dimanche 25 octobre 2015

438 Comment faire d'une poussière une montagne

Quand, la nuit tout est silencieux, un très léger bruit qui s'arrête ou qui se déclenche peut vous réveiller. Par contraste avec le silence, sa puissance sonore est décuplée. De même, si on prend une grande feuille blanche, un point noir dessus se remarquera de manière éclatante. Il en est de même des événements de la vie. Si tout va très bien, un petit désagrément a l'impact d'un très grand désagrément. Une petite contrariété apparaît comme une très grande contrariété, etc.

J'avais peu de contacts ces temps-ci et voyais peu de gens. Un imbécile que je ne connais pas m'écrit quelque chose de vexant. J'y attache une grande importance. En fait, ce message est d'importance absolument secondaire. Pour m'en convaincre, il me suffit de rencontrer quelques autres personnes.

Pour bien mesurer nos réactions, sachons faire preuve de lenteur. Ne pas se presser est infiniment précieux. Prendre son temps c'est le rendre précieux, savoir l'apprécier à sa juste valeur. Il faut savoir ignorer les importuns qui se prennent pour le centre du monde et vous insultent avec des propos bizarres. Et les laisser se noyer dans leur propre venin.

La gentillesse est une vertu essentielle. Soyons gentil y compris gratuitement et sans motifs. Pratiquons la gentillesse gratuite, de même que d'autres pratiquent la méchanceté gratuite. Rester gentil, c'est résister à toutes les influences qui vous crient dans les oreilles : « soyez méchants comme tout le monde ! »

Restez calme et ne vous énervez pas. Plus vous avez de raisons de vous énerver, plus en général vous gagnerez à ne pas le faire. Beaucoup d'agresseurs ne rêvent que d'une chose : que vous vous énerviez pour « faire monter la sauce ». En ne vous énervant pas vous les désarmez. Ils se lassent et s'en vont ailleurs chercher à énerver d'autres que vous. S'ils croient avoir raison et ont tort, laissez-les croire qu'ils ont raison. Les idiots ce sont eux. N'oubliez pas la vieille sagesse arabe : « le coq le plus misérable chante victoire une fois qu'il a fini d'escalader son tas de fumier. » Laissez les coqs misérables chanter victoire ainsi. Ne vous abaissez pas à chercher à leur faire concurrence.

Si les imbéciles existent et sont très nombreux, c'est pour valoriser par contraste les intelligents. Remerciez-les d'exister pour vous mettre en valeur. Et ne cherchez pas à les guérir de leur stupidité. Elle est incurable. Chercher à convertir à l'intelligence des imbéciles, c'est comme vouloir faire éclore d'un œuf dur un poussin cuit qui pépie.

Quand ils n'ont pas d'arguments, les imbéciles vous insultent. Et vous attribuent les tares dont ils souffrent. Laissez-les braire et appréciez leur joli voix.

Si vous leur accordez trop d'attention, vous ferez d'une poussière une montagne. Une poussière peut être très désagréable. Mais elle n'est, en définitive, qu'une poussière. Les idiots sont la poussière sur laquelle l'intelligence marche d'un bon pas.

J'ai rencontré plus d'un imbécile joliment titré, ou bien rémunéré. L'essentiel était qu'il s'agissait d'imbéciles. Et être un imbécile est la moins enviable des situations pour un intelligent, quel que soit le titre ou la rémunération de cet imbécile.

Une chose nouvelle impressionne souvent plus qu'une chose ancienne et habituelle. Il existe un grand nombre de variétés d'imbéciles. Il ne faut pas se laisser impressionner par la rencontre d'un nouveau type d'imbécile. C'est d'abord et avant tout un imbécile. Et il y en a beaucoup sur Internet.

Basile, philosophe naïf, Paris le 25 octobre 2015

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