jeudi 21 mai 2015

377 Révolution et contre-révolution sexuelle

A lire certains le devenir de notre vie sexuelle, sentimentale, relèverait de notre destinée, celle-ci dépendant de nos choix personnels. Il suffit qu'on évoque des lois, des comportements généraux, pour s'entendre souvent clore le débat avant même qu'il soit ouvert. On se voit opposer le catégorique : « la vie sexuelle, ça dépend des gens, de leurs choix personnels ». Il n'y a soi-disant rien à dire au plan général. Si on essaye, on se voit accuser de vouloir généraliser son parcours personnel et unique. Cette négation du débat apparaît beau, bon et bien rassurant à beaucoup. Sur ces choses « intimes » il n'y aurait pas et ne pourrait y avoir de débat. « Les goûts et les couleurs » seraient comme, par exemple : « la masturbation et la sodomie ». Moyen facile de ne pas ouvrir un débat que certains trouvent gênants, préférant agir dans l'ombre. Faites ce que je dis. Quant à ce que je fais, c'est exclusivement mon affaire... Surtout quand je fais exactement le contraire... Pourtant il y a des lois, des règles, des traditions, un contexte culturel et social qui marquent profondément et orientent bien des choix qu'on prétend ou croit personnel. Par exemple, dans un pays de tradition végétarienne il est infiniment probable que vous adoptiez une alimentation végétarienne. Même sans approuver clairement, consciemment les motifs idéologiques, philosophiques ou religieux qui sous-tendent cette tradition. C'est ainsi que j'ai entendu des personnes justifier maladroitement leur soumission à certaines règles religieuses de leur société par des raisons autres : d'hygiène, de santé. Et j'ai pu observer sur moi-même l'influence des règles sociales et morales dominants mon époque.

Il arrive qu'à l'échelle de la société ces règles soient remises en question. C'est alors comme une « révolution ». Qui est immédiatement suivie par son contraire : la contre-révolution. Il en a été ainsi il y a une cinquantaine d'années. Une remise en question inachevée de la société, à travers une grave crise sociale a touché un certain nombre de pays, dont le nôtre. La crise sociale a libéré des questionnements interdits dans le domaine des mœurs. On a été jusqu'à évoquer une « libération sexuelle » ou « révolution sexuelle ». Mais cette « révolution » dont on parle tant inclut aussi ici son contraire : la contre-révolution. Et quelles ont été les conséquences de cette dernière ?

Quatre choses fondamentales ont été maltraitées par la contre-révolution sexuelle. La première c'est la recherche de la nature en l'être humain. La vérité est que les humains sont des « singes ». Ce qui signifie que, comme les autres espèces simiesques, la base de leur comportement est instinctive. Cet instinct qu'ils ont hérité de la Nature et possède à la naissance vient à être ensuite plus ou moins contrarié par l'éducation. Qui est le produit de l'évolution culturelle au cours de nombreux siècles. Le fruit de cette contradiction forme le comportement humain tel qu'on le rencontre avec ses grandes lignes et aussi sa diversité. Ce comportement est plus ou moins vécu comme harmonieux, agréable, ou pas. Rechercher comme est son instinct fait partie des efforts de l'humain pour vivre plus confortablement sa vie. Qu'il puisse suivre exactement cet instinct ou pas. La recherche de l'instinct par l'humain, c'est la recherche de la Nature en lui. C'est aussi le but de la philosophie. Comprendre pour vivre mieux ses contradictions ou les réduire, s'en débarrasser plus ou moins. Voilà qui améliore la vie et la convivialité et le sort de l'Humanité.

Au nombre des contradictions d'origine culturelle on trouve le sevrage tactile. Après la très petite enfance où on est touché, lavé, caressé, câliné, c'est le stop. Le sevrage tactile est une réalité. Il n'y a pas de « latence », mais une privation subite qui s'exprime également par des choses comme devoir dormir seul, se laver seul. C'est un rejet qui trouble et pas une évolution naturelle.

Un autre élément essentiel est qu'entre les humains de sexe féminin et masculin existe un décalage astronomique. Les premiers sont infiniment plus sensuels que les deuxièmes. Après avoir vu son instinct lessivé culturellement, la femme recherche l'amour et éventuellement la sexualité. L'homme recherche la sexualité et éventuellement l'amour. Grossièrement parlant la femme rêve au prince charmant. Cependant que l'homme se branle devant des vidéos pornos sur Internet.

Élément fondamental du tableau de la sexualité humaine : la non reconnaissance du travail domestique qui est essentiellement assuré par la femme et donc reparti sur une base sexuelle. Ce travail est imposé à la femme, jamais reconnu et rémunéré. Le travail imposé et non rémunéré porte un nom : l'esclavage. Officiellement, les esclaves noirs ont été émancipé en 1848 en France. Les femmes de France attendent encore. Leurs chaînes sont toujours intactes. L'existence de leur esclavage est même niée au nom d'une prétendue émancipation qui serait déjà pleinement réalisée.

Élever des rats, des crocodiles ou des autruches est un métier : on vous paye pour. Élever ses enfants, qui sont l'avenir du genre humain et de son pays, n'est pas payé. Pourquoi ?????

Dans les années 1960 finissantes et 1970 la contre-révolution sexuelle s'est vite déchainée pour éviter un progrès décisif pour l'Humanité.

Son axe a été simple : à toutes les revendications plus ou moins d'ordre sexuel elle a opposé le « modèle » masculin comme le seul et unique possible et souhaitable. La sexualité traditionnelle est remise en question ? Il ne doit pas y avoir de recherche de nouveaux modèles à suivre pour la relation homme-femme. Il y a un seul et unique modèle à suivre, c'est l'homme. Et le but est sa satisfaction à lui... Ainsi, la « liberté sexuelle » devient l'obligation pour la femme de dire oui à toutes les demandes de l'homme. Sinon, elle est ringarde, coincée, vieux jeu, « a des problèmes »...

La question du sevrage tactile et ses conséquences sur les enfants reçut une réponse totalement folle. Dans les années 1970 s'est déroulé en France une campagne délirante pour le coït et la sodomie des enfants !!! Celle-ci pris notamment la forme détournée consistant à demander « innocemment » l'abrogation du concept de majorité sexuelle dans le code pénal. Cherchant aujourd'hui à expliquer et absoudre les supporters de cette campagne, certains vont prétendre les excuser au nom des excès et errances idéologiques qui auraient été habituels dans ces années-là... Il faut aller plus loin dans les explications : la contre-révolution sexuelle a pour axe fondamental de ne pas toucher au statut dominant socialement et hyper-baiseur du masculin adulte. A toutes les revendications elle répond en mettant en avant l'homme et sa queue fouailleuse. Quand on parle des gosses, ça donne le délire auquel on a assisté. Et que beaucoup voudrait faire oublier et même justifier comme des sortes d'erreurs de jeunesse sans gravité. Aux crétins qui croient que les petits garçons rêvent de se faire sodomiser, je répondrai avec les souvenirs de mon sevrage tactile. Quand j'étais petit, j'aimais beaucoup qu'on me passe de temps en temps la main sur la peau du haut de mon dos, en entrant cette main par le col de mon vêtement quand j'étais assis. Un beau jour, ça s'est arrêté. J'étais devenu « grand » aux yeux de mon entourage... fin de cette caresse. J'en ai été désolé et désemparé. Et n'ai pas posé de questions. Des caresses en haut du dos, voilà ce qui me manquait. Je n'ai jamais rêvé d'être sodomisé ! Ceux qui croient que ce serait là le désir des petits garçons attribuent leurs désirs malades à leurs victimes. La police est là pour s'occuper de ceux qui, au nom de la liberté des petits garçons, veulent leur imposer de telles choses dont ils n'ont pas envie.

Dans le domaine général des femmes, la contre-révolution sexuelle a donné la prétention de transformer la société en un immense bordel gratuit.

Le problème du travail domestique non reconnu ni rémunéré a été ignoré. En revanche, se penchant sur le confinement au foyer des femmes, la réponse est venue que la « liberté » de la femme serait d'y ajouter le travail à l'extérieur en plus ! Une campagne de publicité a même proclamé : « La femme change : elle veut travailler ». Comme si à la maison elle ne travaillait pas ! La contre-révolution sexuelle a systématiquement nié la femme et sa dignité. Et au nom de la « liberté » elle a ouvert en grand les vannes de la pornographie. C'est la société où nous vivons à présent. Certains progrès marquants sont arrivés dans les années 1970. Mais pour le reste, on a fait du sur place.

Basile, philosophe naïf, Paris le 21 mai 2015

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