lundi 17 juillet 2017

820 La source du désaccord homme-femme

Soit la rencontre entre deux jeunes gens qui s'apprécient. Le jeune homme souhaiterait prendre la jeune fille dans ses bras. La jeune fille aimerait bien que le jeune homme la prenne dans ses bras. Mais ils ne le feront pas, pourquoi ? Parce que le jeune homme se dit que son geste implique dans de brefs délais de passer « aux choses sérieuses », entendez par là très prosaïquement au coït. Et il sent bien que cet acte n'est pas à l'ordre du jour. La jeune fille se dit que si elle accueille favorablement les bras du jeune homme, elle sera sensée dans de brefs délais passer au coït. Et, dans le fond, elle n'en a pas envie. Alors il ne se passera rien. Faire des câlins à un humain ami apparaît moins évident pour un humain que caresser un chat, un chien ou un cheval qu'il ne connaît pas.

Quelle est l'origine, la source de cette mésentente homme-femme ? Il est dans l'homme. Et il commence très jeune. Pour l'illustrer, prenons un cas vécu. Un jeune homme, vers l'âge de douze-treize ans découvre la masturbation masculine adulte, c'est à dire comprenant l'éjaculation. Il se retrouve la pratiquant au moins une fois par jour. Et remarque que certains jours qu'ils passent particulièrement agréablement avec des amis à bavarder, rire, rien de particulièrement « sexuel », il oublie carrément et tout simplement son activité quotidienne. Il ressort deux faits intéressants de cette expérience. D'une part cette activité ne compense pas une relation sexuelle partagée. Aucun animal n'éprouve le besoin de s’accoupler ainsi trois cent soixante cinq fois par an. D'autre part, l'oubli de cette activité à l'occasion de journées affectivement bien remplies indique une piste.

La masturbation masculine adulte, la plupart du temps, ne compense pas un manque « sexuel », mais un manque affectif. Et quel manque ? Le manque tactile, produit du sevrage tactile subi vers l'âge de trois-quatre ans. Revenons à nos deux jeunes gens hésitants qui n'osent pas finalement se prendre dans les bras. En fait, ils souffrent du manque tactile. Leur désir d'étreinte est tactile et n'est pas l’expression d'un besoin sexuel de coït. Mais dans leurs têtes il y a confusion. Ils en restent désemparés et renoncent à suivre leur envie. Cette confusion vient d'abord du côté masculin.

Et cette confusion est générale. Vers l'âge de douze-treize ans, les garçons découvrent et commencent à pratiquer régulièrement la masturbation masculine adulte. Ils compensent ainsi leur faim tactile. Mais ils vivent également le shoot endorphinien survenant lors de leur éjaculation comme une drogue. D'où par exemple la pratique quotidienne de la « prise » de cette drogue. Abusés par la mal éducation et l'analphabétisme tactile régnants, les garçons s'imagineront manquer de « sexe ». Divers éléments leur donneront cette illusion. Ils manquent aussi de sexe, mais beaucoup moins proportionnellement que de tactilité. Mais ça, personne ne va le leur expliquer.

Ils vont étendre leur pratique masturbationnelle en remplaçant à l'occasion leur main par un orifice naturel d'un tiers. Ce faisant ils croiront « faire l'amour » et vont ennuyer le tiers en question. Ils vont très souvent le harceler et même quelquefois hélas le violer.

Toute la source du malentendu est là. Privés de tactilité les garçons souffrent de faim tactile. La compensent avec la masturbation. Confondent celle-ci avec un besoin de « faire l'amour », qui n'est finalement très souvent qu'une masturbation à l'intérieur de quelqu'un d'autre.

Quand après une rupture j'analysais les bons moments vécus, il m'est arrivé plus d'une fois de regretter plus les câlins que les pseudo actes sexuels qui n'en étaient pas. Ce que j'ai mis bien longtemps à comprendre et réaliser. L'amour est une chose simple, à condition de le respecter et ne pas faire n'importe quoi comme à peu près tout le monde. Il y en a qui ont compris, qui comprennent, qui agissent intelligemment et s'en ressentent agréablement. Mais ils ne sont pas, loin de là, les plus nombreux. Ça dépend de nous, de nos efforts si nous voulons en faire partie.

Basile, philosophe naïf, Paris le 17 juillet 2017

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