vendredi 3 juillet 2015

398 La guerre est sexuée

J'habite une tranquille rue parisienne. Ce qui, bien plus il y a quelques années qu'aujourd'hui, attirait en masse les propriétaires de chiens venant s'y promener. Et laissant le disgracieux et odorant souvenir du passage de leurs compagnons fidèles à quatre pattes. Un habitant de ma rue leur faisait la guerre. Je l'entendais fréquemment se disputer avec les propriétaires de chiens. A force de les entendre, j'en vins à une conclusion d'évidence. Certes, ces accrochages verbaux avaient pour motif les crottes de chiens. Mais, au fond, ces crottes servaient de prétextes. Les hommes qui s'engueulaient ainsi cherchaient d'abord et avant tout la bagarre.

J'étais en vacances il y a bien des années chez une amie qui venait d'épouser le chef d'une petite entreprise. Il recevait amicalement un autre chef de petite entreprise. Les deux hommes parlaient de leurs affaires et celles d'autres patrons. En les écoutant, je réalisais que, certes, ils cherchaient à gagner leur vie avec leurs entreprises. Mais, ce qui les motivait d'abord et avant tout était le plaisir de se battre et affronter leurs concurrents.

Crottes de chiens ou bénéfices d'entreprises, la motivation première était en fait l'envie de se battre. Combien de fois, quand des hommes s'affrontent on nous explique le motif de l'affrontement par la défense de tel ou tel intérêt. En fait, le motif, c'est l'envie de se battre.

Croyez-vous qu'un milliardaire pourri de milliards gagne quoi que ce soit qui change sa vie en ajoutant quelques milliards de plus aux autres milliards qu'il ne consommera pas et laissera en héritage ?

La bagarre pour le pouvoir qu'est-ce que ça apporte de plus à ceux qui l'ont déjà ? Plutôt que s'appliquer à trouver des explications diverses dans les causes officielles, si nous regardions, cherchions les causes réelles de ces affrontements ? Les choses les plus évidentes sont souvent les moins reconnues. Quand des affrontements éclatent, surgit la litanie des causes de ceux-ci. Sans réaliser qu'exactement les mêmes causes rencontrées peuvent ne pas entrainer d'affrontements.

L'éclatement de la Yougoslavie a amené des conflits. L'éclatement de la Tchécoslovaquie n'en a amené aucun. Diverses chutes de gouvernements se sont accompagnées d'affrontements graves. Mais pas la chute de la dictature des colonels en Grèce, celle du salazarisme au Portugal et la fin du franquisme en Espagne. Alors, la chute d'un régime ou sa fin tantôt amène des désordres graves, tantôt pas. Donc, la raison qui amène la violence est ailleurs que dans les motifs « officiels » brandis par les historiens après coup.

Une belle revue pleine de photos traitait de la chute du tsarisme et l'avènement des bolcheviks en Russie. Comme je la feuilletais, je m'avisais un jour de relever sur les photos combien de femmes apparaissaient. J'en trouvais moins d'une douzaine à côté de centaines et centaines d'hommes.

C'est un signe : la violence est masculine. Mais, alors, par delà les prétextes invoqués, serait-elle en fait d'origine sexuelle ? Où se trouverait la cause réelle de cette violence masculine ?

Au début des années 1980 une femme trentenaire se plaignait à moi : « à partir de l'âge de treize ans, ça n'était plus pareil. Chaque fois qu'un homme m'approchait, j'avais l'impression qu'il avait une idée derrière la tête », me disait-elle.

J'ai entendu dire également que la recherche de la réussite matérielle, l'ambition de richesses, est différente chez la femme. Elle est généralement beaucoup moins intéressée que l'homme.

Durant de grands événements politiques comme la Révolution française ou la révolution russe de 1917, les femmes interviennent rarement. Et seulement quand elles sont vraiment à bout.

Les femmes, que ce soit dans le domaine économique, social, financier, politique, religieux, n'ont pas le pouvoir. Certes, il existe des exceptions, comme la pharaonne Hatschepsout, Blanche de Castille, Catherine II, Dolorès Ibarruri, Margaret Thatcher, Angela Merkel, Christine Lagarde, Zoé Kostantopoulou. Mais ce sont des exceptions.

Différentes personnes prétendent que jadis le monde était dominé par le pouvoir des femmes : le matriarcat. A mon avis c'est une farce justificative. Qui va dans le sens de l'affirmation : les hommes dominent les femmes à présent, c'est normal. Il n'y a pas le choix. Hier, c'était les femmes et à présent c'est les hommes. Cette légende est fabriquée sur mesures pour justifier l'injustice patriarcale.

Mais, pourquoi les hommes sont-ils si avides de violence et de pouvoir ? Le pouvoir étant lui-même une forme de violence coercitive à l'endroit de ceux qui le subissent.

Il y a à ces aspirations trois raisons : une légende, un trouble de comportement et une tyrannie économique.

La légende est celle de la libido. Elle n'existe pas. L'homme est phallussolâtre et croit au pouvoir de son zizi. Il faudrait soi-disant le fiche dans tous les trous possible dès qu'il se dresse ou pourrait se dresser. Cette niaiserie a des conséquences tragiques : crimes passionnels, mésententes, suicides, prostitution, viols, agressions sexuelles ; et aussi des conséquences plus anodines : boulimie de pornographie et masturbation frénétique. J'ai baptisé l'origine de cet ensemble de troubles comportementaux l'aberration sexuelle masculine, en abrégé ASMA.

La tyrannie économique s'exprime par la non reconnaissance du travail domestique de la femme. Élevez des rats, c'est un métier, on vous paie. Faites le ménage chez les autres, on vous paie, etc. Élevez vos enfants. Rangez et nettoyez chez vous. C'est du bénévolat. La femme à laquelle on impose un travail non rémunéré ni reconnu connaît une condition servile. Car subir l'imposition d'un travail dans de telles conditions c'est être une esclave.

L'adoption du revenu universel et inconditionnel pour tous de la naissance à la mort ferait disparaître cette condition servile de la femme, qui s'oppose à beaucoup de choses, au nombre desquelles l'amour.

Les femmes depuis extrêmement longtemps attendent la paix avec les hommes. Elle passe par la pleine reconnaissance par les hommes du travail domestique des femmes. Et que les hommes renoncent à l'ASMA. Ce qui commence par un choix personnel possible pour chaque homme. Il faut cesser d'être asmique. Quand on observe les dirigeants politiques, ce sont presque tous des hommes qui font souvent des orgies.

Il y a quelques années je lisais qu'un médecin gay posait la question : « pourquoi les gays aiment-ils tant les orgies ? » La réponse est simple : faites se rencontrer deux, cinq, dix asmiques, le résultat coule de source. Ils vont mutualiser leur phalussolâtrie.

Quelle est l'origine de l'ASMA ? Peut-être la thanatophobie ? L'universalité de la mort aurait poussé à l'excès sexuel pour la conservation de l'espèce ? En tous les cas, on peut volontairement s'émanciper de l'ASMA une fois qu'on a pris connaissance de sa réalité et sa nuisance. Il ne faut pas craindre de renverser la table. Sortir du tunnel. La guerre est finie, il faut s'habituer à la paix

Basile, philosophe naïf, Paris le 3 juillet 2015

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