mardi 2 mai 2017

750 La Nature a bon dos...

Selon un sondage cité par Madame Figaro le 12 juin 2014, 72% des étudiantes interrogées dans le cadre d'une enquête menée à Bordeaux se disent stressées avant de sortir le soir, alors qu’ils ne que sont que 10 % chez les garçons à partager le même sentiment. Ça n'empêche pas les femmes de sortir, bien sûr, mais la barbarie est bien là tant que la peur durera.

De quoi découle toute cette horreur dont nous souffrons toutes et tous de façons qui peuvent varier et à des degrés qui peuvent aussi être différents ? On invoque la Nature : l'homme est en moyenne plus fort que la femme. Ce n'est pas une réponse. Il existe des femmes plus fortes que la moyenne des hommes. Et tous les hommes costauds ne sont pas des violeurs. Il faut arrêter d'invoquer comme explication de telles âneries.

La Nature a bon dos. Depuis des lustres on prend pour prétexte de les massacrer que les homosexuels auraient des mœurs « contre-nature ». Mais où est la Nature « respectable »? Mon père m'a dit que Tertullien, un des pères de l’Église catholique, qui vivait au cinquième siècle de notre ère a écrit : « il est impie de teindre des étoffes, car ainsi on prétend corriger l'œuvre de Dieu. Si Dieu avait voulu que nous portions des vêtements de couleurs, il aurait fait des moutons de couleurs. » L'argument, que je cite de mémoire, est imparable. On voit aussi tous les jours invoquer le respect de la Nature par des personnes qui mangent des aliments chauffés, salés et cuits, et conservés avant au froid artificiel, toutes choses qui ne sont absolument pas naturelles.

Une amie me disait tout à l'heure que les petites filles sont des femmes qui n'ont pas encore grandi et les hommes sont des petits garçons qui ont grandi. Propos féroce et objectif, si nous confions la direction des affaires du monde aux hommes, il y aura en permanence des guerres et des pénuries artificielles. Tiens, mais c'est le cas ! Et qui dirige les affaires du monde ? Les hommes.

Il ne s'agit pas à propos de l'Appel aux femmes que j'ai rédigé le 21 avril dernier de faire des meetings et des pétitions. Il faut concrètement que les femmes organisent la représentation politique qu'elles n'ont jamais eu face à l'immémorial pouvoir politique et économique patriarcal. Et ce n'est pas parce qu'une situation dure depuis des milliers d'années qu'elle doit toujours durer. L'Assemblée féminine, contre-pouvoir face au pouvoir patriarcal n'a jamais été proposé jusqu'à présent. Mon amie me disait que ça s'était amélioré pour les femmes depuis quelques décennies et que certaines choses ne changeraient jamais. Comme le fait qu'une femme jolie et seule a peur la nuit en traversant Paris. Certaines choses ont changé en mieux, oui, et c'est très bien. Mais combien d'autres inadmissibles et révoltantes subsistent encore ? Et pourquoi devraient-elles toujours durer ?

Les hommes respectueux des femmes souffrent aussi du patriarcat. Des femmes qui ont peur, certaines qui ont été violées, m'ont plu, des fois. Il n'a jamais été possible d'établir des relations bonnes, chaleureuses, équilibrées, avec elles. Elles fuient. Elles ont peur. Et que puis-je leur faire remarquer ? Que contrairement à ce qu'elles racontent, elles ne vont pas bien du tout et que je ne suis pas un violeur ? Situation sans issue, il vaut mieux renoncer pour moi, qui ai déjà largement payé mon tribut au désordre régnant. J'ai été violé quand j'étais enfant. La fréquentation trop proche de victimes de viols s'avèrent pour moi trop douloureuses. Je ne suis pas leur médecin ou leur confesseur. Et comme elles ne me demandent pas mon aide et ne sont pas amoureuses de moi, autant me mettre à l'abri. Et chercher la fréquentation de femmes moins traumatisées.

Je me suis longtemps demandé pourquoi certaines femmes auxquelles je n'avaient rien fait de mal et à qui apparemment je plaisais, me fuyaient inexplicablement. A présent je sais pourquoi : parce que l'ordre patriarcal règne et les a blessé. Je les saluerai et aimerai sans les approcher.

Basile, philosophe naïf, Paris le 2 mai 2017

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