mercredi 3 août 2016

610 Le challenge du petit trou

À quoi se résume la démarche amoureuse d'un très grand nombre d'hommes ? Ils s'intéressent à une fille, ou plusieurs. Puis, à propos de cette fille, ou de chacune de ces filles, se posent la question unique, précise, centrale, obsédante, essentielle, fondamentale. La question des questions à laquelle tout se résume, la vie, l'amour, les gondoles à Venise, le mariage, les vacances réussies, la bonne fortune à raconter ensuite pour faire baver les copains, etc. Bref, la seule QUESTION IMPERATIVE QUI VAILLE : « comment parvenir à son petit trou et y mettre ma queue dedans? »

C'est tellement caricatural et tellement stupide ! Moi aussi, j'ai été bête comme ça. Et à présent, quand j'y pense et vois s'agiter autour de moi les hommes obsédés par le petit trou, ça me fait étouffer de rire ! Mais c'est triste aussi. Car cette démarche stupide fait souffrir les filles. J'aime les filles et ne les résume plus, comme ces imbéciles, à leur petit trou.

L'amour, pour des troupeaux entiers de garçons hallucinés se résume donc à un challenge : voilà une fille qui leur plaît. Généralement parce qu'elle a juste un joli cul. Comment parvenir à son petit trou ? La fille, de son côté, n'est ni idiote ni naïve. Elle voit très bien que le garçon tourne autour de son petit trou. Elle aimerait bien ne pas s'y voir résumer. Elle a un cœur, de l'humour, de la sensibilité, plein de choses qui résument un être humain dans toute sa préciosité et complexité. Dans toutes ces choses, il y a aussi également le petit trou, mais pas que le petit trou.

Or, le garçon imbécile, lui ne voit que ça : le petit trou. Je me souviens du temps où j'étais crétin comme de nombreux millions d'autres. Il y a bien longtemps, une jeune fille me plaisait. Je pensais à son petit trou. Un jour, je parviens à poser ma main dessus. Et la jeune fille, consentante et excédée s'exclame : « mais, ce n'est pas agréable ! » J'ai arrêté aussitôt. Une autre fois, je commence à lui déboutonner son pantalon, elle se laisse faire, mais, inquiet de son avis, lui demande : « ma main te gêne ? » « Oui », elle répond. J'ai aussitôt arrêté.

Durant des années, j'ai été « amoureux » comme on dit, d'une jeune fille très jolie. La question des questions m'a taraudé : « comment parvenir à son petit trou ? » Cette idée fixe dans notre relation se voyait comme le nez au milieu de ma figure. Elle m'a dit, plus d'une fois : « tu ramènes toujours ça et ça gâche tout. » Mais moi je ne l'écoutais pas. Comment pouvais-je entendre son reproche alors que tous les garçons autour de moi faisaient pareil et que c'était soi-disant là « la Nature » et « l'évidence » ? Je croyais que c'était « l'amour ». On appelle même ça « faire l'amour » !

La réalité est autre et plus complexe. Les garçons, dès l'âge de 12-13-14 ans, découvrent la masturbation. En font une activité régulière et à vie. L'éjaculation est vécue par eux comme un flash de drogue auto-produite. Et, la culture aidant, ils assimilent le petit trou à leur flash de drogue. Ils sont drogués, endorphinomanes. Et ne voient plus dans la fille qui leur plaît que la possibilité de prendre leur dose. Et de la bonne ! De la vaginale, de l'anale ou de la buccale ! Car, ces crétins croient qu'en remplaçant leur main par le vagin de la fille, son anus ou sa bouche, ils connaitront un flash optimal. Ils écoutent les leçons tordues de la pornographie et ne savent vraiment pas ce qu'est l'amour, qu'il soit « physique » ou pas. Et les filles, qui aiment les garçons, sont bien ennuyées par tous ces hallucinés qui ne voient plus en elles que leur petit trou. Une jolie fille que je connaissais avait trouvé la solution. Elle ne vivait pas avec son copain. Comme ça, elle ne subissait son obsession du petit trou qu'à l'occasion où elle le voyait en tête-à-tête. Ce qui n'arrivait pas trop souvent. Mais si un jour on veut avoir des enfants, on fait comment ? On partage son toit avec l'obsédé du petit trou. Ça dure quelques années. Puis on s'en débarrasse et on divorce. Combien de femmes suivent ce chemin ? Comme me disait une amie : « tu sais, en général au début on fait souvent l'amour, et puis, on s'en désintéresse. Alors, si l'homme ne s'y fait pas, on se sépare. »

Basile, philosophe naïf, Paris le 3 août 2016

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