jeudi 4 août 2016

612 Mythes de l'équivalence sexuelle et de la friend zone

En 1972, un célèbre tract intitulé « Apprenons à faire l'amour » fit des remous. Il fut distribué aux élèves de certains lycées parisiens. Ce tract prétendait notamment expliquer le fonctionnement d'un orgasme. En sommes, à en croire son texte, il existerait un orgasme type auquel tout le monde postulerait. Ce point de vue erroné pouvait peut-être s'excuser il y a bientôt cinquante ans. Mais aujourd'hui, des sites Internet continue à ânonner le même discours. Selon celui-ci existerait une sorte d'équivalence sexuelle. A partir du moment où on a mis un zizi dans un troutrou, tout se passerait pareillement si tout se passe bien.

Pourtant il est évident que le contexte relationnel et la nature des rapports entre les partenaires en présence jouent un rôle fondamental. Et bien non, selon ce concept encore répandu, tous les orgasmes se ressemblent. Il y aurait à chaque fois quatre phases : excitation, plateau, orgasme, résolution. Tout le monde serait logé à la même enseigne. Ainsi il serait normal, selon un site Internet que j'ai consulté aujourd'hui, de prendre dix minutes à un quart d'heure pour la première phase. Puis, dans la seconde, on chercherait le plaisir. Dans la troisième, sauf problèmes, on le trouverait, et ainsi de suite. On imagine l'équivalent culinaire : dans la première phase l'appétit et la faim vous font baver. Dans la seconde on apprécie les plats. Dans la troisième on trouve la plénitude du bonheur. Et dans la quatrième, rassasié, on digère.

Ce rapport sexuel type est un mythe. Un autre mythe est celui de la friend zone. Soi-disant il existerait une zone maudite des dragueurs. Celle où leurs proies féminines les précipiteraient à l'occasion. Zizi exclu, il ne s'agirait plus que d'amitié. A cette friend zone répondrait en quelque sorte une autre zone, qui elle serait bénie des dragueurs. Une zone où la proie féminine désirée deviendrait une machine à satisfaire l'homme et lui faire tout ce qu'il désire. Peut-être cette zone imaginaire et rêvée pourrait s'appeler la fuck zone ?

La friend zone, de même que la fuck zone, n'existent pas. Simplement, quand le dragueur ramène son sempiternel zizi, il arrive le plus souvent que la proie féminine rétive le prie de le remballer et passer à autre chose. Alors, pour ne pas voir la simple réalité, on invente le concept de friend zone. Il évite au dragueur de chercher à comprendre la situation et se remettre en question.

Aucune femme, y compris jeune et jolie, n'est par principe et d'emblée hostile au contact avec un homme. Contact qui peut ou non impliquer toutes sortes de choses dont le fameux « rapport sexuel » en question. Mais, imaginez que vous êtes une femme qui aime les éclairs au chocolat. Que de partout accourent des centaines de personnes avec des caisses entières contenant des milliers d'éclairs au chocolat. Et qu'on cherche à tous prix à vous les faire bouffer. Ça vous tenterait ?

Et si vous rencontrez juste un unique homme avec un unique éclair au chocolat, alors que vous n'avez pas faim, qui cherche à tous prix à vous le faire manger ?

Et si vous en avez envie et qu'il vous l'écrase sur la bouche et cherche à vous le faire dévorer à toute vitesse ?

Et après, si vous résistez à ces différents porteurs d'éclairs au chocolat, ils diront : « comme c'est étrange, elle n'aime pas les éclairs au chocolat ! » Ou bien encore : « elle ne sait pas ce qu'elle veut », ou : « elle est capricieuse », etc.

Remplacez l'éclair par le zizi. Et vous aurez le tableau classique des problèmes rencontrés par le dragueur myope et contrarié qui refuse de voir la réalité des femmes.

Basile, philosophe naïf, Paris le 4 août 2016

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire