jeudi 29 juin 2017

797 Bricolage amoureux

Dans les années 1950-1960, quand j'étais petit dominait en France la morale traditionnelle. Elle proclamait entre autres : « rien avant le mariage ! » C'est-à-dire l'horreur de tous contacts « sexuels » hors mariage. Le mariage était le passeport d'entrée dans la sexualité honorable. Sinon existait la prostitution pour les hommes et rien pour les femmes.

De nos jours on a inversé les normes. Pour de nombreux jeunes gens et jeunes filles, « faire l'amour » c'est se marier. On cesse de coucher avec quelqu'un, c'est le divorce. On envisage de coucher avec quelqu'un, vite ! On fait le test du SIDA. Et tout content on croit « se marier » en mettant son petit oiseau masculin dans le nid douillet féminin.

On croit que « s'aimer » c'est partager son lit et ses quittances de gaz et d'électricité, déclarer à la cantonade « qu'on sort ensemble » et surveiller jalousement son ou sa partenaire. Pour ne pas qu'il ou elle « aille voir ailleurs », à moins qu'on ne forme ensemble un « couple ouvert » ou « libertin ».

Croire qu'il suffit de partager un logement et un lit pour être amoureux est une des plus belles farces qui soit. Plutôt que le reconnaître, quand on commence à s'insupporter, on se sépare et on recommence avec quelqu'un d'autre.

Tant qu'on est jeune, beau et sympathique, ce jeu de saute-mouton amoureux est facile à poursuivre. Ensuite ça devient de plus en plus difficile. Je vois ainsi un très beau et sympathique jeune homme qui vivait avec une très belle et sympathique jeune fille. Voilà qu'il en a eu marre et a quitté celle avec laquelle il partageait le lit et les factures. Et, tout fier et extrêmement naïf, le voilà tout empressé de réaliser le test du SIDA. Donc : meuf en vue. Cette comédie durera et se répétera tant que ce jeune homme sera jeune. D'ici quinze ans voire moins, il commencera à se poser des questions.

Non, le sexe n'est pas l'amour. Mais si ce n'est pas l'amour, alors ça devient très compliqué et hypothétique pour le trouver. Il ne suffit pas de coucher et partager les factures. Il faudrait quoi aussi ?

Un jeune homme me disait il y a quelques jours que la séduction consistait à mentir au maximum à une femme. Pour trouver l'amour ce jeune homme est plutôt très mal barré. Car, quand on ment, il y a absence de communication. Et s'il y a absence de communication ça signifie que l'amour n'est pas là.

Croyant que je cherche forcément un vagin accueillant, certaines femmes s'appliquent à garder avec moi leurs distances. Une a été un temps à la limite de la muflerie. Elle et d'autres me font bien rire. Quelquefois c'est plus gênant, quand des dames croient que je cherche un vagin accueillant et seraient prêtes à m'offrir d'employer le leur. En fait, je ne cherche rien, ce que peu de gens parviennent à comprendre.

La drague m'est aussi éloignée sinon plus que la télévision ou les jeux vidéos qui passionnent plus d'un. J'ai parfois l'impression d'être un martien, quand je vois évoluer les autres. Ils courent après des buts sans intérêts, des objectifs qui ne me disent rien : gloire, pouvoir, argent et sexe programmé et partagé... Toutes choses que j'ignore et que je laisse à d'autres. Je ne critique même pas ceux qui se consacrent à la recherche de ces fausses valeurs. C'est comme pour moi un ami qui est passionné par les courses de chevaux. Je ne me préoccupe pas de sa passion, ne suis pas spécialement pour ou contre. C'est un peu comme une sorte d'autre planète où je ne vis pas et qui ne me concerne pas.

Basile, philosophe naïf, Paris le 29 juin 2017

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