dimanche 12 juin 2016

564 Pour un service public national de l'alimentation et de l'eau

Quand j'étais petit, à Paris, dans les années 1950, existaient de très nombreux petits commerces notamment alimentaires. Il y avait, par exemple, un crèmerie rue des Plantes, presque à l'intersection avec la rue d'Alésia, en se dirigeant vers la sortie de Paris. Dans le quatorzième arrondissement de Paris le marché de la rue Daguerre était réputé « le moins cher de Paris ». La rue de l'Ouest regorgeait de détaillants en fruits et légumes très vivants. Bien plus tard, dans les années 1980, il y avait encore rue Raymond Losserand des « cours des halles » aux prix attractifs.

Dans les années 1950 et 1960 le cri du cœur du client revendicatif était : « si la vie est chère, c'est la faute aux épiciers ! » J'ai entendu plus d'une fois ce propos prononcé dans ma famille.

Aujourd'hui, les petits épiciers d'antan ont pratiquement tous disparu et la vie n'a jamais été si chère. C'est simple : les cerises en saison affichent à présent couramment le prix de 10 euros le kilo ! Et même on ose parfois indiquer avec ce prix que c'est : « en réclame » !

Quelle est la raison de ces prix excessifs si les petits épiciers n'y sont pour rien, puisqu'ils n'existent pratiquement plus ?

Quand l'euro est arrivé, en janvier 2002, les prix des fruits et légumes étaient les prix d'hiver, chers. D'habitude, vers le printemps, ceux-ci baissaient et atteignaient des montants infiniment plus légers.

Le printemps 2002 arriva... et les prix ne baissèrent pas.

Au contraire, ils ont continué à monter jusqu'à atteindre les montants actuels ! Quelle est la source de ce mystère ?

La source, c'est la centralisation de l'organisation de la distribution. Les prix sont programmés en fonction des dividendes à verser aux actionnaires. Pour obtenir le maximum de rentabilité, les prix sont modulés en fonction de la richesse locale. Ainsi, un jour, à la radio, un responsable de l'établissement des prix de vente d'une chaîne de supermarchés expliquait : « nous vendons plus cher le même produit à Strasbourg ou Paris qu'à Albi. Car à Albi les acheteurs ont moins d'argent. »

Le but, c'est l'argent. Quel est le résultat ? Un article paru dans l'Humanité le 29 avril 2016 indiquait que sur 100 euros payés pour acheter des produits alimentaires, 8,2 % revenait au producteur. Ce qui signifie que, par exemple, sur un kilo de cerises à 10 euros, l'arboriculteur ramasse 82 centimes ! Le reste part aux organisateurs du transport et de la distribution. Les transporteurs s'il s'agit des employés chargés du transport ou les vendeurs, s'il s'agit des employés des magasins, sont très peu payés... alors, où va l'argent ? Le transport et la distribution reviennent-ils si chers ? 91,8 % du prix de vente ? Il y a quelque chose qui cloche.

Se pose ici le problème suivant : l'organisation du transport et de la distribution rend insuffisante la rémunération des producteurs, trop chers les prix de vente et rémunère mal les employés de la chaîne. Ceci à propos de quelque chose d'essentiel : la nourriture. C'est une situation classique pour légitimer la création d'un service public au service de tous, rémunérant suffisamment les producteurs, payant correctement les employés et vendant à des prix abordables les produits aux clients. Un tel mode de distribution a déjà été proposé rien que pour Paris par Édouard Vaillant en 1884 ! Il a reparlé d'une telle initiative durant la Grande Guerre de 1914-1918. Aujourd'hui plus que jamais existe la nécessité de créer un service public national de l'alimentation et de l'eau. Qui prendra et quand cette initiative d'intérêt général pour la vie et la santé de la population ?

Basile, philosophe naïf, Paris le 12 juin 2016

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