samedi 26 novembre 2016

691 « Amour sexuel » et « amitié dinatoire carnivore »

Il est de bon ton et trouvé tout à fait raisonnable aujourd'hui en parlant des humains d'employer à l'occasion le concept d'« amour sexuel ». On trouve cette terminologie utilisée dans des ouvrages publiés sous les signatures prestigieuses d'auteurs réputés incontournables pour expliquer la vie des humains. Mais qu'entendent-ils en parlant d'« amour sexuel » ? Selon ces auteurs, il existerait diverses formes d'amours. L'une de celles-ci impliquerait le désir, la recherche et l'accomplissement de l'accouplement entre partenaires humains. Ce serait ça, « l'amour sexuel ».

Mais, avez-vous entendu parler de « l'amitié dinatoire carnivore » ? Selon un auteur, existerait une forme d'amitié impliquant forcément de vous inviter à diner pour un repas comprenant des produits carnés. Comment ça ? Cette forme d'amitié n'existerait pas ? Vous êtes contre le fait d'inviter des amis à diner ? Et à diner en consommant des produits carnés ? Vous êtes donc végétarien ? C'est à ce genre d'affirmations absurdes et apparemment raisonnables qu'on risque d'être confronté si on nie que l'amour sexuel existe. Si vous niez l'existence de l'amour sexuel on vous dira : « Comment ça ? Vous êtes contre le fait de faire l'amour avec votre amoureuse ? Vous êtes puritain, ascète, abstinent sexuel ? » Ou alors, si vous êtes un homme et vous fréquentez une amie proche de vous sans chercher à parvenir au coït avec elle, l'explication coulera de source : « vous êtes homosexuel ! »

Mais pourquoi devrais-je obligatoirement chercher à enfiler une amie si elle est sympathique et agréable ? C'est la Nature ! Ah bon, et lire un livre à la lumière électrique c'est la Nature aussi ? Combien de choses non naturelles faisons-nous tous les jours ? A commencer par nous lever en hiver avant l'aube pour aller étudier ou travailler !

L'amour existe, il n'est pas sexuel. La sexualité existe et peut à l'occasion participer d'une relation d'amour. Mais, me direz-vous, la Nature veut que vous ayez envie de faire l'amour ! Ah, décidément, vous m'énervez avec votre Nature passe-partout et justifiant tout ! La plupart du temps ce qu'on prétend être le désir sexuel chez les humains n'est pas un vrai désir, mais un pseudo-désir. L'homme va bander pratiquement toujours alors qu'il n'éprouve pas le désir authentique et véritable de « faire l'amour ». Mais la confusion règne à ce propos. Quand vers 1964, l'année de mes treize printemps, j'ai commencé à bander pour un rien et à cowpériser pareil, c'est-à-dire émettre un lubrifiant gluant par le pénis, j'ai eu honte et j'ai été terriblement gêné. Ici, c'est la première fois que j'en parle aussi clairement, 52 ans après. Personne ne m'avait à l'époque averti de l'arrivée de ces phénomènes. Et comme ils paraissaient « sexuels », c'était forcément gênant, honteux, à cacher. Si je me mettais nu, je bandais aussitôt. J'ai cessé de prendre le bain en étant vu par des membres de ma famille. Je cachais soigneusement mes érections nombreuses, involontaires, intempestives... Pourtant il n'y avait là rien de mal. De plus, je suis catégorique là-dessus, je n'éprouvais absolument pas l'envie de « faire l'amour » avec qui que ce soit. Donc, ces érections n'exprimaient nullement le désir sexuel. Ces érections n'étaient pas sexuelles, mais physiologiques, réflexes. Celui ou celle qui croit qu'une érection exprime forcément le désir de coït se trompe lourdement.

Le concept d'« amour sexuel » implique que selon des règles impératives et mystérieuses, à un moment-donné vous ne vous appartenez plus. C'est à votre zizi que vous êtes sensé devoir obéir. C'est une dangereuse et monumentale ânerie traditionnelle! Cette notion d'« amour sexuel » est vague, imprécise, envahissante, inauthentique, déstabilisante, inquiétante, culpabilisante. On donne l'impression, en particulier aux jeunes, qu'à un moment-donné, soudain, ils doivent suivre une sorte de canevas prédéterminé précis. En gros : « une fille vous plaît, il faut chercher à coucher avec elle. Et impérativement mettre le truc dans le machin. » Ce discours caractéristique de la « pensée unique » a d'effroyables conséquences. Quand on commence à développer ce discours du sexe obligatoire et automatique en certaines circonstances on a tout faux. On fonce droit dans le mur.

Basile, philosophe naïf, Paris le 26 novembre 2016

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire