samedi 17 septembre 2016

651 Slip naturiste, paluchisme et pornographisme

Je parcourais un article récent qui, sur Internet, parlait du naturisme, autrement dit le fait de pouvoir se mettre collectivement à poil dans des enceintes plus ou moins fermées et réservés au poilage. Une dame expliquait que ça avait été sa pratique familiale et bienvenue. Jusqu'au jour où son fils, « comme beaucoup d'adolescents » avait refusé de continuer... On touche ici à un des plus bels exemples classiques d'hypocrisie dans les propos sur le sujet. Pourquoi les « adolescents » subitement n'acceptent plus de se mettre à poil en public ? Tout le monde le sait parfaitement bien, mais fait semblant de l'ignorer. C'est parce qu'arrivé à 12, 13 ou 14 ans, les jeunes gens bandent très facilement. Et c'est là que se montre « le slip naturiste ».

On pourrait croire que les naturistes se promènent à poil et en public en toute simplicité. Pas du tout ! Leur slip, ils le portent dans la tête. Ce slip consiste pour le côté féminin et dès l'âge de 3 ou 4 ans à interdire de laisser voir sa fente. C'est un naturiste qui m'a raconté avec indignation la scène à laquelle il a assisté. Une maman naturiste engueulant sa fille âgée de quatre ans parce qu'elle avait écarté les jambes en compagnie d'un garçonnet de son âge. Et une naturiste nouvelle et trentenaire me fit part un jour du regard réprobateur que lui a jeté une naturiste plus âgée pour lui signifier de resserrer ses cuisses qu'elle tenait écartées.

Ce slip naturiste qui se manifeste très tôt côté féminin, se manifeste plus tard côté masculin. Dès que le membre cherche à se mettre au garde à vous, il faut le cacher.

Du slip naturiste on ne parle pas ou guère dans les milieux naturistes. Un naturiste m'a dit il y a une quarantaine d'années que, pour éviter les érections publiques, des camps naturistes voyaient d'un mauvais œil la venue d'hommes seuls.

Il est intéressant d'analyser le slip naturiste. Premièrement il consiste à faire honte simplement d'exister. Une fille sans fente, ça n'existe pas. Sauf en peinture, gravure, sculpture classiques où elle est mystérieusement gommée. De très grands cons ont même détruit celle qui se trouvait au bas du ventre de la statue en bronze de Houdon figurant Diane nue. Elle est au musée du Louvre. Cet acte de vandalisme fut commis il y a longtemps par des responsables du musée.

Quant aux garçons, c'est pareil que pour les filles : faire honte d'exister. A un certain âge on bande pour un rien, c'est la Nature et rien d'autre. En faire honte c'est remettre en question le seul fait d'être de son âge et en bonne santé de ce point de vue là. Qu'est-ce que j'ai pu moralement en souffrir très jeune et sans faire du naturisme ! J'avais honte de bander pour un rien. C'est aussi con qu'en être fier. Cet interdit des érections qui arrivaient ainsi et très généreusement me donnait l'impression que mon « corps » m'échappait. Qu'il était défectueux, honteux par définition. Merci aux adultes pour m'avoir pollué avec leurs problèmes et leur incapacité à gérer leur physiologie naturelle ! Autre cadeau de l'imbécilité régnante : la honte des rêves humides, dont on n'est pourtant nullement responsable. Ils arrivent naturellement et sans qu'on ait rien demandé pour leur venue.

Fait essentiel à relever, le slip naturiste comporte implicitement une des pires erreurs de la culture régnante, que ce soit pour une fille ou un garçon. L'erreur consiste à croire que la seule vue de la fente ou la seule érection est « sexuelle », c'est-à-dire axée sur l'acte sexuel. C'est totalement faux. Et cette erreur courante fait des dégâts. Ainsi, la plupart des érections n'ont aucun lien direct avec l'acte sexuel. Par exemple, on peut en avoir une du seul fait de voir une jolie fille. Mais, pour autant, a-t-on envie de faire l'amour ? La plupart des fois absolument pas, mais, propagandé par la culture régnante, on se dit oui. Cette démarche sans authenticité est à terme ou d'emblée la cause de la mésentente plus ou moins grave entre l'homme et la femme. Car la femme est ici généralement moins déformée par la culture régnante et reste plus authentique dans ses réactions.

Des milliards d'hommes et de femmes abusés par l'équation érection égal acte sexuel font les cons tous les jours. J'en ai fait partie. C'est bien fini. Je sais que le désir de baiser, si désir il y a, c'est autre chose que simplement et uniquement un phénomène mécanique apparemment axé sur la réalisation de l'acte sexuel.

Troisième catastrophe à laquelle participe le phénomène du slip naturiste : le slip implique que si c'est sexuel, c'est honteux. Comme « c'est honteux », on évitera le débat. On ne parlera pas, on ne communiquera pas sur ce sujet, ou si peu et si mal. Les discussions sérieuses seront évitées. Ce qui va conforter d'autres aspects catastrophiques de la société où je vis. Celle-ci vit sous le règne du paluchisme et du pornographisme.

En argot, se masturber peut se dire de diverses manières. L'une d'elles c'est « se palucher ». Le paluchisme, mot que j'invente ici, consiste à clamer le bien inconditionnel de la branlette. Aujourd'hui, c'est très chic et moderne de dire que c'est une activité inévitable, délicieuse, hygiénique, positive, naturelle, et tutti quanti. Le « modèle » étant l'homme, qui se branle à gogo. A la femme est reproché fréquemment sur Internet de ne pas en faire autant. Seuls quelques imbéciles vont condamner la branlette en l'accusant de maux terrifiants et imaginaires. Par exemple de causer le cancer de la prostate ou la calvitie. Si ! Si ! Je l'ai lu sur Internet.

Mais voilà, si un homme se branle tous les jours une fois, en dix ans il va se branler 3650 fois... Vous croyez que ça n'a rigoureusement aucune conséquence ? Et bien si, c'est comme trop manger. On se détraque l'appétit sexuel. On a envie de baiser tout le temps et on emmerde les femmes, qui elles ne fonctionnent pas comme ça. Elles sont plus authentiques dans leur fonctionnement. Une jeune fille à qui je disais récemment que le problème que les hommes posaient aux femmes est qu'ils avaient trop et tout le temps envie de baiser, a tout de suite rectifié : « non ! Le problème est qu'ils ont tout le temps envie. »

Le complément du paluchisme, c'est le porno, et vanter celui-ci comme un grand « progrès », c'est faire du pornographisme, autre mot que j'invente ici. Notre société parisienne vit aujourd'hui sous le règne du paluchisme et du pornographisme. Une conséquence de ce double règne est de diviser les hommes. Si la baise est omniprésente, ça signifie que tous les hommes sont en permanence en concurrence auprès de la masse des femmes désirables. Ils sont en opposition. De plus, dans une société excessivement sexualisée, le rapprochement entre hommes devient tout de suite suspecté de dissimuler le fait de chercher à profiter sexuellement de l'autre. Même si ce n'est absolument pas le cas. Ayant complètement arrêté branlette et pornographie depuis bientôt six mois, j'ai constaté une nette amélioration de mes relations aussi bien avec moi-même qu'avec les femmes ou les hommes. Ce progrès est plus grand avec les hommes qu'avec les femmes.

Le paluchisme et le pornographisme détruisent l'amitié, l'amour et... le sexe. On ne saurait les interdire. On ne peut pas par exemple empêcher l'inondation pornographique d'Internet. Par contre on peut s'interdire à soi-même de la consulter. C'est affaire de conscience et de volonté. La branlette étant largement pratiquée par les hommes pour des raisons pas seulement sexuelles, mais comme tranquillisant, y renoncer est un effort important. Mais c'est aussi se débarrasser des deux tiers de ses soucis dans la tête. Il n'y a pas que dans le domaine de la psychologie individuelle que le paluchisme et la pornographie ont tant d'influence. Le monde aujourd'hui est dirigé très majoritairement par des hommes. Ils sont avides de richesses personnelles, de pouvoir, de croissance. Tout un jargon ésotérique qui traduit leur mal-être, car ils sont comme la quasi totalité des hommes esclaves du paluchisme et du pornographisme. Ainsi, par exemple, être riche c'est séduire toute les femmes, avoir le pouvoir c'est les posséder toutes. Et le mythe absurde de la croissance infinie à rechercher dans un monde fini dissimule un avatar très simple de l'érection.

Basile, philosophe naïf, Paris le 17 septembre 2016

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