samedi 23 avril 2016

540 Agression, séduction, manipulation

Dernièrement, une amie me parlait d'un béguin contrarié qu'elle a pour un ami de son entourage. Elle parlait de ce qu'elle pourrait vivre s'il y avait réciprocité. De ce que cet homme pourrait faire s'il voulait bien changer d'attitude. Une chose me chiffonnait dans son discours : il n'y avait qu'elle et lui dans cette relation et ses variations possible envisagées. Or, dans une relation entre deux individus, il y a toujours trois éléments : les deux individus et l'univers.

On touche ici un problème fondamental, qui concerne aussi l'amour. Si on a une vision objective de l'amour, c'est une vision large. « Faire l'amour » consiste alors aussi bien à admirer un beau paysage, une belle plante, caresser un chat, un humain. Et, dans de bien rares cas - à condition que ce soit spontané, correspondant à un désir réel et pas un calcul intellectuel, - cela peut consister en ce que les humains ont curieusement baptisé « acte sexuel » et surchargé de réglementations diverses, souvent absurdes, calamiteuses et inapplicables. Acte auquel ils ont subordonné des millions de choses et jusqu'au simple fait d'exister. Être soi serait soi-disant sexuel. Et porter des vêtements serait notre état naturel. Ne pas en porter devant les autres correspondrait à une provocation.

La vision étroite du « faire l'amour » consiste à accepter tous ces règlements étriqués. Et croire que la plus belle chose, le but même de l'existence se résumerait à quelques instants consacrés au coït. Cette manière de voir la vie étant inapplicable. C'est comme si on proposait comme but de la vie de manger et manger en permanence. Le résultat est un trouble et la recherche de compensations. Ne pouvant baiser en permanence, l'être humain, même apparemment sage, recherchera diverses actions à mener. Sans les comprendre et analyser, et voir qu'elles relèvent en fait de son trouble. Son comportement incohérent vis-à-vis du coït qui rend l'amour inaccessible. La plus simple des compensations consistera à faire exactement le contraire d'aimer, c'est-à-dire agresser.

J'ai remarqué avec étonnement qu'il m'arrivait d'être violemment agressé par écrit par des inconnus dans le domaine de la recherche historique. Cette recherche de bagarres intellectuelles arrivant très rarement vu le très peu de personnes s'intéressant à mon sujet de prédilection qui est l'étude de certains aspects du carnaval. Mais, quand-même, toutes les quelques années, j'ai la surprise de croiser quelques intellectuels hurleurs qui cherchent visiblement à me provoquer. J'évite d'entrer dans leur jeu. Je ne comprenais pas leur motivation, que j'attribuais à la stupidité. En fait, elle relève du manque d'amour rendu impossible par l'obsession coïtal. Cette obsession interdisant tout autant l'amour que nous dirions amoureux que l'amour que nous dirions amical.

Une autre forme de réaction perverse beaucoup plus perfide, car plus insidieuse, est représentée par la séduction manipulation. Une personne - qui peut être une jolie femme harcelée quotidiennement par des imbéciles, - faute de pouvoir aimer, va jouer la séduction. Séduire, mais ne rien donner. Ou séduire, donner et retirer brusquement, ce qui est pire. Accepter les caresses, voire même le coït, puis stopper brutalement sous un prétexte quelconque, ou même pas de prétexte du tout. Et regarder ensuite l'autre qui s'agite et souffre. Cette méthode pour détruire l'autre représentant quelques risques si on a affaire à une personne potentiellement violente.

La réussite absolue dans le domaine de la séduction manipulation consiste à pousser l'autre à s'autodétruire. Puis à le plaindre, voire même, cerise sur le gâteau, à se plaindre soi-même. « J'aimais cette personne, elle s'est détruite, comme je suis attristée par cette perte douloureuse ! » J'ai rencontré plusieurs fois des femmes pratiquant la séduction manipulation et ait en quelque sorte servi de balle qu'elles se passaient de l'une à l'autre. Cette triste période est finie. A présent j'observe ce genre de personnes dangereuses avec curiosité. Comme on observe la panthère dans la cage au zoo. Du moment qu'on ne rentre pas dans la cage, elle ne présente aucun danger.

Basile, philosophe naïf, Paris le 23 avril 2016

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