jeudi 15 septembre 2016

649 Trois fausses évidences qui détruisent l'accord homme femme

Dans la culture et les traditions de mon entourage parisien, et certainement en d'autres endroits également, règnent trois fausses évidences qui détruisent l'accord homme femme.

La première est la croyance dans le caractère absolument mécanique de l'acte sexuel. Une érection signifierait forcément toujours besoin, désir et bienvenue de l'acte sexuel. Cette monumentale ânerie est confortée par les interdits visuels de la vue des parties génitales et à fortiori de celle du pénis en érection. Or l'érection survient en de multiples occasions et pour de multiples raisons. Prétendre devoir systématiquement la mobiliser pour réaliser le coït est complètement aberrant. C'est ce qui se fait couramment. Il suffirait pourtant de s'interroger quand l'érection arrive pour réaliser que le plus souvent la démarche est erronée et mal venue.

Un médecin à qui je parlais de la sexualité m'a sorti que l'homme en baisant « se prouve qu'il est un homme ». Quel étrange propos ! Dois-je « prouver » que je suis ce que je suis ? Et le prouver à qui, pourquoi et avec quelle périodicité ? Quand bien-même je ne ferais jamais l'amour, cesserais-je pour autant d'être un homme ? Et si c'est par la pratique du coït que « je prouve que je suis un homme », ça signifierait que j'ai besoin d'une tierce personne pour « prouver » que j'existe ? Ici on nage dans l'absurde et l'incohérent.

L'autre fausse évidence consiste à prétendre que l'éjaculation étant toujours agréable, ce qui en fait n'est pas toujours le cas, ce serait là la justification de sa recherche et sa légitimité. Ceci en vertu de l'affirmation : « c'est agréable, donc c'est bienvenu et positif. ». Pourtant fumer, boire de l'alcool, se saouler, trop manger peut être agréable. Est-ce bienvenu et positif pour autant ?

La troisième fausse évidence consiste à rappeler que le sexe ayant été généralement condamné par la morale traditionnelle, celle-ci étant obsolète, le sexe deviendrait universellement positif. En vertu de ce raisonnement, toutes les choses traditionnellement condamnées pourraient se justifier. La guerre ou la torture deviendraient ainsi des choses positives.

La soumission à ces fausses évidences concernant le sexe conduit à ruiner la relation entre l'homme et la femme. La femme se retrouve face à des comportements mécaniques et prédéterminés. L'homme qui bande par le fait du simple plaisir de regarder une jolie fille et absolument pas la plupart du temps parce qu'il la désire sexuellement, se dit : « je dois absolument parvenir à la baiser. » La jolie fille sent bien l'absence de désir réel et authentique, le raisonnement stupide qui la ravale au rang d'outil à masturbation. Elle ne peut pas se sentir à l'aise dans ces conditions.

Au lieu de se remettre en question après des râteaux successifs, la plupart des hommes se disent : « le monde est mal fait » ou « les femmes sont incompréhensibles, capricieuses. » Pour ces hommes, si c'est bon à faire, l'amour devrait être en libre-service. Les femmes désirables devraient être des putes bénévoles et le monde un grand bordel gratuit. J'ai ainsi entendu un homme dire un jour que les bordels devraient être des services publics gratuits. Ces hommes ne se posent jamais la question pourquoi leur démarche ne fonctionne pas. J'en ai même croisé qui, à force d'échecs, se disent qu'il est plus simple de chercher le coït avec d'autres hommes plutôt que des femmes. C'est même une démarche qui aujourd'hui paraît assez répandue à Paris.

Il est pourtant évident qu'il ne faut pas rechercher « le sexe » mais « l'amour ». Mais voilà, la plupart des hommes ne savent ni ce qu'est l'un, ni ce qu'est l'autre. Et ne veulent surtout pas le reconnaître. Alors ils parlent de sexe et d'amour. Mais ce qu'ils recherchent, c'est une masturbation de luxe. C'est-à-dire pas faite à la main, mais dans une bouche, un anus ou un vagin.

Basile, philosophe naïf, Paris le 15 septembre 2016

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