mercredi 21 septembre 2016

653 Quatre euros (le Paradis sur Terre)

Nous sommes le vingt février deux mil seize vers onze heures du matin.
À l'angle de la rue de la Gaîté et du boulevard Edgar Quinet
À Paris,
Il y a un grand café.
Je crois qu'il s'appelle « l'Imprévu »
Mais n'en suis pas certain.
Vous entrez dans ce café parisien
Vous allez au bar
Et apercevez
Légèrement sur votre gauche
Un haut tabouret de bar
Agréablement rembourré.
Vous soulevez le tabouret de bar
Et le déplacez légèrement vers la droite
Pour qu'il soit face à vous.
Vous vous asseyez sur le tabouret de bar.
Vous avisez le garçon
Qui se trouve derrière le bar
Et lui commandez
Un grand café crème.
Il s'éloigne un peu
Puis revient vers vous
Et dépose devant vous
Une soucoupe en faïence blanche
Contenant posés sur sa partie gauche
Presque au milieu
Deux morceaux de sucre
Emballés dans du papier blanc imprimé
Accompagnés
Par une petite cuillère
Posée sur le côté droit
Presque au milieu.
Puis il apporte
Peu après
Une grande tasse également en faïence blanche.
Elle est remplie presque jusqu'au bord
Par un liquide de couleur marron clair :
Le café crème.
Il pose la tasse
Presque au milieu de la soucoupe,
Puis rectifie
Et la met bien au milieu.
Vous prenez sur la soucoupe
Un des deux morceaux de sucre,
Défaites et enlevez son emballage de papier
Découvrant ainsi deux petits morceaux de sucre
De formes identiques, rectangulaires aplatis
De taille égale et accolés l'un à l'autre
Par un de leurs petits côtés.
Puis vous glissez le sucre ainsi dénudé
Dans le café crème.
Ensuite vous prenez dans la soucoupe
Le morceau de sucre restant
Défaites et enlevez son emballage de papier
Et l'ajoutez dans le café crème.
Puis vous avisez
Posé sur le bar
Pas très loin de vous
Sur votre droite
Un petit distributeur en plastique transparent
De forme ronde
Avec une ouverture sur le bas
Formant comme une sorte de guichet
Contenant des morceaux de sucre identiques
Emballés dans du papier.
Vous extrayez un morceau de sucre
Du petit distributeur en plastique
Défaites et enlevez son emballage de papier
Et l'ajoutez au café crème.
Vous vous emparez de la petite cuillère
La plongez dans le café crème
Et mélangez le sucre
Longuement et très soigneusement.
Vous soulevez la tasse
En la prenant par l'anse
Située à votre droite
Ce qui tombe bien
Car vous êtes droitier.
Vous portez la tasse à vos lèvres
Et goutez le café crème
Constatez qu'il est bon et chaud.
Reposez la tasse
Avisez le garçon
Et lui demandez des croissants.
Il vous répond
Qu'il n'y en a plus,
Qu'on est parti en chercher
Et qu'ils vont arriver,
Ils ne vont pas tarder.
Puis le garçon
Vient vers vous
Et pose à votre gauche
Près de votre tasse à café crème
Une petite serviette en papier blanc mince
Pliée en quatre
Et formant un carré.
Très peu de temps après
Il dépose presque devant vous
Mais plutôt légèrement sur votre gauche
Un peu en avant de votre tasse
Une petite corbeille en osier tressé
De forme légèrement ovale
Contenant trois croissants au beurre
Couchés sur un tissu blanc
Replié
Et leur faisant office
De berceau
Et de présentoir.
Vous prenez un des trois croissants
Le portez à votre bouche
L'entrouvrez
Et mordez dedans,
Constatez que le croissant est bon et frais,
Et continuez à l'ingérer
Par bouchées successives
De taille moyenne,
Tout en continuant à boire
Par gorgées successives
Votre café crème.
Vous finissez rapidement
D'ingérer le premier croissant.
Et prenez dans la corbeille
Un deuxième croissant
Mordez dedans,
Cependant vous continuez
A boire votre café crème
Contribuant à en faire baisser le niveau
Progressivement
Par gorgées successives
De tailles relativement égales.
Vous finissez le second croissant,
Et finissez votre café crème.
Avisez le garçon
Et lui demandez l'addition
En précisant que vous avez pris
Deux croissants
Et un grand café crème.
Le garçon vous répond
« Trois euros soixante ».
Le prix ne vous paraît pas très élevé,
Vous vous attendiez à beaucoup plus
N'ayant pas l'habitude de telles agapes,
Car vous êtes un artiste fauché.
Vous prenez dans votre sac
Votre porte-monnaies
Et en extrayez un billet de dix euros.
Vous déposez le billet de dix euros
Sur le comptoir
Près de votre tasse à café crème vide.
Le garçon passe devant
Et ne le remarque pas.
Vous déplacez alors légèrement votre tasse
Afin de bien dégager la vue
Sur votre billet de dix euros.
Le garçon repasse devant
Et remarque votre billet de dix euros.
Il ramasse votre billet de dix euros.
Revient juste après
Et pose sur le comptoir devant vous
Une petite coupelle ronde de couleur jaune
Pas bien plus large que votre tasse.
Elle est visiblement en plastique
Et porte en relief une publicité
En partie cachée par un billet
De cinq euros, une pièce de un euro
Et deux pièces de vingt centimes d'euros.
Les pièces sont posées sur le billet
Et au moins une
Dépasse légèrement du bord gauche du billet.
Vous étendez la main vers la coupelle
Ramassez le billet de cinq euros
Puis la pièce de un euro
Négligez de regarder précisément
La publicité ainsi dégagée,
Sur laquelle vous laissez
Les deux pièces de vingt centimes d'euros.
Ayant ainsi pensé
Au pourboire du garçon,
Vous vous levez de votre tabouret de bar
Vous dirigez vers la sortie du café
Située au plus près de vous
Vous tournez vers le bar et saluez le garçon
D'un sourire et un léger hochement de tête
Il vous répond.
Toute cette formidable
Et fabuleuse aventure
Vous aura couté au total
Quatre euros.
A présent
Vous remontez la rue de la Gaité
L'esprit calme
Et le ventre bien rempli.
Une pensée vous vient
Après cette visite
Dans ce café parisien,
Vous vous dites :
« Quatre euros,
Ce n'est pas cher
Pour un moment de bonheur
Et de parfaite harmonie.
Il faudra que j'en fasse
Une poésie. »

Basile,
philosophe naïf,
Paris les 20 et 21 septembre 2016.
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