ci du contact naturel avec les cuisses. Ce qui fait qu'une fois nu, la présence de cet organe sera augmenté par la sensation inhabituelle de ce contact. Loin de faire disparaître de la conscience masculine le membre en le dissimulant quasi systématiquement, le vêtement en exaltera finalement la présence cachée.

Les diverses réactions génitales causées par de multiples raisons seront systématiquement et très abusivement qualifiées de « sexuelles », c'est-à-dire en lien et en direction de l'acte sexuel. Singulièrement une confusion extrême régnera autour de deux phénomènes : l'érection et l'émission des secrétions des glandes de Cowper. Quantités de motifs conduisent l'homme à érectionner, verbe qui, remarquons-le, est ici un néologisme, tout comme cowperiser, c'est-à-dire émettre une substance lubrifiante et gluante à partir du pénis. Or, le discours régnant est orienté dans le sens que ces deux réactions, et leurs équivalents féminins, seraient nécessairement un appel au coït.

Ainsi, par exemple, les secrétions des glandes de Cowper sont baptisées : liquide « pré-coïtal ». Pire, les gestes de tendresses entre individus sont baptisés « préliminaires ». Sous-entendu qu'ils doivent nécessairement mener à l'acte sexuel ! On nage ici dans le plus parfait délire imbécile et coïtolâtre... Tout doit soi-disant conduire à la recherche frénétique de l'accouplement, consacré par certains crétins « la plus belle manière de communiquer ».

En fait, il existe une tonne de contacts - y compris tendres, - et de réactions - y compris génitales, - qui n'ont rien à voir avec l'acte sexuel. L'indigence mécanique de la plupart des vidéos pornographiques en témoignent. Ces mises en scène de la mythologie sexuelle machiste par des « acteurs » suivant un plan d'action produit d'une motivation financière brillent par leur misérabilisme. Si on considère la plupart de ces scénarios mécaniques pour ce qu'ils sont, en s'interrogeant sur les motivations visibles des « acteurs », on fini par ne plus trouver du tout excitantes ces productions.

Mais quel regard objectif peut avoir un individu de sexe masculin qui, habillé la plupart du temps, se retrouve en permanence branlé par ses vêtements ? Le trouble relationnel trouve là aussi sa source. Plus l'erreur totale d'interprétation des réactions génitales et la mythologie qui entoure l'acte sexuel.

Suivre la mythologie sexuelle machiste régnante conduit l'homme à une sorte de surdité et cécité volontaire vis-à-vis des femmes. Comprendre la femme serait soi-disant une chose impossible... mais si, pour la comprendre, l'homme commençait par écouter ce qu'elle dit, regarder ce qu'elle exprime ?

L'homme, à force de ne regarder que son zizi et harceler la femme en la ravalant au rang de morceau de viande sexuel conduit celle-ci à la crainte et la peur permanente. Une femme, par exemple, ne pourra jamais dire à un homme qu'elle aime son « physique » sans craindre de le voir affecter le comportement d'un obsédé sexuel la bave aux lèvres. Alors... elle se tait.

Combien d'hommes et de femmes souffrent de ne pas entendre de compliments sincères, appréciations positives émanant de l'autre sexe ? Mais, le terrain est miné. On n'ose pas s'y aventurer. Vous vous voyez dire à une femme inconnue : « j'aime vos fesses ? » C'est vulgaire. Pourquoi ? Parce que le discours régnant prétend tout subordonner ou presque dans les relations inter-humaines en tous cas homme-femme à l'acte sexuel. Cet acte devient alors aussi encombrant qu'un âne qu'on aurait installé au milieu d'un salon, ou un chimpanzé qu'on aurait placé au milieu de la table d'une salle à manger. Un âne ou un chimpanzé n'ont rien en soi de répréhensible. Mais ce n'est pas là leur place.

L'obsession sexuelle commence tôt dans la vie. A un âge où l'acte sexuel n'est physiologiquement pas à l'ordre du jour, la « pudeur » sensée protéger, conduit à la curiosité malsaine. Une chose cachée est forcément mauvaise. Mais, réservée aux « adultes » elle suscite la curiosité de ceux qui ne le sont pas encore. Et Internet est là pour fournir des images vulgaires bien avant l'âge « adulte ». Et le frottement et la compression du pénis par les vêtements commencent très tôt dans la vie.

Le conditionnement sexuel et les discours sur le sexe sont omniprésents de façon directe ou indirecte dans la société où nous vivons. S'affranchir des aberrations de comportements et pensées qu'ils engendrent est indispensable pour retrouver son authenticité et sa liberté. Il appartient à chacun de faire son chemin lui-même. On ne sort pas d'un conditionnement par l'écoute d'un discours, si juste soit-il, mais par un cheminement de vie personnel. Sinon, il suffirait d'écrire sur un morceau de papier « soyez bon ». Le faire lire à tous. Et le tour serait joué et tous les problèmes relationnels réglés. Ce n'est pas si simple.

La philosophie est un processus vivant. On ne saurait simplement donner des réponses aux grandes questions, mais seulement des éléments pour aider la réflexion éventuelle. Tous les efforts doivent d'abord venir de nous-même. Ils sont longs, pénibles, douloureux, comportent avancées et reculs. Mais, sans eux point de progrès. La sagesse amène la paix et ouvre des portes inconnues révélant des richesses insoupçonnées.

La vérité est bien cachée, à l'intérieur de nous-mêmes. Comprendre l'univers, c'est comprendre l'univers qui est en nous. Certains diront : « ce n'est pas l'univers, mais Dieu qu'il faut comprendre ». Mais, si on est d'accord avec ce mode de voir le monde, Dieu aussi est en nous. Donc on en revient au même. Comprendre le monde c'est se comprendre soi-même. Les autres nous servent de miroirs, plus ou moins compréhensibles. La vie n'est pas donnée. Elle est à trouver et en vaut la peine... Cherchez ! Cherchez... Bonnes recherches à tous ceux qui voudront bien chercher !

Basile, philosophe naïf, Paris le 30 avril 2015

mardi 28 avril 2015

371 Le sort de la civilisation se décide aujourd'hui à Athènes

Souhaitez-vous qu'un jour, dans quelques millions d'années, les lointains descendants des rats, des chats ou des renards ayant évolué et créé une civilisation découvre qu'il en existait une avant eux sur Terre : la nôtre ? Non, bien entendu, pourtant l'avenir de la civilisation humaine se joue aujourd'hui. Il est entre les mains d'un petit nombre de gens. Qui sont grecs.

La Grèce en 2015 occupe la place qu'a eu l'Espagne en 1936. De l'issue du conflit qui s'y déroule dépend la suite du reste à l'international. Si en 1936 les anarchistes et autres révolutionnaires espagnols avaient triomphé du soulèvement militaire mené par les amis d'Hitler et Mussolini, la suite aurait été différente. La défaite des peuples d'Espagne abandonnés lâchement par la France, avec sa soi-disant « non intervention », et attaqués de l'intérieur par l'Union soviétique et de l'extérieur par l'Allemagne et l'Italie a conduit au deuxième conflit mondial.

Si à présent les Grecs perdent face à la charge des ultras libéraux, le monde partira en vrille. Nous risquons à terme y compris un conflit militaire armé mondial. Qui sera le dernier étant donné les moyens employés. Ce conflit a déjà failli éclater lors du rattachement de la Crimée à la Russie.

Il n'y a présentement aucune négociation entre la Grèce et ceux à qui elle fait face : les gouvernements de 27 pays européens, dont la France, la Commission européenne non élue, la Banque centrale européenne et le Fond monétaire international. Il s'agit d'un conflit. Où d'un côté on exige une capitulation des Grecs. De l'autre, on résiste.

Les ultra libéraux exigent du gouvernement grec qu'il applique la politique de destruction du tissu social et de vente du pays qu'ont pratiqué les politiques grecs durant des années. Augmenter la TVA, liquider plus encore les lois sociales, baisser encore les salaires et retraites, faire partir plus tard les Grecs à la retraite, etc. Non pas pour redresser l'économie, mais l'enfoncer encore plus. Pourquoi ? Parce que les ultra libéraux ont un jour décidé que ce schéma leur plaisait et ne les dérangeait pas. La faim des Grecs ne touche pas ceux qui vivent dans l'opulence sous les lambris dorés des banques ou des ministères français, allemands et autres. Ou au rutilant siège tout neuf de la Banque centrale européenne dont la construction a duré trois ans et couté plus d'un milliard d'euros. Le monde des ultra libéraux se réduit à leur salle à manger et leur chambre à coucher : bouffer et baiser.

Face à eux, les dirigeants grecs résistent. Ils résistent parce qu'ils ont foi en quelque chose. En quoi ont foi les ultra libéraux ? En rien. Ils croient au néant. Car seule leur vie « matérielle » ici et maintenant les intéresse. Gagner le plus d'argent possible. « Posséder » le plus de « richesses » possible. Avoir le plus de « partenaires sexuels » possible. Ils ont une peur panique de la maladie, des malades et de la mort, de leur mort inévitable un jour. Que peuvent faire de bon de tels ultra libéraux paniqués de la sorte ? Rien, ou plutôt si, prendre leur retraite serait le mieux. Mais il n'en est pas question. Alors, ils sirotent leur terreur en permanence. Que peut signifier pour eux l'envie de vivre des Grecs ? Rien, puisque eux-mêmes ne croient pas à leur propre vie. On ne devrait jamais accepter à un poste de responsabilité élevée des gens qui tremblent de peur en permanence.

Les grands hommes croient en quelque chose. Les petits, seul leur sort personnel les intéresse. Les dirigeants grecs croient en quelque chose : l'avenir de leur pays face à la barbarie financière. Je suis de tout cœur avec eux. Aujourd'hui, de facto, ils luttent non seulement pour défendre leur pays, mais le monde entier, y compris nous. Notre sort est entre leurs mains. De la Grèce, berceau de notre civilisation, que vienne l'ouragan qui la sauvera. Et nous débarrassera de tous les appétits malades qui la menacent aujourd'hui. Les Grecs seront à la hauteur de leur héritage antique. L'Acropole nous regarde et nous le saluons. Vive Byron ! Liberté ! Démocratie ! Ελευθερία! Η δημοκρατία!

Basile, philosophe naïf, Paris le 27 avril 2015

samedi 25 avril 2015

370 Pour que naisse la femme et l'homme véritable

Diogène de Sinope en plein jour parcourait les rues, portant une lanterne allumée à la main, et déclarait : « je cherche un homme ». Il avait raison. Et c'est toujours vrai en tous cas en France et à Paris et certainement dans la plupart des lieux habités de par le monde. Où sont les hommes ? Il n'y en a pas. Ils ne sont pas nés. Il faut qu'ils naissent. Et comment naitront-ils ?

Ce qui empêche les hommes, les femmes de naître, c'est une vie relationnelle ritualisée artificialisée. Car l'humain est social. Et quand il ne peut vivre vraiment sa relation à l'autre, il n'arrive pas à exister véritablement. Il n'est que l'ombre de lui-même qui n'est pas né. Qui n'arrive pas à naître.

Observons sa vie : nouveau né et très petit l'être humain existe pleinement. On le traite comme ce qu'il est. Mais, bien vite ça déraille. Une amie aide-puéricultrice dans les crèches de la ville de Paris m'expliquait : « quand il fait très chaud, que c'est la canicule, on nous oblige à habiller les enfants. En particulier de ne les laisser en aucun cas torse nu. On doit systématiquement leur mettre un tee shirt. »

Pourquoi ? Pour inculquer à des gamins de trois ans, moins ou plus « la pudeur ». Ça, on ne le dit pas. Parallèlement est développé un phénomène sournois et non proclamé comme existant : le sevrage tactile.

Très petit, un enfant est touché partout. On le lave, l'embrasse, le caresse. Quand arrive le sevrage tactile, on arrête tout ça. L'enfant doit être en permanence habillé même s'il fait très chaud. Dormir seul dans son lit, de préférence dans l'obscurité. Se laver seul. Ne plus être touché. Il est considéré devenu irrémédiablement « grand ». Il est privé de toucher. Plus d'une fois j'ai entendu des mères se plaindre de la recherche de contacts par leur enfant. « C'est une liane » me disait écœurée une mère parlant d'une de ses fillettes. Ladite fillette, privée de caresses, faisait une sorte de crise nerveuse dans son lit tous les soirs avant de s'endormir. Elle lançait ses jambes et ses bras dans des sortes de mouvements convulsifs. Au lieu de se demander ce qui n'allait pas, sa mère s'appliquait à la rassurer et lui faire non pas s'extraire de ce processus... mais l'intérioriser, l'accepter. Ce qu'elle a fini par faire. La petite fille est devenue une fillette normale. C'est-à-dire dans la norme, acceptant la misère tactile générale. Et ensuite, des décennies plus tard, elle est devenue une jeune fille, puis une jeune femme comme il faut. C'est-à-dire flanquée d'un petit copain. Tout va bien, elle est « comme tout le monde ».

Ce qui signifie qu'arrivée à un âge où on s'émancipe de la tutelle parentale elle a retrouvé le toucher mais biaisé par la « sexualité », c'est-à-dire le contact ritualisé, intellectualisé, devant conduire au coït. Même quand cet acte le plus souvent n'est pas désiré, mais seulement décidé, pensé comme bon, naturel, souhaitable, évident, allant de soi, inévitable, etc. On ne baise pas parce qu'on en a envie mais parce qu'on fait comme tout le monde. Ce comportement habituel et monstrueux je l'ai connu moi aussi. Et l'ai pratiqué avec la meilleure volonté du monde. J'ai été durant des dizaines d'années très con comme mon entourage et des milliards d'autres êtres humains au cours de l'histoire et aujourd'hui. Et, quand ça ne va pas, une kyrielle d'articles, ouvrages, théories à la mords-moi le nœud sont là pour essayer de me convaincre de « réussir quand même ma vie sexuelle »... Vous n'avez pas envie ? Ou vous n'avez plus envie ? Vous en avez marre ? Ça vous dégoûte ? Vous avez des goûts bizarres ? Vous ne bandez pas ? Patience ! Un régiment de thaumaturges, faux docteurs diplômés ou non, psy de diverses chapelles et variétés sont là pour vous tirer d'affaire et vous amener à « vous remettre à l'ouvrage » !

Enfermée dans une sexualité artificielle, dans ces conditions, une femme n'est pas une femme. Elle n'est pas née. Ses parents, sa mère, la société, son copain l'ont empêché de naître. Et, plus tard, elle reproduira les mêmes schémas avec ses enfants.

A la clé, ce système général génère une très vaste armée de « gueules cassées » de l'amour : déçus, désespérés, dépressifs, habitués des services psychiatriques, alcooliques, drogués... voire simplement suicidés.

L'ordre moral régnant fait des dizaines de milliers de morts par an, par suicides.

Mais, nous arrive-t-il adultes à avoir des contacts authentiques avec les autres ? Des fois oui, ça nous arrive. Dans des situations exceptionnelles nous parvenons malgré tout à être nous-mêmes. Ou alors c'est le fruit bien involontaire des règlements existants. Par exemple, dans certains cas le contact sexuel est interdit par la morale. Il peut arriver alors qu'il permette à l'authenticité d'exister. Mais, c'est un accident. Le plus souvent la morale crée le trouble plutôt que de douces certitudes.

Sortir du désordre général est pénible, long, difficile, douloureux et dangereux. Dangereux, car s'évader de la prison conduit souvent au désœuvrement dans la liberté. Rien n'est fait pour amener à comprendre le jeu réel des relations. Le risque est de s'isoler, déprimer. Et aller mal au lieu d'aller mieux.

Car il ne suffit pas de s'extirper du système de penser ou plutôt de non pensée existant. Il faut trouver également à qui parler. Et au milieu des sourds, c'est plutôt difficile. On se retrouve comme Diogène de Sinope, sauf que sa lanterne antique peut être aujourd'hui remplacée par une lampe électrique.

Quand un homme apparaît visiblement seul à Paris on va voir diverses réactions possibles suscitées par sa vue : sa vie est mystérieuse, on ne la connait pas, il a certainement quelqu'un. Ou bien : c'est un malheureux, un malade, un obsédé, un homosexuel... On ne se dira pas : « voilà un homme libre qui pense autrement ». Car la liberté elle-même paraît inconcevable à beaucoup. Quand on parle de relation femme-homme, quantité de gens s'empresse de dire : « il faut savoir faire des concessions » ou bien : « ça n'est pas tous les jours tout rose » ou : « il ne faut pas trop en demander ». Mais pourquoi toujours parler de concessions, excès d'exigences et déceptions inévitables ? S'il s'agissait, par exemple, de prendre un bon repas, présenterait-on les choses pareillement ?

Si je dis : « je veux prendre un bon repas », me répond-t-on : « il faut savoir faire des concessions », « ça n'est pas toujours tout rose », « il faut savoir ne pas trop en demander » ? Pourquoi prendre un bon repas serait fondamentalement différent du fait d'entretenir une bonne relation avec quelqu'un ? Pourquoi toujours évoquer de telles négativités ? La vie devrait-elle être fatalement si compliquée ? Ou c'est nous qui ne savons pas ce qu'il faut attendre, savoir faire, donner, exiger ou éviter ?

Arrêtons de mettre du sexe partout et considérons plutôt la réalité, même si autant dire personne autour de nous ne veut accepter de la voir. La vie est plus riche que le ramassis de caricatures qu'on nous offre en guise de portrait de celle-ci.

La liberté fait peur. La servitude volontaire rassure. Ce n'est pas moi qui le dit, mais La Boëtie au XVIème siècle. C'est toujours vrai aujourd'hui. Quantité de gens font de très grands efforts pour parvenir à être malheureux. Et leurs efforts sont récompensés. Ne les dérangeons pas. Ils sont libres d'être stupides. Et nous sommes libres de ne pas faire comme eux. La réflexion n'est pas facile quand elle emprunte des sentiers inconnus et escarpés. Mais l'essentiel est au bout. La lumière brille au fond devant nous. Alors, allons-y ! Et tant pis pour ceux qui ne veulent pas y aller. Ils ont peut-être d'excellentes raisons pour. Et nous en avons aussi pour ne pas faire comme eux.

Basile, philosophe naïf, Paris le 25 avril 2015

vendredi 24 avril 2015

369 Syndrome idéologique de Stockholm : le besoin de croire

Le phénomène du « syndrome de Stockholm » est très connu. Des gens normaux et ordinaires pris en otages dans une banque de Stockholm et menacés par un individu dangereux et armé ne tarirent pas d'éloges envers lui après la fin de cette prise d'otages. Pourquoi cette aberration ? Parce qu'ils avaient besoin de croire à ce conte de fées plutôt que d'accepter la terrible et sinistre réalité. Ce phénomène de négation de la réalité au bénéfice d'un conte fantaisiste est en fait des plus répandus. C'est pourquoi j'en ai dérivé le concept de « syndrome idéologique de Stockholm ». Pour satisfaire le besoin de croire en quelque chose d'imaginaire la réalité évidente est simplement niée au bénéfice d'un conte.

J'en ai eu la démonstration récemment. Une amie m'avait donné rendez-vous. Je m'étais dit : « nous allons bavarder de choses insouciantes et légères... foin de discours philosophiques ! » Las ! Ce fut tout le contraire. L'amie d'emblée me déclara être en souffrance. Larguée par son petit copain, ce qui m'amena à vouloir analyser sa situation à elle.

Je lui fit remarquer que quand pour la énième fois on souffre en amour comme d'innombrables autres personnes c'est une phénomène de société. Que la constante de nos malheurs ici c'est nous-mêmes. Il est inutile et faux de passer son temps à juste incriminer la responsabilité supposée des autres. Il faut considérer d'un regard critique son propre comportement, sa façon de penser. Changer sa manière de faire pour éviter la répétition des déceptions.

Mon amie en souffrance, entendant mes propos, me déclara ne pas souhaiter modifier sa démarche habituelle et pourtant inlassablement décevante. Elle comptait en dépit de toutes ses déceptions finir par rencontrer « la bonne personne » qui existe forcément quelque part... La logique, la raison, elle n'en avait visiblement que faire. Elle avait besoin de croire : le prochain, un autre, un jour, sera le bon. Comme on dit : « un jour, mon prince viendra... »

Au bout du compte c'est moi qui à ses yeux devenait suspect. Personne n'a le droit de remettre en question la jolie fable du prince charmant ou de la princesse charmante. Et tant pis si cette quête absurde conduit chaque année des dizaines de milliers de jeunes gens et jeunes filles au désespoir, à la dépression, au suicide. Le besoin de croire prime la raison. Aux yeux de la personne concernée et consternée, l'évidence s'efface et le rêve remplace la réalité. Plutôt que chercher à améliorer concrètement le présent, elle choisit de conserver intact dans sa tête le rêve d'un futur imaginaire qui tarde à venir. Et qui peut très bien ne jamais arriver.

Ce comportement est des plus habituels. J'en ai eu la preuve à mon propos. Il y a quelques années, j'ai rédigé un texte où je disais qu'il ne faut pas faire l'amour en suivant un raisonnement, mais seulement s'il existe un désir authentique et réel. Puis, j'ai rencontré une demoiselle et tout l'entourage et nous deux avons conclu que nous formions « un couple » et devions faire l'amour ensemble. Bien qu'il n'y avait pas là de désir mais juste un raisonnement. J'ai oublié prestement et complètement ce que j'avais pensé et écrit. J'avais besoin de croire à la fable du prince charmant et de la princesse charmante. C'était si beau et je me shootais avec mes endorphines à fond les manettes ! Le Paradis auto-produit en attendant le réveil et le retour au réel, qui par contraste sera une descente aux enfers. Mon illusion dura quelques années, puis finit fatalement et inévitablement par se fracasser sur la dure réalité. Alors, mais alors seulement je me souvins qu'on ne doit pas faire l'amour pour répondre à un raisonnement intellectuel. Ça fini mal. Et un certain temps après la fin de cette histoire j'ai retrouvé et lu mon texte où j'expliquais justement ce qu'il fallait éviter. Et que je n'avais pas cherché à éviter. Mon intellect s'était en quelque sorte déconnecté face au besoin de croire une rutilante fable aujourd'hui omniprésente : un homme, une femme, s'aiment et s'entendent, se font des câlins... donc, ils doivent faire l'amour, puisque c'est « un couple »... Eh bien non.

Ce besoin de croire qui anesthésie la conscience claire de la réalité explique quantité d'aberrations idéologiques. Si on considère, par exemple, un paradoxe comme : « si Dieu est tout puissant, il peut tout. Peut-il alors créer une pierre qu'il ne peut pas soulever ? » On conviendra que logiquement il existe ici une impossibilité pour la toute puissance. Ça n'empêche pas des quantités de gens à croire à cette toute puissance. Pourquoi ? Parce qu'ils ont besoin de croire...

Quand les gouvernements de 27 pays d'Europe s'obstinent à une politique de rigueur ou austérité, c'est la même chose, qui ruine tout. Peu importe qu'une quantité de gens leur démontre l'absurdité dévastatrice de leur politique. Ils veulent croire que leur politique est la bonne. Et, quand celle-ci fait augmenter, avec le sinistre Mémorandum de 40% la mortalité infantile en Grèce, ils s'obstinent. Sont-ils des monstres ces gouvernants ? Haïssent-ils les enfants grecs qu'ils font périr ainsi ? Pas du tout, ils n'ont aucune conscience de leur pouvoir destructeur en action. Une fois encore le syndrome idéologique de Stockholm fait qu'ils n'ont aucune conscience précise du mal qu'ils font.

Quand je fais revivre le Carnaval de Paris sur la seule base possible, c'est-à-dire libre, bénévole, gratuit et avec le minimum d'argent possible, j'entends fréquemment des messages parasites. Je devrais agir autrement. Chercher de l'argent, des soutiens politiques... qui entraineraient la mort rapide du Carnaval de Paris. J'ai beau l'expliquer à mes mauvais conseilleurs. Rien n'y fait. Ils ont besoin de croire à leurs recettes mortifères. D'autant plus absurdes à proposer à l'heure où des dizaines d'événements culturels disparaissent faute du renouvellement de leur subvention annuelle.

Base de la fête populaire il faut des goguettes, petites sociétés festives et chantantes de moins de vingt membres se réunissant ponctuellement et régulièrement pour passer un bon moment ensemble. Rien de plus simple à organiser qu'une goguette. Et en plus ça ne demande pas d'argent. Mais, aussi, en fait, rien de plus difficile à mettre en route. Pourquoi ? Parce que ne connaissant pas ce que c'est, les personnes auxquelles j'en parle ont besoin de penser organisation administrative, local, subventions, dépôt de statuts, investissement moral important. Elles n'arrivent pas à entendre mon message simplissime. Sauf petit à petit au bout d'un an, une dizaine de personnes qui se réunissent avec moi et forment avec moi une nouvelle goguette. Souhaitons que son exemple entraine d'autres initiatives du même ordre.

Quand la masse des gens a besoin de croire une chose qui va à l'encontre de la réalité, il lui est extrêmement difficile d'arriver à percevoir celle-ci. Et, si on tente de transmettre la conscience de celle-ci c'est pratiquement impossible. Expliquer le contraire de ce que vos interlocuteurs veulent croire, neutraliser en eux l'effet du syndrome idéologique de Stockholm, est autant dire rigoureusement impossible. Ce qui ne les empêche pas de se douter éventuellement de quelque chose d'inhabituel en voyant votre comportement. Ainsi, par exemple, tout dernièrement une grande et très belle jeune femme inconnue s'asseyait juste face à moi dans le métro. Elle n'a pas arrêté de me regarder en utilisant l'arsenal habituel féminin en usage à Paris pour regarder un homme en faisant semblant de ne pas le faire. Par exemple : le balayage, qui consiste à balayer un large champ de vision dans lequel se trouve par hasard l'homme qu'on veut regarder. Là, ce fut un festival de ces techniques, dont même un balayage que je ne connaissais pas, au lieu d'être de gauche à droite ou de droite à gauche, plus sophistiqué il fut de gauche en bas à droite en haut. Le message indirect de ce manège oculaire était : « comment se fait-il que vous ne cherchez pas à m'aborder ? » Y compris quitte à être ensuite envoyé balader. Mais là, je ne suivais pas la pensée unique et dragueuse régnante. Mon absence de tentative d'abordage de ladite belle l'a alors décontenancé. Ne pas faire « comme tout le monde » dérange y compris ceux qu'importune ce comportement de « tout le monde ». Ces comportements stéréotypés qui sont régimentés par le syndrome idéologique de Stockholm. Plutôt que me dire : « qu'ai-je à faire d'une jolie femme inconnue ? », et ne rien faire, il aurait fallu que je suive les fantasmes dominants. Et m'ennuie à tenter un abordage. Eh bien non.

Basile, philosophe naïf, Paris le 24 avril 2015

jeudi 23 avril 2015

368 S'alléger des mythes et vivre enfin sa vie

Qu'est-ce que « la sexualité » chez les humains ? C'est la prétention absurde, abusive et catastrophique à ce que certaines situations, certains gestes ou paroles impliquent impérativement la réalisation du coït, quelles que soient les circonstances réelles. Et surtout indépendamment du désir effectif d'accouplement qui est un sentiment très particulier. Et pas cet habituel raisonnement intellectuel : « je peux, je dois, c'est bien, indispensable, inévitable, glorieux... alors, j'y vais ! »

Cette « sexualité » est le fruit d'un conditionnement culturel qui conduit à terme ou d'emblée à la violence active ou passive. La violence active c'est l'agression de soi, de l'autre. La violence passive, c'est le renoncement, le repli sur soi. Échapper à ce conditionnement général et omniprésent n'est pas du tout évident. Le langage lui-même est biaisé et fournit des explications fausses. Quand, à force d'efforts, de résistance, d'interrogations, de courage et persévérance, je suis sorti de la « sexualité » conditionnelle, j'ai réalisé que : la nudité n'est pas sexuelle et n'implique en rien le coït. Lécher, sucer, mordiller relèvent du toilettage originel, quand l'humain vivait pleinement sa vie simiesque. Et n'est pas non plus « sexuel ». N'implique pas non plus la recherche automatique du coït. Que les réactions au niveau génital ne sont pas sexuelles. En ce sens qu'elles n'impliquent nullement l'existence automatique d'un désir d'accouplement. Que la masturbation n'est pas sexuelle. En ce sens qu'elle n'est en aucune façon l'expression automatique d'un besoin insatisfait de coït. Mais n'est le plus souvent qu'une habitude et une compensation d'une sensation générale de manque affectif. Et, enfin, que s'embrasser sur la bouche peut signifier en gros rien comme être tout à fait exclu. Pourquoi ? Parce que ça peux signifier « je t'aime » comme être une simple caresse. Quand ça signifie « je t'aime », si ce sentiment est absent, le baiser est à éviter.

Arriver à de telles conclusions amène à être une sorte d'OVNI. Pourquoi ? Parce que les gens autour de moi passent leur temps à rejeter ou rechercher l'acte sexuel. Tandis que moi je ne recherche ni ne rejette cet acte. Je ne suis pas contre, ni ne suis pour. C'est un acte mineur qui ne doit être réalisé que à condition qu'il existe un désir authentique et réciproque et des conditions favorables pour. Considérer que c'est le summum des relations homme femme, voire homme homme ou femme femme, est une fantastique bouffonnerie. L'être humain résumé à vingt centimètres carrés de peau ou muqueuse et à cinq minutes de jouissance... qui n'en est souvent pas une. Une telle gigantesque ânerie est par certains côtés un secret de Polichinelle. Car il est courant de voir des couples « idéaux » se défaire. Parce qu'ils n'ont d'« idéaux » que les apparences théoriques. La farce repose sur le mythe de « l'amour », si possible avec un grand « A ». Soi-disant que ce sentiment mystérieux surgit de nulle part résoudrait tout. Et, pour preuve, on nous montre des couples « qui marchent ». Mais, qu'est-ce que ça prouve ? Que des personnes s'entendent bien ? Et pourquoi nous les montrer en exemple ? Il n'y a pas de modèle. Chaque couple et chaque individu est différent.

Las ! Ce genre de couple « idéal » sert d'exemple pour ne pas vivre et suivre les mythes régnants de « la sexualité ». Récemment encore, une bien brave amie à moi cherchait « l'amour ». Comment ? En écartant les jambes de manière conditionnelle : « je ne le fait, se disait-elle, qu'à condition que ce soit sérieux ». Le garçon en question s'est amusé avec elle. Puis l'a jeté comme un vulgaire morceau de papier essuie-tout usagé. Comportement odieux et classique des voleurs de bisous... Mais, pourquoi cette amie a voulu croire à ce garçon ? Parce qu'elle cherche impérativement « la bonne personne »... C'est comme une croyance religieuse : il y aurait quelque part une bonne personne qui la comblera forcément. Et pourquoi donc ? Parce que X et Y qu'elle a croisé dans sa vie forment un couple « idéal ». Donc, elle suit l'exemple et croit attraper l'homme idéal avec son cul. Et ne rencontre que des profiteurs. Si au lieu de courir après les mythes elle vivait tout simplement ? Ça serait chouette, non ? Mais elle ne peut y arriver qu'à condition de remettre les mythes en question et chercher au delà la vérité des autres et d'elle-même. Mais, veut-elle rejeter les mythes ? Non.

Basile, philosophe naïf, Paris le 23 avril 2015

dimanche 19 avril 2015

367 Le sixième groupe

Un certain nombre de personnes cherchent leur définition dans leur inclination « sexuelle » :

On peut distinguer cinq groupes : les homosexuels, qui déclarent s'intéresser sexuellement aux échanges avec des personnes du même sexe qu'eux. Les hétérosexuels qui déclarent s'intéresser sexuellement aux personnes de sexe opposé. Les bisexuels, qui déclarent s'intéresser sexuellement aux personnes des deux sexes. Les asexuels qui déclarent refuser tous contacts sexuels. Les transexuels qui déclarent souhaiter changer de sexe et s'intéresser sexuellement aux personnes du sexe opposé à celui choisi par eux. Et, enfin, il y a le sixième groupe qui n'appartient à aucun des cinq groupes énumérés. Ce sixième groupe est constitué de personnes qui ne cherchent pas à paraître appartenir à un groupe. Mais à être. Et ne pas anticiper ou rêver leur démarche dans le domaine dit sexuel. Elles cherchent seulement à suivre leur authenticité. Et ne pas s'inscrire dans une catégorie prédéterminée. Le sexe n'étant pour elles somme toute qu'une activité parfaitement secondaire. Qui ne doit être pratiquée qu'à la condition expresse de répondre à un désir authentique, véritable, effectif. Qui est plutôt rare. Et ne saurait être écouté qu'à la condition qu'existent des conditions favorables à une pratique sexuelle épanouissante, juste et positive.

Les membres au sixième groupe ne recherchent pas le contact trop proche avec des membres des cinq autres groupes. Car ce sont en fait la plupart du temps des siguistes. Les siguistes sont des adeptes de la formule « siamo in guerra », qui caractérise la plupart du temps les activités et le comportement sexuels des humains. « Siamo in guerra » signifie en italien : « nous sommes en guerre ».

Être siguiste c'est considérer comme inévitable, voire même positif, de connaître des relations conflictuelles dès qu'il s'agit de sexualité. Un ou une siguiste considère que la plupart du temps le contact physique relève de l'agression pure et simple. Il signifierait forcément : « je te veux, et si tu ne réagis pas contre, tu es à moi ». Le siguiste trouve aussi que la jalousie est inévitable et même bonne.

On peut être siguiste en pratiquant l'asexualité comme en pratiquant à l'inverse une sexualité débridée. On peut être siguiste et homosexuel, hétérosexuel, bisexuel, transexuel. Les membres du sixième groupe ne sont pas siguistes. Ils recherchent la paix. Ce sont des sipistes : mot formé des trois premières lettres de la phrase italienne « siamo in pace ». Qui signifient : nous sommes en paix.

Les sipistes ont existé de tous temps. Par définition, ils sont simplement eux-mêmes. Et ne cherchent pas à paraître. Ce qui les rend peu visibles au milieu de la grande masse siguiste.

Pour le siguiste, SIG, qui signifie « siamo in guerra » est naturel et inévitable. Il n'imagine pas qu'une autre démarche puisse exister. Et surtout pas que SIP, « siamo in pace », puisse exister. Car, s'il admettait que SIP existe, est possible, ça remettrait en question SIG qui est justifié par le fait que, soi-disant, il irait de soi. Que SIG ne saurait être remis en question. Alors que SIG est une fabrication culturelle qui peut être remise en question et remplacée par SIP.

Les siguistes font beaucoup de bruit et occupent l'attention. Les sipistes restent discrets. Mais ne se laissent pas faire. L'affirmation des cinq premiers groupes les fait plutôt rire. Mais, là également, ils le font discrètement. La disparition de SIG est une condition indispensable pour que naisse enfin une vraie civilisation humaine. Et cette disparition commence par la remise en question individuelle de SIG dans la conscience et la pratique de chacun.

Basile, philosophe naïf, Paris le 19 avril 2015

366 La fin de la mystification économique

L'élection de Syriza en Grèce marque le début de la fin de la mystification économique. En quoi consiste-t-elle ? En ce que depuis plusieurs années les choix économiques enrichissant les plus riches et appauvrissant la grande masse des autres sont déguisés en « contraintes économiques ».

A tel point que j'ai entendu quelqu'un dire de bonne foi : « mais si les politiques ne peuvent vraiment rien faire pour nous aider. S'ils sont impuissants pour choisir un autre chemin que celui dicté par les contraintes économiques, au moins qu'ils le disent ! »

En fait, les politiques européens et autres sont la plupart du temps plus sensibles aux sirènes des riches qu'aux gémissements des pauvres. Ils aiment l'argent plus que les êtres humains qu'ils sont sensés servir et défendre. Alors, ils disent ne pas pouvoir agir autrement que ce qu'ils ont librement choisi de faire. Et prétendent que c'est là le seul chemin possible. C'est pourquoi l'arrivée en Grèce d'un gouvernement qui annonce vouloir défendre les pauvres les inquiète.

Les politiques européens et autres ont raison de s'inquiéter. Si Syriza tient ne serait-ce qu'une partie de ses promesses à rebours de l'austérité choisie et soi-disant « fatale » et « inévitable », toute la mystification économique s'écroulera.

La contrainte imaginaire de traités en papier volera en éclats. La farce européenne se désintégrera en percutant la réalité du mécontentement des peuples. Et les victimes de l'austérité demanderont des comptes aux responsables de leurs souffrances.

Peut-être un jour sera créé une Cour internationale pour le jugement des crimes austéritaires ? Les défenseurs de l'austérité ont raison de s'inquiéter pour leur avenir.

Leur meilleure réponse à cette inquiétude consisterait à changer leur orientation et écouter la souffrance des peuples. Mais, en sont-ils capables ? Et, surtout, en ont-ils envie ?

Dernièrement, un copilote d'un avion de ligne a volontairement envoyé son avion percuter une montagne dans les Pyrénées. Il a même accéléré à deux reprises durant la descente de son avion vers le choc mortel. Les dirigeants européens font penser à ce copilote, s'agissant de leur manière de conduire la politique européenne. Sauf qu'ici les montagnes sont remplacées par les traités TAFTA et TISA. L'avion percutera-t-il la montagne cette fois-ci aussi ? Ou les passagers, c'est-à-dire nous, échapperont à la catastrophe ? L'avenir nous le dira. En attendant, la cabine de pilotage européen est occupée par des personnes qui n'ont rien à y faire.

Il faut espérer que les passagers et les membres de l'équipage qui ne sont pas fous parviendront à prendre le contrôle de l'appareil.

TAFTA doit être signé à la fin de cette année. Le moment du crash approche. Nous sommes en avril. Plus que huit mois avant la catastrophe annoncée. Hier, 18 avril 2015, des manifestations ont eu lieu contre TAFTA dans un certain nombre de villes. D'autres auront lieu dans les prochains mois.

Souhaitons qu'elles parviennent à chasser de la direction des affaires des pays européens les dirigeants fous qui aiment plus l'argent que les êtres humains, la poésie, la civilisation et la paix.

Ce sera une bonne chose pour nous et pour l'avenir du monde en général. L'avion européen perd de l'altitude... Il nous faut rester très vigilant pour parvenir à le redresser avant qu'il ne soit trop tard.

Basile, philosophe naïf, Paris le 19 avril 2015

mardi 14 avril 2015

365 Le contact conditionnel c'est la guerre

Pourquoi dans quantité de traditions culturelles, philosophiques, morales, religieuses existent et sont valorisées la « pudeur corporelle » et « l'abstinence sexuelle ». Ce sont là l'expression de la recherche de la paix au moins momentanée.

Il n'est pas difficile de constater que la relation homme-femme connaît des troubles et conflits multiples. En revanche, analyser et identifier l'origine précise et le fonctionnement de ces troubles et conflits est nettement plus difficile. Alors, pour éviter troubles et conflits, on va condamner globalement tout ce qui ressemble de près ou de loin à la sexualité. La seule vue de la nudité sera prohibée. On vantera ceux qui renoncent à toute vie sexuelle.

Pourquoi un homme ou une femme qui ne baise pas serait plus vertueux qu'un homme ou une femme qui baise ? Parce que, à priori il vit en paix avec les autres. Ce qui n'est en fait pas toujours vrai.

J'ai fait cette nuit un rêve : j'avais une belle voisine et un voisin auxquels je rendais visite. A un moment-donné la belle voisine, qui était allongée dans son lit, moi à la tête de celui-ci, m'attrapais la main. Elle s'en couvrait le visage et la retenais, coincée entre son visage et le mur. Au bout d'un moment, avec ma main je lui caressais un peu le visage. Puis ma voisine retirait ma main. Et me disait : « c'est un peu incorrect, ce contact en présence d'un tiers ». Elle faisait allusion au voisin qui était présent et n'était pas intervenu.

Ce rêve a une signification. Le contact conditionnel c'est la guerre ; le contact inconditionnel c'est la paix. Je m'explique :

Si je touche quelqu'un, dans la société française et parisienne où je vis, c'est une agression. Mettons que ce soit une jeune fille. Je lui mets la main n'importe où, sur l'épaule ou ailleurs. Ça signifie : « je te veux, je te baise, je te prends ». C'est vulgaire, brutal, sommaire et c'est notre « civilisation ».

Le vocabulaire lui-même est révélateur : attraper quelqu'un qui est recherché se dit notamment : « mettre la main sur lui ». Si la police arrête un délinquant recherché, on pourra dire : « la police a mis la main sur lui ». Il s'est fait prendre.

Autant d'expressions révélatrices du SIG. Qu'est-ce que le SIG ? Une expression faite des premières lettres de la phrase : « siamo in guerra », qui signifie en italien : « nous sommes en guerre ». Une expression qui résume l'état habituel des relations homme-femme dans notre société. Si je mets la main sur une femme, même une personne proche, il s'agit d'un contact conditionnel. L'accepter, de la part de la femme, c'est accepter le sexe. Qu'elle en ait envie ou non. Comment parvenir au contact inconditionnel ? Comment sortir du SIG ?

Le SIG ne m'intéresse pas. Je ne suis pas siguiste comme le sont la plupart des hommes et bon nombre de femmes qui acceptent l'idée de l'inévitabilité du conflit. Et même s'en félicite. La paix seule m'intéresse.

Est-il si difficile que ça de parvenir à la paix au moins avec quelques personnes données ? Et ce sans chercher plus ou moins les extrêmes habituels dits de « la pudeur » et « l'abstinence » ? Sortir du conflit non par la paix armée mais par la paix tout court ? Telle est la question que je pose aujourd'hui. Et à laquelle j'espère trouver la réponse vivante et positive. La paix est juste, possible, vitale et nécessaire.

Basile, philosophe naïf, Paris le 14 avril 2015

dimanche 12 avril 2015

364 Vouloir posséder l'impossédable : folie et tragédie humaine

En amour, l'homme cherche bien souvent à « posséder » la femme. Le vocabulaire lui-même l'atteste : baiser se dit : « prendre une femme », « posséder une femme ». On ne possède en fait rien. Mais, on cherche bien à posséder, contrôler... ce qu'il n'est pas possible de posséder, contrôler. Alors, la folie arrive. La violence se fait jour. On persécute, terrorise, tue « l'infidèle ».

Vouloir posséder l'autre, qui, par définition, n'est pas possédable, rend fou. On veut posséder l'impossédable. Comme il est impossible d'y arriver, on cherche alors une compensation. On va posséder autre chose. Quoi, par exemple ? Et bien, le pouvoir.

Un homme, jadis, voulu posséder toutes les terres existantes. Croyant les avoir conquises, il pleura de ne plus avoir rien à conquérir. Il s'appelait Alexandre de Macédoine. Et, pour satisfaire sa folie fit périr des milliers d'humains et brula les grandes villes de Thèbes et Persépolis.

La délirante soif de possession de l'autre conduit à commettre des crimes en quantité infinie. Prenons, par exemple, les responsables politiques européens actuels. Ils veulent un pouvoir plus grand que tout ce qu'ils ont connu dans leur vie. Ils rêvent d'un empire européen. Tous les empires coutent extrêmement chers, ruinent une quantité innombrable de gens, ne servent à rien de bien et finissent tous par s'effondrer... Qu'importe ! Les fous européens veulent leur empire.

La richesse... les milliards d'euros en caisses. Pour quoi faire ? Pour rien, pour posséder. Quitte à faire mourir de faim ou de maladies des millions de gens et jouer avec le risque de guerre nucléaire. Mais, on veut posséder, ce qui n'est pas possédable; Alors, on se rabat sur autre chose pour compenser sa soif brulante et inextinguible de possession.

Révélateur ô combien de leur dérangement, les « grands de la Terre » ont souvent une vie sexuelle complètement dérangée. Avouable ou non et confinant à la délinquance chez certains, la vie sexuelle des gens de pouvoir n'apparaît bien souvent guère comme un modèle d'équilibre et de tranquillité.

Depuis la nuit des temps, le désir de posséder l'impossédable crée la faim, la famine, la violence, la misère, dont on cherche à sortir en cherchant à posséder l'impossédable. Pour sortir de ce cercle vicieux, il faudra de grands efforts, une claire compréhension des choses. Comprendre qu'il faut d'abord s'arracher au mirage de la possession pour parvenir à faire avancer le reste de l'Humanité.

Ignorer les sirènes de la possession est le premier pas à faire pour trouver le chemin de la Vérité. Renoncer à chercher à trouver ce qui est par définition introuvable. Et aller ailleurs, sur des chemins inconnus, vers des victoires inattendues et des lumières étranges et oubliées qui brillent au fond de nous-mêmes.

Une vieille histoire orientale explique que : « les Dieux cherchèrent à cacher quelque chose là où l'homme ne pourrait pas le trouver, alors, ils le cachèrent dans l'homme ».

Une sagesse populaire dit : « on n'a jamais vu un coffre-fort suivre un enterrement ». Une autre dit : « le coq le plus misérable chante victoire une fois qu'il a fini d'escalader son tas de fumier ». Montaigne disait : « si haut soit le trône sur lequel on est assis, on n'est jamais assis que sur son cul. » Wellington disait : « je voudrais qu'il y ait en permanence un homme auprès de moi qui me rappelle que je ne suis qu'un homme. » La tâche la plus urgente pour chacun de nous est de chercher et retrouver l'homme qui sommeille en lui.

Basile, philosophe naïf, Paris le 12 avril 2015

363 Retenir, conditionnaliser, calculer le tendre toucher

La société où nous vivons interprète fallacieusement le tendre toucher, lui accordant abusivement une signification « sexuelle » impérative. Le résultat est la conditionnalisation, le rationnement du tendre toucher. Par exemple, quand on est seul dans sa vie, on va refuser de tels contacts, les réservant au cadre d'une hypothétique rencontre idéale non encore faite. On refuse tout ce qui ressemble de près ou de loin aux caresses, en échange du rêve de la rencontre idéale d'une personne dont on espère la venue et qui vous comblera.

Si on a un partenaire attitré ou une partenaire attitrée en caresses, on refusera tous contacts tendres avec un autre ou une autre, contacts qui seraient qualifiés de « trahison », « infidélité ». On prétextera éventuellement la jalousie de son ou sa partenaire pour refuser tout échanges de câlins avec d'autres personnes.

Cette crainte de son ou sa partenaire peut être théâtralisée, confiner à la caricature et servir à dissimuler sa propre incohérence affective. Je connais le cas assez classique d'une dame très tendre qui refuse mes câlins auxquels pourtant elle aspire très visiblement. Elle le fait en invoquant « son mec ». Avec une telle application qu'on la croirait pratiquement terrorisée par ce dernier. En fait, son comportement lui permet d'éviter de se confronter à elle-même et se poser la question du rôle et de la place des câlins dans sa vie. Plutôt que d'y réfléchir, elle remplace la pénible introspection nécessaire pour vivre par des réponses simplistes : « les câlins ? Avec mon mec et pas autrement pour ne pas déclencher sa jalousie ». Elle s'imagine et s'improvise un confort de la subordination : ma tendresse appartient à un homme unique. « Je suis sa propriété... » on pense aux paroles de la chanson d'Édith Piaf : « Voilà le portrait de l'homme auquel j'appartiens. » L'esclavage sentimental comme réponse à la question embarrassante : « qu'est-ce que je fais ici dans cette vie ? Quelle place a ma tendresse dans cette société ? Que signifient mes échanges tendres avec d'autres ? »

Quand la rupture survient comme bien souvent avec son ou sa partenaire, on assiste éventuellement à un phénomène assez surprenant. La personne « libérée de ses engagements » saute alors sur tout ce qui bouge. J'ai assisté à un tel comportement surprenant à deux reprises. Il s'agissait à chaque fois d'une jeune femme qui venait d'être cruellement déçue en amour.

Ces deux jeunes femmes ont autant dire dragué tout ce qui passait ! Puis se sont calmées. Ce sont là des comportements classiques. Au point que des cavaleurs professionnels pistent les jolies femmes qui éventuellement tomberaient dedans.

Ils sont à l'affut, attendant que la cruelle déception arrive, pour profiter ensuite de la situation. Sur ce phénomène je n'ai jamais rien trouvé à lire, ni n'en ai entendu parlé.

La lourde et aberrante prétention à organiser, conditionnaliser, calculer les caresses, « rationaliser » la tendresse, tue plus ou moins vite la relation. Et, au final, rend impossible tous véritables échanges affectifs.

Si vous voyez quelqu'un calculer sa tendresse, passez votre chemin ! Il ne mérite pas que vous vous attardiez et perdiez votre temps et votre énergie à rêver à vous rapprocher de cette personne calculeuse. Si belle et prometteuse soit-elle en apparence, la tendresse « conditionnelle » n'est pas de la vraie, authentique tendresse. En fait, elle ne vaut rien. Et n'est qu'un mirage stérile et décevant.

En amour la qualité est tout, la quantité n'est rien. Un peu d'eau vaut mieux que mille poussières brillantes volant dans la lumière de l'été. Une seule goutte de rosée désaltère plus qu'un grand soleil.

Basile, philosophe naïf, Paris le 12 avril 2015

samedi 11 avril 2015

362 La femme, cette parfaite inconnue

La femme dans notre société est une parfaite inconnue, y compris à elle-même. Pourquoi ? Parce que les hommes ne lui laisse autant dire jamais la possibilité d'être elle-même. Cette pression étant relayée y compris par une très large partie des femmes. Elle n'est jamais libre.

Une dame née fin XIXème siècle, qui était mariée et mère de famille, disait un jour à sa nièce, qui deviendra par la suite ma mère :

« Je me suis retrouvé une fois seule exceptionnellement. Quand je montais sur une grande colline, dans la forêt. Le jour se levait. J'ai contemplé le levé du soleil. J'étais seule. Et me suis senti libre comme jamais ça ne m'était arrivé et n'est arrivé par la suite. Ce fut le seul moment de bonheur de ma vie. »

Les femmes, qui sont de nos jours proclamées dans notre société libres - en fait par contraste avec d'autres contrées horribles et moins « évoluées », - ne sont en réalité jamais libres.

Les femmes veulent naturellement plaire aux hommes. En même temps, l'inconduite traditionnelle masculine fait qu'elles ont également peur de plaire. Comment faire ? Plaire et avoir peur sont des sentiments absolument antagoniques. On le voit bien dans des lieux publics parisiens, ces femmes qui se sont habillées « sexy » et en même temps sont emmerdées quand des hommes les regardent ! La situation de la sensualité est complètement bloquée.

Les femmes sont invraisemblablement sensuelles. En même temps, cette sensualité est totalement bridée, sauf à de très rares moments où les femmes se laissent aller à leur nature.

Je me souviens de quelques exemples vécus avec de petites amies.

L'une, la première fois que nous avons couché ensemble se prend la fantaisie de me caresser le haut du dos comme jamais je ne l'ai ressenti. Elle ne recommencera jamais. J'ai mis deux années à comprendre le toucher qu'elle avait utilisé. Et vingt-sept ans pour situer sa place essentielle et ignorée dans la relation homme-femme. Cette amie, j'ai pu le constater, m'avait touché ainsi sans avoir conscience de la qualité particulière de son geste. Quand je l'ai touché elle de cette façon, elle n'a pas réalisé non plus l'originalité de la chose. Par la suite, ayant pratiqué un peu ce toucher, j'ai pu constater directement que celui-ci était largement inconnu des personnes auxquelles j'en ai parlé. Elles avaient elles-mêmes du mal à le cerner et reproduire.

Une autre petite amie, un jour seulement, m'a spontanément touché les bras comme jamais. Elle était ce jour-là pressée, bousculée au sens figuré. Elle a oublié un instant de se brider comme d'habitude. Et ne pas être elle-même.

Une troisième petite amie avec laquelle j'ai vécu plusieurs années, de bien rares fois enclenchait un type de toucher léger et très agréable qui ne durait pas plus que très peu de minutes. Sinon, le reste du temps elle ne me touchait autant dire pas et pratiquait une sexualité sommaire et erronée. Je l'accompagnais dans son parcours erroné dont j'étais donc autant responsable qu'elle.

Pourquoi les femmes ne se laissent pratiquement pas aller à suivre leur nature ? A cause du problème de la religieuse au café ou du moka au chocolat.

Imaginez que vous adorez les religieuses au café ou les mokas au chocolat. Et que, pour vous proposer de déguster votre gâteau préféré on choisisse de vous en écraser un sur la bouche. Si bon vous paraisse ce gâteau, vous n'apprécierez pas. Avec les hommes, pour les femmes, c'est pareil.

Les femmes aiment les hommes, voudraient les voir nus, les caresser, les aimer. Mais c'est impossible le plus souvent. Car ces messieurs ne pensent la plupart du temps qu'à une chose : les faire « passer à la casserole ». Leur foutre le machin dans le trou. Ce sont de sinistres connards.

La femme se sent traiter par les hommes comme si elle était un gâteau au chocolat, pas un être humain unique, sensible et demandeur de douceur et tendresse. Et se voit résumer à un trou à boucher avec une queue. Un trou parmi d'autres trous. Un gâteau au chocolat au milieu d'une vitrine de pâtisserie. Méprisée et comparée aux autres. Considérée comme un objet de consommation.

L'homme est obnubilé par sa queue et l'obsession de la mettre dans le trou. Con comme un balai il ne comprend rien à sa situation. Il a l'impression que la femme est dure, incompréhensible. En fait, elle lui renvoie sa propre image qu'il ne reconnaît pas. Il se conduit avec un absolu mépris de la réalité sensible de la femme, qui en retour le traite pareillement.

Ces problèmes sont anciens. Il y a une dizaine de jours je regardais quelques petits films pornos du milieu des années 1920. C'est exactement la même grossière stupidité que dans la plupart des films pornos actuels. La femme se résume à un trou et l'amour à une gymnastique de va-et-vient. C'est vide. Et régit par des règles inhumaines et stupides. Le corps humain comporte deux mètres carrés d'épiderme. La pornographie n'en sollicite que vingt centimètres carrés.

Et « l'amour » serait réservé aux jeunes... et aux vieux qui ont de quoi payer. Un peu aimable individu disait récemment à une amie à moi âgée d'une cinquantaine d'années : « je n'ai pas envie des restes ». Le goujat !!

J'observais dernièrement un jeune couple. Ils se faisaient des câlins, ces deux jeunes. Mais, connaissant l'un et l'autre je sais la chose suivante :

Le garçon, formaté sur le mode classique rêve de parvenir à ôter la culotte de la fille et lui enfoncer son machin dans le truc. Afin que, dans le cadre conjugal il vive avec la fille, « fonde une famille », lui fasse des enfants et passe sa vie avec. Toutes choses qu'il prémédite intellectuellement avec l'approbation enthousiaste notamment de la mère de la fille. Et celle plus générale de la société alentour. Sans tenir aucun compte de la réalité objective, mais en suivant « la réalité subjective » : ils sont jeunes et beaux, se font des câlins, sont gentils tous les deux, donc : ils doivent coucher ensemble et se « marier ». Cette perspective étant très belle en théorie et totalement artificielle en réalité.

Car la fille, de son côté, apprécie le garçon comme un excellent caramel. A des projets précis de vie professionnelle, à terme totalement incompatibles avec la poursuite de sa relation avec ce garçon. Elle veut parcourir le monde. Lui, se contente de vivre dans une petite ville de province.

Cette relation a-t-elle un avenir ? Peut-être, mais en tous cas pas de la façon dont rêve l'entourage et le garçon. La réalité et les fantasmes ne correspondent absolument pas. Une femme n'épouse pas un caramel... Je contemple cette relation de très loin. Et réalise surtout que la fille, qui à présent calcule ses câlins, a perdu de sa spontanéité. Elle ne m'embrasse qu'avec une certaine froideur, car elle « réserve » sa tendresse à son ami « officiel ». Elle a perdu sa sincérité originelle. C'est son problème. Ce n'est pas le mien. Le monde est vaste et je sais apprécier d'autres qui ont conservé leur sincérité intacte. Seule la vérité m'intéresse. Cette fille et ce garçon vivent leur vie dans le confort provisoire d'un certain mensonge. Je ne les dérangerais pas. Chacun son chemin. Le mien est autre. Il restera dans la sincérité et sans calculs. L'amour est vivant. L'amour vivra. L'amour triomphera.

Basile, philosophe naïf, Paris le 11 avril 2015

mercredi 8 avril 2015

361 Pour que naisse enfin la Civilisation

Il suffit de regarder un bulletin d'informations à la télévision pour réaliser que les humains sont profondément dérangés. Alors qu'ils aiment l'amour, la paix, la tranquillité, la bonne chère partagée, ils n'arrêtent pas de se battre, se disputer, s'insulter. Et passent leur temps à se faire du mal les uns aux autres. Le pire étant les guerres grandes ou petites. On dirait que les humains ne souhaitent pas être heureux. Ou bien alors, sont-ils méchants, fous, stupides ? Ils sont dérangés, mais, par quoi ?

L'être humain à la base est toujours un animal. Quand il nait, le nouveau né rampe très vite vers le sein de la mère. C'est un petit singe de l'espèce à laquelle appartiennent d'autres singes comme vous et moi. Qui va rencontrer ensuite le grand dérangement. Un apport culturel qui trouble son instinct, le rend à terme malade, malheureux, méchant, agressif, autodestructeur. Ce dérangement très simple et fondamental m'apparaît aujourd'hui ainsi :

C'est un dérangement masculin. L'homme a besoin d'amour, de nudité, de caresses. Il a malheureusement inventé un ensemble de règles monstrueuses qu'il a baptisé « la chair » ou « la sexualité ». Ces règles prétendent guider impérativement son comportement, singulièrement son comportement envers les femmes.

L'homme croit qu'il a besoin de baiser tout le temps. Qu'il est bien, juste, logique, naturel, profitable de sauter en permanence sur tout ce qui bouge, de préférence d'âge et aspect correspondant à ce qu'il appelle « une jolie femme désirable ». Celle-ci affectant un aspect variable selon les époques et les régions géographiques, ce qui est un aveu de l'origine culturelle de ce comportement. Ce faisant, avec cette programmation stupide, l'homme entre irréductiblement en conflit avec la femme.

Car la femme, pour des raisons psychologiques et physiologiques, et simplement par bon sens auto protecteur, n'arrive pas à se couler dans le moule où l'homme prétend la mettre en forme. Un cavaleur me disait un jour : « de toutes façons elles ne veulent jamais ! » Un homme que j'ai connu me disait : « si j'écoutais ma femme, on ne ferait jamais l'amour ! » Deux hommes devant moi se retrouvaient d'accord sur le fait que : « quand une femme se fait violer, c'est qu'elle le veut bien. » Tous ces hommes sont des violeurs. Qu'ils violent ou non, ils participent à la pression terroriste générale de la plupart des hommes sur l'ensemble des femmes de tous âges, y compris même des filles à peine nubiles âgées de douze, treize ou quatorze ans.

Cette exigence de baise chez les hommes se combine avec une confusion mentale : l'homme, à divers moments bande. Il bande par exemple durant son sommeil, ce qui lui arrive vingt minutes chaque heure. Il peut se réveiller avec la trique. Ça ne veut rien dire de « sexuel ». Ça ne correspond à aucun désir de baise. Mais allez l'expliquer à l'imbécile qui dort près de sa compagne et n'a pas réussi la veille au soir à réaliser « sa petite affaire » ! Il voudra « en profiter », le con !

Le résultat, outre qu'il va déranger sa copine qui dort, sera médiocre. De plus, il va contribuer à dégrader le lien qu'il peut avoir avec sa copine. Et qui finira par se rompre un jour.

On ne joue pas avec le sexe. On se doit de le respecter. Ne faire l'amour que quand existe un véritable désir réciproque et réalisable. Mais, allez l'expliquer au crétin qui se branle trois fois par jours devant des vidéos pornos sur Internet en croyant que la masturbation compense ici un désir d'acte sexuel en fait artificiel, intellectuel, inexistant ! Se branler n'est pas un crime. Mais croire que se branler compense l'absence d'un ou une partenaire « sexuel » est une absurdité. La branlette est une activité en soi. Elle n'est pas « un pis aller ».

Dans sa physiologie l'homme va se retrouver piégé par une incompréhension majeure de lui-même. Diverses raisons peuvent amener son érection, son émission de liquide lubrifiant par son pénis et même son éjaculation, raisons qui ne sont pas « sexuelles ». Le simple plaisir physique ou visuel sans qu'il y ait envie réelle de baiser peut faire bander un homme. Et aussi cela arrive à des petits garçons et même des nouveaux-nés. Quand un petit garçon bande, personne ne va prétendre qu'il a « envie de faire l'amour ». Mais, allez l'expliquer à un connard de quinze ans et plus !

Alors, le conflit est là, avec la femme. Car la femme elle a besoin, envie, de caresses, nudité, de tout ce que de parfaits imbéciles ont baptisé : « les préliminaires ». Sous-entendu qu'il est obligatoire si ces gestes existent qu'ils précèdent le foutage du machin dans le trou !!! Ah ! Les super-connards que voilà ! Et, la guerre est là.

Ces idiots croient même que la femme rêve d'hommes avec de très grosses bites. Alors que les femmes, chez l'homme, apprécient surtout ses fesses. Et qu'un trop volumineux, trop long pénis fait mal à la femme en cas de pénétration vaginale.

La femme n'ose pas, n'ose plus exprimer ses envies, ses désirs. Elle adore, par exemple, les douces caresses, les bisous. Mais, si elle accepte les caresses, les bisous, elle verra l'homme vouloir absolument lui mettre le machin dans le trou. Est-elle contre « l'acte sexuel » ? Pas du tout, mais pas comme ça et tout le temps et à chaque fois que l'homme bande.

Une femme très séduisante et attirante me racontait avec révolte et dégoût avoir vu un de ses amants à qui elle venait d'ouvrir sa porte, sans même la saluer, lui sauter dessus en s'exclamant : « je bande ! » Elle a fini par s'en débarrasser un jour en le menaçant avec un fusil. Mais elle, de son côté, à force de rencontrer des brutes, a fini par sombrer dans la dépression et l'alcoolisme.

L'homme et la femme ignorent la source du conflit. Ils se réfugient dans des mythes. Et les mythes font des trous. L'homme et la femme croient à une mythique « harmonie sexuelle » à trouver. Elle n'existe pas. Il n'y a pas un domaine spécial où le noir serait rose et le salé serait sucré et le sexe fonctionnerait indépendamment du reste

La femme adore voir l'homme nu. Mais, si elle dit son désir, elle verra l'homme instantanément en conclure qu'elle veut baiser. Et si la femme avoue aimer en général voir des hommes complètement nus, les hommes diront généralement d'elle : « c'est une salope ». « Elle ne pense qu'à ça. » Et, ajoutait un homme que je connais : « c'est un compliment ». Si la femme touche le sexe de l'homme, même chose, même dé-raisonnement qu'elle rencontre chez tous les imbéciles de sexe masculin. C'est-à-dire pratiquement tous les hommes, même « des gentils », des « doux », des « bien élevés ». Résultat, la femme ne peut pratiquement jamais s'assumer et être une femme, car l'homme refuse d'être un homme. Et croit bien faire ainsi.

La femme est comme l'oiseau qu'on empêche de voler et qui marche péniblement sur le sol et sur les branches dont il risque de chuter. La femme ne peut être pleinement une femme et l'homme ne devient jamais un homme. La femme, cette parfaite inconnue. L'homme, ce parfait crétin, serait-on tenté de dire.

Résultats : viols, frustrations diverses et compensations en tous genres dans le domaine de la violence et de la recherche du pouvoir et de la propriété. Telle est l'origine du grand dérangement de l'Humanité.

Comment le résoudre ? En commençant par nous corriger individuellement nous-mêmes. Et, souhaitons-le, nous arriverons un jour à la paix entre l'homme et la femme et la fin des conflits conséquents tels ceux entre nomades et sédentaires, riches et pauvres, jeunes et vieux, etc.

Basile, philosophe naïf, Paris le 8 avril 2015