jeudi 18 mai 2017

760 Hypothèse sur l'origine du patriarcat

L'origine du patriarcat est très ancienne et remonte à la période du début de la civilisation humaine. Quand les humains quittent l'état sauvage originel, où seul les régit l'instinct et où ils commencent à développer des industries.

Appartenant à une espèce animale de grande taille et pourvue de mâchoires mordeuses développées, vivant en groupes, les humains ignorent les prédateurs. Un grand carnivore leur préférera comme pitance une antilope ou un lapin, plutôt que prendre le risque de voir sa proie humaine défendue par une troupe mordeuse. A la rigueur, un petit humain isolé fera l'affaire pour satisfaire l'appétit d'un grand fauve. Mais les petits humains courent très vite, ce qui leur permet, en cas d'éloignement, de rejoindre rapidement le groupe protecteur des adultes.

Si les humains commencent néanmoins à produire des industries, ce n'est pas pour satisfaire des besoins, excepté celui de jouer. Le jeu est l'origine de notre civilisation.

En développant industries et langages, les humains font et généralisent des découvertes. Une d'elle, par exemple, c'est l'escalier, une autre la route, etc.

Cependant six découvertes au moins vont bouleverser leur vision du monde.

Les humains vont finir par découvrir un jour qu'eux tous sont appelés inévitablement à passer de l'état apparemment « vivant » à l'état apparemment « pas ou plus vivant ». Cette découverte bouleversante va amener la naissance de croyances et de religions. Et stimulera quantité de recherches comme la recherche médicale, chirurgicale, pharmaceutique.

Une autre découverte bouleversante que les humains feront un jour est celle du lien entre la grossesse suivie de la reproduction et l'acte sexuel.

Une troisième découverte qui aura d'abondantes conséquences est qu'une femme peut devenir enceinte de tout homme en état de procréer, qu'elle ait ou non des liens affectifs avec lui.

Enfin, découvertes datables par les vestiges laissés, les humains inventèrent l'agriculture, l'élevage et l'exploitation minière. Ce qui va conduire à la production de richesses liées à la possession d'un territoire pour faire pousser les futures récoltes ou nourrir les bêtes élevées ou récolter le minerai.

Se posera alors la question de la transmission intergénérationnelle des richesses. Une organisation complexe des liens dits familiaux est étroitement liée à l'invention de l'héritage.

Pour qu'un bien passe légitimement d'un propriétaire à son descendant, celui-ci doit être bien son descendant. Pour en être sûr, l'homme va traiter la femme en objet reproducteur à contrôler, surveiller, tuer s'il ne marche pas droit.

Ce sera la naissance du patriarcat. Il est un enfant de l'héritage. Et tous les tabous, interdits, règlements, rêves, illusions ou obligations sexuelles sont des sous-produits du patriarcat.

Une amie me reprochait dans un texte dénonçant le patriarcat de ne pas parler de la lesbophobie, entre autres. Mais l'homophobie comme la lesbophobie et toutes les intolérances à caractère plus ou moins « sexuel » sont des sous-produits du patriatrcat.

On retrouve le patriarcat à l'insu des concernés en filigrane dans les motifs de la séduction dite « amoureuse ». Comme de l'hostilité sexuelle qui est son opposé.

Au début des années 1970 je commence à être amoureux d'une belle brune. Puis elle se fait draguer par un beau moniteur de voile. Peu après ils se séparent. Françoise, c'est son prénom, vient me voir un jour et me dit : « tu sais, je ne suis plus avec Vincent » appuyant son propos avec un clin d’œil. Mieux, elle me fera du pied. Et moi je n'en voudrais pas. Pourquoi ? Parce qu'imprégné de patriarcat je ne supportais pas l'idée qu'elle ai couché avec un autre ! Chose que j'ai analysé seulement des décennies après.

Deux voisines, l'une devient une amie, l'autre pas. La première est en couple affirmé. Je n'ai pas de soucis pour sympathiser avec elle. La deuxième est beaucoup plus jeune. Je ne me lie pas avec elle, au motif que je ne veux pas la déranger, l'empêcher de « vivre sa vie ». En fait je ne développe pas une relation avec elle parce qu'elle est trop jeune pour faire une épouse ! Ce comportement stupide est typiquement patriarcal et va m'empêcher d'établir une relation avec une voisine plutôt sympathique. Alors que je suis le premier à prôner les relations de bon voisinage entre voisins !

Une femme me plaît beaucoup et je lui plais. Mais elle est en couple. Je commence à m'énerver après cette relation, alors qu'il n'y a rien entre la femme concernée et moi. Sinon de la sympathie. Mais, influencé par le patriarcat je ne vois comme relation possible que le « mariage ». Cette vision ultimatiste et réductrice de la relation possible va me poursuivre. Je finirais en vitesse une belle aquarelle à offrir à la femme. Puis l'oublierais complètement. Et vais même cesser de peindre plusieurs mois. Le patriarcat m'a ici incliné à vouloir « séduire » quelqu'un. Ce qui a pris la forme substitutive de l'aquarelle. Ensuite, devant la réalité le stratagème s'est évaporé et j'ai oublié mon œuvre ! Des semaines plus tard je suis retombé dessus par hasard. Elle avait été totalement effacée de ma mémoire !

Le patriarcat n'en fini pas de jouer sa petite musique parasite. Une jolie femme qui me plaît me prévient qu'elle est en couple et que je ne dois pas me faire des idées sur elle. J’acquiesce et continue à la connaître et fréquenter sans manquer de la complimenter. Elle en prend ombrage et s'éloigne. Parce que le patriarcat l'a habitué à assimiler les compliments à de la drague. J'ai beau lui dire clairement qu'il n'en est rien, elle n'en tient pas trop compte. Le patriarcat exerce une sorte d'hégémonie sociétale. Même si je ne suit pas ses directives je suis considéré comme les suivant. C'est en tous cas ce qui se passe ici.

Toute la mythologie amoureuse et sexuelle de la société humaine est l'expression de l'organisation de la transmission par héritage, camouflée et déguisée avec des oripeaux fabuleux. La femme faisant partie des biens que l'homme acquiert. Elle n'est qu'un objet reproducteur. Objet qui n'a pas à élever la voix ou exprimer une opinion. Et s'il se « laisse violer » il est coupable de ne pas s'être sauvegardé !!! Le travail de la femme n'est pas ou imparfaitement reconnu... Mais est-ce qu'un objet est sensé travailler ? Être payé ? Paye-ton les chevaux d'attelage ou les bœufs de labour ? Non, une caresse et le picotin suffisent. La femme n'est pas mieux traitée. Elle s’occupe des enfants en commençant par les porter et mettre au monde. Son travail n'est ni reconnu ni rémunéré.

Le tabou de l'inceste n'est pas d'origine sexuel, ou destiné à protéger la qualité des enfants des problèmes liés à la consanguinité. Il existe pour protéger le fonctionnement des filiations donnant droit à la transmission des biens par héritage. Cette raison est même avouée par le droit français qui interdit la reconnaissance paternelle des enfants nés de couples consanguins : frère, sœur, père, fille, mère, fils. Le droit italien de son côté n'interdit pas les couples incestueux à condition qu'on ne leur fasse aucune publicité. La qualité d'objet reproducteur auquel le patriarcat réduit la femme, explique quantité d'interdits ou d'obligations sexuels. A chaque fois l'héritage, sa transmission, explique l'origine des règles établies. Si l'héritage disparaît, quantité d'obligations ou interdits sexuels disparaîtront.

Basile, philosophe naïf, Paris le 18 mai 2017

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire