mercredi 20 janvier 2016

506 Quatre fautes majeures de la « Civilisation »

Notre société a rejeté les câlins. La caresse entre humains étant déchue au rang de chose coupable, inadmissible, superflue, voire même criminelle. Dès passée la petite enfance, elle est considérée comme « sexuelle » et donc abominable. C'est le fond du discours de notre société. Qui est justifié par des discours tous plus aberrants et incohérents que les autres. Nous aurions une « bulle » protectrice dont le respect impliquerait qu'on évite de nous toucher. Le besoin de câlins chez un adulte témoignerait du manque de ceux-ci durant son enfance, etc. Complément du rejet des câlins, alors que tous les animaux dorment nus les uns contre les autres, dès la très petite enfance on nous habitue à dormir seul et habillé. Se laver seul fait partie de notre éducation-conditionnement. Alors que chez les autres espèces animales la toilette est un échange et une fête. Cette condamnation des câlins, cette culpabilisation des caresses, de la nudité, du dormir ensemble et de l'échange-toilettage préparent le dramatique sentiment de solitude. Dont nous serons très nombreux à souffrir adulte et même bien avant.

Complément de ce délire anti-câlins et anti-caresses, la ritualisation de la sexualité ruine sûrement la vie affective de nombre d'entre nous. Elle prétend que, dans diverses circonstances, il faut chercher le coït. Ceci indépendamment du désir réel et du respect réciproque. Ce délire est entre autres à la base du harcèlement des jeunes femmes quand elles se déplacent seules dans des lieux publics, par exemple à Paris. Ce délire est aussi la base de la ruine des relations entre la plupart des hommes et des femmes. Qui confère bien souvent un goût amer à l'amour.

Quand un semblant d'accord apparaît entre deux individus, on encourage la proclamation publique d'un « lien » de type infantile entre ces deux personnes. « Nous sommes ensemble », « nous sortons ensemble », « nous sommes en couple », sont des formules formant cette proclamation.

Enfin, couronnant le tout, si on est « en couple » il va falloir « vivre ensemble ». Partager une tanière commune relève de l'obligation sociale. Or, cette décision peut être calamiteuse et prématurée. Mais qu'importe ! Il faut suivre le troupeau. Même si celui-ci retentit souvent des maugréments, plaintes et vociférations contre la dureté du temps et de l'autre sexe.

Il n'est pas forcément faux de vivre ensemble et à deux. Mais le faire parce qu'on suit un « modèle » et on cède à la pression normative de l'entourage est une crétinerie. Qui finit par couter cher. Il n'existe pas de « modèles » à suivre. Chaque individu est différent. Chaque relation est différente. Et tout change et évolue en permanence, même si certaines directions demeurent.

Croire imiter un exemple, c'est se perdre soi-même. Ce qui convient à certains peut ne pas convenir à d'autres. Je connais par exemple une famille qui se porte très bien. Et dont la vie ne me satisferait nullement si j'étais sensé la partager. Ce sont des gens très bien. Mais leur équilibre n'est pas le mien. Et la prétention à nous fournir des « modèles » à suivre finit par placer en porte à faux des dizaines, voire des centaines de millions de personnes. A en faire des « rebuts de l'amour ». Par exemple, les personnes âgées veuves qui ne souhaitent pas se remarier, sont sensées rester désespérément seules. Les personnes qui aiment les câlins et la compagnie, mais ne souhaitent pas baiser, se retrouvent isolées, plaintes ou critiquées, en tous cas marginalisées.

Notre société, dans le domaine des mœurs, marche très fréquemment sur la tête. Au nom de grands principes inapplicables et d'idéaux fantaisistes, elle organise le malheur du plus grand nombre. En redevenant simples, en nous rapprochant de nous-mêmes, nous pouvons parvenir à être heureux. Mais d'un bonheur dont il n'est nullement question dans les livres, films, poèmes, chansons et discours. Un bonheur vrai, authentique et réel, qu'on ne saurait obtenir sans efforts pour y arriver.

Basile, philosophe naïf, Paris le 20 janvier 2016

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