samedi 4 juin 2016

556 Qu'est-ce donc que le revenu universel et inconditionnel pour tous ?

Curieusement je vois critiquer le revenu universel et inconditionnel pour tous qu'on travaille ou non. Ces critiques affirment qu'il est inadmissible, car il consisterait « à payer les gens à ne rien faire ». Cette définition n'est pas objective. Le revenu en question représente tout autre chose.

Tout d'abord, il rémunère des activités effectives et ni reconnues, ni rémunérées. En particulier celles relevant de la solidarité et de l'éducation et l'entretien des enfants. Si j'élève des souris blanches ou des vaches, c'est un métier, on doit me payer. Si j'élève des enfants, avenir de ma famille, ma ville, mon pays, c'est du bénévolat ! Si je suis auxiliaire de vie, infirmier à domicile de quelqu'un, c'est une activité professionnelle. Si j'assure le confort et la vie quotidienne d'amis, parents... c'est du bénévolat ! Les multiples activités humaines souvent d'importance vitale et qui ne sont ni reconnues, ni rémunérées, le deviennent à travers le revenu universel et inconditionnel pour tous.

De plus, ce revenu est un droit, car le droit à la vie c'est aussi le droit de manger et avoir un minimum de confort de vie. Seuls les cyniques et les imbéciles souscriront à la célèbre phrase stupide : « qui ne travaille pas ne mange pas ». Qu'est-ce à dire, qu'on doit mourir si on ne fait rien ? Qu'il faut appliquer la peine capitale aux feignants, aux malades inactifs, aux petits enfants, aux vieillards et aux invalides ? S'agissant de tuer en masse les malades inactifs et les vieillards, un régime s'y est appliqué dans les années 1930-1940 en Allemagne. Je ne crois pas du tout que ce soit un exemple à suivre... bien au contraire !

Le revenu universel et inconditionnel pour tous concrétise entre autres la reconnaissance d'une évidence que seuls de tristes abrutis ne veulent pas voir : le progrès technique et scientifique a détruit tant d'emplois qu'il n'en reste plus assez pour assurer « le plein emploi » d'hier. Ce phénomène continue à s'accentuer et accélérer. Que cela plaise ou non aux thuriféraires du travail !

On remarquera qu'au nombre des plus bruyants de ces thuriféraires on rencontre fréquemment des personnes qui n'ont jamais planté un clou ou lavé une paire de chaussettes à la main. Qui sont de parfaits feignants déguisés en « travailleurs intellectuels » auto-proclamés. Qui ne se sont jamais vraiment fatigués avec ce « travail » dont ils vantent la nécessité pour tous. Observez bien leur embonpoint, leur mine resplendissante, leur costume impeccable. Il ne leur est pas difficile de vanter ce travail si sacré pour eux qu'ils n'y ont jamais vraiment touché.

Le revenu universel et inconditionnel pour tous représente l'arrivée d'une nouvelle civilisation. En faisant disparaître la misère, il entrainera, parmi d'autres conséquences, la disparition d'activités que seule la misère engendre : telle la prostitution.

Mais, comme à chaque changement de civilisation, ceux qui sont habitués à la vie dans le monde précédent et qui y occupent une place confortable, ne peuvent comprendre ou accepter un tel changement. Pensez ! Ils sont aujourd'hui des privilégiés du système et demain ils ne seront plus rien. Si tout le monde a de quoi manger, si la misère n'existe plus, si les artistes peuvent librement s'adonner à la création sans craindre d'avoir faim, imaginez la métamorphose du monde ! Tout ceci est parfaitement possible. Mais n'en veulent pas ceux qui prennent les grandes décisions. Ils vivent sur une autre planète. Et prônent aujourd'hui la retraite à soixante-dix ans et la semaine de soixante heures soi-disant pour préserver l'emploi. Ces aveugles s'inclinent devant le fétiche de la croissance illimitée dans un monde aux ressources fragiles et limitées. Un jour toute cette comédie va craquer. Espérons que ce soit dans le bon sens et l'intérêt des humains. Alors, l'arrivée inévitable du revenu universel et inconditionnel pour tous participera du changement bienvenu.

Basile, philosophe naïf, Paris le 3 juin 2016

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