lundi 5 décembre 2016

703 Sevrage tactile et amours adultes

Vers l'âge de cinq ans environ survient dans nos vies un événement d'origine culturelle et d'importance majeure : le sevrage tactile. Alors que jusqu'à ce moment-là nous étions caressés, câlinés, embrassés, lavés de partout, c'est l'arrêt des contacts, nous faisons à présent partie des « grands ». Ce changement tend à faire de nous des individus asensuels, a préfixe ablatif, c'est-à-dire dépourvus le plus possible de sensualité.

L'origine de ce changement violent est lié très certainement à la volonté de conditionner la sexualité adulte à venir. La conditionner pour empêcher qu'elle sorte des cadres où elle joue pleinement son rôle dans la transmission des richesses matérielles par l'héritage. Laisser libre cours à la sensualité c'est laisser la porte ouverte à des mésalliances futures et des naissances « illégitimes ».

Le sevrage tactile joue pleinement son rôle durant un certain nombre d'années. Quand les individus mâles arrivent en âge de procréer, ce n'est pas cette capacité reproductive qui va directement bousculer le paysage. Mais la découverte de la masturbation masculine manuelle adulte comprenant l'éjaculation vécue comme une véritable toxicomanie, un shoot de drogue. L'importance de la masturbation masculine adulte est très souvent ignorée. Pourtant un individu qui se masturbe trois fois par jour durant trente années le fera pas moins de 32 757 fois !

Les jeunes nouveaux masturbateurs mâles vont élargir leur pratique en se cherchant des partenaires. Souvent ils commenceront par des jeunes de leur sexe, puis en majorité se tourneront vers les personnes séduisantes de sexe opposé. Mais quand ils iront ainsi vers des partenaires à utiliser comme accessoires pour se masturber, ils tourneront le dos sans s'en rendre compte à des relations affectives véritables. De plus, analphabètes tactiles, ils seront maladroits, timides, agressifs, possessifs. Leur manière d'agir sera loin de pouvoir être appréciée positivement par les personnes qu'ils convoiteront.

Cette période de la vie sera douloureuse et pourra durer. Certains garçons n'en sortiront pas de toute leur existence. Souvent, très jeunes adultes ils en voudront aux anciens qui les ont amenés à ce stade. De ces très jeunes adultes on dira alors qu'ils ont « l'âge ingrat ».

Les jeunes filles, elles, apprécieront peu les prestations des jeunes hommes. On prétendra alors que « le sexe les intéresse moins que les garçons », qu'elles sont « plus sentimentales », etc. Il faut voir la prestation des garçons pour comprendre que souvent les filles ne les apprécient pas ou guère.

J'ai pu à diverses reprises relever la faible estime fréquente des jeunes filles pour les pratiques sexuelles des jeunes hommes. Une jeune fille qui venait de rompre d'avec son fiancé me disait : « je m'ennuyais avec lui, à quoi bon rester avec dans ces conditions ? » Une autre jeune fille dont le petit copain avait déménagé dans le midi, alors qu'elle habitait à Paris. Elle en disait, devant le revoir durant les vacances d'été : « je vais le voir durant deux jours, ça suffit. » Une troisième jeune fille parlant de son nouvel amant s'exclamait : « il habite près de mon travail, c'est commode ! » Quelle sensualité ! Par deux fois des femmes m'ont mentionné le fait d'avoir fait avec une copine et un jeune homme « une partie à trois ». J'ai bien remarqué que cela ne les avait rigoureusement pas passionné. Ce qui est également des plus révélateurs ce sont les commentaires des femmes à propos des vidéos pornographiques. Elles paraissent vraiment le plus souvent n'y trouver aucun intérêt. Devant cette situation, certains croient que l'émancipation des femmes passerait par le fait de faire des hommes leur modèle sexuel à suivre. Alors qu'on pourrait plutôt se demander si ce ne serait pas aux hommes de se rapprocher du comportement affectif féminin, beaucoup moins tourné vers la performance sexuelle et la masturbation.

Basile, philosophe naïf, Paris le 5 décembre 2016

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