jeudi 20 juillet 2017

823 Défense de dire « je t'aime »

Jadis en France, « faire l'amour » signifiait : « faire la cour ». « Être en goguette » signifiait : « être en caresses avec une femme ». « Embrasser » signifiait : « serrer dans ses bras ». « Baiser » signifiait probablement : « donner un bisou ».

Le sens donné à ces mots a bien changé, et d'autres aussi. Surtout pour ces mots : « je t'aime » ou « je vous aime ».

Au dix-huitième siècle, quand on éprouvait simplement de l'amour pour quelqu’un, homme ou femme, on pouvait lui dire et on lui disait sans problème ou hésitation : « je t'aime » ou « je vous aime ». Aujourd'hui ces mots ont acquis une connotation sexuelle implicative.

C'est une véritable catastrophe sémantique que personne à ma connaissance n'a jusqu'à présent relevé.

En France aujourd'hui il est de facto interdit de dire à quelqu'un qu'on l'aime. Ou alors on peut le dire si on exprime aussi par là le fait qu'on couche avec cette personne ou qu'on souhaite, demande ou envisage de le faire...

Cette situation est insupportable.

Elle peut changer.

Dans les années 1960, par exemple, avec la vague de la chanson yé yé est apparu l'usage du qualificatif « terrible » pour dire simplement qu'on admirait un auteur ou une œuvre. La mot « terrible » a perdu très largement son sens original très fort et négatif.

Il est possible et souhaitable de rendre aux mots « je t'aime » ou « je vous aime » leur sens neutre original.

Ce qui rendrait à la langue française une de ses plus belles et riches expressions.

Je pose la question : « s'il est la plupart du temps interdit de facto de dire je t'aime, comment voulez-vous que l'amour se porte bien ? » 

Basile, philosophe naïf, Paris le 20 juillet 2017


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