mercredi 30 mars 2016

527 Message à la Faluche

Je ne suis ni faluchard, ni étudiant, mais espère néanmoins pouvoir toucher l'ensemble de la Faluche par mon message. J'étudie la fête, le Carnaval, la Mi-Carême et les traditions festives étudiantes depuis plus de vingt ans. Non pas pour faire des thèses, mais pour faire la fête.

J'ai rédigé dans Wikipédia un certain nombre d'articles sur ces questions, au nombre desquels la partie historique de l'article Faluche, les articles Fêtes de Bologne de 1888, Tuna, Goliardia. J'ai créé l'article Fanfare des Beaux-Arts, enrichi depuis par quantité de contributeurs.

Au cours de mes recherches, j'ai eu l'occasion de tomber sur une association dont je n'avais jamais entendu parler : la Corda Fratres. Fraternelle, festive, étudiante, ni politique, ni religieuse, ni commerciale, ni humanitaire, elle a prospéré sur les cinq continents de 1898 à 1914. Et a compté des dizaines de milliers d'adhérents.

Sa disparition a été causée, d'une part, par de grandes faiblesses d'organisation interne créées par une volonté de centralisation excessive, notamment en sections nationales. D'autre part, par la disparition de la section italienne, qui était à l'origine de la Corda Fratres. Détruite en 1925 par le pouvoir fasciste, pour deux raisons : les dirigeants de la Corda Fratres de l'époque étaient antifascistes. Et aussi, le gouvernement de Mussolini ne tolérait pas d'organisations indépendantes de l'état. Il favorisait uniquement l'organisation officielle étatique des étudiants : le GUF, au détriment de toutes les autres. J'ai écrit l'histoire de la Corda Fratres dans un article de Wikipédia.

Suite à la disparition de la Corda Fratres, les liens d'amitié entre associations étudiantes festives et apolitiques du monde se sont affaiblis et ont disparu il y a 91 ans. C'est en tous cas l'impression que je ressens quand je m'adresse aujourd'hui à des carabins festifs et fanfarons de Paris ou Bordeaux et leur parle de leurs homologues carabins festifs espagnols qui sont organisés en Tunas. Ils n'en ont jamais entendu parler. Ignorent même de qui il s'agit et que ce sont leurs frères en teufs.

J'ai pensé tirer le bilan de l'expérience de la Corda Fratres en abandonnant l'idée de la faire revivre comme organisation. Mais faire revivre son esprit à travers des contacts bilatéraux, autogérés et indépendants. Ainsi, par exemple : il existe une douzaine de fanfares de carabins en France, qui ont certainement toutes des membres ou amis faluchards.

En Espagne, il existe au moins une douzaine de Tunas de carabins. Ce sont des groupes chantants s'accompagnant avec des instruments à cordes.

Que chaque fanfare de carabins de France joigne au moins une Tuna de carabins d'Espagne. Pour l'inviter à venir faire la fête et aller la visiter chez elle. C'est possible, c'est déjà engagé.

La Tuna des carabins de Cadix, suite aux mails que je lui ai envoyé, a invité le 17 mars 2016 cinq fanfares de carabins de France : les quatre de Paris et celle de Bordeaux.

Les Espagnols souhaitent les voir arriver en novembre prochain à Cadix à l'occasion du Concours (Certamen) national des Tunas de Médecine d'Espagne qu'ils organisent.

Et la Faluche ? J'aimerais voir les faluchards se joindre à ce mouvement de renaissance de l'esprit de la Corda Fratres. Pour la fête, par la fête, rien que la fête et la plus grande possible partout.

Amis faluchards, qu'en pensez-vous ? J'organise aussi deux fêtes à Paris, l'an prochain : le 20ème Carnaval de Paris le 26 février 2017 et le 9ème Carnaval des Femmes le 26 mars 2017. Vous y êtes tous invités ! www.carnaval-paris.org www.carnaval-des-femmes.org

Basile, Paris le 30 mars 2016

mercredi 23 mars 2016

526 Pour le renouveau festif étudiant : proposition d'un projet inspiré par la Corda Fratres

Connaissez-vous l'histoire de la Corda Fratres ? Fondée en 1898 par l'étudiant turinois Efisio Giglio-Tos elle a regroupé des dizaines de milliers d'étudiants des cinq continents. Son but était fraternel et festif, ni politique, ni religieux, ni patriotique, ni humanitaire, ni commercial. Cette belle entreprise a prospéré jusqu'en 1914.. Et a fini de disparaître avec la destruction de la section italienne en 1925 opérée par le régime de Benito Mussolini.

La Corda Fratres a laissé une place vide et une riche expérience. Tirant le bilan de celle-ci, je ne m'efforce pas de faire revivre sa structure, qui était défaillante car trop centralisée et formée de sections centralisées nationalement. Je cherche à en faire revivre l'esprit.

Il s'agit de recréer un vaste tissu d'intercommunications entre sociétés festives étudiantes du monde. Mon projet commence à aboutir. En France, nous avons des fanfares d'étudiants. En Espagne, des Tunas d'étudiants : ensembles d'étudiants chantants en s'accompagnant avec des instruments de musique.

Je viens de mettre en relations la Tuna des étudiants en médecine de Cadix avec les quatre fanfares d'étudiants en médecine de Paris et la fanfare d'étudiants en médecine de Bordeaux. La Tuna de Cadix vient d'inviter les cinq fanfares au concours national des Tunas d'étudiants en médecine d'Espagne. Il aura lieu en novembre prochain à Cadix.


Des liens se nouent. La Tuna de Cadix a l'intention de monter à Bordeaux et Paris faire la fête avec ses nouveaux amis bordelais et parisiens. Les Espagnols vont héberger chez eux leurs invités en novembre.

Par ailleurs, j'ai proposé à des fanfares étudiantes ou plus ou moins étudiantes de Lyon et Annecy de venir faire la fête avec la Goliardia de Turin. Ce serait le 24 juin, pour la Saint Jean, Fête de la ville de Turin. En 2017, c'est un samedi, et en 2018, un dimanche. Ça devrait faciliter les choses. Trois fanfares de Lyon et une fanfare d'Annecy sont déjà intéressées par ce projet.

La Corda Fratres comptait jadis 10 000 étudiants des États-Unis. Il faut renouer avec cet aspect-là des liens fraternels et festifs entre associations festives étudiantes. C'est pourquoi j'ai écrit aux États-Unis, à l'université de Columbia. Pour lui proposer que ce projet soit rejoint par l'Ivy League dont elle fait partie. Et qui regroupe huit des plus grandes universités du pays. Elle ferait passer ce message aux étudiants : « de manière indépendante, bilatérale et autogérée, mettez-vous en lien avec des étudiants organisés d'autres pays, d'autres universités. »

Par exemple : les sociétés festives d'étudiants en médecine, s'il en existe aux États-Unis, contacteraient les Tunas de médecine d'Espagne, Portugal et Amérique latine et les fanfares de médecine de France. Pour qu'à l'occasion de voyages se fassent rencontres, hébergements réciproques et fêtes.

Ce projet ne demande pas de l'argent, mais de la volonté et de l'enthousiasme. Renouer avec la belle et grande œuvre injustement oubliée d'Efisio Giglio-Tos : la Corda Frattres. Pour mieux la connaître, je vous invite à lire les deux articles que j'ai écrit dans la Wikipédia en français : Corda Fratres et Efisio Giglio-Tos. J'ai aussi écrit les articles Goliardia et Tuna et créé l'article Fanfare des Beaux-Arts. 

Il existe également deux livres pour s'informer sur la Corda Fratres : 

Aldo Alessandro Mola, Corda Fratres, Storia di una associazione internazionale studentesca nell'età dei grandi conflitti, 1898-1948 (Corda Fratres, Histoire d'une association internationale d'étudiants à l'époque des grands conflits, 1898-1948), préfacé par Fabio Roversi-Monaco, recteur de l'université de Bologne, CLUEB,1999.

Marco Albera, Manlio Collino, Aldo Alessandra Mola, Saecularia Sexta Album. Studenti dell'Università a Torino, sei secoli di storia. (Saecularia Sexta Album, Les étudiants de l'Université de Turin, six siècles d'histoire.) Elede Éditrice Srl, Turin 2005.
 Basile, philosophe naïf, Paris le 23 mars 2016

mercredi 16 mars 2016

525 Faire revivre la Corda Fratres : comment procéder ?

Depuis dix ans, je propose la renaissance de la Corda Fratres, première société festive et fraternelle étudiante universelle, qui a prospéré de 1898 à 1925, comptant des dizaines de milliers d'adhérents sur les cinq continents. Mais la vraie question posée est : comment procéder pour cette renaissance en évitant les erreurs commises hier ? Il m'a fallut dix ans pour arriver à trouver une réponse à cette question.

Quand je parle de faire renaître la Corda Fratres je suscite l'approbation... et la panique.

Approbation : quelle bonne idée que recréer cette société festive et fraternelle !

Panique : oui, mais, s'en occuper nécessitera un travail colossal, je vais ruiner mes études, rater tous mes examens, se dit le brave étudiant ou la brave étudiante.

Il ne faut pas recréer la Corda Fratres, mais faire renaître l'esprit de la Corda Fratres, ce qui est tout à fait différent. Car il s'agit justement de ne pas ruiner les études et faire rater leurs examens aux étudiants, mais qu'ils s'apportent un plus festif et amical. Ne surtout pas retenter le chemin erroné du passé. Une société festive et fraternelle sur les cinq continents n'a pas, ne peut pas et ne doit pas tenter le mirage et le piège de la centralisation. Elle doit être à l'image des sociétés festives qui marchent.

Les fanfares étudiantes, par exemple, font chacune leur vie, s'aiment bien entre elles, se rencontrent, mais restent complètement indépendantes. Et ça marche très bien à Paris au moins depuis 1889 !

Les sociétés festives de villes de divers pays peuvent se rassembler, voyager, s'héberger les unes les autres, mais n'ont pas à chercher à se créer une sorte d'absurde « gouvernance mondiale » ou « gouvernance européenne » qui ne leur corresponds pas et ramènerait des divisions politiques.

Durant l'été, par exemple, des sociétés festives peuvent proposer de se retrouver à un moment donné en vacances dans un lieu donné durant une semaine, dix jours, et faire la fête. Ou se retrouver ensemble à l'occasion d'une fête locale qui peut être une fête étudiante ou pas.

Sur les sites Internet de Tunas étudiantes, on voit souvent les photos souvenirs de leurs voyages dans diverses villes : Paris ou ailleurs. Quel dommage que ces voyages n'aient pas été l'occasion de rencontres festives avec des homologues locaux ! Et d'hébergements « chez l'habitant », bien moins onéreux et beaucoup plus chaleureux que les hôtels, campings ou auberges de la jeunesse !

C'était une des idées de la Corda Fratres : l'étudiant voyageur voyage de ville universitaire en ville universitaire en étant logé par d'autres étudiants, qu'il invite à son tour chez lui.

Ça a fonctionné à l'époque où la communication n'était pas ce qu'elle est à présent. De 1898 à 1925, la Corda Fratres a promut ce type d'échanges. Quand j'ai parlé de la disparition de la Corda Fratres avec le professeur Aldo Alessandro Mola, qui a étudié son histoire et écrit un livre à son sujet, il m'a dit qu'elle manquait à présent. Il est parfaitement possible de la faire renaître en tirant ses enseignements et évitant les erreurs du passé.

En 1898, Efisio Giglio-Tos, le fondateur de la Corda Fratres, estimait le nombre total des étudiants de la planète à un million. A présent il y en a des dizaines de millions. Ce n'est pas un obstacle. Ce sont de nombreuses possibilités supplémentaires !

Basile, philosophe naïf, Paris le 16 mars 2016

524 L'erreur d'Efisio Giglio-Tos explique le recul de la fête et la fraternité étudiante

J'aime faire la fête et la propager. Car il n'y a rien de tel pour se rendre heureux soi-même que rendre heureux les autres. Quand la fête est là, personne ne se demande pourquoi. Quand elle recule ou même disparaît, surgissent des explications passe-partout : la population a changé, la vie a changé, ça n'est plus comme avant, c'est « le progrès ». En fait ces « explications » n'expliquent rien. La même fête peut continuer à exister en un endroit où se rencontrent les mêmes changements qui sont prétendument à l'origine de son « inévitable » disparition ailleurs.

Ainsi, par exemple, on dira que « la vie moderne », la concurrence de la télévision, le développement de la circulation automobile ont contribué à faire disparaître le Carnaval à Paris. Mais, pourquoi alors est-il toujours resté énorme à Cologne où la vie est tout aussi « moderne », la télévision aussi envahissante et les automobiles aussi encombrantes ?

Les arguments faciles seront brandis aussi pour expliquer à l'inverse l'existence et la persistance inhabituelle, surprenante de la fête. Pourquoi existe-t-il toujours un si gigantesque et vivant Carnaval à Dunkerque ? « C'est normal, ce sont des gens du Nord » repondra-t-on souvent. Oui, mais, si je fais juste 66 kilomètres et arrive à Lille, ce sont également des gens du Nord et il n'y a plus de Carnaval dans cette ville. Carnaval qui exista aussi jadis, fut très important et vit éclore la célèbre chanson Le P'tit Quinquin, hymne national de Lille.

La réalité et la réponse est ailleurs que dans les discours simplistes rencontrés habituellement. La fête a une histoire, apparaît, persiste, disparaît ou réapparaît pour des motifs précis qui ne relèvent nullement de « la fatalité ». Fatalité qui nous ferait nous lamenter stérilement sur « le bon vieux temps irrémédiablement disparu ». Vous savez, ce « bon vieux temps » où les jeunes étaient polis avec les anciens et où il faisait chaud en été et froid en hiver ?

La fête connaît sa cuisine, ses recettes, sa culture. Quand la fête disparaît pour des raisons toujours circonstancielles et jamais par la faute de « la fatalité », les recettes sont oubliées. Pourquoi ? Parce que les fêtards font la fête, n'écrivent pas des thèses sur elle. Et ceux qui écrivent des livres ne s'intéressent généralement pas à la fête, voire même la détestent. Je poursuis pour ce qui me concerne un chemin différent. Depuis plus de 23 ans je fais des recherches sur la fête, pour la faire et organise le Carnaval à Paris. Fête très importante et injustement oubliée dont j'ai pris l'initiative de la renaissance en 1993.

La fête étudiante et les organisations festives estudiantines telles que la Faluche, la Goliardia, la Calotte, les Tunas, etc. sont infiniment précieuses. Mais les échanges entre ces organisations manquent terriblement en regard des possibilités. La raison de ce manque est historique.

Il faut remonter en arrière, à l'année où se fête le 800ème anniversaire de l'université de Bologne. En 1888, à cette occasion naissent simultanément deux organisations festives sœurs appelées à un brillant avenir et qui existent toujours : la Faluche et la Goliardia. Au nombre des étudiants de la Goliardia, l'un d'eux se nomme Efisio Giglio-Tos. Turinois, francophile, il va commencer alors à projeter l'idée de créer quelque chose de permanent au plan international. Au bout de dix ans de réflexion, il sera à l'origine de la première société festive et carnavalesque étudiante universelle. La Corda Fratres naît en 1898. Corda Fratres signifie en latin : les Cœurs Frères.

Ce nom est dérivé d'une formule en latin avec laquelle s'achèvent quantité de discours fraternels étudiants de l'époque : sursum corda, Fratres ! Haut les cœurs, frères ! Efisio a enlevé le sursum et ôté la virgule.

La nouvelle société n'est ni politique, ni religieuse, fraternelle et festive elle connaît un succès foudroyant dans une quantité de villes universitaires de par le monde. Elle va compter des dizaines de milliers d'adhérents sur les cinq continents. Mais ensuite elle disparaît vers 1925 et est oubliée.

Pourtant, la fête et la fraternité étudiante, la rencontre ni politique, ni religieuse est toujours d'actualité. Je ne dis pas ça contre la politique ou la religion, mais c'est autre chose. On peut s'amuser ensemble en étant d'opinions politiques ou religieuses différentes.

Alors, pourquoi la Corda Fratres a-t-elle disparu ? La raison est qu'elle souffrait dès le départ d'un très grave vice de construction. Alors qu'elle se voulait apolitique, elle a adopté une structure parfaitement politique : la structure nationale des sections et inter-nationale de l'ensemble. En choisissant ainsi de développer la Corda Fratres, Efisio Giglio-Tos a commit une erreur qui a perdu à terme celle-ci.

Dès le départ, les étudiants autrichiens ont tourné le dos à la Corda Fratres qui militait de facto pour l'éclatement de l'empire austro-hongrois, en privilégiant l'appartenance nationale de ses membres. A juste titre, les Autrichiens voyaient dans ce choix le souhait de contribuer à l'éclatement de leur empire où se côtoyaient différentes nationalités. Par la suite, en 1914, la Corda Fratres, par francophilie prendra le parti de la France contre l'Allemagne. La Corda Fratres en tant qu'organisation ni politique, ni religieuse, fraternelle et festive universelle n'avait pas à prendre partie. Quand bien-même on se placerait d'un côté des belligérants ou de l'autre, ça n'était pas à elle de se prononcer. Le fond du problème a été soulevé avant 1914 : il fallait choisir une structure pour la Corda Fratres se conformant à la conscience de ses membres. Les étudiants se reconnaissent par branches de spécialités, par exemple : médecine, par ville, par exemple Dijon ou Turin, par école ou université, par exemple : faculté de médecine de Tours ou université de Harvard, par activité ludique spécifique, par exemple : musicien.

Le choix de la structure nationale pour une société festive et fraternelle ni politique ni religieuse est absurde. C'est comme si un organisme central décidait par exemple du jour et l'heure où une fanfare étudiante de Bordeaux ou Strasbourg va faire une manche dans la rue. Et cette décision serait prise à Paris, ou à New York. Car Efisio Giglio-Tos voulait une structure mondialement centralisée qui récolte ses cotisations au plan mondial. L'esprit bureaucratique l'avait poussé à élaborer un règlement interminable où était précisé jusqu'au mode de porter différents toasts au cours des manifestations festives !

L'introduction structurelle de la politique dans l'organisation créée par Efisio conduira à sa politisation interne. Quand, au début des années 1920, le fascisme arrive au pouvoir en Italie, celui-ci détruit la Corda Fatres italienne non seulement parce qu'elle ne tolère pas son indépendance. Mais aussi parce qu'elle a une direction antifasciste. Les sièges de Naples et Rome sont saccagés par les squadristi, commandos de choc fascistes, les biens de la Corda Fratres sont confisqués.

La section italienne de la Corda Fratres jouait un rôle essentiel pour son fonctionnement. Elle n'existe plus. Le régime fasciste durera suffisamment de temps pour que la plupart des étudiants italiens de l'après-fascisme ignorent ce qu'elle a représenté. Les essais de renaissance de la Corda Fratres en Italie échoueront dans les années suivant peu après la fin du fascisme. Une fois de plus pour la raison de vouloir une organisation centralisée nationalement. Ce qui entraîne des rivalités entre le nord et le sud de l'Italie et même entre des villes situées dans la même zone géographique.

Tirer le bilan de la Corda Fratres, c'est éviter l'erreur de la centralisation. Respecter l'indépendance des branches de spécialités, villes, écoles, activité ludique spécifique. Et promouvoir les contacts bilatéraux. Par exemple : demain faire renaître la fête partagée entre étudiants lyonnais et turinois.

Basile, philosophe naïf, Paris le 16 mars 2016

523 Autogérer la fête pour la réussir à Paris, Lyon, Turin, Bordeaux, Pampelune, etc.

Si, par exemple, vous organisez votre anniversaire : vous fixez une date, un lieu, une liste d'invités. Vous précisez ce qu'ils doivent ou peuvent apporter avec eux. Vous achetez boissons, gâteaux, etc. Cette façon de faire relève de la pratique autogestionnaire. L'autogestion, mot qu'on voit quelquefois associer à des idées révolutionnaires, est en fait un des modes d'organisation de la société humaine. On y fait appel pour la fête vivante et réussie et la famille. Le Carnaval de Dunkerque, le plus beau des Carnavals de chez nous, voit son organisation reposer sur les dizaines de sociétés philanthropiques et carnavalesques de la région. Toutes ces sociétés, même si certaines sont formellement fédérées au sein de l'ABCD, Association des Bals du Carnaval Dunkerquois, sont en fait farouchement indépendantes. Elles sont autogérées et sont la clé du succès de la fête.

Le Carnaval de Paris et le Carnaval des Femmes, fêtes apolitiques; traditionnelles, libres, bénévoles et gratuites, sont également autogérées. Les participants gèrent eux-mêmes leur participation. Le résultat est un grand succès. Environ 5000 participants le 7 février 2016 au 19ème Carnaval de Paris et plusieurs centaines de participants au 8ème Carnaval des Femmes le 6 mars. Le tract et les affiches pour 2017 sont déjà finalisés. Les voici :


Si la formule autogestionnaire fonctionne pour la fête à Paris, faisons-en profiter aussi ailleurs qu'à Paris !

Le 28 février dernier, à la diffusion de tracts une semaine avant le Carnaval des Femmes, j'ai rencontré une des quatre fanfares d'étudiants en médecine de Paris : les Blouses Brothers. Je les ai invité au Carnaval de Paris et au Carnaval des Femmes en 2017. Voici leurs photos :


J'ai pensé aller plus loin. Il y a dix ans j'ai eu un contact très positif avec des associations musicales étudiantes d'Espagne, Portugal et Amérique du Sud : des Tunas. Elles voulaient venir au Carnaval de Paris, projet qui n'a put alors se réaliser. J'ai cherché à renouer le contact avec trois de ces Tunas et réussit à toucher la Tuna de Médecine de Cadix. Ils sont prêts à venir au Carnaval de Paris en 2017, entrer en relation avec les Blouses Brothers et les accueillir chez eux. Pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? Il y a onze ans, en 2005, la société festive traditionnelle étudiante de la Goliardia de Turin, que j'avais invité, a participé au Carnaval de Paris. Le soir de la fête j'ai été pris en photo avec des membres de cette société coiffés de leurs curieux chapeaux :

Turin et Lyon ne sont pas si loin que ça et les traditions de liens festifs existaient sûrement jadis entre ces deux villes. Pour les reprendre j'ai lancé le projet suivant : il existe des fanfares étudiantes à Lyon. Je les ai contactés. Et écrit aux fanfares Band'As, Cacophonie, Krapos, Piston et Pustule. Et aussi à la fanfare La Ripaille à sons d'Annecy. Pour leur proposer l'idée de monter à Turin en liaison avec la Goliardia de Turin pour la fête patronale de la ville, la Saint Jean, le 24 juin. Qui tombe un samedi en 2017 et un dimanche en 2018. J'y ai déjà participé une fois au côté de la Goliardia de Turin. Les fanfares Cacophonie, Krapos, Pustule et La Ripaille à sons sont intéressées. Je viens d'avoir le contact avec la Faluche à Lyon, organisation sœur de la Goliardia. La Goliardia de Turin, à qui j'ai écrit, n'a pas encore répondu. J'espère la rencontrer à Turin fin mai prochain.

Il existe à Bordeaux une superbe fanfare de carabins : la Banda Los Teoporos. L'Espagne est à côté. Il y a douze fanfares de carabins en France et douze Tunas de médecine en Espagne. Ça donne des idées : les associer deux par deux, une Tuna avec une fanfare, au moins. J'ai cherché quelle Tuna de médecine d'Espagne était la plus proche de Bordeaux. C'est celle de Pampelune à 289 kilomètres ! J'ai écrit à Bordeaux et Pampelune pour leur proposer que la Tuna et la fanfare se rencontrent. Pour l'instant je n'ai pas eu de réponses. Je mettrais le temps qu'il faudra, mais finalement je sais que cette rencontre se fera. Car elle concerne des carabins festifs et musiciens ! Ils viendront aussi un jour au Carnaval de Paris et au Carnaval des Femmes. Amusons-nous tous ensemble, et bon printemps !

Dernière nouvelle ! La Tuna de médecine de Cadix organise en novembre 2016 le Concours national des Tunas de médecine d'Espagne. Elle invite à cette occasion et offre l'hospitalité aux quatre fanfares de médecine de Paris et à celle de Bordeaux ! Et compte venir ensuite faire la fête à Bordeaux et Paris. 

Basile, philosophe naïf, Paris le 16 mars 2016 

Voir le compte-rendu du 8ème Carnaval des Femmes : http://carnaval-des-femmes.org/le-8eme-carnaval-des-femmes-le-6-mars-2016

lundi 7 mars 2016

522 Quatre grands mythes actuels

A côté des mythes à références mystiques ou religieuses existent des mythes très puissants et qui n'ont pas ces références-là. Au nombre de ceux-ci j'en évoquerais quatre dans cette page de mon blog.

Le mythe du pouvoir. Il affecte de donner à ce concept une valeur supérieure. Nous voyons par exemple aujourd'hui plusieurs dizaines d'humains se déchirer en France dans l'espoir d'accéder en 2017 au trône du président-roi élu de la France. Qui de son côté fait tout pour espérer conserver son poste. Que d'agitations vaines et frénétiques, au lieu de se consacrer à l'art, l'amour, la flânerie, le rêve, la contemplation, la course à pied, la promenade, la fête ou la gastronomie, bref, de vraies valeurs. Tous ces humains se combattent sans merci pour rester ou accéder à un poste synonyme d'ennuis, tensions extrêmes, et aussi de menaces. Le roi président est enfermé dans un palais où il a besoin de pas moins d'une centaine de gardes du corps, d'un médecin attitré, de cinq domestiques en permanence « son service privé », etc. Tandis que vous et moi à côté, en comparaison, paraissons libres et insouciants. Quelle folie que cette course au pouvoir qui pourrit la vie ! On la retrouve à tous les échelons de la société. Des hommes, des femmes, vont chercher à occuper des postes truffés de responsabilités et d'ennuis, pour se sentir « puissants », « au dessus des autres ». Une vieille sagesse arabe dit : « le coq le plus misérable chante victoire une fois qu'il a fini d'escalader son tas de fumier ». Des hommes et des femmes, plus souvent des hommes que des femmes, sont innombrables à chercher un tas de fumier à escalader pour chanter victoire une fois arrivé à son sommet. Moi, je me sens supérieur à l'idée de chercher à me sentir supérieur aux autres.

Autre pseudo valeur : la richesse extrême, devenir milliardaire. Quelle connerie ! Mangerez-vous alors plus de trois fois par jour ? Alors, à quoi vous servira l'argent que vous « posséderez » et ne dépenserez jamais ? Pauvre imbécile riche !

Je connais des hommes, des femmes, qui vivent « en couple » avec des enfants ou pas et paraissent heureux de leur vie. En revanche, le mythe du « Grand Amour » est une parfaite foutaise. Pourquoi si disons Serge et Lucie, je prends des prénoms au hasard, sont heureux ensemble, voulez-vous leur coller dessus l'étiquette « Grand Amour » ? Un peu comme on labellise un poulet de qualité supérieure ? Serge et Lucie sont uniques, leur relation est unique. Et tant mieux s'ils sont heureux ensemble, ou du moins semble l'être. Mais ils n'occupent pas une case « Grand Amour » que chacun devrait chercher. Si ça se trouve-même, ce qu'ils vivent agréablement, vous ne le supporteriez pas. Ce qui est absolument certain, c'est que de nombreux millions de gens se pourrissent absolument la vie avec la quête absurde du « Grand Amour ». C'est une croyance dévastatrice qui rend malheureux un tas de gens. Vous avez une maison confortable ? Non ! Je veux une parfaite maison ! Mais, elle n'existe pas ! Si ! Untel et une-telle en ont une, je veux la même ! Ainsi triomphe la stupidité humaine. Vivez plutôt et laissez le mythe du « Grand Amour » aux naïfs et aux imbéciles.

Un mythe très à la mode à présent est celui du soi-disant « épanouissement sexuel ». Il est aussi crétin que serait la prétention à « l'épanouissement gastronomique ». Des millions de gens courent après ce mythe, et passent à côté de la vie. En particulier, ils finissent par réduire leur surface de muqueuses et d'épiderme à envisager de caresser. Elle passe de deux mètres carrés à vingt centimètres carrés. Les obsédés du sexe, de l'acte sexuel, sont des analphabètes sensuels.

Si vous regardez un tas de vidéos pornographiques d'un regard analytique, vous verrez que tous les soi-disant acteurs et actrices sont la plupart du temps crispés et mal à l'aise. Qu'ils ne jouissent pas, s'ennuient et font semblant de jouir. Ils apprécient certainement infiniment plus leur part de pizza et leur bière après la séance de « boulot », que toutes les galipettes acrobatiques qu'ils effectuent !

Basile, philosophe naïf, Paris le 7 mars 2016

dimanche 6 mars 2016

521 Rééducation sexuelle et colères de substitution

La plupart des humains adultes de sexe mâle ont besoin de se rééduquer sexuellement. Quatre points en particulier concernent cette rééducation. Le premier est qu'ils doivent prendre pleinement conscience que leurs réactivités au niveau génital, en particulier l'érection, ne signifie rigoureusement pas forcément qu'ils ont envie de « faire l'amour », ni que cet acte est alors forcément urgent, positif ou souhaitable. L'érection intervient pour quantité de raisons. Et le désir véritable est un sentiment plutôt rare et tout à fait spécifique et particulier.

Le deuxième point que quantité d'hommes semblent incapables de comprendre, et qui nécessite leur rééducation, est que si une femme est belle, habillée de façon sexy, ou – et – leur sourit, ou – et – semble seule, même seulement momentanément, elle ne constitue en rien pour autant un « prêt à consommable sexuellement ».

Le troisième point a assimiler est qu'un « rapport sexuel » où n'existe pas de désir effectif réciproque est absolument dépourvu d'intérêt et destructeur. Le fait de « faire pression » pour arriver à mettre son truc dans le machin est une ânerie nuisible et absolue. On ne « conquiert » personne.

Le quatrième point qui déborde très largement le cadre de la stricte sexualité (l'acte sexuel et son approche immédiate) est que les humains adultes sont pour la plupart des analphabètes tactiles. Ils ne savent ni toucher, ni caresser, ni être touché ou caressé. A regarder des vidéos pornographiques d'un œil critique on en vient à pisser de rire devant ces hommes et femmes réduisant les deux mètres carrés de leur peau ou muqueuses à vingt centimètres carrés ! Et les scènes classiques où l'homme totalement passif, les bras le long du corps, se fait sucer la zigounette par une superbe créature sont à hurler de rire. Et à pleurer quand on pense que ce genre de choses indigentes tient lieu pour beaucoup aujourd'hui d'éducation de la sexualité et de la sensualité.

Le sexe n'est pas un objet de consommation ni une chose anodine. L'absence d'éducation ou la mal-éducation sexuelle conduit à nombre de troubles dont celui des « colères de substitution ».

L'autre jour j'observais deux jeunes femmes. Elles ont chacune une trentaine d'années, vivent seules, sont très belles, sensibles et intelligentes. Et, pour une broutille avaient entamés une dispute féroce. Puis, chacune d'elles séparément, argumentaient avec force pour défendre son point de vue. Usant de raisonnements justes partant d'une base fausse et absurde. Pourquoi un tel conflit ?

J'ai trouvé une explication. Ces deux jeunes femmes de valeur se font quotidiennement insulter et menacer, traiter comme des « trous sur pattes », des morceaux de viande. Elles se défendent. Gardent leurs distances autant que faire se peut. Mais, au fond d'elles-mêmes souffrent horriblement de cette carence d'amour véritable. Ce qui développe en elles une extrême fureur refoulée. Qui finalement va s'exhaler contre une personne proche et appréciée. Pourquoi ? Parce qu'il n'existera pas d'autres exutoires possible à un moment-donné. Cette agressivité sortira aussi en d'autres occasions, par exemple sous formes de violence verbale ou incohérences étranges dans le comportement.

Il n'y a pas lieu de critiquer ces comportements. Critique-t-on les éruptions volcaniques ? Non, ce sont des phénomènes naturels. Cependant, ces colères de substitution peuvent être réduites et dédramatisées en agissant sur les causes profondes et véritables. En attendant de tout changer on peut déjà dans la mesure du possible apporter à ces deux femmes un surcroit d'amour vrai. C'est la meilleure solution. Et ne pas se formaliser des agressions verbales, ou autres colères, qui viennent du malaise causé par la mal-éducation de la plupart des mâles humains adultes aujourd'hui.

Basile, philosophe naïf, Paris le 5 mars 2016

mercredi 2 mars 2016

520 La peur de l'inconnu aux origines de la loi El Khomri

Ce qui est nouveau est inconnu. Et l'inconnu fait peur. Si ce qui est nouveau est grand, ce sera une grande peur, la panique, l'épouvante. Et s'il s'agit d'une chose, un phénomène, un comportement tellement ancien qu'on l'aura oublié, ce sera comme si c'était neuf, nouveau, donc inconnu. Et ça suscitera pareillement la peur. J'en ai vu des exemples concrets. En juin 1994, je tenais une petite réunion pour la renaissance du Carnaval de Paris. Nous étions juste quatre. Il s'agissait de planifier le retour à Paris du cortège carnavalesque traditionnel de la Promenade du Bœuf Gras. Soit faire défiler en musique un bovin avec quelques costumés. Ce qui n'était plus arrivé à Paris depuis le 20 avril 1952. Une fête bon enfant, rien à craindre de particulier. Mais quand, vers la fin de la réunion j'ai annoncé : « bon, nous décidons de sortir le cortège du Bœuf Gras le dimanche 6 mars 1995 », ce fut la panique générale. Deux des présents s'empressèrent de me contredire. Non, me faisaient-ils remarquer, avant de décider quelque chose il faut absolument voir ce qu'en pensent les autorités. J'ai compris alors qu'ils seraient contre et ne voudraient décider en aucun cas. Je n'ai pas insisté. Et quelques temps après j'ai pris seul la décision de faire renaître ce cortège. Comme il fallait obtenir une autorisation pour défiler dans Paris, j'ai eu après l'occasion d'en parler avec un commerçant parisien riche et pourvu de nombreuses relations y compris politiques. Il m'a dit connaître deux personnalités, entre autres, dont il m'a cité les noms. Mais, m'a-t-il soutenu pour obtenir l'autorisation de défiler ? Nullement, il m'a laissé me débrouiller tout seul.

Dans ces deux cas, l'unique raison paralysant la volonté d'agir de ces hommes : la peur de l'inconnu. Même particulièrement inoffensif l'inconnu fait peur. Ici, en l'occurrence, promener un bovin vivant en musique dans Paris. Au lieu d'agir : la fuite. Cet exemple illustre un phénomène général chez les humains. Avec des enjeux autrement plus grands, nous assistons à présent ces jours-ci aux conséquences de la même panique devant l'inconnu.

L'évolution de l'économie mondiale a fait disparaître les bases de deux phénomènes gigantesques et très anciens : l'OGT et l'EGP. L'OGT, c'est l'Obligation Générale de Travailler, la « lutte pour la vie ». Depuis la nuit des temps, la plupart des humains affrontent la nécessité de s'épuiser au travail pour échapper à la famine. Or, l'élévation fantastique des capacités de production rend la nourriture potentiellement d'accès facile, sans nécessiter en échange de très longues et pénibles heures de labeur. La possibilité pour des centaines de millions de gens de ne rien foutre de leur sainte journée et avoir malgré tout de quoi manger est arrivée. C'est une formidable révolution ! D'un autre côté, la base de l'EGP qui est l'Extraction Générale de Profits a disparu elle aussi. De quoi s'agit-il ? Il s'agit de la volonté d'une minorité d'exploiter sans limites le travail des autres pour jouir de la richesse. Or, là aussi, l'élévation fantastique des capacités de production conduit à la remise en question des normes habituelles. Les très riches ont tout ce qu'ils veulent. Et voilà qu'ils peuvent obtenir encore plus de milliards... qui ne leur serviront rigoureusement à rien, puisqu'ils n'auront aucune capacité pour les dépenser. Si riches soient-ils, ils ne mangent pas plus de trois fois par jour !

Cette situation proprement révolutionnaire remet en question deux des fondements immémoriaux de la société humaine. C'est un saut dans l'inconnu. Il faut repenser la société, son organisation. Mais alors, comme il s'agit de l'inconnu, pour de très grandes choses, la panique absolue s'empare des hommes et femmes décideurs. Et que nous proposent-ils ? Un retour au XIXème siècle. Je suis né en 1951, toute mon enfance et ma jeunesse j'ai été bercé par le souvenir des 40 heures gagnées par la grève générale de 1936 en France. Que nous propose aujourd'hui notre gouvernement en France ? La semaine de 60 heures, les apprentis travaillant 40 heures par semaine, et tout un tas de fantômes du passé remis au goût du jour, si j'ose dire. Et pourquoi ce discours absurde et qui révolte ? Parce que nos décideurs politiques sont paniqués face à la perspective d'un monde nouveau et encore inconnu pour eux, où il fera bon vivre pour tous sans mourir au travail ou au moins s'y épuiser.

Basile, philosophe naïf, Paris le 2 mars 2016

mardi 1 mars 2016

519 Pourquoi l'homme tendre, pur et bon fait fuir les femmes

Si vous regardez bien la société, le monde qui nous entoure, vous constaterez un phénomène troublant. Les salauds ne sont pas forcément heureux en amour. Mais leurs « conquêtes » ne manquent pas ! A défaut de séduire les cœurs, ils ont toujours ou presque quelque créature de sexe opposé à mettre dans leur lit. En revanche, les hommes gentils, tendres, aux intentions pures, c'est-à-dire respectueuses, et bons, font fuir les femmes, pourquoi ? Pour quelle étrange motif les femmes critiquent les salauds, mais préfèrent leur fréquentation.

Observons un homme que je connais un peu. Il est jeune, beau, paraît gentil. Je l'invite à venir au Carnaval des Femmes, Fête des Reines des Blanchisseuses que j'organise. Il m'interroge. Et veut savoir à tous prix s'il y aura des femmes. Et pas des papas et des mamans avec leurs petits enfants. Pourquoi ne s'intéresse-t-il qu'aux femmes ? La fête ne l'attire pas. S'amuser lui importe peu. Ce qu'il veut, ce qu'il cherche, c'est un trou ou mettre sa queue. C'est bas, sommaire, vulgaire, et extrêmement répandu comme comportement.

Une dame amie, très féministe, artiste, sensible, que je connais. Elle a une amie sexagénaire et veuve. Voilà qu'elle se met en tête de me mettre dans les bras de sa copine. C'est-à-dire que pour cette dame l'idéal serait que je mette ma queue dans le trou de sa copine. C'est le mode ad hoc pour « mettre ensemble » les gens ! C'est nauséeux. Les câlins manquent, l'amour manque, mais pourquoi faut-il en déduire un « service de queue » ? C'est nullissime et à vomir. Pourtant, c'est un comportement classique. Vouloir que deux personnes « sortent ensemble » et donc « se mélangent » comme on dit dans les campagnes du Cantal.

Et voilà que je revois une connaissance. Elle a un gros chagrin. Je lui fait des câlins qu'elle accepte. Et n'ai aucune intention de baiser avec elle. Elle le sait. Accepte les câlins. M'en fait aussi mais moins. Et puis soudain me fuit. Me salue de loin. Ne me fait même plus la bise. Pourquoi ?

Parce que si j'étais « comme tout le monde », je chercherais à la draguer. Elle pourrait alors exhiber l'arsenal classique de rembarrage des hommes : « restons seulement amis ». « Je ne suis pas amoureuse de toi » ou : « j'en aime un autre ». Mais là il ne s'agit pas de ça. C'est de la gentillesse pure sans idées derrière la tête. Les idées des dragueurs qui par ruse font semblant à un moment-donné de ne pas s'intéresser au cul. Et qui dit gentillesse pure dit autre chose que l'habituel, même odieux.

Or, la quasi-totalité des hommes pensent avec leur queue, pas avec leur tête ou leur cœur. Ils sont des obsédés du trou. Et les femmes y sont habituées, y compris si elles le supportent mal. L'homme qui se conduit différemment les emmènent dans l'inconnu. Et l'inconnu fait horriblement peur.

C'est pourquoi, si vous êtes un homme gentil et honnête, il y a très peu de chances qu'une femme vous ouvre les bras. On évite les mutants qui vous emmèneraient on ne sais où.

Cette situation générale peut-elle changer ? Peut-être. En tous les cas, si vous êtes un homme sensible, droit, honnête, ne vous étonnez pas de rester seul. Cependant que des salauds arriveront à faire « des conquêtes » qui ne les rendront certainement pas heureux, mais de prime abord vous en mettront plein la vue.

Quand on est sensible, droit, honnête, on ne change pas. Quand bien-même on en souffre. Alors, à défaut de l'amour des femmes, trouvez des occupations agréables et gratifiantes : la fête, la peinture, l'écriture. Et oubliez les personnes trop compliquées qui ne veulent pas de vous.

Basile, philosophe naïf, Paris le 1er mars 2016