lundi 29 mai 2017

773 L'art de se mésentendre

Combien de gens se plaignent de difficultés inouïes pour trouver la bonne personne pour traverser la vie avec ! Loin de remettre en question la forme de leur quête, ils accusent les autres, le mauvais sort, la vie « moderne », etc. Mais ils ne relèvent pas l'évidence : il y a un élément qui est présent dans toutes leurs déconvenues : eux-mêmes. Et si les difficultés provenaient de là ?

La prétention portée par eux-mêmes est de trouver quelqu'un avec qui « former un couple ». Alors, au lieu de vivre une relation avec quelqu'un, on la confronte avec un modèle à suivre. Et on croit forcer le destin à être favorable en se pliant à des règles.

Essentiellement on cherche à « construire », quel mot inadapté et prétentieux ! Comme si on construisait une relation comme on élève un mur ou on creuse un tout-à-l'égout ! On a rencontré quelqu'un et on définit ainsi un « couple » :

Les deux individus concernés déclarent leur union à tous les amis. Ils s'accouplent et rien qu'eux ensemble, pas avec quelqu'un d'autre. On est donc fidèle et jaloux. On habite ensemble. On fait tout ou plus ou moins tout ensemble. C'est un contrat à vie.

Déclarer son union à tous les amis, c'est facile. Une amie me disait un jour au téléphone : « tu sais, je sors avec untel. » Ça m'était parfaitement égal, mais pour elle c'était important de me le dire.

On s'accouple ensemble et rien qu'ensemble. C'est-à-dire qu'« on sort » ensemble, dans le jargon actuel en usage en France. On ritualise le coït.

On s'installe à la même adresse, comme si ça suffisait pour assurer ainsi la durée et la qualité des sentiments.

On fait tout plus ou moins ensemble, est un principe qui permet de se brouiller avec beaucoup d'amis auxquels on va chercher à imposer la présence de sa moitié.

C'est un contrat à vie, qui bien souvent ne dure pas.

Au lieu de prendre la vie comme elle vient, on cherche à la plier à des règles. Ça dure un temps et puis très fréquemment ça fini par casser.

Le concept de « couple » est à la fois vrai et faux et dangereux. Il est vrai, car il arrive que deux personnes s'entendent bien et partagent leur vie ensemble. Il est faux et dangereux à partir du moment où on imagine un modèle à suivre qui serait « la vie à deux », le « couple », etc.

Ce modèle est tellement fortement inculqué aux gens qu'il influe même quand il est absent. On rencontre quelqu'un. Mais il est visiblement impossible de former « un couple » avec. Alors on s'éloigne de cette personne sans chercher à la connaître.

Il faut parvenir à se déprogrammer. On a affaire à des humains, point. Peu importe les couples, pas couples, perspectives de couples ou absence de perspectives de couples. Il faut vivre, tout simplement, très simplement. Et laisser les chimères idéales dans le magasin des chimères idéales. Le couple n'existe pas. Il existe des gens, qui quelquefois s'entendent pour vivre à deux, mais ce ne sont pas des exemples à chercher à suivre mais des relations toutes originales. Chaque « couple » est original et différent. Et aucun ne saurait servir de « modèle » à d'autres.

Basile, philosophe naïf, Paris le 29 mai 2017

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