lundi 1 août 2016

606 Les grands-mères et les hommes de bonne volonté pour améliorer le monde

De nos jours, un certain nombre de jeunes filles cherchent à prendre pour modèle sexuel le comportement masculin dragueur-baiseur classique. Ce qui donne en gros : « Tiens, voilà mon cul, prêtes-moi ta queue, on va essayer de faire quelque chose de sympathique ensemble ! » Je doute absolument de la qualité du résultat. Car la différence physiologique et conséquemment morale fondamentale entre l'homme et la femme fait qu'il est vain de chercher à copier ainsi le dérangement sexuel masculin, qu'il s'agirait plutôt de régler que d'imiter.

La première fois qu'une jeune fille m'a littéralement jeté à la figure son anatomie plus déshabillée qu'habillée, j'ai été plutôt surpris. Étant né et ayant grandi dans un milieu familial extrêmement puritain, j'ai été plutôt habitué à voir dans l'homme l'agresseur sexuel potentiel et dans la femme sa victime pure et immaculée comme l'agneau qui vient de naître. Voilà que l'agneau me fonçait dessus en criant « banzaï ! » Enfin, j'exagère un peu le trait, mais en donne ainsi les traits caractéristiques et fondamentaux.

Par la suite, ayant rencontré des comportements similaires chez deux jeunes filles dans un square parisien, ça m'a donné matière à réfléchir. Le problème posé est vaste. Il s'agit de redéfinir le contrat liant l'homme et la femme depuis plusieurs milliers d'années. Il est antérieur à l'existence des grandes religions et de nos systèmes politiques et économiques actuels. Sur quoi repose le contrat classique actuel entre l'homme et la femme à l'échelle de toute la société humaine ?

Le statut social de la femme a pour base la non-reconnaissance du travail domestique et maternel. Imposé et non reconnu ni rémunéré il relève de la définition de l'esclavage. Élevez des souris blanches pour les laboratoires ou des cochons pour l'industrie charcutière, c'est un métier. On doit vous payer. Élevez vos enfants avenir de votre famille, votre ville, votre région, votre pays, de l'Humanité toute entière, ce n'est pas un travail. C'est de l'amour. Du bénévolat, et si vous ne disposez pas de ressources par ailleurs, vous pouvez crever et vos enfants avec !

La femme qui travaille en dehors de la maison a le douteux privilège d'être en moyenne payée trente pour cent moins que l'homme pour le même travail, faire souvent les travaux les moins qualifiés et les plus mal payés, ne pas pouvoir accéder à quantité de postes de responsabilités. Et avant et au retour de sa journée de boulot devoir se consacrer... à sa deuxième journée de boulot, domestique et maternel, ni reconnu, ni rémunéré.

L'émancipation financière acquise par son travail à l'extérieur de la maison a permis à nombre de femmes de remettre en question la compagnie d'un mari, amant ou concubin qu'elles ne supportaient plus et le quitter.

Un motif des plus fréquents pour ne plus le supporter étant son comportement sexuel dérangé. Habitué dès l'âge de 12-13-14 ans à une masturbation régulière, les hommes voient leur appétit sexuel dérangé et ont tout le temps faim. Avec le temps, ce dérangement sexuel chez l'homme passe de plus en plus mal auprès de sa compagne, qui ne le supportant plus, finit par s'en aller.

Ce n'est pas la seule chose qui insupporte la femme dans le comportement de nombre d'hommes. Il y a, bien sûr, la violence sexuelle. Mais aussi tout un panel de genres de violences qui sont d'abord et avant tout l'apanage des hommes.

L'homme, en général, est potentiellement infiniment plus violent que la femme. Quand on relève le nombre de crimes de sang finissant en justice, la proportion d'hommes dépasse de très loin celle des femmes. Il en est pareillement pour la violence routière. Les accidents graves sont en très grande majorité causés par des hommes. La violence économique, politique, sociale, militaire est le plus souvent et de très loin le fait des hommes.

Parmi les grandes calamités historiques on trouve les Grands Conquérants, qui pour rassasier leur appétit malade de pouvoir et profit mettent à feu et à sang des contrées entières. Il n'y a pas de Grandes Conquérantes.

Le pouvoir est une forme de violence où une minorité décide du sort de la majorité en lieu et place d'elle, et très souvent contre ses désirs et intérêts. Cette violence à infliger répugne comme les autres aux femmes. Au lieu de prétendre lui accorder la moitié du pouvoir, il serait plus juste de chercher comment remédier à une organisation sociétale avec ce pouvoir qui est souvent la cause des plus grands crimes.

La violence de l'argent, où les sentiments sont remplacés par des chiffres et des données statistiques pour justifier tout et n'importe quoi, et surtout n'importe quoi, relève aussi la plupart du temps des hommes et pas des femmes.

Depuis la nuit des temps, la société humaine a été organisée par et pour les hommes et contre les femmes. Son histoire est une litanie interminable de crimes d'états, violences et meurtres en tous genres. Les premières victimes de tout cela sont d'abord et avant tout les femmes.

Il y a quelques siècles dans nos pays occidentaux la prise d'une ville en temps de guerre était suivie de sa mise à sac codifiée. Durant trois jours les beaux quartiers et leurs habitants étaient remis à la discrétion des riches officiers. Les quartiers populaires étaient remis à la discrétion des hommes de troupes. Le pillage et les viols et violences étaient ainsi autorisés, absous d'avance et encouragés.

Quand, en 1706, les Français assiégèrent Turin, les femmes de la ville participèrent au premier rang à la défense victorieuse de la cité. Elles connaissaient le sort qui leur était réservé en cas de prise de la ville.

La question du statut de la femme est sous-jacent à l'ensemble des problèmes de la société. Améliorer le sort de la femme, c'est aller dans le sens de leur résolution.

Une catégorie importante des femmes est aujourd'hui particulièrement sensible à la question de la modification du contrat liant l'homme à la femme. Il s'agit des femmes en âge d'être grands-mères.

Il y a un demi-siècle et plus, les grands-mères avaient un statut dans le cadre familial. La famille n'était pas autant sujette aux divorces. La vieillesse et la maladie laissait aux grands-mères un rôle dans le cadre familial et y restait confiné. Aujourd'hui on vit plus longtemps. Les familles sont éclatées. Et les grands-mères sont rejetées comme des rebuts. Il faut être « jeunes et jolies » pour avoir « le droit d'exister ». Sinon, on n'existe plus.

On explique aux jeunes filles : « les hommes ont le pouvoir. Mais, avec votre petit trou, vous pouvez les attirer et les commander... »

Et voilà qu'un jour, la vieillesse arrive, et la femme n'est plus rien du tout. Et pour la femme ce n'est pas comme pour l'homme. Comme disait une bande dessinée : « quand un homme a les tempes grises, on trouve ça charmant. Quand c'est une femme, on dit qu'elle est vieille. »

C'est aux grands-mères au premier rang, avec les hommes de bonne volonté, qu'il appartiendra demain de changer le contrat liant l'homme et la femme depuis de nombreux milliers d'années.

Basile, philosophe naïf, Paris le 1er août 2016

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