mercredi 24 février 2016

518 Un possible progrès en ophtalmologie

Il y a un certain nombre d'années, je me retrouve avec une bizarre tâche floue qui occulte la vision d'un de mes yeux. Très inquiet je me rend à la consultation d'un hôpital spécialisé en ophtalmologie. Là, un médecin m'annonce que j'ai un important vaisseau de l'œil bouché. Et ajoute que ça peut s'arranger tout seul ou bien pas, et même entraîner la perte de la vue.

Rapportés, ces propos peu rassurants ont beaucoup irrité mon médecin traitant qui n'approuvait pas des propos envisageant le pire tenus sans nécessité et sur le ton d'une conversation de salon.

Par la suite, le problème s'est heureusement arrangé tout seul. Un traitement préventif est venu s'ajouter à cette heureuse issue.

Cependant, il m'est arrivé quelquefois de voir revenir cette inquiétante tâche floue. Et là, j'ai eu une idée. Qui dit vaisseau bouché dit problème mécanique. D'où mon idée d'une réponse mécanique.

En maintenant la paupière fermée, masser doucement à travers elle l'œil concerné en faisant des petits ronds. J'ai répondu ainsi au problème plusieurs fois et ça a marché.

La dernière fois un matin j'ai massé l'œil concerné à travers la paupière en comptant jusqu'à 30, puis ai recommencé en comptant jusqu'à 50. La tâche n'a pas disparu tout de suite complètement. Mais j'ai constaté dans l'après-midi que le problème avait totalement disparu.

Cette méthode ne semble pas évidente à imaginer. Nous n'avons pas vraiment trop l'habitude d'entendre parler du massage des yeux. Mais, ne serait-elle pas une manière de procéder utile et bienvenue ?

J'ai pensé que la communiquer à des médecins dans mon entourage pourrait peut-être être utile. C'est ce que je ferais en plus de la publier dans mon blog philosophique.

Masser ainsi l'œil à travers la paupière paraît un geste simplissime. Mais peut-être des plus efficaces pour régler certains problèmes oculaires. Après tout, au XIXème siècle, le docteur Ignace Semmelweis a bien préconisé le lavage des mains avant d'approcher les accouchées. Il comptait ainsi réduire considérablement la mortalité des accouchées quand on les disait atteintes de « fièvre puerpérale ».

Semmelweis avait raison. Il ne fut pas suivi. Ma proposition concernant le massage des yeux à travers la paupière est aussi simple que celle de ce médecin hongrois. Elle a peut-être un avenir des plus intéressants pour remédier à certains problèmes ophtalmologiques.

Il appartiendra au lecteur de juger. Moi je fais ce que j'ai à faire pour communiquer mon idée.

J'ai cherché le massage des yeux sur Internet. On en parle, mais pas pour soigner le problème que j'évoque ici.

Le massage des yeux en tant que remède présente aussi l'avantage de ne nécessiter aucune dépense financière et ne pas entrainer d'effets secondaires. C'est un remède tout à fait écologique. Mais, dans la mesure où il ne rapportera rien aux grands laboratoires pharmaceutiques, il ne faut pas s'attendre à de l'enthousiasme ici de leur part. Ni de la part de ceux qui prônent le tout chimique pour soigner les malades.

Basile, philosophe naïf, Paris le 24 février 2016

517 Origine sexuelle de la crise économique actuelle

Notre culture tend à inculquer aux petits mâles humains un état de désir permanent d'accouplements avec un grand nombre de femelles, de préférence choisie selon des critères esthétiques et d'âges. Que ce conditionnement débouche ou non sur la réalisation d'un tel projet, il est de toutes manières source de graves discordes avec les femmes, et d'insatisfactions et mésententes chez les hommes.

Ne voulant, et donc ne pouvant de ce fait, renoncer à cette ambition détraquée, les mâles humains chercheront des compensations. Au nombre de celles-ci certaines conforteront les illusions poursuivies.

Devenir « riche », « puissant », « célèbre »... pourquoi ces quêtes ? D'autant plus que la richesse excessive est absurde et inutile. Le pouvoir empoisonne la vie et égare ceux qui l'exercent. La célébrité n'est rien comparée à de belles amitiés.

Mais, sous-jacente à ces trois quêtes absurdes, il y a l'illusion de parvenir enfin à la satisfaction sexuelle suprême. En étant le plus riche possible toutes les filles que je désire seront à moi et je serais enfin heureux ! En ayant un grand pouvoir sur les autres, j'attirerais à moi et dans mon lit d'innombrables femmes et je serais enfin heureux ! En étant très célèbre, j'aurais la même chose.

Ces illusions, qui ont pour origine un dérèglement de leur sexualité, font que, par exemple, aujourd'hui 62 individus possèdent autant que la moitié la plus pauvre de l'Humanité.

Que dire des dictateurs de par le monde ? Et des nullités célèbres qui encombrent nombre de plateaux de télévision ? Le monde aujourd'hui souffre du dérangement sexuel de la minorité qui possède d'immenses masses d'argent, de pouvoir et de notoriété. Il n'y a pas d'autre explication à l'origine de ce qu'on appelle aujourd'hui « la crise » que ce dérangement sexuel. Il serait temps de libérer tous ces malades des contraintes de la richesse, du pouvoir et de la célébrité. Ils ne sont pas heureux et rendent d'innombrables personnes malheureuses.

L'Histoire présente des analogies. Nous voyons aujourd'hui un homme politique déclaré « socialiste » chercher à établir un pouvoir autoritaire chez nous et ouvrir en grand la porte au libéralisme le plus débridé. Parmi l'entourage de cet homme politique, un de ses plus proches collaborateurs a proposé de remplacer le qualificatif « socialiste » par autre chose.

Tout ceci est déjà arrivé dans un pays voisin, l'Italie, au début des années 1920. Un leader socialiste a établi dans son pays un régime autoritaire. Il a favorisé inconditionnellement les intérêts des employeurs contre ceux, opposés, des salariés. Et a changé le nom de sa tendance politique.

S'inspirant des antiques faisceaux de la Rome de jadis, il a inventé le mot « fascisme ». Et s'est déclaré fidèle à la doctrine baptisée ainsi. Il s'appelait Benito Mussolini.

Benito a été un dirigeant socialiste actif, puis a évolué. Tous les hommes sont susceptibles d'évoluer, parfois en mal, parfois en bien. Mais la racine des ambitions les plus absurdes se trouve dans le trouble de leur instinct originel, intact quand ils sont nés. Derrière l'image télévisuelle des grands hommes d'état, il faut savoir reconnaître le singe qui vit plus ou moins caché en chacun de nous. C'est une vérité à laquelle nul d'entre nous n'est en mesure d'échapper. Le bonheur du Genre Humain viendra quand nous saurons pleinement gérer cette contradiction présente en nous. Et accorderons leur juste place à nos deux identités humaine et simiesque, dans l'harmonie la plus grande possible. Sans avoir besoin d'absurdes, troublantes et dévastatrices compensations.

Basile, philosophe naïf, Paris le 24 février 2016

vendredi 19 février 2016

516 Amour, odeurs et secrétions naturelles

Les petits enfants dont l'instinct originel n'a pas encore été autant domestiqué, désordonné, contrarié par la culture, nous montrent parfois des aspects naturels que nous avons portés ouvertement durant nos très jeunes années. Et conservons toujours au fond de nous-mêmes. Depuis quelques années on a beaucoup entendu parler des phéromones et de leur rôle en amour. On n'a pas parlé autant du rôle de la consommation buccale des humeurs de l'autre. Il y a une trentaine d'années, parlant d'une alors très petite fille, son père me disait en riant : « chez nous on n'a pas besoin d'aspirateur, elle se charge de tout et le met dans sa bouche ! » Et, effectivement, pour découvrir, comprendre, analyser à quoi elle avait affaire, la jeune fillette rampait par terre et portait tout ce qu'elle trouvait systématiquement à sa bouche. Plus tard, son petit frère alors encore presque un bébé léchait avec entrain toutes les personnes proches, généralement leurs mains. J'ai trouvé plutôt désagréable le contact de cette langue baveuse auquel j'ai eu droit. Quand nous grandissons on nous fait perdre ces habitudes buccales, sauf dans certaines circonstances. Dans le domaine des câlins amoureux la bouche, les lèvres, la langue interviennent. Mais, pas seulement là. Il est fréquent de voir des jeunes mères littéralement « manger » le ventre nu de leur petit bébé qui hurle de joie. Un certain nombre de personnes ont l'habitude, sans en faire une perversion, d'embrasser sur la bouche leurs petits enfants.

Certains blaguent disant que l'amour chez les humains adultes consiste à « mélanger les salives ». Mais si nous nous interrogeons, il est évident qu'avant la généralisation de l'usage de l'eau et puis du savon, les grands singes humains usaient de la langue pour leur toilettage et celui des autres.

Si vous léchez la surface de la peau de quelqu'un vous en recueillez une sorte d'image à travers votre muqueuse buccale. Et cette image a fait partie des moyens de reconnaissance primitifs.

Notre culture a bannit ces pratiques linguales de reconnaissance et toilettage. Mais celles-ci ont fait partie durant des millions d'années des usages humains et nous les portons encore au fond de notre instinct.

Vous aimez une femme ? Vous allez lui lécher le cou. Ce faisant vous vous attacherez un peu plus à elle via des substances que vous ingèrerez. C'est une supposition qui me séduit. Un jour, voulant consoler une amie qui pleurait, je lui embrasse ses yeux humides et ingère un peu de ses larmes. J'ai eu l'impression juste après que j'étais un peu « accroché » à elle. C'était impression a été très momentanée, mais m'a semblé liée à l'ingestion des larmes.

Il serait intéressant d'analyser la composition des humeurs et leur effet sur ceux ou celles qui vont les ingérer. On a évoqué les odeurs naturelles, avec les phéromones, et leur rôle relationnel. Celui des « liqueurs » corporelles mériterait d'être pris en considération également.

Notre société voue un culte au savon et à son odeur et se méfie des odeurs et liqueurs naturelles. Lors de la colonisation de l'Indochine française, les Français se retrouvèrent au contact d'une culture vietnamienne ancestrale qui admettait les odeurs naturelles. Les colonisateurs crurent à une calomnie quand ils entendirent les colonisés dirent que leurs envahisseurs « sentaient le cadavre ». En fait, chez les Vietnamiens de l'époque, seuls les morts sentaient le savon, car ils étaient lavés avec du savon !

Dans le domaine des liqueurs corporelles, on voit régner le discours classique, fantaisiste et dévastateur qui prétend nous imposer dans certaines circonstances l'acte sexuel obligatoire. Même quand on ne le désire pas. L'amour authentique et véritable est plus vaste que cette caricature.

Basile, philosophe naïf, Paris le 19 février 2016

mercredi 17 février 2016

515 Analyse « chimique » d'un état de deuil et des moyens d'y répondre

On se sent proche de quelqu'un : ami, mari, épouse, amant, parents, papa, maman, papy, mammy... Quand on les voit, on les entend, on entend parler d'eux en bien, on rencontre des objets, photos, situations, qui nous font penser à eux, on en ressent du plaisir, on est bien. C'est à dire qu'on secrète des endorphines. Mais voilà qu'il y a rupture, séparation d'avec cette ou ces personnes chères. A cause d'une brouille, une maladie, un éloignement géographique, un décès. Alors, on est mal, on souffre, on est « en deuil ». Très exactement on vit une situation de manque de cette drogue naturelle et auto-produite qui nous rendait joyeux. Plus le lien était fort, plus le manque est grand et la souffrance est forte. Il arrive qu'on souhaite mourir pour mettre un terme à cette douleur tant elle paraît insupportable. Quel remède apporter à cette souffrance ? Des endorphines, que quelquefois on donne spontanément à l'être en souffrance qui nous est proche. Des personnes peu câlines, en cas de drames, se jettent dans les bras l'une de l'autre. Elles se font un câlin, à la recherche d'endorphines.

Le deuil peut être aussi causé par la fin d'une situation, un logement, un moment de vie. A l'issue d'une série de représentations, les acteurs d'une pièce de théâtre qui les a réuni sont fréquemment frappés d'un état de tristesse qui est aussi un deuil. Il succède à la dernière représentation.

Si spontanément on va chercher à aider les personnes proches et en deuils avec des câlins, ce sera aussi en les entourant, les écoutant. Mais s'il s'agit d'endorphines, pourquoi ne pas chercher à les quérir directement et consciemment ? Les endorphines sont facilement auto-produites en cas de câlins, caresses, bisous bien reçus. Malheureusement, notre société malade les annexe très souvent à une soi disant « sexualité » impérative. J'embrasse, je caresse, je serre l'autre dans mes bras, je dors avec... ça signifie qu'on doit baiser ensemble ! Méga-ânerie qui élève au rang de « l'amour » un coït décidé artificiellement, arbitrairement, culturellement. Ce n'est pas là la Nature qui parle le plus souvent. Il va s'agir de coïts sans désirs réciproques, authentiques et véritables. Mais, « faire l'amour » sans désir réciproque, authentique et véritable revient à se masturber avec un homme ou une femme. C'est piteux, misérable, et, à terme, source d'incompréhensions, brouilles, séparations.

Si on repensait la relation tactile en tant que thérapie ? S'éloignant du concept imbécile de baise à tous prix et recentrant la caresse, le bisou, l'étreinte dans les bras, le dormir ensemble... dans la réalité ? Telle personne est en deuil, offrons-lui le plaisir de développer les endorphines qui lui permettront de rester debout. Et, progressivement, retrouver son équilibre.

Il y a plus de vingt ans j'avais parlé avec un sapeur-pompier de Paris et lui ai expliqué que je voyais la caresse comme un acte thérapeutique pour soigner les états de chocs causés par des épreuves difficiles. Il m'avait donné raison. Mais avait ajouté que la culture de notre société empêcherait de mettre une telle thérapie en œuvre. Tant les gens sont habitués à ramener systématiquement la baise quand il y a contact tendre et tactile entre humains adultes. Un critique d'art que j'avais rencontré à la même époque m'avait dit la même chose.

Devons-nous baisser les bras devant la bêtise humaine ? Non, il faut savoir la contourner. Que ceux et celles qui comprennent la réalité des câlins s'organisent entre eux et avec des protocoles différents des protocoles étouffants régnants, qui font du geste tendre le plus souvent une agression. Et du toucher un acte littéralement maudit, prohibé dans notre société. J'ai proposé en 2013 le concept de clubs de Free Hugs (n°97 de ce blog). Depuis, la chose est resté à l'état de projet théorique. Il est temps de revoir la question sur un mode pratique. Loin de tous les délires et fadaises qui font du coït le complément impératif et obligatoire de la caresse et du câlin. Il nous faut parvenir à mettre en œuvre de vastes moyens inutilisés pour réduire la souffrance humaine et augmenter la joie de vivre.

Basile, philosophe naïf, Paris le 17 février 2016

vendredi 5 février 2016

514 En amour, il faut rompre avec le rapport de domination-soumission

Mon père vivait avec plusieurs chats. Il y a plus de vingt ans il m'a raconté le fait suivant. Un jour un chat a abattu sur sa main sa patte tendu, les griffes sorties et l'a maintenu ainsi. Il voulait, m'a dit mon père, lui signifier ainsi qu'il était l'animal dominant. Bien sûr, mon père n'a pas suivi l'avis du chat. Mais il est intéressant de relever qu'un geste parfaitement similaire existe chez les humains. Si vous faites attention, vous constaterez en observant des humains se déplaçant en couple, que certains d'eux ont avec leur bras, leur main, un geste vis-à-vis de l'autre qui n'a rien de tendre. Ils ont littéralement un geste d'appropriation, en tenant l'épaule ou la cuisse de l'autre ils marquent le fait que « c'est à moi », « ça m'appartient », « c'est mon domaine réservé », « je peux y toucher et c'est moi seul qui y touche », « c'est moi et moi seul qui baise cette personne ». Exactement la patte du chat, c'est pourquoi j'appelle ce geste peu aimable et dominateur : « la patte du chat ».

Les aimables et douces relations humaines sont perturbées, empêchées, sabotées, ruinées par cette volonté pas toujours clairement consciente de dominer l'autre ou se soumettre à lui. En général cette soumission, cette domination tournent autour du coït. Si je touche l'autre et qu'il l'accepte, si l'autre me touche et je l'accepte, ça signifie : « je te baise » ou bien « je suis baisé par toi ». C'est brutal, sommaire, barbare et antinomique de l'amour, et ça prétend exprimer l'amour. Pauvre amour ! Le résultat général est l'éviction des câlins, la mort des bisous, la famine en caresses. Car il est littéralement impossible de toucher l'autre sans enclencher une sorte de machine infernale qui prétend nous « obliger » à baiser ou être baisé. Cette catastrophe n'obère pas seulement les contacts dit « physiques ». Elle concerne aussi d'autres domaines, comme le regard. Tout dernièrement, c'était il y a trois jours, j'arrive sur le quai de la station de métro Montparnasse-Bienvenüe et regardant devant moi vois une jolie fille. Elle me regarde. Me regarde à nouveau, esquisse un sourire. Et puis va soigneusement s'éloigner afin d'éviter de se retrouver proche de moi dans la rame qui arrive. Pourquoi cette fuite ? Tout simplement parce que, dans notre société française et parisienne malade, une jolie fille inconnue qui regarde deux fois et sourit à un monsieur, ça signifie : « tu me baises ». Absurdité ! Elle empêche et bloque le plus souvent toutes relations.

Ce blocage causé par la domination-soumission touche aussi le langage. Pourquoi est-il littéralement interdit de dire « je t'aime » à quelqu'un ? Parce que ça signifie : « je te baise ». Si tu acceptes mes paroles, ça signifie : « tu me baises ». Que tu en ai envie ou non, c'est une obligation.

Cette négation de la sensibilité humaine et de la richesse vivante et perpétuellement mouvante de la relation se retrouve également au niveau institutionnel. Si je contracte « mariage » cela implique obligatoirement la baise, indépendamment du ressenti. C'est un abonnement à vie pour mettre le petit oiseau dans son nid, que le petit oiseau soit en forme ou non et le nid désirant ou non. Au XIXème siècle en France le Code civil précisait que la femme « doit obéissance à son mari ». Donc est tenue d'écarter les brancards ! Aujourd'hui, le même propos fleurit toujours dans notre Code civil mais sous une forme littéraire plus soft : les époux se doivent « fidélité »... Qu'est-ce à dire ? Ils doivent baiser ensemble. Cette idée se retrouve aussi en filigrane derrière le concept d'« abandon du domicile conjugal ».

La relation de domination-soumission se retrouve encore dans le domaine des situations. Si je suis nu en présence de l'autre ou l'autre l'est, si nous allons dormir dans le même lit, ça signifie la baise obligatoire. D'ailleurs « dormir avec quelqu'un » signifie baiser avec. Enfin, la relation de domination-soumission fait des ravages dans le domaine dit « du sexe ». Si on baise une fois ensemble, on est sensé avoir pris un abonnement exclusif par là-même et devoir recommencer. Dominer ou – et – se soumettre pourra passer par des rapports sexuels douloureux physiquement ou – et – moralement. Il y aurait tant à dire sur la domination-soumission incompatible avec l'amour.

Basile, philosophe naïf, Paris le 5 février 2016

mardi 2 février 2016

513 Réponse à une lectrice

Une lectrice de mon blog me faisait part des dérangements que lui causaient la lecture de certains passages de mon blog. Élevée dans une morale traditionnelle elle avait vécu et vit toujours harmonieusement et heureuse dans son cadre familial. De son bonheur je ne peux que me féliciter. Mais mon blog ne prétend pas traiter d'un cas précis, le sien ou quelqu'un d'autre, mais de la situation générale que j'ai vécu, vis et vois vivre autour de moi. Il est fréquemment répondu à ceux qui vivent mal en particulier en amour, que ce sont là des questions personnelles à résoudre individuellement et de préférence en toute discrétion. Mais quand des problèmes « personnels » similaires sont vécus par des millions de gens, il ne s'agit plus de problèmes originaux, mais de l'expression individuelle de problèmes généraux. Quand je vois une situation qui m'interpelle, je m'interroge pour savoir en quelle mesure et de quelle façon elle reflète au niveau individuel un problème général. Et comment est celui-ci. Et comment pourrions-nous tenter d'y remédier.

Notre société dans le domaine amoureux est la cause d'une multitude de suicides ou tentatives de suicides, violences allant jusqu'au meurtre, mésententes, tristesses, disputes, troubles les plus divers. Combien de jeunes gens et jeunes filles qui avaient apparemment « tout pour être heureux », suite à une contrariété amoureuse mettent fin à leurs jours ? Et cela sans problèmes graves ou maladies cachées, simplement après une très quelconque et très ordinaire déception amoureuse.

On m'a rapporté deux exemples terribles. Un conducteur du métro de Paris voit quelqu'un se jeter sous sa rame. Freine, mais lui passe dessus. Se précipite pour voir et aperçoit une jeune fille écrasée sous les roues qui s'exclame : « pourquoi j'ai fait ça ? pourquoi j'ai fait ça ? » et meurt. Le conducteur a dut ensuite être emmené à l'hôpital. Deux jeunes employés du métro bavardaient il y a quelques années dans une rame. J'ai saisit une bribe de conversation. Un jeune homme assez choqué racontait qu'il avait été présent dans une station où une jeune fille de 19 ans s'était suicidée. On avait extrait le corps, placé dans une sorte de linceul. Il était à côté et soudain le téléphone portable de la morte avait sonné glaçant toutes les personnes présentes. Le jeune homme concluait en disant que ce suicide était certainement dû à un chagrin d'amour et que c'était classique.

Combien de personnes souffrent de la solitude ? La compensent avec la présence d'un animal familier ? Combien d'anciens pour lesquels l'ultime joie quotidienne en maison de retraite se réduit au goûter ?

Notre société vit sous la dictature de l'hypothèque sexuelle. Quantité de gestes, situations, propos, seraient sensés conduire obligatoirement à la recherche du coït. Résultat, entre autres, cette hypothèque accroit et renforce l'isolement, le verrouille. Pour éviter les ennuis, les équivoques, les situations scabreuses, on s'isole. Dans la rue ou le métro parisiens il est courant de remarquer, si on y prend garde, que quantité de jolies filles qui se déplacent seules, ont peur. Car elles vivent quotidiennement un éreintant harcèlement commis par un troupeau d'imbéciles hallucinés. Un ami artiste peintre m'a raconté ce qu'il a vu et l'a choqué. Il était resté de nombreuses heures au jardin du Luxembourg peindre des aquarelles. Et avait constaté que plusieurs puants crétins faisaient inlassablement le tour du jardin pour aborder systématiquement et importuner les jeunes filles assises seules sur un banc ou un siège. C'était il y a vingt ans. Ça n'a pas changé. Dernièrement une amie quadragénaire me disait qu'à force d'être harcelée elle avait renoncé à aller seule au parc des Buttes Chaumont. Paris reste une ville interdite aux jolies filles seules la nuit de minuit à quatre heures et demi, cinq heures du matin. Ou alors elles peuvent se déplacer, mais à leurs risques et périls. Et avec ça on prétend vivre dans un monde civilisé ? Bien sûr, pour nier l'insupportable situation chez nous on citera les horreurs d'ailleurs. Mais l'un n'excuse pas, ni n'annule l'autre.

Il existe même des hommes qui croient déroger à leur dignité d'homme s'ils n'emmerdent pas les jolies filles. Quelqu'un me disait il y a trente ans : « Même si tu n'en as pas envie, il faut chercher à draguer les jolies femmes, sinon tu les vexe. » Et ce quelqu'un paraissait intelligent « par ailleurs ».

Pour se donner « bonne conscience », on dira que les problèmes d'inconduites masculines avec les femmes sont créés chez nous par des personnes « qui ne suivent pas la morale. » Mais la société est un tout. Et les choses les meilleures comme les pires sont liées. Pour agir positivement il faut identifier les faiblesses dissimulées dans notre morale.

Notre société vit sous le règne d'une sexualité dominante, hypertrophiée, institutionnelle et délirante. Ainsi, par exemple, elle a décrété qu'être « nu » était « sexuel », allait de pair et était une invitation au coït. C'est totalement faux et cette règle dérange plus d'un. Elle a aussi prétendu que les réactions génitales étaient le prélude au coït, généralisation qui est la plus grande ânerie égarante qui soit.

Remettre en question les imbécilités dominantes c'est améliorer nos vies. Et aussi, peut-être, commencer à trouver le chemin pour résoudre quantité de douloureux problèmes apparemment sans solutions autres que théoriques.

C'est pourquoi je m'attache à des petits faits, apparemment sans grande importance, qui témoignent des contradictions propres à notre société. Ce qui fait que ces petits faits rapportés et mon commentaire peuvent déranger plus que leur importance secondaire formelle. Notre société française et parisienne a par exemple fait tout un plat de la nudité publique. Elle n'est pas la seule. Mais voilà que je me déplace de quelques centaines de kilomètres. Et vois que dans les grands parcs à Berlin on peut sans problèmes se mettre nu en public. Et que même certaines personnes ensuite rentrent chez elles en marchant en ville dans cette tenue. Sur les plages du nord de l'Allemagne et de la Scandinavie tout le monde est nu. Alors, comment se fait-il qu'entre deux pays proches, la France et l'Allemagne, il y ait un tel décalage ? Des petits malins ont même réussit à trouver et diffuser la photo en noir et blanc de trois jeunes filles en train de bavarder tranquillement en tenue adamique. Celle du milieu est devenue depuis chancelière de la République fédérale d'Allemagne. Il ne semble pas que la publication de ce cliché ait causé quelque scandale que ce soit. C'est une scène courante sur les plages d'Allemagne et même dans les grands jardins publics dans les grandes villes.

Vivre nu est très agréable et pas seulement en vacances au soleil sur une plage naturiste au bord de la mer. Quand on en prend l'habitude, on devient nettement moins frileux. A une époque où quantité de personnes ne se sentent bien qu'à partir d'une vingtaine de degrés de température, on se trouve bien à la longue même avec seulement une dizaine de degrés de température. Cette nudité domestique, innocente comme celle du nouveau né qui vient de naître, contribue aussi à faire oublier et se débarrasser du carcan de la sexualité dominante, hypertrophiée, institutionnelle et délirante. Il est bon et bien de retrouver la Nature cachée en nous. Ce qui n'interdit pas de respecter les règles du milieu où l'on vit. Et se présenter aux autres toujours habillé.

La possibilité existe-t-elle de l'avènement d'une société humaine idéale débarrassée de toutes violences et respectueuse de chacun ? Je souhaite qu'elle soit possible, sans savoir si c'est vraiment le cas. Ce qui est certain, c'est que tous les projets de sociétés prétendant d'être « idéales » ne répondent pas à ces grands problèmes que sont la solitude, le manque d'amour, l'absence de câlins. Ces projets parlent de tout un tas de choses mais évitent de parler de ça. Soi-disant qu'il n'y aurait rien à faire de possible pour améliorer cette situation. Et laissent à chacun le soin de se débrouiller tout seul. Le résultat ne paraît pas très convainquant, avec notamment ses nombreux suicidés. C'est pourquoi il faut chercher et chercher encore à mieux comprendre la condition humaine et essayer de trouver des solutions pour améliorer celle-ci. Rien n'est plus grand et plus beau que réduire la souffrance humaine et assurer un plus grand bonheur au plus grand nombre possible d'humains.

Basile, philosophe naïf, Paris le 2 février 2016