jeudi 28 juillet 2016

602 Manger quand on n'a pas faim : l'escroquerie pornographique

Le mois d'août arrive : au bord de la mer, des dizaines de milliers de jeunes hommes vont faire des pieds et des mains pour parvenir à mettre leur pénis dans le vagin de centaines de milliers de jeunes filles ou jeunes femmes. Un certain nombre y parviendront. Y compris pour certains par ruses, forces, surprises, en résumé : en violant. Mais le but recherché par tous ces efforts est-il si intéressant et satisfaisant que ça ?

La sagesse populaire française dit : « la plus belle femme ne peut donner que ce qu'elle a. » Le poète Stéphane Mallarmé a écrit : « La chair est triste, hélas ! » Georges Clemenceau est souvent cité pour avoir écrit, parlant des rendez-vous amoureux et sexuels : « le meilleur moment en amour c'est quand on monte l'escalier. »

Pourtant, à entendre le discours dominant, il y aurait, tout au moins pour l'homme, une chose : l'acte sexuel, qui lui assurerait immense plaisir et satisfaction immédiate et automatique. Ce propos relève de la plus parfaite mauvaise foi. Il s'agit d'une escroquerie pure et simple, qui pourrait être baptisée « l'escroquerie pornographique ».

Quand on mange, prend-t-on toujours plaisir ? Et trouve-t-on systématiquement une grande et profonde satisfaction ? Non, bien sûr, alors pourquoi avec le sexe il en serait ainsi ? Parce que l'homme a toujours faim de sexe rétorqueront un tas de gens, surtout si la fille est belle et bien roulée.

Mais la sensation de faim chez le boulimique fait-elle de la prise de nourriture un plaisir ? La satisfaction d'une addiction apporte-t-elle forcément du plaisir ?

La base de l'escroquerie pornographique réside dans l'affirmation que l'intérieur du vagin, de la bouche ou de l'anus seraient des sortes de lieux magiques. Où, quelles que soient les circonstances, l'arrivée du pénis en érection d'un homme et sa décharge de sperme amènerait nécessairement pour lui une jouissance fabuleuse. Cette affirmation est une pure et simple contre-vérité.

Quand il y a désir effectif, réel et réciproque, dispositions physiques et conditions générales adéquates, la satisfaction peut venir pour les partenaires d'un acte sexuel. Sinon, il n'en est rien ou pas grand chose. Et le désintérêt voire la brouille entre les partenaires concernés est à la clé.

La masturbation apparaît pour beaucoup comme une activité qui se pratique forcément manuellement. Ce n'est pas vrai. On peut remplacer la main par tout autre objet dans le même but strictement auto-érotique et mécanique. Et cet objet pourra notamment être un vagin. Il sera dans ce cas parlé « d'acte sexuel », « acte d'amour », etc. Alors qu'il ne s'agira en fait que d'une masturbation masculine pratiqué en se servant d'une femme à la place de la main habituelle. La déception de la femme - mais aussi de l'homme, - en résultera, faut-il s'en étonner ? Bien évidemment non.

L'escroquerie pornographique consiste à payer des humains qui feront devant une caméra comme si de rien n'était et que la masturbation dans une bouche, un anus, un vagin, serait absolument passionnante et satisfaisante. Le plus triste est qu'aujourd'hui des millions de gens consomment régulièrement de la pornographie et finissent par croire que c'est vrai. Notamment en pensant qu'il suffirait que la partenaire soit « très jolie », c'est-à-dire réponde aux critères esthétiques à la mode : petit cul, gros seins, ventre plat, taille fine, bouche pulpeuse, etc. Celles qui ressemblent à ce « modèle », j'en rencontre, seront harcelées en conséquence et pas forcément heureuses pour autant.

Basile, philosophe naïf, Paris le 28 juillet 2016

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