dimanche 28 mai 2017

772 Viol social et pots de colle patriarcaux

Le viol est un sujet qui préoccupe un très grand nombre de gens qui n'en parlent pratiquement jamais, en tous cas aux hommes dont je fais partie. Rien qu'utiliser le mot lui-même paraît difficile voire impossible, y compris à ceux ou celles qui en ont été victimes. Il est significatif de voir que l'actrice américaine Jane Fonda a attendu l'âge de soixante-dix-neuf ans pour évoquer brièvement, publiquement et pour la première fois le viol qu'elle a subi enfant. Une femme telle que Jane, qui a milité contre la guerre du Vietnam, n'a trouvé le courage de parler de son agression qu'arrivée dans sa quatre-vingtième année de vie... Elle a dit avoir eu honte de son agression. Se retrouve ici le mécanisme classique et effrayant qui fait des victimes du viol des coupables. A la base de cette culpabilité on retrouve la culture ou l'anti-culture patriarcale. Selon le patriarcat la femme appartient à l'homme et doit lui offrir fidélité et virginité. Si elle n'est pas « fidèle » à l'homme qui l'a choisi, si elle ne « préserve pas sa virginité » pour son « seigneur et maître », elle est fautive...

Le patriarcat qui déforme et dénature tout ce qu'il touche n'est pas un problème parmi les autres. C'est le grand problème dont découlent tous les autres grands problèmes. Je me suis mis ces temps derniers à parler du problème du patriarcat aux personnes que je rencontre. Les femmes m'approuvent toutes, mais je remarque qu'aucune femme ne m'en a parlé auparavant. Ce qui signifie que les femmes ont conscience du problème posé par l'existence du patriarcat mais ne pense pas utile d'en parler aux hommes. C'est de la résignation, il faut en sortir.

Il faut aussi pour cela cadrer les problèmes, bien les identifier avec précision. S'agissant du viol par exemple. On parle du viol pénétration sexuelle forcée, ce qui signifie sans le consentement de la personne violée, homme ou femme.

Mais il faut aussi définir une autre sorte de viol : le viol social. Il s'agit d'une apparence d'acte sexuel où on ne force personne. Mais où les individus impliqués se forcent sous la pression patriarcale à s'adonner à une apparence d'acte sexuel qui n'est en fait qu'une masturbation dans un orifice naturel. C'est un viol commis par la société sur des individus, qui à tort s'adonnent à cette gymnastique sexuelle. L'acte sexuel pour être bienvenu doit être amené par un désir authentique. C'est-à-dire une envie naturelle, claire et nette de pénétrer ou être pénétré, et pas par un laborieux raisonnement intellectuel. La plupart des prétendus actes sexuels sont en fait des masturbations dans un orifice naturel. La pratique de la masturbation dans un orifice naturel mène à terme à la rupture, avec le départ d'une des deux personnes concernées, écœurée par cette pratique.

Les tenants masculins du patriarcat s'enferment dans une tragique solitude morale. Ils ne sont pas à même d'établir des relations saines avec une femme et avec eux-mêmes. Et se sentent en permanence en concurrence avec tous les autres hommes.

Ce phénomène va donner naissance aux pots de colle patriarcaux. Des hommes se sentant dans un état d'isolement extrême deviendront de véritables pots de colle dès qu'ils rencontreront un homme qui leur apparaîtra bien intentionné. Ils voudront littéralement le contrôler, le traiter en objet à leur disposition. J'ai rencontré ce genre d'hommes. Je me passe aisément de leur désagréable compagnie.

Le patriarcat amène ainsi toutes sortes de troubles dans la relation entre les hommes, qui vont de l'opposition violente jusqu'à l'attachement abusif. Seul le recul du patriarcat permet de faire reculer toute cette violence morale. Quand le patriarcat recule, la violence recule. C'est ce qui est arrivé politiquement en Europe depuis 1945 : le recul du patriarcat a fait reculer la guerre entre pays européens. La même chose pourrait arriver dans d'autres zones géographiques qui souffrent de la guerre. Mais tant que le patriarcat continuera à sévir, les risques de conflits entre états subsisteront.

Basile, philosophe naïf, Paris le 28 mai 2018

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