samedi 10 juin 2017

782 Libérer les otages

Si nous devions établir une échelle d'intensité sexuelle du contact entre humains, elle pourrait se diviser en gros en six étapes successives :

1° Regarder. 2° Caresser. 3° Embrasser. 4° Lécher, sucer. 5° Doigtage et masturbation. 6° L'acte sexuel, c'est-à-dire l'intromission du membre masculin dans un orifice naturel de l'autre personne concernée.

Notre culture a pris les cinq premières étapes et les a annexé à la sixième. Résultat, hors de la sexualité « pure et dure », où on « conclut », éventuellement après des « préliminaires », rien n'existe de possible. C'est tout ou rien.

Cinq étapes sont littéralement « prises en otages » par la sixième. Mais si, entre personnes de confiance, on entreprenait de libérer au moins partiellement les otages ? Il existe bien de par le monde des gens qui se déclarent « fuck friends », amis de baise, et décrètent pouvoir se voir uniquement « pour ça ». Cette pratique qui me déplaît parfaitement, je ne la préconise nullement. Mais pourquoi ne pas imaginer des « caress friends ». Des personnes avec lesquelles au moins une partie des otages seraient d'un commun accord réciproque et bien clair libéré de la prise d'otages régnante ?

Il s'agit d'inventer un nouveau parlé sensuel libéré des ultimatismes sexuels stupides et abusifs qui finalement bloquent tous les échanges possible y compris entre personnes sincères, respectueuses et sensibles. Et créer des oasis secrets de douceurs entre amis. Pourquoi secrets ? Parce qu'il apparaît évident que les personnes asservies à la grossièreté régnante n'y comprendront rien ou guère. Pour nombre de gens, rien qu'accepter un effleurage signifie qu'on est d'accord pour « passer à la casserole ». Résultat, le plus souvent il n'y a ni effleurages, ni coït. C'est le grand désert de la bêtise sexuelle obligatoire où tout devient dénaturé ou impossible.

Pour qualifier une relation entre caress friends le vocabulaire manquera. D'autant plus que chaque relation sera différente et en évolution. Les personnes concernées par une telle relation seront-elles amis simplement ? Plus tout à fait. Seront-elles alors amants ? Pas vraiment. Elles seront quoi alors ? Quelque chose de mystérieux, nouveau et secret.

Ce genre de relations existe certainement déjà. Mais vue de l'extérieur avec les idées habituellement admises, elles doivent certainement être considérées comme du libertinage, alors que ce n'est justement pas du libertinage. Mais le comprendre dépasse l'entendement des gens « ordinaires » qui partagent la pensée unique dans le domaine dit « du sexe », dont les limites sont bien vagues. Un médecin viennois qualifiait de « plaisir sexuel » le plaisir enfantin de la tétée nourrissante. Ce médecin est toujours considéré par un tas de gens comme un génie. Comment dans ces conditions parvenir à expliquer à bien des gens le principe de fonctionnement des caress friends ? C'est carrément impossible. Il n'est pas pire sourd qui ne veut entendre, pire aveugle qui ne veut pas voir, pire ignorant que celui qui refuse d'apprendre et nie la réalité de la nouveauté.

J'ai eu l'occasion à diverses reprises de constater à quel point le contact physique, le toucher sensuel, la caresse manque, y compris à des personnes pourvues de partenaires sexuels actifs et incapables tactiles. C'est très étrange et inquiétant parfois de voir à quel point des personnes qui se proclament équilibrées sont ravagées intérieurement par la famine tactile. Chercher sérieusement et efficacement à y remédier nous réserve bien des surprises, des découvertes et des progrès dans la compréhension de nous-mêmes et des autres.

Basile, philosophe naïf, Paris le 10 juin 2017

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