dimanche 9 juillet 2017

807 Mythes et réalité de « l'amour »

Au début des années 2000, une amie à l'époque nonagénaire s'étonnait devant moi : « comment se fait-il qu'aujourd'hui les couples se séparent si nombreux et si facilement ? » Je ne savais pas quoi lui répondre. Comme explications on peut entendre fréquemment des choses comme : « les jeunes sont trop exigeants », « ils ne savent pas faire de concessions », « l'amour ça dure deux ans », « on vit aujourd'hui bien plus longtemps qu'avant, avant on mourait avant d'avoir eu le temps de se séparer ».

Je crois avoir trouvé la bonne réponse. Au contraire de l'affirmation comme quoi « les jeunes sont trop exigeants », ils ne sont en fait pas assez exigeants, ce qui crée des brouilles. Le piège c'est le mythe du « couple ». Que deux individus s'entendent et vivent ensemble est parfaitement possible. En revanche, quand on s'entend un peu, décréter « le couple » relève du parfait délire. Alors, on se met ensemble et on commence le chemin qui conduit inexorablement à la rupture. Au début on est très heureux ensemble. Puis on est heureux d'être ensemble pour faire plaisir à l'autre. Puis on se sent obligé de rester ensemble. Et, enfin, on ne se supporte plus, mais on ne voit pas comment sortir de cette situation insupportable. La rupture douloureuse finit par arriver, laissant les deux heureux tourtereaux du début complètement meurtris et amers. Tout ça parce qu'on a cru à la magie « du couple ». « On s'entendait si bien ! » Mais pourquoi alors devait-on forcément se mettre ensemble et cela allait-il continuer aussi parfaitement durant les cinquante voire soixante années suivantes ?

Parce que c'est « l'amour » ? Mais c'est quoi l'amour ? Une chose magique, la pierre philosophale des sentiments, en résumé : un mythe. L'amour ainsi garanti parce qu'on s'est plu et qu'on a vécu ensemble un petit bout de chemin n'existe pas. Si on se plaît ensemble, soit, c'est un fait. Mais de là à déduire une durée, c'est du grand n'importe quoi. Il faut attendre, observer, savoir, étudier. Au lieu de ça on fonce... dans le mur.

Un chausse-trape très perfectionné est représenté par ce qu'on a baptisé « la sexualité ». Si « on s'aime », il faut absolument mettre le truc dans le machin, secouer, émettre les liquides correspondants, se laver, puis recommencer dans un délai rapproché. Sinon ce n'est pas de l'amour. Il faut être « épanoui sexuellement » ! Mais pourquoi si on aime doit-on absolument baiser et régulièrement ? Qui a décrété ça ? La Nature ? Elle a bon dos, la Nature !

On ajoute à ces prétentions « la déclaration d'amour » et « le mariage ». Mais sans sentiments d'amour, ces deux événements ne sont rien. Pire, ils égarent.

Il faut arrêter de croire à l'amour et la sexualité magiques. Bien des affirmations contenues dans des chansons sentimentales relèvent plus de la psychiatrie que de la réalité. Inutile de s'étonner si les prendre pour modèles est source de catastrophes garanties. L'amour, le sexe, la beauté et la jeunesse ne sont pas des sortes de cagnottes à placer en échange d'une rente qui s’appellerait l'amour avec un grand A.

Vous cherchez « l'amour » ? Il faut être patient et garder le regard critique. L'amour n'est pas une sorte de pierre philosophale qui transmuterait le plomb des relations superficielles quotidiennes en or de l'amour. Et le « sexe » n'est pas plus miraculeux. On vous a donné des conseils pour rencontrer l'amour ? Oubliez-les et ouvrez les yeux. L'amour fait partie des relations ordinaires, pas des faits extraordinaires. Oubliez ruses et traquenards savants, recettes en tous genres. Les autres sont juste des êtres humains comme vous, mais aussi tout à fait différents. Laissez-les venir à vous. Cessez de chercher la méthode miraculeuse pour les attirer à vous. Ils ne demandent qu'à venir d'eux-mêmes ou d'elles-mêmes. Cessez de chercher des solutions à des problèmes que votre ignorance a inventé.

Basile, philosophe naïf, Paris le 9 juillet 2017

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