samedi 27 août 2016

630 En amour l'âge et le « physique » n'ont aucune importance

Il y a un peu plus de quatre ans, je décidais que les vêtements étaient un parasitage de la nature en moi. Sans perturber la vie des autres, je décidais de m'en passer entièrement le plus souvent qu'il m'était possible. C'est seulement après trois années de cette expérience que la nudité a cessé complètement pour moi d'évoquer quelque chose de « sexuel ». Encore six mois de plus et je commençais à trouver pénible le fait d'être habillé comparé au fait de ne pas l'être. Enfin, c'est après encore six mois de plus que me vint un sentiment que j'ai eu d'emblée du mal à identifier. Je me disais me sentir comme habillé tout en étant nu. En fait j'ai atteint un niveau de conscience qui fait que je me sens tout à fait à l'aise sans vêtements, comme je l'étais avant étant habillé. Je ne me sens plus nu, mais simplement moi. Il m'a fallu donc quatre ans d'évolution et expérience pratique pour en arriver là.

Le conditionnement habituel de la plupart fait qu'est attaché une importance et une valeur incomparable à l'âge et au « physique » des gens. En particulier, les femmes considérées comme « vieilles et moches » sont traitées comme des rebuts. Inversement celles considérées comme « jeunes et belles » sont traitées comme des proies et risquent plus le viol et les incivilités sexuelles que les autres considérées comme moins jeunes et moins belles.

Mais pourquoi accorde-t-on autant d'importance à l'âge et la beauté ? Parce qu'on méprise l'amour. On prétend lui donner un caractère consommable, le réduire à l'état d'un produit relationnel « physique ». Ne dit-on pas « faire l'amour » et « amour physique » ? La confusion est ici la règle. Et la femme est réduite à pas grand chose. Un objet de consommation parmi d'autres objets de consommations concurrentiels.

C'est parce qu'on réduit ainsi et nie l'être humain dans la femme que la qualité carnée de celle-ci devient prépondérante. On ne voit plus la personne. On ignore l'être humain. On ne regarde que sa peau et sa chair. Ce n'est plus quelqu'un mais un morceau de viande de plus ou moins bonne ou mauvaise qualité. De cette manière habituelle de voir on évite de parler. Sauf parfois, comme aujourd'hui où une très jolie jeune fille parisienne m'expliquait sa peur permanente de l'agression sexuelle. Son souhait d'apprendre un art martial pour pouvoir se défendre. Le fait que pour se déplacer seule dans Paris elle évite les tenues trop sexy. Quitte à se changer avant de rentrer le soir du travail. Le monde des femmes vit la peur au ventre et fait la plupart du temps « bonne composition » en évitant de parler de sa peur aux hommes, sans doute de crainte de les blesser.

Paris est une ville où pour les jeunes femmes se déplaçant seules est établi un couvre-feu de minuit environ à quatre-cinq heures du matin. Si elles ne le respectent pas, c'est à leurs risques et périls. De ce couvre-feu il n'est pas parlé la plupart du temps. Quand on veut évoquer le sort dramatique des femmes on parle de pays orientaux. C'est la règle. Résignées à la fatalité de l'horreur les femmes ne se plaignent pas ouvertement, et les hommes non plus. Pourtant il y aurait tant à gagner pour tous si notre société devenait enfin civilisée ! Mais, parmi les hommes, combien le souhaitent ? Ils ont l'impression d'être les seigneurs et maîtres. Il n'y aurait qu'à arranger quelques détails pour que ce soit « parfait ». Par exemple, que les femmes cessent de leur dire « non » la plupart du temps.

Et s'ils se posaient la question pourquoi ils cherchent si souvent la bagatelle ? Ne serait-ce pas plutôt là, chez eux, dans leur comportement favori qu'il faudrait chercher le problème ?

Mais bien sûr que non ! Se récrieront les fiers mâles. L'homme a toujours raison ! C'est la femme qui est incompréhensible, imprévisible, compliquée et capricieuse ! Si on continue à penser, ou plutôt ne pas penser comme ça, l'Humanité n'est pas prête de sortir de l'impasse sentimental.

Basile, philosophe naïf, Paris le 27 août 2016

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