mercredi 3 août 2016

609 Microphilosophie de la cuisson des radis

Savez-vous que les radis peuvent être cuits à l'eau comme d'autres légumes ? J'ai tenté l'expérience, le radis cuit perd sa couleur à la cuisson et ressemble à un délicieux petit navet au goût différent du navet.

Une amie m'a appris un jour un truc utilisé par les Africaines pour faire la cuisine : pour couper tout ce qui peut être coupé avec cet instrument, utilisez une paire de ciseaux. On peut avec des ciseaux couper de la viande, des légumes, etc. C'est très pratique et on évite de risquer de se couper les doigts. Comme ça peut arriver en utilisant un couteau et une planche à découper.

Un ami italien qui adore cuisiner m'a expliqué sa méthode pour cuire à la poêle de la viande, par exemple. Il chauffe l'huile et jette dedans le sel, le poivre et les herbes. Puis il ajoute la viande. Ainsi elle est bien assaisonnée, très parfumée. Et les herbes dures, comme le thym, sont cuites et prennent une consistance tendre.

Ces recommandations, pas forcément connues, sont aussi pour moi de la philosophie. Pourquoi la philosophie devrait-elle traiter uniquement des grandes questions de l'univers ? Améliorer un peu la vie. Éviter de se couper les doigts en utilisant une paire de ciseaux pour couper par exemple de la viande, c'est aussi de la philosophie.

Faire attention à ce que l'on fait et le faire le mieux possible, y compris quand il s'agit selon beaucoup de petites choses. Faire attention aux petites choses peut aussi être une règle générale de vie. On pourrait parler alors de « microphilosophie ». Le mot a déjà été employé dans diverses acceptions. Quand on y fait attention, les petites choses deviennent à leur tour de grandes choses.

Prendre le temps de vivre, n'est-ce pas une des plus grandes et belles leçons de la « grande » philosophie ? Plutôt que de se laisser confisquer nos vies par les coassements de la télévision, qui veut nous faire croire que nous sommes directement concernés par des choses qui ne nous concernent que de très loin. Et sur lesquelles nous n'avons aucune prise. Prendre le temps de manger une pomme, n'est-ce pas là une forme achevée de la philosophie ?

Il y a plus de philosophie dans une pomme correctement mangée, c'est-à-dire avec attention, que dans dix kilos d'un ramassis de pseudo-nouvelles qu'on nous balance à la figure... pour nous convaincre demain de « bien voter ».

Les médias font du bruit. Arrêtez de les écouter ! Écoutez plutôt le chant des oiseaux et le bruit du vent dans les feuillages. Ne craignez pas de faire mal en n'attachant peu d'importance à leurs borborygmes. Ils sont les premiers à ne pas y attacher trop d'importance. Les journalistes vous balancent un événement tragique à la gueule. Puis vont déjeuner. Qu'est-ce qu'ils retiennent d'abord le plus souvent ? Le bon déjeuner !

Je connaissais un journaliste expérimenté et consciencieux qui était allé il y a bien des années « faire un sujet », comme ils disent. Il avait rapporté des éléments sur un épouvantable fait divers survenu au bord de la mer. Comme il en revenait, il me fit part de ses impressions : « l'équipe était sympathique, le temps était beau et on a très bien déjeuné dans un très bon restaurant. »

Voilà ce qu'il avait retenu. Et en plus, ayant travaillé il avait été très bien payé. Alors, de notre côté, ne les écoutons pas ou peu, le moins possible, si possible. Et consacrons-nous à la cuisson des radis. C'est de la très grande philosophie. Et, vous verrez, les radis cuits, c'est surprenant et délicieux.

Basile, philosophe naïf, Paris les 2 et 3 août 2016

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