lundi 17 octobre 2016

670 Je me suis « adolescentisé »

On dit que les amours « adolescentes » consistent à se promener la main dans la main et se faire des bisous. Après s'envolent le charme et la fraicheur. On est devenu ce qu'on appelle « adulte ». On est sensé alors chercher la vie à deux, et surtout fini les petits bisous, il faut « conclure ». Une petite amie à moi me refusait les bisous en s'exclamant : « je n'ai plus quinze ans ! » Pour elle, l'amour ça devait être du lourd, du « concret ». Acte sexuel ou cuni, un vrai boulot, mais pas de bisous.

J'ai été influencé par l'exécrable culture sexuelle régnante. A partir de l'âge de 22 ans et durant plus de quarante ans j'ai été un bon petit soldat de la guerre du cul. Je devais trouver une partenaire sexuelle pour mettre mon petit oiseau dans le petit trou correspondant. Et cela à partir du moment où les deux personnes concernées, moi et l'autre, étions d'accord pour le faire, indépendamment d'un désir effectif, réel et réciproque. On est jeune, on s'entend pas trop mal, c'est « techniquement » possible, alors, on y va ! Nous avons fait les cons avec application. Au cours de ma vie « amoureuse » j'ai baisé. Je n'ai jamais « fait l'amour ». A présent j'arrête.

Je cesse de « faire comme tout le monde », ou essayer de « faire comme tout le monde ». La baise vous intéresse ? Elle ne m'intéresse pas. Je ne suis pas concerné. Surtout parce que je sais qu'il n'y a rien de plus efficace que la baise pour tuer l'amour.

L'amour est un très doux et beau sentiment. Il est généralement absent dans la relation car l'homme angoisse. Il veut baiser à tous prix et se rend compte que l'autre n'est pas vraiment d'accord, voire est carrément contre. Mais l'homme, drogué aux endorphines masturbationnelles adultes, cherche en permanence le coït. Et n'arrive pas à se détacher de cette obsession.

J'ai cessé de me droguer de la sorte il y a six mois. Et je réalise que je me suis « adolescentisé ». Si j'aime d'amour quelqu'un je n'éprouve plus aucun besoin de « conclure ». Les sentiments suffisent et les bisous éventuels aussi.

Curieusement cette évolution me fait penser à un propos intraduisible du grand Bouddha. Il parle de la nécessité de trouver « le non désir ». Les mots choisis sont ici imparfaits pour traduire l'intention. Je peux aimer, faire des choses agréables et sympathiques pour l'être aimé, mais je n'ai aucune revendication particulière. Et si je rêve, mes rêves sont légers. Je ne suis pas prisonniers d'eux.

J'ai écrit deux poèmes d'amour. Je ne les dirai pas à celle qui me les a inspiré. Car je ne crois pas que dire un poème d'amour à son inspirateur ou inspiratrice va « séduire ». Je crois plutôt que dire un poème d'amour peut faire fuir. Ou susciter juste une émotion esthétique et rien d'autre.

Ces deux poèmes sont publiés dans ce blog. Ils en sont les numéros 665 et 667.

Si un poème d'amour est inspiré par quelqu'un et que l'auteur et son inspirateur ou inspiratrice tombent par la suite dans les bras l'un de l'autre, alors là, bien entendu le poème peut être communiqué. Sinon il vaut mieux le lire à d'autres.

Au début des années 1980 je partais dans mon délire sentimental à propos d'une jeune fille ou une autre et écrivais des poèmes d'amour. Ils ne m'ont jamais rapproché de la personne inspiratrice. J'ai finit un jour par arrêter d'en écrire car je les trouvais détachés de la réalité. C'est dommage, car j'aurais du considérer ces créations comme de simples objets littéraires sans aucun bonheur à la clé. Mon interruption d'écriture poétique a ensuite duré des années. Écrire des poèmes d'amour c'est aussi s'adolescentiser. Je suis curieux de connaître l'avenir de mon adolescentisation.

Basile, philosophe naïf, Paris le 16 octobre 2016

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