mercredi 24 mai 2017

769 Le patriarcat met en péril l'Humanité

Le mot philosophie signifie littéralement « ami de la sagesse ». Mais, à considérer bien des propos « philosophiques », la façon de limiter ou poser les questions, les raisonnements sous-jacents, je me demande si bien des fois il ne s'agit pas de philosophie, mais de philoanoesie. Ce dernier mot je l'ai concocté maladroitement sans doute, à partir du mot ανοησία (anoēsía) : bêtise, en grec. Il s'agirait des amis de la bêtise plutôt que des amis de la sagesse.

Notre culture est issue d'une société dominée depuis de nombreux millénaires par le patriarcat. Celui-ci nie son existence. Elle est camouflée derrière des interprétations de la réalité qui servent à empêcher une remise en question. On va par exemple invoquer le rôle « incontournable » de la « Nature ». Le prétendu plaisir suprême de l'éjaculation qui en réalité peut être tout, y compris décevante et même douloureuse.

L'art de présenter les choses permet aussi de falsifier la vision du réel. « Mariez-vous, vous aurez quelqu'un qui s'occupera de vous si vous êtes malade », susurre le patriarcat à l'oreille des hommes. Oubliant que l'inverse est possible : se retrouver en bonne santé à devoir s'occuper d'une conjointe malade. On parle aussi de « dysfonctionnement érectile » quand l'homme voudrait « faire l'amour » et ne bande pas. En revanche on ne parle jamais du problème posé par l'homme qui bande, n'a pas envie et se retrouve embarqué dans des gymnastiques d'alcôve mal venues.

Il est une question qui mériterait d'être posée à Aristote et qu'il n'a pas posé. Il a décrit le fléau très actuel encore aujourd'hui de la « chrématistique ». La manie d'accumuler de l'argent non pour jouir des plaisirs de la vie mais juste pour accumuler sans autre but qu'accumuler.

Aristote a fort justement dénoncé cette manie, mais n'a pas posé la question : pourquoi elle existe ? Qu'est-ce qui amène des hommes raisonnables et intelligents à la réalisation de cette accumulation nuisible et insensée ?

Il s'agit d'un substitut à la possession d'une chose qu'on ne peut pas posséder : l'autre. C'est ici que le patriarcat pointe le bout de son nez. L'homme imprégné d'idées patriarcales croit pouvoir « posséder » la femme. Or un être humain ne saurait posséder un autre être humain. C'est impossible.

Alors, en quelque sorte comme « lot de consolation » l'homme va chercher à posséder de l'argent. Le plus d'argent possible. Telle est l'origine de la chrématstique, qui amène une poignée d'individus à être « milliardaires » et une multitude d'êtres humains à avoir faim. Le très riche Henri Ford disait : « si riche que je sois, je ne peux pas manger plus de trois fois par jour. »

Aujourd'hui soixante-deux individus « possèdent » autant que trois milliards d'êtres humains. Cette concentration va en s’accélérant. Il y a à présent des milliardaires dans des pays pauvres et des dizaines de millions de pauvres dans les pays riches. Toutes les politiques dites « d'austérité » ou « de croissance » visent le même but absurde et odieux de favoriser l'amoncellement en main privée de gigantesques tas d'or inutiles et l'augmentation vertigineuse de la misère du plus grand nombre. Vous souhaitez connaître le visage du patriarcat accumulateur ? Il suffit de regarder la photo des plus grands chefs politiques ou économiques. Ils ne savent faire que ça : accumuler, car ils ne parviennent pas et ne pourront jamais parvenir à posséder l'autre. Ils détiennent le pouvoir mais n'ont pas la conscience. Ils emmènent le vaisseau du monde au naufrage, à moins qu'on ne change l'équipage, mais est-ce possible ? Le patriarcat menace l'existence-même de l'Humanité et doit être remis en question.

Basile, philosophe naïf, Paris le 24 mai 2017

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