jeudi 31 décembre 2015

501 Qu'est-ce que la fête ?

J'ai longtemps déclaré que la fête c'était la rencontre. Et aussi un moment de créations artistiques à cette occasion. Le 28 décembre dernier, j'ai perçu un troisième élément essentiel qui définit la fête : c'est l'oubli, certes momentané, mais l'oubli complet, absolu des soucis.

J'étais ce jour-là invité à participer à une fête médiévale à Paris, avec un groupe musical et costumé. Grâce à l'organisateur, Pascal dit Raspoutine le Viking, nous faisions renaître une vieille tradition interrompue à Paris depuis 1630 : la Fête des Fous. Nous avons déambulé en musique, dansé en ronde à plusieurs reprises : sur un pont, près de la Fontaine des Innocents... Et durant ce temps-là, j'ai remarqué que j'abandonnais complètement les pensées relatives à mes soucis du moment. J'étais bien. Parfaitement heureux et insouciant. Rien que du bonheur. J'en ai parlé à un de ceux qui faisaient partie de notre groupe : « c'est la fête » m'a-t-il répondu comme commentaire. Ce ressenti m'a rappelé les propos de quelques grincheux tristes et aigris qui reprochaient au dix-neuvième siècle aux gens du peuple à Paris d'oublier leurs soucis durant le temps du Carnaval.

La presse, les médias qui prétendent nous « informer », de ce point de vue c'est vraiment à présent l'anti-fête. Ils ne nous parlent que de choses tristes et lamentables. Prétendent faire des problèmes des autres nos problèmes. Comme si ces derniers ne nous suffisaient déjà pas assez pour nous pourrir la vie trop souvent ! Mais heureusement que justement nous arrivons à oublier nos problèmes ! Comme le disait un journaliste parlant de la grande fête de la Mi-Carême parisienne au début du vingtième siècle : « amusons-nous et remettons à demain les affaires sérieuses ! »

Il y a des peuples qui sont très souriants alors que leur vie est très dure. D'autres dont la vie paraît nettement plus confortable et qui font sans arrêts la gueule. Une jeune fille de la campagne parlant des Parisiens en vacances les appelait devant moi : « les tout-tristes », faisant référence au mot « touristes » qu'elle déformait intentionnellement ainsi.

Qu'est-ce qui dans la fête nous aide à oublier ? Des costumes bizarres et inhabituels, de la musique, des rencontres nouvelles ou inhabituelles, de la danse, des échassières, des géants, des marionnettes géantes, et surtout une bonne atmosphère. Ce qui tue la fête ce sont ceux qui ramènent au cœur de celle-ci les soucis habituels, très souvent liés à la recherche du pouvoir et de l'argent. Quand dans une fête n'existe ni tarés obsédés du pouvoir, ni escrocs chercheurs de profits sur le dos des autres, la fête devient un asile, un oasis, un refuge loin des tracasseries habituelles de notre société. Qui est pourrie par la recherche obsessionnelle de l'argent pour l'argent et du pouvoir pour le pouvoir.

Quand la fête est authentique, même très petite, on y respire un air différent de l'air habituel. On se retrouve enfin entre humains. On est tous frères ! Il règne une atmosphère débonnaire de gentillesse partagée. Le Carnaval de Paris et le Carnaval des Femmes que j'organise chaque année est libre, bénévole, gratuit et auto-géré. Auto-géré signifie que chacun, chaque groupe s'organise pour venir. Il n'y a pas de chef, registres, inscriptions, bureaux, administration. On vient faire la fête et c'est tout. Ceux qui découvrent cette façon de fonctionner sont parfois surpris. Mais ils s'y font. Et tout le monde est content.

En qualité d'organisateur j'ai du mal au Carnaval de Paris et au Carnaval des Femmes a oublier mes soucis à ces occasions. Mais au moins je parviens à les faire oublier à d'autres, les rend heureux. Et c'est déjà ça de gagné pour moi, car j'aime les gens. A la fête, arriver à ne pas penser à nos problèmes. Les ignorer. Les oublier. De toutes façons ils sauront bien se rappeler à nous un jour ou l'autre. Que nous le voulions ou non. La fête a donc trois aspects, trois rôles essentiels : l'oubli complet des soucis, la rencontre, et la création artistique dans les domaines les plus divers.

Basile, philosophe naïf, Paris le 31 décembre 2015

mercredi 30 décembre 2015

500 Il faut mettre un terme à la Grande Confusion

Notre société, notre culture, nos traditions, théories, idéologies et habitudes exaltent, soutiennent, justifient et confortent, voire officialisent et donnent force de loi juridique ou naturelle à un très bizarre phénomène : la Grande Confusion. En quoi consiste ce phénomène ? Il consiste à confondre et associer impérativement ensemble l'état naturel, baptisé « nudité », la tendresse, l'érection et l'acte sexuel. L'un n'irait pas sans l'autre. On nous apprend dès l'enfance à nous méfier de la nudité, la nôtre et celle des autres. Il n'y a guère que quelques décennies on allait encore plus loin. Dans les pensionnats religieux on devait se laver habillé ! Ainsi, dans les pensionnats de jeunes filles elles devaient prendre leur bain avec une longue chemise pour ne pas, oh horreur ! Se voir nues !

On nous met également en garde dès l'enfance contre le fait de toucher ou laisser toucher nos parties génitales. Jadis on faisait mieux encore : on invitait à ne jamais les laver pour ne pas nous auto-suggérer des pensées lascives et coupables... C'est ce qui est rapporté par un médecin italien lors de sa visite de pensionnats de jeunes filles aisées d'Italie vers 1840-1850. La crasse pour défendre la vertu. Il fallait l'inventer !

La tendresse est condamnée sans appel ou réduite au rôle de « préliminaires » de l'acte sexuel. Dès que l'érection arrive, le mâle est invité de se mettre au travail, qu'il ait envie de baiser ou pas. Ce n'est plus sa tête mais son zizi qui doit commander !

Baiser, ce sont soi-disant « les choses sérieuses ». Une petite amie me refusait ses bisous un jour, au motif que « elle n'avait plus quinze ans ». Il fallait donc penser à autre chose. Que j'en ai envie ou non. Cette petite amie est partie par la suite vers d'autres horizons. C'est bien mieux ainsi, en tous cas pour moi.

Notre société a fait jadis de la virginité des jeunes filles un trésor à garder intact pour le jour du mariage. Elle en a fait aujourd'hui une formalité à remplir en la perdant. Une très jeune fille m'expliquait récemment qu'elle s'interrogeait pour savoir avec quel jeune homme elle allait passer cette sorte d'examen d'entrée dans je suppose ce qu'elle croit plus ou moins être l'âge adulte. Je comprend que ce qui lui apparaît inconnu puisse l'intéresser et qu'elle se pose des questions.

Comme elle s'inquiétait de savoir si cet acte donnait nécessairement un plaisir inoubliable et extraordinaire, je lui ai répondu que non. Ce qui est la stricte vérité. Vouloir savoir si l'acte sexuel est beaucoup ou peu jouissif, c'est comme vouloir savoir si manger est peu ou beaucoup jouissif. Ça dépend.

Ce qui manque le plus dans notre société, ce n'est pas le sexe, ni même la tendresse, c'est la vie débarrassée de la Grande Confusion, enfin libérée des préjugés et comportements qu'elle entraine. Cette Grande Confusion qui rend les rapports humains rigoureusement impigeables ou presque. Qui transforme la vie en concours ou sauts d'obstacles. Qui fait de la beauté et la jeunesse un piège doré.

J'ose espérer qu'y voir plus clair permet de vraiment bien mieux vivre. Mais combien plutôt que chercher la vérité des sentiments cherchent à trouver la justification de leur vérité ? Celle qu'ils ont décidés être la vérité et dont ils ne cherchent que la confirmation et rien d'autre ? Ça n'est pas en agissant ainsi qu'il risque d'avancer et faire avancer les autres !

Ce qui est certain, c'est que plus on comprend bien les choses, moins les ennuis ont de prises sur nous. Et plus on préserve ainsi ce trésor que représentent la liberté et la tranquillité. Les autres s'agitent stupidement ? Laissons-les s'agiter !

Basile, philosophe naïf, Paris le 30 décembre 2015

mardi 29 décembre 2015

499 Prenez garde à la ligne incolore !

Notre conscience est bien malmenée et notre vie bien tourmentée par des illusions et conditionnements divers. Ceux-ci sont paradoxaux. Ainsi, par exemple, quand débute notre enfance prolongée on nous sèvre de câlins. Vers l'âge de quatre ans, où le petit singe humain est enfin autonome car il peut se nourrir seul, il va être minoré, plongé dans une enfance prolongée. Et simultanément ce sera le sevrage tactile : l'arrêt des câlins. Même certains enfants vont l'applaudir : « je suis plus un bébé ! » s'exclameront-ils en refusant des caresses.

Notre culture a hypertrophié la « sexualité » en décrétant entre autres que l'être humain au naturel, c'est-à-dire nu, était sexuel. En même temps il a réprime la nudité... d'un côté notre culture exagère l'importance de la sexualité. De l'autre, il pourchasse cette sexualité-là qu'elle proclame.

Nous recevrons des messages contradictoires : le sexe c'est mal. Il faut le cacher. Le sexe c'est beau. Il n'y a rien de plus beau. L'abstinence c'est bien, « respecter » les femmes c'est ne pas y toucher. Les succès féminins c'est bien, « respecter » les femmes consiste à en draguer le plus possible, etc.

Perdu dans la course d'obstacles qu'il rencontre dans sa quête d'authenticité, l'homme doit prendre garde à la ligne incolore et éviter de la taquiner. Qu'est-ce que « la ligne incolore » ?

Il s'agit de la ligne invisible qui sépare l'homme entre le rôle apparent qu'il joue et la réalité qu'il est au fond de lui-même. Par moments, il tend à franchir cette ligne invisible pour redevenir lui-même. Ce qui peut arriver suite à un repas trop arrosé. Mais aussi en se laissant aller à des confidences, des gestes, des attitudes qu'il évite en temps normal. Ce qui peut lui jouer des tours. Ce franchissement est souvent largement involontaire. Et n'a pas forcément toujours des conséquences positives.

Quand l'autre franchit cette ligne en votre direction, vous pourriez croire à « une ouverture », la perspective de quelque chose de beau et inattendu. Pas du tout ! Quand vous répondez positivement vous pouvez vous faire rejeter. Et si vous répondez négativement, vous faire critiquer. Exemple : une jeune fille provoque sexuellement un homme. Il l'ignore, mais, à force, finit par donner un début de réponse dans le même sens. La jeune fille va alors aller se plaindre à son entourage qu'elle a été « agressée ». L'entourage, qui la connait, et l'observe, va rire ou s'énerver contre elle et l'envoyer paître. Autre exemple : à une provocation sexuelle d'une femme l'homme ne répond pas comme elle le souhaite. Elle l'engueule aussitôt pour cela. Et deux jours après l'accuse d'en avoir « profité ». En fait il s'agit ici d'incohérences sur et autour de la ligne incolore. Pourquoi l'appeler « la ligne incolore » ? Parce que cette ligne, sorte de frontière invisible et bien réelle, doit bien trouver un nom. Ligne rouge signifie ligne à ne pas dépasser, alors, c'est « la ligne incolore ».

Les petits enfants perçoivent très bien l'existence de ligne incolore. Il y a plus de trente ans un ami me racontait avoir assisté à la scène suivante : on faisait la toilette d'un petit garçon âgé de six mois. Sa grande sœur âgée de deux ans le voit nu, s'exclame : « oh ! Un zizi ! » Elle attrape le zizi de son petit frère. « Et elle ne voulait plus le lâcher ! » a conclut mon ami en rigolant. Si nous vivions nus comme jadis l'étaient nos lointains ancêtres, la fillette n'aurait pas réagit ainsi. Voir des zizis n'auraient rien de remarquable. Mais de nos jours habituellement les zizis sont cachés. C'est pour ça qu'elle a eu cette réaction. Elle a perçu la ligne incolore, sorte de frontière invisible entre « la Nature » et « la Culture ». Et n'ayant pas encore été conditionnée contre la spontanéité a réagit spontanément et sans se cacher. Les adultes, eux, regardent les zizis sur Internet. Et font mine de ne pas être intéressés. Connaissez-vous beaucoup de gens qui déclarent regarder des sites coquins sur Internet ? Parmi ceux qui le font, il y a très certainement une quantité de gens qui font la morale aux autres. La ligne bleue a encore beaucoup de beaux jours devant elle.

Basile, philosophe naïf, Paris le 29 décembre 2015

lundi 28 décembre 2015

498 Trouver ou retrouver la confiance et l'amour, libre, sans peurs et sans souffrances

A partir d'un certain âge, quantité de gens voient qu'en cherchant l'amour ils ont récolté ou récoltent le plus souvent de la souffrance. Que leurs mauvaises expériences les amènent à avoir des peurs dès qu'il pense s'agir d'amour. Qu'ils craignent de ne pas rester libre. En résumé : ils ont perdu la confiance en eux. Et il leur manque l'amour. Mais celui-ci leur apparaît piégé. Ils pensent à la responsabilité de cette calamiteuse situation. C'est, au choix : le manque de chance, le poids de l'éducation, la faute à l'autre, à l'autre sexe, à la bêtise humaine, etc. Toutes ces explications ne donnant pas pour autant une clé pour améliorer la situation, mais enfonçant plutôt le moral.

Les mots eux-mêmes sont piégés. Ainsi prétendre vivre l'amour librement a pour sens de se vautrer dans l'orgie. Dès qu'on remet en cause des règles existantes, on entend souvent le cri du cœur : « je ne fais pas n'importe quoi ! » Sous-entendu qu'on n'aurait le choix qu'entre le conformisme étroit et le délire le plus complet. Et avec ça, le mensonge et la manipulation règnent.

Échapper au désastre général exige de se remettre en question. Et pour cela d'identifier les pièges sur le chemin de « l'amour », ou tout au moins de sa recherche.

Il me semble qu'il y en a cinq principaux : l'ivresse sentimentale, l'ivresse tactile, l'ivresse sexuelle, l'amour isolé et l'amour enfermé. Je vais à présent les détailler ici.

On parle souvent de l'ivresse alcoolique, de la toxicomanie en général. Du plaisir qu'on en retire et des inconvénients qu'elle entraîne. L'homme peut s'auto-souler avec une substance qu'il produit lui-même : ses endorphines. L'ivresse endorphinique peut avoir les conséquences les plus dramatiques. Quand on se gargarise avec un amour passionnel, on est drogué. Les effets ressemblent à ceux obtenus avec des drogues artificielles. On perd son sens critique, on exagère les qualités de l'autre, on se croit indispensable à lui ou à elle, alors qu'en fait on en est devenu dépendant. Quand j'ai vécu ce genre de dérèglement, l'objet de mes illusions, la source de mes shoots d'endorphines m'apparaissait comme quelqu'un de formidable, alors qu'elle était tout à fait ordinaire. Sa beauté je l'imaginais et la voyais, alors qu'à un moment-donné elle était devenue obèse. La sagesse populaire a résumé ce genre de déformation de la vision : « l'amour rend aveugle ». Je m'imaginais ne pas pouvoir vivre sans la source de mon auto-droguage. Je me souviens dans un restaurant comment je me délectais de sa vue cependant qu'une petite voix intérieure me rappelait à l'ordre : « arrêtes de la regarder comme ça ! »

J'étais ivre. C'est bien agréable. Mais se bourrer la gueule, est-ce que c'est un but dans la vie ? Et, attention aux lendemains de cuite, aux atterrissages ! Le sevrage brusque causé par la rupture conduit chaque année des dizaines de millions d'hommes et de femmes au suicide. De pas grand chose on fait une montagne. Et le jour où on le perd, on n'est plus rien, on perd le goût de vivre. Il vaut mieux éviter de se saouler.

L'ivresse sentimentale n'est pas la seule. Il existe également deux autres ivresses au moins. L'ivresse tactile est causée à l'occasion par des caresses. J'ai connu par deux fois ce genre d'état déficient. Une fois j'étais allongé sur mon lit, l'objet de mes rêves s'était allongée sur moi. Nous étions habillés. Je lui ai un peu caressé un sein, et voilà que « je ne me suis jamais aussi bien senti ». En fait j'avais un coup dans le nez ! L'autre fois, c'était au lit avec ma copine de l'époque qui m'a caressé le dos et je ne n'ai jamais senti une caresse plus agréable. Au point d'en brosser des théories par la suite ! J'avais vidé une bouteille d'endorphines... Il m'a fallu vingt-sept années pour laisser tomber cette dangereuse illusion. Non, il n'existe pas une terre promise des câlins. Les câlins ne sont pas si importants que ça. On peut parfaitement s'en passer.

La troisième ivresse que je passerais ici en revue est l'ivresse sexuelle. Il peut arriver que subitement un acte sexuel quelconque dégage une surcharge d'endorphines et une brève ivresse intense. N'identifiant pas la nature du phénomène - on s'est incidemment « bourré la gueule » aux endorphines, - on cherchera à « retrouver » cet instant délicieux et fulgurant. Et plus on le cherchera, moins on le trouvera. J'ai connu ainsi un homme qui recherchait depuis des dizaines d'années ce qu'il avait ressenti avec sa petite copine quand il avait dix-huit ans. Il était bien sûr systématiquement insatisfait. Car rechercher par le raisonnement de parvenir à un état de soulerie est un non sens. Mais si ces ivresses sentimentale, tactile ou sexuelle sont des plus agréables sur le coup, que de dégâts elles occasionnent ensuite dans la vie ! Si on n'a pas la prétention de réduire notre vie à l'alcoolisme, il faut raisonnablement se détourner de l'ébriété endorphinique, après l'avoir identifié pour ce à quoi elle se résume : un surcroit d'endorphines provoqué par des circonstances données.

L'amour isolé et l'amour enfermé sont deux autres obstacles à l'épanouissement humain. Comme on se sent dramatiquement en manque d'amour, de caresses, de sexe, le jour où on pense avoir rencontré la bonne personne, on tend à s'isoler avec. On voit moins les amis, on s'enferme avec l'autre dans des activités à deux, un logement commun... et on arrête de vivre pour se gargariser.

L'étape qui suit cet auto-isolement est l'auto-enfermement. On s'organise des motifs pour croire qu'il est impossible de sortir de cet isolement. Certains chercheront à avoir des enfants pour verrouiller leur union. Pauvres enfants réduits au rôle de « ciment » de « l'union » des parents ! Qui peuvent aussi se croire enfermés dans leur isolement par « l'officialisation » de leur concubinage !

Le jour où le rideau des illusions se déchire, ça peut faire très mal ! Et pourtant, si on sait reconnaître les obstacles, les pièges, il est facile de les éviter ! Si vous commencez à délirer à propos de quelqu'un, arrêtez de boire !

Évitez de vous isoler si quelqu'un vous plaît et de vous enfermer avec. C'est tout à fait possible à condition d'avoir conscience des pièges qui existent. Et alors on retrouve la confiance. Non pas la confiance aveugle et suicidaire dans « l'autre », mais la seule vraie confiance : la confiance en soi-même et dans la vie.

« Donner sa confiance » : mais il n'y a rien à donner ! Il suffit d'être. Et clairement tracer les limites aux autres. Ce n'est pas si difficile si on sait ce qu'on veut et on annonce clairement aux autres ces limites fixées par nous. On amènera les autres à s'incliner ou passer leur chemin. Et c'est tant mieux.

Comme je goute aujourd'hui ma belle solitude et mes lendemains prometteurs. A condition de savoir où mettre les pieds, le chemin est toujours fleuri et verdoyant ! Certes, on me fera remarquer qu'il est dur de renoncer à de belles choses, fussent elles de beaux pièges ou de belles illusions. C'est vrai, c'est difficile. De même que renoncer à boire est difficile à l'ivrogne. Et continuer à boire paraît plus facile. Chacun ses choix, certains ne renoncent pas. D'autres renoncent. Mais renoncer à des illusions, c'est prendre le risque de l'authenticité. N'est-elle pas infiniment préférable à l'illusion ?

Les illusions ne sont pas le seul obstacle sur le chemin de la confiance. Mais c'est le plus perfide. Car il nous désarme, nous livre, nous déstabilise. La remise en question des illusions est le premier pas vers la confiance retrouvée. Condition nécessaire pour trouver enfin l'expression d'un amour équilibré et non d'un sentiment déstabilisant. Certains croient que la peur, la souffrance, la fuite, la déception, le désespoir, voire la folie et le suicide, sont inhérents à l'amour. En fait, ils sont plus ou moins inhérents à ce que nous croyons à tort être la recherche de l'amour. Et qui n'est qu'une traître et triste caricature. Si l'amour vous fait peur, déçoit, fait souffrir, désespère, rend fou, donne envie d'en finir, ce n'est pas l'amour. C'est autre chose. Qu'il importe absolument de rejeter pour avancer.

Basile, philosophe naïf, Paris le 28 décembre 2015

jeudi 24 décembre 2015

497 Les seins des Balinaises et le cul des Berlinois

L'évolution des mœurs se manifeste de diverses façons que l'on ne s'avise pas toujours de relever. Un ami, il y a plus de vingt ans, me racontait la chose suivante qu'il avait remarqué à Bali : traditionnellement les femmes ne cachaient pas leurs seins à la vue d'autrui. Mais, influence occidentale, les jeunes femmes et jeunes filles généralisaient chez elles le port de ces caches-nichons qu'on baptise hypocritement « soutiens-gorges ». Résultat, il avait la surprise de voir évoluer en public des vieilles dames seins nus et des jeunes femmes les seins dissimulés.

A Berlin, dans de grands parcs, il est parfaitement licite de se balader à poil. Sauf que cet été un Berlinois m'a fait savoir que cette habitude se perdait à présent. Les vieux continuaient à se dessaper. Mais les jeunes préféraient rester habillés. C'est le même phénomène qu'à Bali avec les nichons.

Quand j'ai visité la Roumanie en 1970 et 1971, un phénomène étrange pour moi m'a frappé : dans les transports en commun, pour se tenir, les voyageurs se retenaient sans problèmes à d'autres voyageurs, y compris inconnus d'eux ! On n'imagine pas à Paris un inconnu vous prendre le bras ou l'épaule pour se prémunir des secousses éventuelles du véhicule de transports en commun ! J'ignore si cette habitude roumaine est toujours existante.

S'en rapprochant, un homme m'a raconté que dans la Marne, quand on doit descendre d'un bus, par exemple, on attrape la partie à portée des gens qui doivent se pousser pour vous laisser passer. N'importe quelle partie, c'est ainsi que ça se passait dans son village. Mais, quand il a débarqué à Paris, il y a quelques décennies, quel scandale quand il a fait comme chez lui. Voulant descendre d'une rame de métro, pour faire se pousser une jeune femme, il l'a attrapé par la partie la plus proche de lui : ses fesses ! On a tout de suite pensé qu'il était un dragueur vulgaire !

Dans le domaine dit plus ou moins « sexuel » nous sommes habitués à des bizarreries sans nous en apercevoir. Les humains sont « intouchables ». Si vous effleurez par hasard quelqu'un que vous ne connaissez pas dans un lieu public, vous vous excusez aussitôt. Cet absence de contacts a généré un mouvement des « câlins gratuits ». Avec une pancarte, prévenant en anglais qu'il s'agit de « free hugs », vous proposez un câlin dans la rue... S'il faut ainsi préciser que c'est « gratuit », ça signifie bien qu'en règle générale, un câlin c'est « payant ». C'est-à-dire que ça implique le coït.

C'est bien dans cet optique qu'un prêtre annonçait dans une cérémonie de mariage, dans les années 1970, à l'église parisienne Saint-François-Xavier : « les mariés sont autorisés à se donner un baiser en public, devant tout le monde ! » Sous-entendu : à présent, mon cher marié, baises-là ! C'était d'autant plus curieux qu'à mon avis les mariés avaient déjà croqué la pomme depuis longtemps.

On accorde une importance quasi-magique à l'acte sexuel. Dans les années 1980, j'ai entendu rapporter une affaire criminelle qui s'était passée en Bretagne. Un sadique avait sévi dans une famille. Au nombre des victimes était une fillette de cinq ans. Choquée, elle ne parlait plus. On avait procédé à un examen. Constaté qu'elle était vierge, son hymen intact. Et conclut contre toutes les apparences : « ce qui lui est arrivé n'est pas bien grave, étant donné qu'elle est encore vierge ! » Dans le même milieu familial, m'a-t-on raconté, une jeune mère, faisant la toilette de son petit garçon âgé de quelques mois, s'exclamait : « oh ! Un zizi ! » et prenait dans sa bouche le sexe de son enfant. Entendant raconter ce fait, choqué, j'en ai parlé à mon père. Qui m'a répondu textuellement : « ce n'est pas grave, c'est sa mère ». J'ai été surpris d'entendre cet avis venant de sa part, lui qui était plutôt conservateur dans le domaine des mœurs. Enfin, pour conclure, je dirais que pour nous c'est toujours les autres les sauvages. Mais on est toujours le sauvage de quelqu'un.

Basile, philosophe naïf, Paris le 24 décembre 2015

mercredi 23 décembre 2015

496 Rester au lit un jour de pluie

Quand la pluie tombe, la Nature s'endort. Les oiseaux des bois, des champs et des forêts restent silencieux. Personne n'aime être mouillé ! Ah si, on voit des bêtes qui sortent en masse dès le matin, qu'il pleuve ou pas : ce sont des humains. Qui partent à l'école ou travailler. Ils n'en ont pas envie, quand ils voient la pluie dégouliner. Mais ils y vont quand même ! Et après ça, vous en voyez invoquer la Nature pour justifier leur sexualité ! Ils sont incapables de suivre la Nature dans ce geste élémentaire consistant à boycotter la pluie en restant au lit. Et s'agissant de la sexualité, ils invoquent la Nature pour justifier leurs agissements ! Quelle belle absurdité !

Beaucoup de nos désirs, souhaits, rêves, sensations de besoins sont formatés par notre Culture, notre éducation. Si, à la fin d'un repas, nous avons envie de manger quelque chose de sucré, c'est uniquement le résultat d'un conditionnement qui nous a habitué au dessert. Un ami, qui avait un très bon coup de fourchette, me disait : « si dans un repas il n'y a pas au moins une viande, j'ai encore faim après. Je sais que c'est une habitude culturel, un conditionnement ».

J'ai longtemps cherché « la femme de ma vie ». Et cela me paraissait tout à fait naturel. Je me suis aussi dit que si j'avais été un pieux musulman, j'aurais cherché « les quatre femmes de ma vie » et cela m'aurait probablement aussi paru tout à fait naturel. 

Si on ne connaissait que la choucroute garnie comme nourriture, à chaque fois qu'on aurait faim, on aurait envie de manger de la choucroute garnie. Or, dans notre société, les caresses et bisous entre adultes sont systématiquement et abusivement associés à l'acte sexuel. Donc, si on a envie de caresses et bisous entre adultes, on a l'impression d'avoir envie de baiser.

Cette erreur, cette confusion, est aggravée par l'interprétation erronée de la physiologie humaine. Une érection masculine, son équivalent complémentaire féminin, sont assimilés à l'envie de baiser. Or cela peut arriver pour quantité d'autres raisons.

La pénétration anal d'un godemiché provoque chez l'homme le fonctionnement de ses glandes de Cowper. C'est une réaction automatique qui ne signifie pas qu'il soit en attente de rapports homosexuels. De même que s'il se réveille en érection près de son amie au lit, il n'a pas du tout de raisons justifiées pour lui sauter dessus. Il s'agit encore là d'automatismes physiologiques.

Notre Culture a prohibé à un point invraisemblable le toucher, la caresse. Je remarque l'autre jour deux jeunes filles et un jeune homme dans le métro parisien. Ils descendent à la même station que moi. Je me lève et me retrouve près d'une des deux jeunes filles, derrière elle. Derrière moi est l'autre jeune fille et le jeune homme.

Devant moi je vois la chevelure magnifique, longue et ondulée de la jeune fille qui me précède. J'ai ressenti l'envie de toucher ses cheveux. Mais, impossible, les deux autres derrière moi l'auraient vu et n'auraient pas accepté mon geste. Pourtant la jeune fille à la chevelure n'aurait rien senti. Mais c'est ainsi. Même un geste de toucher qui n'est pas senti est ici interdit. On confine à un sommet d'absurdité. Et c'est notre Culture.

Autre moment absurde : je suis dans l'escalator d'une station de métro parisien, un jeune couple est juste devant moi. J'ai eu envie de caresser le dos de la jeune fille. Le dos, pas les seins, les fesses ou l'entrejambe, bref un endroit classé « sexuel » dans notre société ; eh bien, là aussi ce geste était impossible. Pourquoi ? Parce qu'il serait assimilé à une agression ! Et une agression à caractère sexuel alors qu'il s'agissait du dos. C'est aussi là notre Culture.

Et elle n'empêche pas les viols et les agressions.

Dernier exemple que je pense avoir déjà évoqué :

J'étais récemment assis dans une rame bondée du métro parisien. Arrive un couple accompagné par trois fillettes d'environ huit ou neuf ans d'âge, qui restent debout. Deux places se libèrent pas loin de moi et deux fillettes s'asseyent. La troisième reste debout. Elle a l'air fatiguée. Et la pensée suivante me vient : « si je propose à cette fillette inconnue de s'asseoir sur mes genoux, on va me regarder comme un pervers. Parce que je suis un homme. En revanche, si j'étais une femme, on trouverait ça normal et généreux ». 

Ces bizarreries culturelles se retrouvent avec le traumatisme psychologique et culturel de « la pudeur ». On doit, par exemple sur les plages, dissimuler quelques endroits de notre personne avec des « vêtements de bains ». C'est ainsi en France. Tandis que sur les plages du nord de l'Allemagne ou de la Scandinavie tout le monde est tout nu. En France, les partisans du naturisme noircissent des pages entières de leurs revues pour justifier leur choix. Alors que ce discours justificateur n'a pas lieu d'être. Ce serait aux « textiles » adeptes du « maillot de bain » de se justifier et avoir leurs enclos réservés.

Quand on est nu en public, on peut ou bien penser qu'on se montre aux autres, ou simplement qu'on est soi-même en présence des autres. En 1992, sur une plage naturiste près de Toulon, j'observais comment différentes étaient les attitudes de ceux qui se sentaient « déshabillés », pas vraiment à leur aise. Par rapport à ceux qui assumaient pleinement leur nudité comme quelque chose de naturel et allant de soi. Faisant partie de cette dernière catégorie, il y avait en particulier deux vieux papys provençaux, bronzés comme des biscuits, qui bavardaient paisiblement l'un avec l'autre.

Le seul casse-tête anatomique chez les naturistes hommes c'est la terreur érectophobe : la frousse de se retrouver subitement en érection publique. Et, chez les naturistes dames, la gêne de laisser voir leur fente pubienne. Toutes ces peurs ne sont mises par écrit nulle part dans aucun règlements affichés dans les sites naturistes.

L'assimilation systématique de l'érection à la sexualité relève d'un abus. Celle-ci peut intervenir sans qu'aucun coït ne soit à l'ordre du jour. Dans le domaine des réactions génitales classées « sexuelles » existe également l'émission du liquide des glandes de Cowper chez l'homme. Ce liquide a été baptisé très abusivement « liquide pré-coïtal », alors qu'il suffit de peu de choses guère coïtales pour susciter son éventuelle émission. J'en ai moi-même fait l'expérience il y a une trentaine d'années de cela, en Auvergne. J'étais en vacances chez des amis qui possédait une superbe chienne lévrier russe. C'était un animal très voluptueux. Or, l'ayant juste caressé sans aucune arrières-pensées, j'ai été fort troublé de constater chez moi une réaction de mise en route des glandes de Cowper.

J'ai d'abord été mal à l'aise. Puis, en y réfléchissant, j'ai réalisé très clairement que je n'avais éprouvé aucun désir sexuel pour cet animal. Simplement le plaisir de le caresser m'avait fait cet effet.

Je relève le ridicule de la pornographie et la stupidité de la sexualité dont elle fait étalage sans réserve. Pour un observateur attentif il est évident que la plupart du temps les « acteurs » qui s'adonnent à des galipettes sexuelles devant les caméras ne ressentent rien. Leur comportement est des plus ridicules. Ainsi, il est classique de voir le sujet d'une fellation conserver sagement les mains le long du corps et ne rien faire avec. Il est aussi rempli d'initiatives que le client d'un coiffeur en train de se faire couper les cheveux. Pourtant la peau de la créature magnifique qui travaille son engin appellerait les caresses... Il ne fait rien.

Quand on voit les codes développés par la société, on croirait que le seul fait de toucher le sexe de l'autre implique l'accouplement. Et pourquoi donc cet organe de format réduit déciderait à notre place ? On me dira que c'est spontané. C'est « la Nature ». C'est en fait aussi naturel que l'évanouissement de ce prince indien quand il a vu arriver une tête de vache à table sur un plateau. Cette réaction relève de la Culture et pas de la Nature.

Si on veut vraiment améliorer notre sort, il est nécessaire de rejeter la sexualité perturbée qu'on nous a inculqué et qui règne présentement et régit nos vies. Il faut parvenir à réformer notre comportement. Pour nous libérer de contraintes pénibles, superflues et reposant sur des idées fausses et une vision déformée de la réalité du monde. C'est seulement au prix de cet effort indispensable et nécessaire que les mots « changer la vie » prendront un sens.

Basile, philosophe naïf, Paris le 4 septembre 2014 et le 23 décembre 2015

495 L'apocalypse permanent des trous sur abonnements (TSA)

Notre société est ruinée et minée en permanence par un phénomène culturel tellement ancien et ancré dans les traditions régnantes qu'on n'a même pas le plus souvent conscience de son existence. La relation entre adultes est régie par la règle des trous sur abonnements. Chaque femme est sensée à un moment-donné connaître un homme auquel son vagin sera fourni à discrétion et qu'il devra régulièrement honorer de sa semence. Ce sera littéralement la mise sous abonnement du trou ad hoc. Il y aura l'abonné, l'homme, et le trou sur abonnement. Le drame est que si l'acte sexuel par lui-même relève de la nature, la prétention de le régir ainsi est parfaitement arbitraire. Et comme la Nature n'aime jamais être maltraitée, elle se venge en faisant du désordre. Le trouble engendré sera et est présentement dévastateur.

Comme la planification de l'abonnement, sa jouissance, sa gestion, ses obligations concomitantes sont artificiels et arbitraires, ça va donner par exemple :

Une dame veuve et en manque de câlins : impossible de la caresser, même juste un peu. Pourquoi ? Parce que dès la première caresse va être posé la problématique de l'abonnement. Or, il n'y a pas désir. Et le désir permanent n'existe pas. D'où raisonnable évitement du câlinage de la veuve.

Une jolie jeune fille vit seule. Elle est adorable. Ses formes appellent des caresses... Elles sont hors de question. Car la première caresse posera d'emblée la question de l'abonnement. Or cette jeune fille n'a pas d'attirance sexuelle, de désir existant. D'où pas de câlins, impossibilité d'en échanger.

Une jeune femme jolie et très sympathique déclare à un homme qu'elle va partir en vacances « avec son amoureux ». Cet aimable propos, dans le contexte du règne des TSA (trous sur abonnements) va prendre le sens de : « tes caresses, je n'en veux pas ! » Même si elles ne sont pas à l'ordre du jour, c'est violent et vexant. Je m'explique : imaginons que vous fassiez de la cuisine régulièrement. Si vous croisez quelqu'un que vous ne faites nullement profiter de vos plats, qui va s'exclamer : « ta cuisine ? Il est hors de question que j'y goûte ! » ce sera agressif et vexant quand-même.

Un jeune homme qui se déclare en couple arrange avec douceur la frange d'une collègue de travail. Ce geste aimable et doux, dans le contexte du règne des TSA signifiera : il la drague. Il veut frauder et mettre sa queue dans son trou.

Une dame en couple apprécie visiblement les câlins d'un ami. Celui-ci les évite, car il sait que suivant le règne des TSA, la dame finirait par envisager un ménage à trois. L'ami n'est pas intéressé. Alors, il évite de faire des câlins à la dame.

Une très jolie fille, rigoureusement impossible à caresser, littéralement intouchable. Car elle est partisane à fond du principe des TSA. Elle se trouve un abonné, puis le surveille avec une jalousie terrifiante. Et au premier soupçon le largue aussitôt. Elle a un « compagnon » en ce moment. Ce n'est ni le premier, ni le dernier. Combien de temps l'abonnement va durer ? Nul ne le sait, très probablement ça ne durera pas longtemps.

Deux très jeunes filles rêvent de câlins. Mais ne voient et connaissent que le règne des TSA. Comme elles ne ressentent pas un désir concomitant et aspirent aux caresses, elles pratiquent une valse hésitation. Quand un homme leur plaît, elles cherchent à lui plaire. L'allument à mort et le jettent avant de « conclure ». Tout en rêvant de rencontrer « le bon » qui n'existe que dans leurs rêves.

Une fillette dans le métro parisien bondé est restée debout. Un homme qui est assis voit qu'elle voudrait bien s'asseoir. Mais évite de lui proposer de la prendre sur ses genoux. Motif : dans la culture des TSA régnante ça signifierait... l'initiative douteuse d'un pervers qui cherche à gouter sexuellement un fruit vert. Il existe d'ailleurs hélas des détraqués qui traduisent ainsi le règne des TSA et s'en prennent à des enfants. Ils sont incapables de voir le monde relationnel sans les lunettes déformantes des TSA.

Certains hommes qui manquent de câlins vont apprécier d'autres hommes. Et, comme ils voient le monde avec des lunettes TSA, ils en concluront qu'il s'agit d'une attirance « homosexuelle ».

Un homme et une femme s'entendent à merveille. Voilà qu'un jour l'entente spirituelle amène quelques caresses. La dictature tragique du règne des TSA va inter-agir et progressivement ronger et détruire la très bonne entente de départ. Car s'il y a câlins, la dictature du règne des TSA exigera d'aller au trou et le remplir. En bons petits soldats du cul et aux applaudissements de l'entourage qui ne voit de câlins que mâtinés de cul, les deux amis vont se mettre à l'ouvrage. Sans grand résultat. Leur accord est humain et affectif et pas l'expression d'un accord avec l'artificiel règne des TSA. Les efforts pour se conformer à l'abonnement amèneront des éléments perturbants. La jalousie et également l'angoisse pour l'avenir des enfants à venir, bien sûr ! Finalement, c'est à la veille du mariage que la femme partira en courant, laissant un terrain affectif dévasté. La belle amitié du début a succombé au règne des TSA !

Si on prend conscience du règne aberrant et dévastateur des TSA, reste qu'il apparaît des plus ardus de s'extraire de la gangue de celui-ci. Ne serait-ce qu'exprimer un désir de câlins ne conduisant pas à la mise en place à terme de TSA paraît extrêmement difficile. Ce n'est vraiment pas du tout évident.

Certains croiront éviter le problème des TSA en prétendant s'abonner ouvertement et simultanément à plusieurs trous à la fois. Ils baptiseront parfois cette démarche le « polyamour ». D'autres chercheront à s'abonner à un centre de trous sur abonnements : club libertin ou plage libertine. Mais le problème n'est pas l'exclusivité, mais le principe de l'abonnement. Sur quelle base peut-on décréter que si on s'aime on a forcément envie de baiser et recommencer à baiser ? C'est proclamer un arbitraire relationnel qui ne corresponds pratiquement jamais à la réalité des sens et des sentiments. Si j'ai vraiment envie de faire l'amour avec une personne donnée, au nom de quoi puis-je prétendre que j'en aurais toujours envie dans six mois ou cinq ans ?

Alors, on s'arrange, on ment souvent. Et on souscrit à des théories aberrantes et à la mode, comme celles des zones érogènes. Il y aurait des zones précises qui appelleraient nécessairement le coït si on les sollicite par la caresse. Si on y croit, c'est facile de se suggérer un appétit artificiel pour une chose dont on n'a pas envie. Et baiser sans en avoir vraiment et authentiquement envie. C'est comme manger sans avoir faim. Ça nuit souvent à la santé. Et ça rend au bout du compte la nourriture insipide et écœurante.

Mais, au nom de toutes sortes de théories plus ou moins tirées par les cheveux, on continue à encenser le mythe de l'authenticité du règne des TSA. On verra même faire appel à la psychologie ou aux médicaments pour soigner « les troubles de la libido ». Si vous n'avez pas envie de baiser, ce n'est pas normal, on va vous soigner ! On invente ainsi de nouveaux traitements pour des maladies imaginaires. Ils sont réglé auprès des spécialistes avec des espèces sonnantes et trébuchantes et pas du tout imaginaires. Ce qui fait que ces heureux « thérapeutes » ne s'aviseront généralement pas de vous dire que vous n'avez rien, mais que c'est la société qui est malade du règne des TSA. De toutes façons, comment pourraient-ils identifier un trouble dont ils souffrent eux-mêmes et qu'ils ne croient pas être un trouble ? S'émanciper du règne des TSA c'est aussi s'émanciper du règne d'un certain nombre de charlatans qui prétendent vous apprendre à gérer correctement votre cul.

Basile, philosophe naïf, Paris le 23 décembre 2015

lundi 21 décembre 2015

494 Les caresses, Jésus, Marx et Bakounine

Je parlais un jour avec un anarchiste qui me disait : « le jour où viendra une société communiste libertaire ». Puis, il m'esquissait son rêve de cité idéale. J'ai connu bien des gens que le mot, l'idée de « socialisme » faisait rêver à un monde sans peurs, injustices, violences... Et voilà que, parcourant Internet, je lis le texte d'une prière catholique qui appelle la venue « du règne de Dieu ». Force m'est de constater que dans les trois cas le rêve joue exactement le même rôle dans la pensée de ceux qui s'y attachent.

Ceux qui parlent du règne de Dieu s'attachent à « la divine providence ». Les autres « aux lois de l'Histoire ». Dans ces différents cas il s'agit à chaque fois de forces supérieures et irrésistibles qui finiront par établir le règne attendu sur Terre. La parole sacrée de Jésus pour les uns, celle de Marx ou de Bakounine pour les autres, occupent la même place dans le système de pensée des adeptes de ces modes de penser. A chaque fois derrière on retrouve l'aspiration de l'homme à un monde meilleur. Cette aspiration est très généreuse, mais est-elle réaliste ? A mon avis oui, il est réaliste de rêver. A condition de comprendre le rêve et son rapport à la réalité.

Quand nous rêvons à un monde idéal, selon Dieu, Marx ou Bakounine, nous pensons souvent à son organisation politique, économique et sociale, et rarement aux caresses. Pourtant c'est leur manque qui explique quantité de troubles chez les humains.

Très récemment, je me surprends à m'énerver subitement à l'endroit des femmes. Je sens en moi colère et insatisfaction, alors qu'en temps normal je suis plutôt tranquille de ce côté-là. J'ai finalement compris la source exacte de mon énervement. Rentrant ce soir-là chez moi je croise une jolie jeune fille que je connais à peine, mais suffisamment pour la saluer fort civilement. Elle me rend mon bonjour. Mais, chose inattendue, ajoute : « on se fait la bise ! » Chose faite, après quoi nous échangeons quelques aimables banalités sur le mode d'occuper le temps des fêtes de fin d'année et le début de l'année à venir. Nous nous quittons après ce bref échange et je n'y pense plus. Oui mais, je n'ai pas réalisé qu'en faisant la bise à cette personne, j'ai senti une incroyable douceur de la peau de ses joues. Je ne suis ni amoureux, ni séduit par cette jeune fille. Mais en carence absolu ou presque de câlins, chose que je supporte fort bien. Mais voilà, mon organisme, lui, est affamé de caresses. Cette faim commune dans notre société est réveillée par ce contact. Un peu comme la soif peut être réveillée par la vue d'un grand verre d'eau... Et l'organisme s'agite, se tourmente et m'envoie des pensées énervées à propos des femmes. Au bout de vingt-quatre heures mon énervement s'est évaporé et la tranquillité est revenue.

Mais imaginons un être un peu brut, qui croit que les femmes sont d'agréables gibiers à chasser. J'en aurait été quitte pour en être malade. Là je sais qu'il n'y a rien à imaginer. Dans notre société les câlins sont pris en otages par les règles régissant « le sexe ». On ne caresse pas si on ne baise pas. S'il n'y a pas d'envie de baiser on ne caresse pas. Les épidermes sont condamnés à la diète si on ne consomme pas du cul. C'est barbare mais c'est comme ça dans notre société malade.

Certains, pour compenser ce manque vont faire toutes sortes de bêtises et avoir divers comportements incorrects vis à vis des autres. Moi, je m'en passerais. Mais le « monde idéal » appelé par les uns ou les autres s'en passe-t-il ? Avons-nous d'abord besoin d'argent ou de câlins, c'est-à-dire d'amour ? On peut être riche et malheureux. Mais il est souvent beaucoup plus facile d'invoquer juste des changements matériels pour arriver à un monde meilleur. Que se confronter à l'irritante question du manque de câlins et des obstacles à ceux-ci en nous et autour de nous. Il faudra bien pourtant un jour parvenir à répondre positivement au problème de la carence, et même famine quasi générale, régnant dans le domaine des câlins.

Basile, philosophe naïf, Paris le 20 décembre 2015

dimanche 20 décembre 2015

493 L'homme disloqué et horrifié

Notre culture a disloqué l'homme en au moins trois parties. Ce qui fait qu'il ne reconnaît pas son image, la refuse et la juge. Les parties imaginaires entre lesquelles il prétend se diviser sont le sentimental, le sensuel et le sexuel. Ainsi, il pourrait aimer indépendamment de tous contacts réels ou rêvés. Il pourrait être « amoureux » et se morfondre dans son coin de s'en tenir là par la force des choses. Il réussit si bien à s'auto-suggérer cet amour infirme qu'il se rend facilement très malheureux avec. La sensualité décrochée du reste est encore autre chose. Il ignore généralement l'art de donner ou recevoir les caresses et passe tout de suite au troisième segment : le « sexuel ». Il y aurait soi-disant un domaine réservé qui serait lié au coït et indépendant du reste. Pour confirmer cette illusion, il a même créé le métier de prostitué qui baise et s'en tient là en échange d'argent.

Cette dislocation entraine le rejet, le refus, l'insupportabilité de l'image. L'homme refuse généralement la nudité. En a horreur, la trouve scandaleuse. Alors qu'il s'agit simplement de son état naturel. Je me faisais tout dernièrement la réflexion que la phrase : « il aime voir des femmes nues » est absurde. Il devrait suffire de dire : « il aime voir des femmes ». Car voir implique de ne pas avoir son regard empêché par un vêtement. Mais notre société qui a inventé « le corps » pour mieux le haïr a décrété que notre état « normal » c'était d'être habillé. L'horreur de la nudité se concentre sur certaines parties de l'être humain. Le sexe et les fesses de tous et les seins des dames sont exécrés. Le sexe de la femme dont nous sortons tous, ses seins qui nous ont nourri enfant, sont jugés obscènes et dangereux. Notre société est bien malade.

Au pire du pire notre culture a placé l'érection. Celle-ci intervient pour quantité de motifs. Notre culture les a nié tous excepté le coït. L'érection soi-disant appellerait le coït. Cette interprétation qui égare a placé le sexe masculin en érection au sommet de l'horreur. Beaucoup d'histoires délirantes en sont le résultat. L'homme qui bande s'imagine qu'il a envie de baiser et commet des bêtises en fonction de ce délire. Quand un garçon a entre 12-13 et 17 ans il bande avec beaucoup de facilité. On lui en fait honte ou fierté, ce qui n'est pas mieux. Cette facilité le fera fuir des camps naturistes où tout le monde est nu. L'interdit de bander en public n'est inscrit dans aucun règlement de centre naturiste, mais est implicite. Tous naturiste averti se balade en permanence avec une serviette soi-disant pour s'asseoir. En fait pour s'asseoir mais d'abord pour cacher la « honte » de l'érection !

Le drame de la dislocation qui rend horrible la vue du « corps », de la « nudité », c'est-à-dire de lui-même, va amener à juger la « beauté ». Alors que l'homme est naturellement beau et harmonieux quand il est nu, habillé il sera classé. Très beau, beau, pas beau, franchement laid... les belles seront traitées en gibier sexuel harcelées sans cesse par des mâles ahuris et imbéciles. Les vieux, les vieilles, déclarés moches seront considérés comme des rebuts.

La gestion des endorphines va venir poser problèmes. Quand il gâtise amoureux, l'homme sécrète des endorphines et se shoote à l'amour insatisfait. Alternant gâtisme réconfortant et désespoir déstabilisant. Il peut se pourrir ainsi la vie durant dix années et plus. Une grosse contrariété peut l'amener au suicide pour cause de délire contrarié. Drogué, il est bête, vulnérable, exploitable. Quantité de personnes malhonnêtes savent profiter de leur « amoureux » ou « amoureuse ».

Le confinement des caresses dans le pré carré et bien clôturé de « l'amour » conduit à la carence générale, voire la famine de câlins. En attendant l'amour, on va se priver. Durant l'amour on sera le plus souvent insatisfait. Après on sera déçu. Et la dureté de la déception fera qu'on souhaitera éviter de prendre le risque de recommencer. Le sexuel enfin sera la pire des tartes à la crème qu'a inventé notre société. Ce serait soi-disant le bonheur-même prêt à consommer. On mange l'autre. On est mangé. L'égoïsme est porté au pinacle. Résultat on est malheureux. Il faut chercher ailleurs.

Basile, philosophe naïf, Paris le 20 décembre 2015

jeudi 17 décembre 2015

492 L'évolution de la société

L'évolution de la société où nous vivons est soulignée par moments par de quasi imperceptibles modifications qu'il faut avoir la présence d'esprit de remarquer. En 1961, en feuilletant une revue soviétique, « Ogoniok », ce qui veut dire en russe « petite flamme », une photo en noir et blanc nous a frappé. Prise dans un parc en Russie, elle montrait un jeune homme assis sur un banc auprès d'une poussette avec un bébé. Et aucune femme à son côté ! C'était visiblement un homme qui veillait seul ici sur un petit enfant ! C'était proprement incroyable ! Surréaliste ! A Paris, voir une pareille chose aurait été invraisemblable ! A croire que cette photo avait été truquée, posée spécialement pour nous faire croire à une telle façon irréelle de vivre ! Mais pourtant, mon frère aîné ayant visité la Russie en 1961 nous a confirmé l'incroyable : oui, il y avait effectivement en Russie dans les parcs des jeunes hommes s'occupant seuls de leur bébé ! A l'époque nous disions : « en Union soviétique », et pas « en Russie ». Mais il s'agissait bien de la Russie. Aujourd'hui voir un homme à Paris accompagnant seul un petit enfant ne surprend personne. Mais du temps a passé depuis 1961.

En 1977, je remontais la rue des Thermopyles, dans le quatorzième arrondissement de Paris. J'ai dépassé deux jeunes gens. Et me suis retourné stupéfait par ce que je venais de voir. Le jeune homme portait un bébé avec un harnais ventral. C'était totalement inhabituel et extrêmement bizarre. A présent c'est courant. Il y a quelques années à Paris je voyais dans un des jardins de l'Observatoire une jeune fille proposer à son copain de s'asseoir sur ses genoux. Il refusait. A quelques temps de là j'observais une scène quasi similaire. Sauf que le jeune homme s'asseyait sur les genoux de la jeune fille. Et l'instant d'après se relevait prestement en riant franchement de la bonne blague qu'il venait de faire ! Il était impensable qu'un jeune homme s'asseye sur les genoux d'une jeune fille. Ça faisait soumission, bébé... Inversement et depuis bien des années il était courant de voir une jeune fille s'asseoir sur les genoux d'un jeune homme. Là également les mœurs ont évolué. Il y a deux ou trois jours je m'en faisais la réflexion, observant un jeune homme qui, sans problème, s'était assis dans le métro sur les genoux de sa copine. Les mœurs évoluent, changent, pas toujours en bien. Et notre monde n'est pas forcément comme nous pourrions le croire. Ainsi, je me disais récemment : il n'est pas étonnant que les jolies filles ne s'intéressent pas à moi, étant donné que je suis pour elles vieux, moche, pauvre et mal logé. Mais voilà que je parle avec un ami. Il est jeune, beau, plutôt riche, a un bel appartement, etc. Bref, a tout ce qui me manque. Il est de plus cultivé, intelligent, généreux, a le sens de l'humour, un travail passionnant et qu'il adore. On imaginerait alors que les femmes l'adorent ? Pas du tout, il est maltraité pareil que s'il était vieux, moche, pauvre et mal logé. S'il offre quelque chose, ce n'est jamais assez bien, etc. Tout ceci pour dire que finalement je pense que quand on a l'impression d'être boycotté par les jolies filles, ça n'est pas forcément toujours simplement parce qu'on a des problèmes, des manques ou des handicaps. Mais ça peut être aussi parce qu'elles ont des problèmes.

Certains hommes vont « jouer les atouts de même couleur » et se proclamer homosexuel. C'est leur droit. Par contre, ce qui me frappe c'est la recherche frénétique de la « reconnaissance sociale » par certains d'entre eux. Au lieu de simplement vivre la vie qu'ils ont choisi, il leur faut brandir leur qualité. Et accéder à une reconnaissance de celle-ci. Pour cela, notamment, faire une déclaration solennelle de leur homosexualité, comme si ça concernait tout l'entourage et au delà. Moi, comme je dis, la démarche sexuelle de mes voisins, par exemple, m'importe peu. Il m'importe infiniment plus qu'ils ne soient pas bruyants la nuit. Qui dit « reconnaissance sociale » dit pression sociale. Être agréé par son entourage dans ses choix intimes n'est pas dépourvu de risques. Ainsi, ayant proclamé haut et fort notre union, une amie et moi, plusieurs années après nous nous séparions. Et bien l'agrément approbatif - pas toujours complètement sincère, - de notre entourage, a certainement contribué à rendre cette rupture plus pénible encore. Car au lieu de nous concerner seulement nous elle prenait une dimension collective et sociale.

Basile, philosophe naïf, Paris le 17 décembre 2015

mardi 15 décembre 2015

491 La « guerre civile sexuelle » : machos et dictateurs en jupons

Durant des siècles les femmes ont vécu sous la dictature machiste la plus féroce. Le viol était une pratique courante, très rarement dénoncée voire punie. Recommandée et absoute dans le cadre du mariage, plus encore avec les femmes seules ou les prostituées. Et même pratiquée au sein des familles par les pères sur leurs filles, les mères et le voisinage fermant les yeux. Si la fille se retrouvait enceinte - y compris des œuvres de son père, - elle était chassée de la maison. Tel était, durant de nombreux siècles, le tableau effectif du sort de la femme sous nos latitudes dites « civilisées ». Cette situation se doublant de l'exploitation des femmes au nom de « l'amour ». Le travail domestique ni reconnu, ni rémunéré, qui aujourd'hui se double souvent du travail à l'extérieur. C'est la double journée de travail de la femme, souvent présentée comme une émancipation, parce qu'à l'extérieur elle est payée. Mais motus du travail à la maison.

Le nom même du comportement masculin violent et dégénéré à la base de la tragique condition traditionnelle féminine n'est apparut en France que dans les années 1960 : le « machisme ». Mot qui vient de l'espagnol macho, qui signifie mâle. Avant les années 1960, le machisme officiellement n'existait pas. De même que dans quantité de livres soi disant informatifs il était expliqué que nos cultures condamnant le viol des filles par leurs pères, celui-ci n'existait pas.

Quand le souffle émancipateur parvint des États-Unis, le féminisme commença à croitre et s'affirmer vigoureusement en France. Les femmes commencèrent à résister avec force au machisme. Ce qui marquait un progrès. Hélas, tous progrès appellent une réaction. Celle-ci ne tarda pas. Les femmes entrées en résistance durent se poser la question : « si en résistant nous conquerrons notre liberté, qu'en faisons-nous ? » Et là, de même qu'elles se mettaient à fumer autant que les hommes, elles se choisirent le seul modèle dominant : celui des hommes. Elles commencèrent à draguer, profiter de l'autre, l'exploiter sexuellement.

Et puis, faire comme les hommes paraissant un progrès, tout naturellement ceci appela un nouveau changement. Si on peut faire comme les hommes, pourquoi ne pas faire mieux que les hommes ? Prendre le pouvoir sur eux ? De très nombreuses femmes vont alors découvrirent à quel point c'est facile de manipuler l'homme, s'amuser avec et le jeter ensuite. Les hommes, de leur côté, restés stupidement à contempler la femme en la croyant toujours comme avant, se faisant malmener sans bien comprendre ce qui arrivait. Pour échapper aux nouveaux tourments de leur condition, certains se tournèrent vers des pratiques sexuelles sans femmes : boom de la pornographie qui est l'allié habituel de l'onanisme, boom de l'homosexualité, boom de la pédophilie... Des pratiques innocentes aux pratiques criminelles, le développement de celles-ci fut prodigieux. Certains machos plus rusés se contentant de se chercher des épouses soumises dans des pays où les traditions machistes règnent encore sans être trop remises en question. On va ainsi se chercher une épouse japonaise, mexicaine, nigérienne, pour vivre la vie du mari dominateur d'il y a plus d'un demi-siècle.

Les hommes traités en jouets qu'on utilise et jette ensuite par les nouveaux dictateurs en jupons se retrouvent jetés une fois, deux fois, trois fois et plus. Et finissent par prendre un peu conscience de la situation. Que les femmes qu'ils rencontrent et les séduisent sont des cauchemars ambulants, des bombes de chagrin à retardement. Alors, petit à petit et de plus en plus nombreux, sans devenir dépressifs ou homosexuels ou pédophiles, ils renoncent aux femmes. Et les dictateurs en jupons se retrouvent le bec dans l'eau. Certaines tentent alors le saphisme. D'autres vont se tourner vers des disciplines physiques solitaires où elles chercheront « la sérénité » : yoga, sophrologie, méditation... Tout y passe. Mais, surtout, personne ne veut quitter sa position dans la guerre civile sexuelle. Machos et dictateurs en jupons ont encore de l'avenir devant eux. Peut-être un jour prochain certains belligérants chercheront-ils enfin ensemble la paix et l'amour ? Ce serait plutôt bien.

Basile, philosophe naïf, Paris le 15 décembre 2015

lundi 14 décembre 2015

490 Si jeunesse pouvait... Si vieillesse savait...

La vision qu'on cherche à nous donner du monde et la réalité divergent souvent. Ainsi, il est à la mode d'affirmer que nos mœurs se sont « libérés » depuis les années 1960, en particulier dans le domaine dit : « du sexe ». Il existe pourtant des éléments totalement contradictoires. Au nombre de ceux-ci j'en relèverais deux concernant les petits enfants. Quand j'étais petit, dans un jardin public parisien, s'il faisait très chaud, on laissait gambader tout nus les gamins âgés de trois ans au plus. Les enfants plus âgés portaient des slips. Et parmi eux les fillettes - tant que leurs seins n'avaient pas poussés et qu'elles étaient petites, - étaient dans la même tenue que les garçons. Or, de nos jours, je remarque que les très petits enfants sont très rarement laissés nus dans des lieux publics parisiens quand il fait très chaud. C'est même mal vu. Je l'ai constaté une fois au jardin du Luxembourg. Et les fillettes portent systématiquement des « soutiens-riens » qui dissimulent à la vue les seins qu'elles n'ont pas. Ainsi des gamins encore sains sont gavés avec la « pudeur » obsessionnelle des grandes personnes. Avec des obsessions sexuelles supplémentaires ajoutées depuis les années 1960. Ce qui m'amène à passer au feu de la critique un propos classique :

S'agissant du sexe on entend souvent dire : « si jeunesse savait, si vieillesse pouvait. » Sous-entendu que jeune on rate des tas de bonnes occasions de baise qui nous permettraient soi-disant de « profiter de notre jeunesse ». Et, devenus vieux, gros, puants, édentés et moches, on n'est plus côté à l'Argus du cul. Et réduit à nous branler devant les sites pornos d'Internet en rêvant à notre jeunesse envolée. Ce discours sur la jeunesse qui ne sait pas et la vieillesse qui ne peut pas, j'y ai même cru un temps. Il est exactement faux. La réalité est inverse : « si jeunesse pouvait, si vieillesse savait. »

Cette réalité ne concerne pas uniquement le sexe, mais va l'influencer gravement. Petit, on ne connaît pas d'interdits. Se toucher, et aussi pisser ou chier, on le fait tranquillement devant les autres. C'est ce qui se passe quand on est vraiment jeunes. On va alors nous inculquer des règles qui impliquent que des activités agréables, naturelles, et souvent inévitables, sont honteuses et à cacher. Et sans que ces interdits paraissent relever d'une raison valable quelconque autre que c'est la loi des adultes. Ces règles vont aussi nous mettre en demeure de nous isoler : pour nous laver, aller aux cabinets. Et aussi il faudra cacher une partie de nous. Alors que notre sexe sert visiblement à pisser, il est frappé d'interdit visuel. La société commence ainsi à mettre en place en nous des conventions minées qui vont un jour nous exploser à la figure.

Un autre aspect de ces interdits concerne le langage. Certains mots sont qualifiés de « gros ». Ces « gros mots » seront proscrits. Chose qui fascine les petits enfants. Tous ces interdits ne sont pas véhiculés par des arguments, mais par la contrainte. La jeunesse subit un dressage, où interviennent y compris punitions et récompenses. La jeunesse ne peut pas y échapper.

Quand on arrive à un âge où le zizi n'apparaît plus comme servant essentiellement à uriner. Mais comme servant essentiellement à autre chose également. On est alors déjà tout imprégné de messages divers qui vont nous rendre la vie très difficile. Tous les discours ingurgités depuis la petite enfance vont remonter à la surface à la façon d'un égout débordant un jour de pluie. Et le résultat sera tel que quantité de jeunes gens et jeunes filles seront tentés par le suicide. Des milliers d'entre eux y parviendront. Ou se rendront infirmes en le tentant.

Jeunesse ne pouvait pas. Mais que se passera-t-il ensuite ? Les « vieux » sont libres de la pression coercitive qu'ils ont subit enfant. Pourtant, ils vont refuser de vivre la vie heureuse, insouciante, libre, qui est enfin à leur portée. Et se perdre dans toutes sortes de délires plus ou moins tordus, au nombre desquels l'amour vénal, le harcèlement sexuel, la pornographie, ou pire. Les vieux peuvent vivre, mais ne savent pas vivre. Jeunesse ne peut pas. Vieillesse ne sait pas. Telle est la réalité.

Basile, philosophe naïf, Paris le 14 décembre 2015

dimanche 13 décembre 2015

489 Le regard des petites filles et l'origine de la condition féminine

Dans toutes les sociétés et toutes les époques on constate que la femme est systématiquement niée en tant qu'être humain. Et victime des pires tourments si elle affirme ou tente d'affirmer son indépendance et sa personnalité. Par exemple, il y a quelques années, sous l'emprise de l'alcool, un artiste connu tue à coups de poing sa compagne qui voulait le quitter. Procès, transfert de prisons, remises de peine aidant pour récompenser sa bonne conduite, l'assassin est libre au bout de six ans. Par ailleurs, j'ai eu l'occasion de croiser un homme qui m'a expliqué que, sous l'emprise de l'alcool, il avait tué le client d'un bar qu'il fréquentait. Il est sorti de prison au bout de dix années. Comparer ces deux histoires montre que tuer sa compagne est moins grave que tuer un homme inconnu. Où est la justice ? Où se trouve le respect de la femme ? Et tout ceci se passe dans « un grand pays européen évolué ». Alors, vous vous imaginez ailleurs comment ça se passe...

Dans notre société française où le dieu régnant est l'argent, les femmes, à travail égal des hommes, touchent en moyenne un salaire inférieur d'un tiers à celui des hommes. Ce pour la seule et unique raison qu'elles sont des femmes. Le travail domestique que les femmes fournissent à la maison n'est carrément ni reconnu, ni rémunéré. Élevez des chauves-souris ou des rats, on vous paye. Élevez vos enfants, avenir du pays et du monde, vous ne toucherez rien comme rémunération. En général il n'est pas recommandé pour une femme - surtout si elle est jeune et considérée comme jolie, - de se balader seule la nuit dans une ville, y compris Paris. Alors qu'un homme peut le faire. Pourquoi tant de violences et d'injustices envers les femmes ?

Qu'est-ce qui conduit la femme a se faire piétiner à ce point par l'homme ? Plusieurs explications existent :

Les femmes sont en général en moyenne plus petites et donc plus faibles que les hommes. Les femmes sont moins aptes à développer la violence physique directe. Elles sont handicapées pour se défendre par la responsabilité d'élever leurs enfants. Il existe enfin une quatrième raison possible.

Quand j'observe les petites filles et les petits garçons dans la rue à Paris, je suis frappé par une différence évidente dans leur regard. Les petites filles paraissent beaucoup plus curieuses que les petits garçons. Après, avec l'organisation de la société machiste où nous vivons, les filles cessent d'avoir un regard franc et direct. Pourquoi ? Parce que soi-disant un tel regard signifierait forcément une avance sexuelle ! Les femmes, surtout jeunes, développent dans les lieux publics des ruses de sioux pour observer les hommes sans en avoir l'air. Mais le regard des petites filles exprimerait quelque chose d'essentiel pour comprendre notre société.

Si on se réfère à l'origine de nos industries, cultures, civilisations, au début l'homme a seulement son instinct originel pour se guider dans la vie. Animal d'assez grande taille, mordeur et vivant en groupes solidaires, il ne connaît aucun prédateur. S'il commence à inventer des outils, des idées, c'est uniquement par jeu. Mais qui est à l'origine de ces jeux ? Ce serait la partie de l'Humanité la plus naturellement et spontanément curieuse : la partie féminine du genre humain. En créant le savoir, les filles et femmes sont à l'origine de la catastrophe qui a engendré leur triste condition. Cette responsabilité resterait inscrite dans l'inconscient collectif féminin. Les femmes sont historiquement la cause de leur situation. Savoir ce fait, d'une certaine façon, rendrait difficile et compliquerait la résistance et l'affirmation des femmes face à l'oppression machiste masculine.

Pour surmonter cet handicap, les femmes devraient pleinement endosser cette responsabilité d'être à l'origine de la Civilisation. Et, ensemble avec les hommes sensibles et clairvoyants, la rectifier. En mettant un terme au détestable et immémorial machisme universel ambiant qui nous pourrit la vie.

Basile, philosophe naïf, Paris le 13 décembre 2015

vendredi 11 décembre 2015

488 Étrange pseudo-transfert de responsabilités

L'homme a inventé nombre de choses qui jouent un rôle important dans l'organisation de sa vie, par exemple : la propriété, l'État, la loi, la Démocratie, la Morale, ou les morales, l'argent, la République ou la Royauté, les traités internationaux, par exemple européens, la promesse ou le serment.

Ces choses ne se trouvent pas dans la Nature. Il n'existe pas, par exemple, d'arbre sur lequel on cueille la Démocratie, de plante où fleurit la loi, d'algue du pouvoir d'État, d'oiseau de la Morale, de rat de l'argent, d'araignée de la République ou de kangourou de la Royauté. Toutes ces choses sont le fait de l'invention de l'homme. Or, on s'aperçoit, fait des plus étranges et troublants, que l'homme ayant inventé ces choses fait mine d'y obéir ! Comment, de quelle façon l'homme pourrait-il obéir à une chose qu'il a créé ? Le gendarme dit au délinquant : « obéissance à la loi. » Le politique répond à l'électeur mécontent : « ce que vous me demandez n'est pas réalisable, car il n'y a pas d'argent. » Le moraliste s'exclame : « ne faites pas ça, la Morale l'interdit ! » On déclare se soumettre à la Démocratie, chose complexe et d'invention ancienne. Qui a évolué au cours des siècles.

Les Romains disaient : « la Loi est dure, mais c'est la Loi ». La « Déclaration universelle des Droits de l'Homme et du Citoyen » proclame que « la propriété est inviolable et sacrée ». Diable ! On passe d'un droit à une limitation de droits au nom des Droits. Je ne peux pas toucher à la propriété de mon voisin. J'ai le droit de n'avoir pas le droit. Voilà qui commence à défier le raisonnement.

Il y a peu de temps, pour invoquer l'obligation pour les Grecs de se priver de nourriture au bénéfice de leurs créanciers, on a vu Juncker invoquer la primauté des traités européens sur les décisions démocratiques et électorales. Ici, une fois encore, on voit l'homme sommé d'obéir à une chose qu'il a créé. Qu'est-ce qu'un traité ? Une liasse de morceaux de papier avec des traces d'encre dessus. Même le plus beau des traités, celui qui met par la paix le terme a un conflit, est un paquet de feuilles avec des traces d'encre dessus. Alors, l'homme obéit-il à toutes ces choses qu'il a créé, ou la vérité est-elle ailleurs ? Je serai tenté de dire que l'homme fait semblant d'accorder le pouvoir sur lui à des choses. Schéma que seuls des naïfs incorrigibles peuvent croire correspondre à la réalité.

Une chose qui brille par son inexistence est la promesse ou le serment. Combien de fois ai-je promis et « suivi ma promesse » ? Pourtant, je ne suivais rien du tout. J'abdiquais mon indépendance face à celui ou celle auquel j'avais « promis ». Je « respectais ma promesse » ? Non, je me méprisais. Telle était la réalité de ma conduite.

On me dira que sans lois, promesses tenues, etc. le monde ne tournerait pas rond. Il n'a pas l'air de trop bien se porter tel qu'il est aujourd'hui. Il serait peut-être temps que l'homme cesse de prétendre obéir à des choses créés par lui, et s'en réfère à la seule valeur effective existante : l'amour.

Combien d'éléments du monde que nous croyons voir correspondent en fait à des illusions, des mirages sophistiqués ? Une question qui dérange à ce propos est la suivante : « depuis des siècles l'homme est horrifié par certains crimes abominables. Et les punit très sévèrement. Or, parmi ces crimes, certains qui le furent jadis ne sont plus rien aujourd'hui. Par exemple, en France : le crime de lèse-majesté ou le fait de manger du lard en carême. Alors, n'y aurait-il pas d'autres actes, qui aujourd'hui nous horrifient et sont très sévèrement punis, qui subiront un jour le même sort ? » Je ne me hasarderais pas à avancer ici des hypothèses en réponse à cette question. Mais la simple rigueur intellectuelle m'obligeait à évoquer cette question. Reste que le but de notre société pourrait être qu'un jour l'homme ne paraisse plus obéir ou faire semblant d'obéir à des choses qu'il a créé. Mais n'obéisse plus qu'à l'amour. Valeur qui porte en elle la tendresse, la justice et la fraternité.

Basile, philosophe naïf, Paris le 11 décembre 2015

jeudi 10 décembre 2015

487 Déprogrammer pour être heureux

L'art de se pourrir la vie, c'est l'art de se « programmer ». Au lieu d'attendre de ressentir quelque chose, d'avoir envie de quelque chose, de faire naturellement quelque chose, d'être ainsi dans l'instant présent, le seul qui existe, on est dans une dimension théorique, un futur conditionné au respect de « programmes », le plus souvent élaborés par d'autres, qu'on ne connait pas. Quand on programme, tout ce qui est programmé devient un drame, une compétition, un challenge, du plus facile au plus difficile. On ne vit plus. On est perpétuellement en devenir et jamais en existant. On croit qu'en programmant on se protège. En fait, on détruit sa principale richesse : la légèreté de vivre, le bonheur d'être, la tranquillité, la sérénité, le sentiment d'harmonie. On n'est plus rien car on n'ose pas être soi. On se bande les yeux devant la réalité. Qui, en dépit de notre bandeau, continue à exister. Comme elle nous dérange, nous resserrons le bandeau, nous inventant des règles, des projets, des impératifs imaginaires. « S'il fait ci, nous disons-nous, nous ferons ça. » Et si ça arrive, nous suivons le « programme » prévu, quitte à nous exploser. Je me souviens avoir promis un jour une chose. L'ayant promis, je me suis pourri la vie avec durant des années. Jusqu'à ce que l'autre à qui j'avais promis, me libère... en trahissant sa promesse d'attendre la réalisation de la mienne. On va littéralement transformer la vie en asile de fous, en usant de tels « raisonnements » !

Certains croient à des mots magiques. Des mots dont ils ne remettent pas en cause le rôle. Et dont ils ignorent le sens exact. Ainsi, j'ai lu le propos de quelqu'un qui condamnait un comportement néfaste aux autres. Au lieu de dire : « cette manière de faire nuit à son prochain, c'est pourquoi il faut la proscrire. Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu'on vous fasse. Aimons-nous les uns les autres, » l'auteur de ce texte disait : « il ne faut pas le faire car la loi l'interdit ». Bien malin comme argument, sachant qu'il peut exister des lois injustes. Et que ne pas respecter la loi peut être aussi une bonne chose. Par exemple, voler de la nourriture pour nourrir ses enfants qui meurent de faim est illégal, mais peut être moral et bienvenu si c'est l'unique moyen disponible pour les nourrir et secourir. Un domaine où la programmation atteint des sommets de délire, c'est ce qu'on baptise : « la sexualité ». Ainsi je vois ces jours-ci à Paris une publicité vantant la prévention du SIDA : « je suis amoureux, je fais le test ! » Sous-entendu : « je suis amoureux, donc je dois baiser, je vais baiser ». Et pourquoi donc ? Tout le monde sait qu'on peut baiser sans aimer, pourquoi n'aurait-on pas la possibilité d'aimer sans baiser ? Notre société vit sous le règne du cul obligatoire. Soi-disant c'est le bonheur. A voir le nombre de ruptures qui arrivent, on n'a pas cette impression. Un ami me disait : « si le sexe rendait heureux, ça se saurait. » Une autre publicité actuelle montre un couple : jeunes, beaux, riches, car disposant d'un appartement très vaste et confortable, et accompagné d'un enfant. Sous-entendu : jeunes, vous devez baiser et avoir un enfant. Pourquoi devrait-on devenir une machine à baiser ? « Vous êtes contre la baise ! » me dira-t-on alors. Non, répondrais-je, je suis pour l'authenticité. Si je n'ai pas envie de baiser, je ne baise pas.

Il faut se débarrasser de cette masse de mini-programmes, ou vastes programmes parasites, qui se faufilent dans notre tête dissimulés sous des formules alambiquées telles que : « je dois », « il faut », « il ne faut pas », « ça ne se fait pas », « je m'oblige à », « je m'interdis de ». Et qui sont accompagnées par les applaudissements d'une foule esclave de programmations diverses. Rien ne la rassure plus que l'imitation de ses défauts. Le malheur programmé associé à la satisfaction perverse du « comme il faut ». Regardez un chat heureux : il mange, boit, se promène, joue, se fait caresser, dort. Il ne se pose pas un milliard de questions. Et ne s'imagine pas le plus riche, ou le plus célèbre des chats. Chat lui suffit. Que ne pourrait-on justement se dire : « être homme » ou « être femme » me suffit ? A quoi bon courir après des chimères intérieures ? Une fois qu'on a le ventre plein et un toit au dessus de sa tête, que demander de plus ? Le bonheur ? Mais, le bonheur est là, regardons-le, apprécions-le plutôt que de regarder au dessus de lui, cherchant quelque chose qui n'existe pas. Être comme le singe dans l'arbre, plus heureux qu'un empereur, telle est la plénitude du bonheur.

Basile, philosophe naïf, Paris le 10 décembre 2015

mercredi 9 décembre 2015

486 Programmations parasites et publicité

S'efforcer de programmer abusivement leurs victimes est un des aspects les plus courants de la publicité. Elle cherche à introduire dans la tête de ses cibles, nous, un programme parasite. Un raisonnement qui présenterait comme indispensable et incontournable une chose, un service, dont on peut parfaitement se passer. Le seul but de la publicité étant de parvenir à vider nos poches.

Un des mythes publicitaires abondamment propagé ces dernières années en France pour intoxiquer les pigeons que nous sommes est le mythe du lait de vache. Celui-ci, baptisé « lait » tout court, comme s'il n'existait pas d'autres laits : de chèvre, brebis ou jument, a été travesti en sorte de boisson magique. Il faudrait soi-disant, pour se nourrir ou même simplement être en bonne santé, obligatoirement boire tous les jours du lait de vache.

Alors qu'on peut parfaitement s'en passer et bien vivre. Et que certaines personnes au contraire sont rendues malades par la consommation de lait de vache. L'origine de cette propagande fallacieuse se trouve dans la surproduction laitière et les intérêts financiers très importants qui sont confortés par la vente de produits laitiers à base de lait de vache. Un des moyens pour écouler la surproduction laitière consistant à en refiler au titre de l'aide européenne aux pauvres. Ce qui signifie que ce lait est payé par les contribuables européens pour le proposer d'office aux distributions caritatives. On y trouve systématiquement et en quantité du lait et des pâtes. Bon appétit les pauvres !

Un autre chapitre de la propagande cherchant à nous conditionner s'agissant de notre alimentation concerne la viande. Le marché de la viande rouge représente aussi des sommes faramineuses. D'où la volonté de tirer le maximum de profits en cherchant à nous faire bouffer de la viande à tire-larigot. J'ai moi-même été victime de ce bourrage de crâne. Dans les années 1960, le niveau de vie de ma famille s'étant élevé, nous avons commencé à manger de la viande à tous les repas. Alors qu'auparavant nous en mangions nettement moins souvent. Au bout d'années et années de ce régime excessivement carné, il m'a fallu faire des efforts de réflexion pour me convaincre que oui, je pouvais parfaitement faire un repas tout à fait correct et dépourvu de viande.

Une dame m'a expliqué un jour un autre tour de passe-passe de la propagande publicitaire. Il a consisté à promouvoir comme d'avant-garde la mode des tee-shirts unisexe à grande taille unique. En fait, on évite ainsi le coût du stockage de variétés féminine et masculine et tailles variées de ce type de vêtement. Soi-disant c'est d'avant-garde. Alors qu'en fait il s'agit d'une supercherie, destinée à assurer des plus grands profits aux fabricants et commerçants.

Les politiques cherchent aussi à nous programmer à leur façon. Quand j'étais un jour à Turin, un Italien m'a appris que Mussolini avait décidé que toutes les villes et villages d'Italie devaient avoir obligatoirement une rue de Rome. Ce qui m'a fait prendre conscience d'une opération de propagande ancienne dont la France a été l'objet. Il existe partout des rues, avenues, boulevards ou places « de la République ». Ce n'est pas un hasard ! On a décidé un jour, qui, où et quand ? Que le moindre bled devait honorer la République ainsi. Pour enfoncer dans le crâne du pékin moyen que la République c'est mieux que tout autre système. Pourtant les Belges, Hollandais, Anglais, Espagnols, Suédois, Norvégiens et Danois ont un roi ou une reine et n'ont pas l'air de se porter plus mal que nous. Pour asseoir la République on a abondamment promu la « fête du 14 juillet ». Vers 1900, à Paris, par exemple, la ville était discrètement traitée en un grand nombre de petites fractions, dont chacune était arrosée d'argent pour payer un bal le jour de la fête nationale. Proposez à un bistro de l'argent pour faire un bal où il ramassera les consommations ! Pas étonnant que dans ces conditions il y avait à une certaine époque des bals partout le 14 juillet ! On a ainsi fait croire à un engouement républicain. Les subventions supprimées de nos jours, les bals ont disparu presque partout.

Basile, philosophe naïf, Paris le 9 décembre 2015

485 Amour et programmation

Voici deux jeunes femmes parisiennes que je connais indirectement un peu. Elles sont toutes les deux belles, sportives. L'une est justement passionnée par le sport, l'autre par l'art, la philosophie, le cinéma et sans doute d'autres choses encore. Elles ont un point commun : elles sont obsédées par l'idée de « se trouver un copain ». L'une et l'autre se choisissent à chaque fois un très beau jeune homme « sexuellement actif ». C'est-à-dire qui bande et baise. Et qui ne laisse pas trop trainer sa queue ailleurs que dans le trou de sa dame proclamée et attitrée. Ces deux femmes ont une jalousie de tigresse. Et, tôt ou tard, s'estiment trahies. Soit que l'amant a été éjaculer dans un autre trou. Soit qu'il ne s'est pas révélé respectueux pour une autre raison et dans un autre domaine. Et il est congédié. Ces deux jeunes femmes accumulent et additionnent les déceptions en série. Et en attribuent la responsabilité toujours à l'homme. Voire aux hommes en général, qui ne « veulent plus s'engager ». Ces deux jeunes femmes qui croient trouver l'amour recrutent en fait des abonnés au trou. « Je te baise, et seulement toi », donc c'est « l'amour ». Comment ces jeunes femmes pourtant intelligentes peuvent-elles continuer ainsi dans ce délire et cette succession de déceptions ?

Parce qu'elles ont été programmées. Un jour, on leur a mis en tête qu'elle devait se trouver leur moitié d'orange qui existe forcément quelque part, puisqu'elles sont attirantes, jeunes et jolies. La dernière fois que la mère d'une d'entre elles m'a dit que sa fille « avait trouvé un nouveau copain », je n'ai même pas éprouvé l'envie d'émettre un commentaire. J'ai juste pensé : « encore un qu'elle va larguer dans pas trop longtemps! »

Mais qu'est-ce que cette fameuse « programmation » ? Ça marche ainsi : à un moment-donné vous vous dites intérieurement : « je dois faire ça. » Et cette pensée reste en quelque sorte « collée ». Vous ne la remettez pas en question. Vous l'admettez comme s'il s'agissait d'une vérité révélée. J'ai moi aussi été programmé dans le domaine sexuel. J'avais vingt-deux ans à l'époque et les jeunes filles ne m'intéressaient pas plus que ça. Je n'envisageais absolument pas de me trouver « une petite amie pour de vraie ». Celle dans laquelle on met sa queue. Mais l'entourage a mis le holà sur ma manière de voir les choses. Ce sont ma mère et le médecin de famille qui ont décidé que je devais absolument et bien vite coucher avec une fille. Que ça me manquait ! Ils savaient mieux que moi ce dont j'avais besoin. Ces deux triple-crétins se sont mis alors en quête du trou où je devrais épancher mon sperme. C'est ma mère qui trouva le récipient. Il s'agissait d'une brave fille qui riait tout le temps. Je la connaissais un peu et ne m'étais pas affolé spécialement à son égard. Un jour que je l'ai croisé lors d'une manifestation, c'est ma mère qui m'accompagnait, qui m'a dit de lui demander son téléphone ! Moi, très naïvement, sans fleurer le complot, j'ai obtempéré et demandé le téléphone de la belle. Par la suite, j'ai continué à me faire manipuler. Pour finalement en venir à ce qu'avec cette jeune fille je suis parti en vacances. Et, triste pensée, quand je nous voyais demain dormir ensemble sous la tente, je me disais, pensant à l'acte sexuel : « il faudra en passer par là. » Ce fut bien entendu nul. Cette relation dura six mois. Mais après, j'étais programmé pour continuer. Et, comme un con, ou plutôt : comme des milliards d'autres cons, sans en avoir au fond spécialement envie, je me disais : « il faudra que je me trouve une fille », c'est-à-dire : une petite amie.

Il y en eu quelques-unes. Ça n'a jamais bien fonctionné. Ce qui est normal. Ce n'était pas le fruit de mon désir mais du conditionnement de merde qu'on m'avait mis dans la tête. Enfin, après quatre dizaines d'années, j'ai fini un jour par remettre en question mon conditionnement. J'avais réussi à m'exploser encore plus rudement que toutes les autres fois. Et alors une lueur d'authenticité a éclairé la nuit. « Mais, si au fond je n'en ai pas envie, pourquoi avoir poursuivi si longtemps absurdement ce but et avec quels résultats ! Ne pas baiser n'est pas un drame. » J'ai remis en question la chaîne que je portais depuis quatre décennies. Et me voici enfin libre de ce conditionnement stupide que trainent encore les deux jeunes femmes dont je parlais au début de ce texte.

Basile, philosophe naïf, Paris le 9 décembre 2015